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Full text of "Les moustiques; mœurs et moyens de destruction"

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LES 


MOUSTIQUES 


MŒURS  ET  MOYENS  DE  DESTRUCTION 


PAR 


E.  fiJEQH, 

INGÉNIEUR  AGRICOLE, 
ATTACHÉ   AU   MINISTÈRE   DES  COLONIES  DE  BELGIQUE 


(2^  ÉDITION,  REVUE  ET  MISE  A  JOUR) 


DEUX  MILLE  EXEMPLAIRES  DE  CET  OUVRAGE  O^ft  JETÉ  SOUSCRITS 
PAR  LE  MINISTÈRE  DES  COLONIES  DE  BEf.^QUE 


-uns   I)E^-^MET-VERTE\EU1L,  Publ.sber  et  Printer 
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LES  MOUSTIQUES 


LES 


MOUSTIQUES 


MŒURS  ET  MOYENS  DE  DESTRUCTION 


PAR 


E.  HEQH, 

INGÉNIEUR   AGRICOLE, 
ATTACHÉ   AU    MINISTÈRE    DES   COLONIES   DE   BELGIQUE 


(2^  ÉDITION,  REVUE   ET   MISE   A  JOUR) 


DEUX  MILLE  EXEMPLAIRES  DE  CET  OUVRAGE  ONT  ÉTÉ  SOUSCRITS 
PAR  LE  MIXISZÊJfiE-^SSr-GQLQNIES  DE  BELGIQUE 


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IJJIIS   DEKMKT-VkRTKNEUlL,  Publisher  &  Printer 
fio-62.  rue  TKint,   BRUSSET.S  (Belgium). 


3 


AVIS  AU  LECTEUR 


Cette  nouvelle  édition,  publiée  â  la  demande  du  service 
médical  de  la  Colonie,  a  été  revue  et  mise  complètement  à  jour, 
en  tenant  compte  des  travaux  les  plus  récents  sur  la  matière. 
Elle  remplace  la  première  édition,   complètement  épuisée. 

Cette  première  édition,  publiée  â  Londres  en  1918  par  les 
soins  du  Service  de  l' Agriculture  du  Ministère  des  Colonies  de 
Belgique,  portait  le  n°  4  dans  la  série  d'études  de  Biologie 
agricole  éditées  par  ce  Département  et  avait  pour  titre  : 

Comment  nos  Planteurs  et  nos  Colons  peuvent-ils 
se  protéger  contre  les  moustiques  qui  transmettent  des 
maladies  ? 


Bruxelles,   le   15  juin   1921. 


Préface  de  la  première  édition. 


Il  semblait  admis  autrefois  que  le  centre  de  l'Afrique,  spéciale- 
ment le  Congo  belge,  était  une  région  malsaine,  que  l'Européen  ne 
devait  aborder  qu'avec  crainte. 

Cette  mauvaise  réputation  n'était  nullement  méritée.  Le  Congo 
est,  au  contraire,  une  des  contrées  tropicales  les  plus  salubres.  Cette 
qualité  est  attribuable  à  la  grande  élévation  de  notre  Colonie. 

A  peine  a-t-on  quitté  Borna  et  le  port  de  Matadi,  que  le  terrain 
s'élève  brusquement.  Le  Congo  tout  entier  occupe  un  immense  pla- 
teau, situé  à  plus  de  300  à  400  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer  et  s'élevant  par  endroits  à  1,000,  1,500  et  même  plus  de 
2,000  mètres. 

Aussi  le  climat  de  la  Colonie  est-il  modéré,  agréable  et  très  suppor- 
table par  l'Européen.  Les  pluies,  même  sous  l'Equateur  et  dans  la 
saison  la  plus  riche  en  averses,  ne  tombent  en  moyenne  que  tous  les 
deux  jours  et  pendant  quelques  heures  seulement. 

Il  y  a  vingt  ans,  faute  de  routes,  de  moyens  de  transport,  de  mai- 
sons confortables  et  de  bons  aliments,  la  vie  au  Congo  était  dure  et 
parfois  dangereuse.  Ces  conditions  défavorables  n'existent  plus.  Les 
chemins  de  fer,  les  grands  vapeurs,  voire  même  les  automobiles  et 
les  bicyclettes,  ont  supprimé  les  fatigues  des  grands  voyages.  Les 
habitations  rappellent  l'Europe  :  les  hôtels  se  multiplient  ;  de  nom- 
breux magasins  bien  fournis  se  trouvent  dans  tous  les  centres  et  pré- 
sentent, à  des  prix  abordables,  les  mille  et  un  objets  nécessaires, 
utiles  ou  agréables  à  la  vie  d'un  homme  civilisé. 

Plus  de  5,000  blancs  habitent  actuellement  le  Congo  belge  ;  beau- 
coup d'entre  eux  y  résident  depuis  dix  ou  quinze  ans,  même  plus, 
sans  que  leur  santé  ait  fléchi,  par  suite  de  ces  longs  séjours  sous  les 
tropiques. 

L'excellence  du  climat  du  Congo  belge  est  d'ailleurs  un  sujet 
d'étonnement  et  d'admiration  pour  les  voyageurs  étrangers  qui  s'y 
rendent,  après  avoir  eu  l'expérience  des  Indes  ou  de  la  Côte  occiden- 
tale d'Afrique,  où  les  conditions  de  vie  sont  bien  moins  favorables. 

En  fait,  tout  le  Haut-Congo,  c'est-à-dire  la  presque  totalité  de  la 
Colonie,  jouit  d'un  fort  bon  climat.  Et  de  toutes  les  villes  du  Congo, 


8 

la  capitale,  Bonia,  est  la  seule  où  l'Européen  rencontre  souvent  une- 
température  pénible. 

Cependant,  quelle  que  soit  la  modération  du  climat  d'une  région 
tropicale,  l'Européen  doit  toujours  prendre  dans  les  pays  chauds  cer- 
taines précautions,  simples,  d'ailleurs,  pour  se  préserver  contre  les- 
indispositions  et  les  maladies.  Et  c'est  pour  ne  pas  avoir  pris  ou 
avoir  ignoré  ces  précautions,  que  bien  des  Belges  ont  souffert  autre- 
fois de  leur  séjour  dans  la  Colonie. 

L'une  des  précautions  les  plus  essentielles  est  d'éviter  la  fièvre,  la 
malaria,  causée  par  les  piqûres  de  moustiques.  C'est  la  maladie  la 
plus  commune  et  l'une  de  celles  qui  finit  à  la  longue  par  nuire  sé- 
rieusement à  la  santé. 

Les  moustiques  sont  des  insectes  fort  semblables  à  nos  cousins- 
d'Europe.  Ils  sont  très  répandus,  mais  leur  destruction  est  relati- 
vement facile,  si  l'on  connaît  leurs  mœurs,  les  endroits  où  ils  se 
tiennent,  les  méthodes  qui  permettent  de  les  détruire.  Un  bidon  de 
pétrole  et  quelques  mètres  de  toile-moustiquaire  permettent  d'éloi- 
gner cette  engeance  et  de  se  préserver  de  ses  attaques  ;  mais  il  faut 
savoir  comment  s'y  prendre. 

11  y  a  de  longues  années  que  l'on  combat  les  moustiques  dans 
beaucoup  de  pays  d'Europe  et  dans  les  régions  tropicales.  L'expé- 
rience acquise  est  considérable,  les  renseignements  abondent.  Mais 
ils  sont  disséminés  dans  des  centaines  de  livres,  de  brochures,  dc^ 
revues,  la  plupart  en  langues  étrangères.  Ils  sont  pratiquement 
inaccessibles  aux  colons. 

Aucun  ouvrage  récent,  en  langue  française,  n'a  été  publié  depuis 
la  guerre,  bien  que  l'art  de  la  destruction  du  moustique  fasse  con- 
stamment des  progrès  incontestables. 

Il  fallait  combler  cette  lacune  et  mettre  entre  les  mains  des  colons 
et  planteurs  belges  un  exposé  clair,  méthodique,  complet,  bien  illus- 
tré, de  prix  modéré,  à  la  portée  de  tous. 

M.  E.  Hegh  venait  d'écrire  pour  notre  collection  de  biologie  agri- 
cole une  brochure  sur  les  Tsétsés,  qui  reçut  l'accueil  le  plus  flat- 
teur dans  les  colonies  voisines,  comme  au  Congo.  Il  préparait,  sur 
les  Termites,  si  nuisibles  en  Afrique,  une  étude  pleine  de  renseigne- 
ments précieux. 

Nous  lui  avons  demandé  d'interrompre  ce  travail  pen,dant  quel- 
ques mois,  pour  traiter  d'abord  celte  question  si  essentielle  pour  les 
planteurs  belges  :  la  lutte  contre  le  moustique  propagateur  des 
fièvres.  Il  s'est  acquitté  do  cette  tâche  de  la  manière  la  plus  con- 
sciencieuse. 

La  lecture  de  ces  pages  intéressantes  sera,  pour  les  colons,  un 
enseignement  et  pour  beaucoup  d'entre  eux  une  sauvegarde. 

Edmond  LEPLAE, 
Directeur  générai 

Londres,  le  1""  mars  1918. 


SOMMAIRE 


Pages 

Préface  1 

Introduction  !•> 

CHAPITEE  I.  —  Le  Danger  des  Moustiques  17 

Quelles  sont  les  maladies  transmises  par  les  moustiques? 17 

Comment  a-t-on  découvert    que    les    moustiques    transmettaient  la 

malaria?  IS 

Quels  sont  les  moustiques  susceptibles  de  transmettre  la  malaria?...  19 
Comment  la  malaria  se  développe-t-elle    chez   une    personne  piquée 

par  un  moustique  Anophèles  infecté? :  20 

Comment  les  moustiques  Anophèles  femelles  s'infectent-ils  et  trans- 
mettent-ils l'infection?  22 

Quel  est  le  moustique  qui  transmet  la  fièvre  jaune?  24 

Quelle  est  la  distribution    géographique    du   moustique  de  la  fièvre 

jaune?  Existe-t-il  au  Congo? 26 

Qu'est-ce  que  la  filariose?  Quels  sont  les  moustiques  propagateurs  de 

cette  maladie  et  comment  la  transmettent-ils? 28 

Autres  maladies  transmises  par  les  moustiques  29 


CHAPITRE  II.  —  Description  et  Mœurs  des  Moustiques  (Morphologie 

et  Biologie)   31 

a)  Aspect  et  Caractères  distinctifs  des  Moustiques 31 

Que  sont  les  moustiques? 31 

Quels  sont  les  caractères  particuliers  des  moustiques? 31 

Quelle  est  la  nourriture  des  moustiques  adultes? 32 

Les  moustiques  sont-ils  les  seuls  diptères  suceurs  de  sang? 33 

Comment  peut-on  distinguer  les  moustiques  des  moucherons? 33 

Comment  peu-ton  distinguer  les  se.xes  chez  les  moustiques  adultes?  34 

Comment   piquent   les   moustiques? 36 

Quels  sont  les  caractères  intéressants  de  l'anatomie  des  moustiques?  37 

Comment  classe-t-on  les  moustiques? 38 

Quelles  sont  les  principales  différences    entre    les    moustiques  Ano- 
phèles  et   Culex'l 40 

Quels  sont    les   principaux    caractères  du  Stegomyia   fasciata  et  du 

Culex  {atigans? 43 

b)  Evolution  des  Moustiques.  —  Description  et  biologie  des  œufs, 

larves  et  pupes 44 

Où  vivent  les  larves  et  pupes  de  moustiques? 44 

Ponte  et  œufs  de  moustiques  52 

Eclosion  des  œufs.  Quelles  sont  les  circonstances  qui  la  favorisent 

ou   la  retardent?   54 

Quel  est  l'aspect  des  larves  de  moustiques? 56 


10 

Pages 
Quels  sont  les  principaux  caractères  des  larves  de  Culex,  Stegomyia 

et  Anophelesl  Mode  de  respiration 56 

Les  larves    des  moustiques    respirent-ellss    seulement  par  les  tubes 

respiratoires?  60 

Quelle  est  la  nourriture  des  larves  de  moustiques? 62 

Quel  lest  l'aspect  des  pupes  de  moustiques? 63 

Comment  s'effectue  la  sortie  du  moustique  adulte? 64 

Quelle  est  la  résistance  des  larves  et  pupes  aux  conditions  défavo- 
rables à  leur  développement?  (Salure,  dessiccation,  submer- 
sion, températures  basses  et  élevées) 66 

Quelle  est  la  durée  totale  du  développement  (cycle  vital)  des  stades 

larvaires  des  moustiques?  68 

c)  Mœurs  des  Moustiques  adultes 69 

1.  —  Anophèles  ou  moustiques  de  la  malaria  69 

Quand  piquent  les  femelles  d'Anophèles'! 69 

La  lumière  artificielle  exerce-t-elle  une  influence  sur  les  moustiques?  70 

Où  se  cachent  les  Anophèles  pendant  le  jour? 70 

Quelle  est  la  durée  normale  de  la  vie  des  Anophèles  adultes? 71 

Hibernation  et  estivation  71 

Quelle  est  la  puissance  du  vol  des  Anophèles"? 72 

Transport  des  Anophèles  par  les  moyens  artificiels  74 

2.  —  Stegomyia  fasciata  ou  moustique  de  la  fièvre  faune  75 

Où  et  comment  se  nourrissent  les  femelles  de  Stegomyial 75 

Quand  les  femelles  de  Stegomyia  piquent-elles? 76 

Quelle  est  la  longévité  des  Stegomyial 76 

Quelle  est  l'influence  de  la  température  sur  le  Stegomyia'! 77 

Quelle  est  la  puissance  du  vol  du  Stegomyial 78 

Quelles  sont  les  conditions  de  l'accouplement  et  de  la  ponte  chez  le 

Stegomyia?  Influence  de  l'alimentation  sur  la  ponte 78 

Transport  du  moustiqua  de  la  fièvre  jaune  par  les  moyens  artificiels.  80 

CHAPITRE  III.  —  Moyens  de  Protection  et  de  Lutte  contre  les  Mous- 
tiques      81 

a)  Moyens  de  Protection  contre  la  Piqûre  des  Moustiques 82 

Choix  d'une  localité  non  infectée 82 

Substances  qui  éloigneiit  les  moustiques 82 

Emploi  de  lotions  empêchant  la  piqûre  des  moustiques 82 

Substances  écartant  les  moustiques  des  animaux  domestiquias 85 

Remèdes  contre  les  piqûres  des  moustiques 87 

Emploi  de  plantes  éloignant  les  moustiques 87 

Moustiquaires  et  écrans  de  toile  métallique 88 

Emploi  des  moustiquaires 88 

Aménagement  des  habitations  sous  les  tropiques  96 

Protection  des  habitations  par  des  écrans  de  toile  métallique '.î6 

Placement  d'écrans  sur    les   citernes   et   autres   récipients  à  eau  de 

pluie  100 

Protection  des  navires  contre  les  moustiques 105 

b)  Suppression  des  Sources  d'Infection 10& 

Protection  des  malades 106 

Traitement  par  la  quinine  : 107 

La  prophylaxie  du  paludisme  par  le  bétail  108 

c)  Moyens  de  Destruction  des  Moustiques  adultes 110 

Emploi  des  fumigations  110 

Poudres  de  pyrèthre  110 

Soufre    112 

Mélange  de  camphre  et  d'acide  phénique  112 

Crésil  et  créoline  113 


11 

Pages 

Cyanure  de  potassium 113 

Autres   substances   114 

Emploi  des  pulvérisations  de  liquides  culicides  115 

Emploi  des  appareils  de  capture  des  moustiques  117 

Pièges  à  main  117 

Pièges  fixes  119 

Débroussements  121 

Protection  des  ennemis  naturels  des  moustiques  adultes 123 

d)  Moyens  de  Destruction  des  Larves  et  Pupes  de  Moustiques 127 

Recherche  et  traitement  des  réservoirs  artiliciels  128 

Recherche  et  traitement  des  réservoirs  naturels  132 

Différents  types  de  réservoirs  137 

Détermination  de  la  présance    des    larves  d'Anophèles  dans 

une  masse  d'eau  140 

Comblement  des  dépressions  141 

Drainage  des  parties  marécageuses  142 

Fossés  ou  drains  143 

Entretien  des  fossés  et  conduites  bétonnées 149 

Drainage  par  drains  souterrains  150 

Mode  d'exécution  des  travaux  de  drainage  150 

Nettoyage  de  la  végétation 150 

Irrigations  et  malaria  150 

Alternance  des  écoulements  d'eau  151 

Emploi  du  pétrole  et  d'autres  substances  larvicides  : 151 

Action  du  pétrole  sur  les  larves  152 

Choix  du  pétrole  à  employer  155 

Rapidité  d'évaporation  du  pétrole  dans  les  contrées  chaudes. 

—  Expériences  faites  en  Afrique  occidentals  156 

Quand  faut-il  appliquer  le  pétrole? 157 

Quelles  sont  les  quantités  de  pétrole  à  employer? 158 

Modes  d'épandage  du  pétrole  158 

Méthodes  continues  159 

Méthodes  intermittentes  ou  discontinues  160 

iMaintien  de  la  nappe  de  pétrole 161 

Traitement  au  pétrole  des  réservoirs  artificiels 162 

Larvicides  autres  que  le  pétrole  162 

Savon  larvicide  employé  à  Panama  163 

Expériences  sur  l'emploi  comme  larvicides,  du  savon  mou,  de 

la  naphtaline  '8t  de  l'eau  de  mer 163 

Expériences  sur  l'action  du  chlore  et  du  lysol 164 

Essais  d'autres  larvicides  164 

Destruction  de  la  nourriture  des  larves  172 

Culture  de  certaines  plantes  aquatiques  pour  la  destruction 

des   larves   173 

Ennemis  des  larves  et  pupes  de  moustiques  173 

Introduction  de  poissons  culiphages  174 

Introduction  des  «  Millions  »  174 

Les  Top-Minnows  176 

Autres  poissons  culiphages  américains  178 

Procédés  de  conservation    et  de    transport  des  poissons  culi 

phages  179 

Poissons  culiphages  indiens  et  malais  180 

Poissons  culiphages  africains  181 

Oiseaux  aquatiques   183 

Têtards — Insectes  aquatiques  184 

Autres  'ennemis  des  larves — Maladies  et  parasites  185 

Mode  d'exécution  des  mesures  antilarvaires  187 

Précautions  à  prendre  contre  la  malaria  lors  de  la  construc- 
tion des  chemins  de  fer  188 

Législations  antimalariales  190 


12 

Pages 
CHAPITRE    IV.  —  Quelques  Résultats  des  Mesures  prises  contre  les 

Moustiques   191 

La  campagne  contre  les  moustiques  à  La  Havane 191 

Résultats  des  deux  campagnes  à  La  Havane  192 

La  campagne  contre  les  moustiques  dans  l'isthms  de  Panama  et  ses 

résultats   193 

CHAPITRE  V.  —  Méthodes  de  Récolte,  de  Conservation  et  d'Etude 

des  Moustiques 197 

a)  Récolte,  conservation  et  expédition  des  spécimens  de  moustiques...  198 

Objets  nécessaires  198 

Capture  des  spécimens  de  moustiques  200 

Comment  tuer  les  moustiques  capturés? 200 

Modes  de  conasrvalion  des  moustiques — Nombre  de   spéci- 
mens requis 201 

Comment  faut-il  piquer  les  moustiques? 201 

Conservation  à  l'état  sec  sans  piquage  « 202 

Attaque  des  spécimens  par  les  insectes  et  les  moisissures 202 

Récolte  et  conservation  des  spécimens  d'œufs,  larves  et  pupes 

de  moustiques  203 

Annotation  des  observations  " 204 

Emballage  et  expédition  en  Europe  205 

bj  Recherche    des    moustiques    Anophèles    infectés.  —  Elevage  des 

moustiques  au  laboratoire  206 

Capture  et  traitement  préliminaire  des  moustiques  Anophèles 

infectés,  en  vue  de  la  dissection  206 

Dissection  des  glandes  salivaires 207 

Examen  des  glandes  208 

Coloration  des  sporozoïtes  208 

Dissection  de  l'intestin  moyen  (estomac)  209 

Coloration  des  zygotes  210 

Eut  de  l'élevage  des  larves  de  moustiques  au  laboratoire 210 

Récolte  des  larves  et  pupes  pour  l'élevage  au  laboratoire 211 

Transport  des  larves  et  pupes  211 

Conservation  en  vie  des  larves  de  moustiques  au  laboratoire.  211 

Conservation  en  vie  des  moustiques  adultes  212 


Résumé — 


Principales  mesures  de  protection  à  prendre  dans  les  pays 
chauds  contre  les  moustiques  qui  transmettent  des  mala- 
dies          214 


Appendic 


Ciel  pour  la  détermination  des  espèces  africaines  d'Anophèles.      217 
Répartition    géographique    des     espèces     africaines    d'Ano- 
pheles  221 


Bibliographie- 


1  —  Liste  des  ouvrages  et  travaux  cités 223 

2  —  Ouvrages  généraux  234 

3  —  Mémoires  publiés  par  l'Ecole  de  Médecine  tropicale  de 
Liverpool   235 

4  —  Périodiques  236 


IN^TRODUOTION 


Celte  brochure  a  pour  but  de  faire  connaître  les  divers  moyens  de 
combattre  les  moustiques  qui  transmettent  la  malaria  et  d'autres 
maladies   tropicales. 

Comme  on  pourra  en  juger  par  la  lecture  du  chapitre  III,  ces 
moyens  sont  actuellement  fort  nombreux  et  d'ordre  très  divers.  Cer- 
tains sont  économiques  et  d'application  facile,  mais  leur  effet  n'est 
que  momentané.  D'autres  sont  plus  coûteux  et  d'exécution  plus  dif- 
ficile, mais  leur  portée  est  plus  générale  et  ils  aboutissent  à  l'assai- 
nissement complet  el  permanent  d'une  localité,  ou  même  d'une  ré- 
gion. Comme  toujours,  les  résultats  sont  proportionnés  aux  efforts 
et  si  l'on  choisit  avec  soin  le  procédé  qui  paraît  le  plus  approprié, 
■si  l'on  en  poursuit  l'exécution  avec  méthode  et  esprit  de  suite,  la 
réussite  est  certaine. 

Mais  pour  bien  connaître  les  moyens  de  combattre  un  insecte  nui- 
sible, il  faut  avant  tout  étudier  sa  morphologie  et  ses  mœurs.  En 
d'autres  termes,  il  faut  se  baser  sur  l'entomologie.  C'est  ce  que  nous 
ferons  pour  les  moustiques,  dont  nous  décrirons  en  détail  les  carac- 
tères morphologiques,   l'histoire  naturelle  et  les  mœurs  d'évolution. 

Tant  que  nous  sommes  restés  dans  le  domaine  de  l'entomologie 
et  de  la  technique,  notre  tâche  a  été  relativement  facile,  mais  nous 
avons  dû  inévitablement  effleurer  tout  au  moms  des  questions  qui 
se  rattachent  directement  aux  sciences  médicales.  Or,  les  travaux 
sur  les  maladies  transmises  par  les  moustiques  et  surtout  sur  la 
malaria  abondent  et  l'on  peut  dire  qu'il  en  paraît  journellement  de 
nouveaux.  Comment  fixer  dans  un  petit  traité  de  vulgarisation  un 
sujet  aussi  changeant? 

Nous  nous  sommes  donc  strictement  bornés  aux  généralités  et 
nous  avons  emprunté  à  des  autorités  scientifiques  reconnues  les  quel- 
ques définitions  nécessaires  à  la  clarté  de  nos  explications. 

De  plus,  grâce  à  l'aimable  intervention  de  M.  le  professeur  Robert 
Newstead,  de  la  célèbre  Ecole  de  Médecine  tropicale  de  Liverpool, 
M.  H.  F.  Carter,  son  assistant  à  la  chaire  d'entomologie  médicale, 
qui  s'est  spécialisé  dans  l'étude  des  moustiques  pathogènes,  a  bien 
voulu  se  mettre  à  notre  disposition  pour  reviser  nos  premiers  cha- 


14 

pitres.  Nous  lui  réitérons  ici  nos  remerciements  pour  l'aide  précieuse 
qu'il  nous  a  ainsi  prêtée. 

La  littérature  sur  les  moustiques  qui  transmettent  des  maladies 
est  très  riche.  Il  existe  beaucoup  d'ouvrages  récents  sur  ce  sujet  et 
le  nombre  d'études  et  d'articles  qui  paraissent  dans  les  revues  spé- 
ciales est  considérable.  Quoique  le  nombre  de  travaux  de  langues 
diverses,  que  nous  avons  consultés,  soit  plutôt  élevé,  nous  sommes 
loin  encore  d'avoir  épuisé  le  sujet.  Du  reste,  cela  n'était  pas,  pensons- 
nous,  nécessaire,  notre  but  n'étant  que  de  donner  des  indications 
pratiques,  à  la  portée  de  notre  public  colonial. 

Nous  devons  de  vifs  remerciements  à  M.  le  Dr  Guy  A.  K.  Marshall, 
dii'ccteur  du  Bureau  Impérial  d'Entomologie  au  British  Muséum  de 
Londres,  pour  l'assistance  qu'il  nous  a  prêtée  dans  nos  études  de 
documentation  et  les  utiles  renseignements  qu'il  a  bien  voulu  nous 
fournir. 

Pour  la  rédaction  du  chapitre  traitant  des  poissons  faisant  leur 
proie  des  larves  de  moustiques,  M.  le  Dr  G.  A.  Boulenger,  conserva- 
teur au  British  Muséum,  très  connu  de  tous  nos  coloniaux  pour  ses 
travaux  sur  la  faune  congolaise,  a  bien  voulu  nous  indiquer  quelles 
étaient  les  espèces  de  petits  poissons  congolais  les  plus  intéressantes 
à  ce  point  de  vue.  No:us  le  remercions  également  de  nous  avoir  com- 
muniqué les  clichés  qui  accompagnent  cette  partie  de  notre  travail. 

Parm.i  les  ouvrages  qui  nous  ont  été  les  plus  utiles,  nous  citerons 
en  premier  lieu  les  traités  actuellement  classiques  de  Sir  Ronald 
Ross  et  de  M.  le  Dr  L.  0.  Howard.  Nous  avons  également  puisé  un 
grand  nombre  de  renseignements  pratiques  sur  les  moyens  de  com- 
battre les  moustiques  dans  un  volume  récemment  paru,  Mosquito  • 
Control  in  Panama,  où  les  auteurs,  MM.  J.-A.  Le  Prince  et  A.-J. 
Orenstein,  exposent  d'une  façon  claire  et  méthodique,  les  moyens 
qui  ont  été  mis  en  œuvre  avec  tant  de  succès  à  Panama,  pour  dé- 
truire les  moustiques  et  enrayer  la  propagation  de  la  malaria  et  de 
la  fièvre  jaune. 

Plusieurs  auteurs  nous  ont  fort  obligeamment  accordé  l'autorisa- 
tion de  reproduire  des  clichés  de  leurs  ouvrages.  C'est  à  ce  titre  que 
nous  devons  des  remerciements  à  M.  le  Dr  L.  0.  Howard  (Washing- 
ton), M.  le  professeur  J.  W.  W  Stephens  (Liverpool),  MM.  J.-A,  Le 
Prince  et  A.-J.  Orenstein  (Nouvelle-Orléans),  ;M.  Malcolm  Watson 
(Malaisie),  M.  le  professeur  William  B.  Herms  (San  Francisco),  M.  le 
Dr  G.  A.  Boulenger  (Londres),  MM.  Walter  Scott  Patton  et  Francis 
W.  Cragg  (Indes  anglaises),  la  Direction  du  Bulletin  de  la  Société  de 
Pathologie  exotique,  de  Paris,  la  South  AIrican  anti-malorial  Associa- 
lion,  de  Johannesburg  (Afrique  australe)  et  la  Direction  du  British 
Muséum,  Natural  History,  de  Londres. 

Afin  de  permettre  au  lecteur  de  trouver  de  suite  les  renseignements 
qu'il  recherche,  nous  avons  divisé  les  cinq  chapitres  de  la  brochure 
en  un  grand  nombre  de  petits  paragraphes,  dont  les  titres  sont  ré- 
digés le  plus  souvent  sous  forme  de  question. 

De  plus,  nous  avons  fait  suivre  le  cinquième  chapitre  d'un  court 
résumé  indiquant  sommairement  les  principales  précautions  à.pren- 


15 

dre  pour  éviter  la  contamination  par  la  piqûre  des  moustiques.  Ce 
résumé  a  été  fait  pour  rendre  service  au  plus  grand  nombre  de  per- 
sonnes possible. 

Enfin,  la  bibliographie  qui  termine  ce  travail  donne,  en  plus  des 
travaux  consultés,  une  liste  des  ouvrages  généraux  et  des  princi- 
pales revues  périodiques,  traitant  des  moustiques  et  des  maladies 
qu'ils   transmettent. 

Bruxelles,  le  15  juin  1921. 
E.  HEfxH. 


CHAPITRE  I 
LE   DANGER   DES   MOUSTIQUES. 


Les  moustiques  se  rencontrent  sous  tous  les  climats.  Ils  sont  abon- 
dants dans  les  régions  arcliciues  comme  dans  les  régions  chaudes, 
partout  où  existent  des  milieux  favorables  à  leur  multiplication.  Dans 
les  contrées  tropicales  toutefois,  ils  pullulent  et  sont  très  nuisibles, 
non  seulement  par  leurs  désagréables  piqûres,  mais  surtout  par  la 
transmission  de  fièvres  et  autres  maladies. 

Quelles  sont  les  maladies  En  Afrique  tropicale,  la  principale  mala- 
transmises  par  les  nions=  ^-^  transmise  par  les  moustiques  est  la  ma- 
''^"^^  laria  ou  fièvre  des  marais.  Cette  fièvre  sévit 

avec  plus  ou  moins  d'intensité  dans  toutes  les  régions  à  climat  chaud, 
spécialement  après  les  pluies,  et  dans  le  voisinage  des  terrains  maréca- 
geux. C'est  la  plus  commune  de  toutes  les  affections  tropicales  et  celle 
qui,  proportionnellement,  atteint  le  plus  la  population  blanche.  Elle 
affaiblit  l'organisme  des  personnes  qui  en  souffrent  et  les  rend  moins 
résistantes  à  d'autres  maladies.  L'hématurie  est  une  de  ses  suites  les 
plus  dangereuses. 

Une  autre  affection  la  lièvre  {aune,  qui  pendant  longtemps  a  été 
considérée  comme  le  plus  terrible  fléau  des  régions  tropicales  et  sub- 
tropicales de  l'Amérique,  est  également  transmise  par  les  moustiques, 
ou  plutôt  par  la  femelle  d'une  seule  espèce,  le  Stegomyia  fasciata  ou 
moustique  tigre,  désigné  par  les  Américains  sous  le  nom  d'Aedes 
calopus,  Meig. 

Le  Congo  belge  a  été  jusqu'à  présent  à  peu  près  exempt  de  fièvre 
jaune  (*)  quoique  la  présence  du  Stcgomya  (asciata  ait  été  signalée 
en  beaucoup  d'endroits.  Ce  moustique  est  commun  dans  diverses  con- 
trées africaines,-  et  surtout  en  Afrique  occidentale,  où  la  fièvre  jaune 
paraît  régner  à  l'état  endémique  (**). 

Mais  là  ne  s'arrête  pas  le  danger  des  moustiques  ;  ces  insectes  sont 

(»)  En  septembre  1917,  quelques  cas  de  fièvre  janne  se  sont  déclarés  à  Matadi,  sur 
le  Bas-Congo.  Grâce  aux  mesures  hygiéniques  immédiatement  prises,  la  maladie  fut 
vite  enrayée.  Aucun  cas  ne   s'est   plus  produit  depuis. 

(**)  Il  paraît  actuellement  admis  que  la  fièvre  jaune  est  endémique  en  Afrique 
occidentale,  ou  tout  au  moins  dans  certaineiS  parties  de  cette  contrée.  Elle  y  existe 
probablement  depuis  un  siècle  ou  plus. 

2 


18 

encore  responsables  de  la  transmission  de  la  lilariose,  dont  une  des 
formes,  Véléphantiasis,  est  commune  dans  les  régions  tropicales  de 
l'Afrique  et  occasionne  notamment  un  développement  anormal  de 
certaines  parties  du  corps,  et  de  la  lièvre  denguc,  sorte  de  grippe 
épidémique,  qui  règne  également  dans  notre  Colonie. 

Comment  a=t=on  découvert  Comme  l'indiquent  les  noms  de  fièvre  des 

que      les      moustiques  marais,   fièvre  paludéenne,  paludisme,   qui 
transmettaient  la  mala=  ,      '  -         »    i         '     .    i  T    • 

fja  j  sont  communément  donnes  a   la   malaria, 

cette  maladie  sévit  surtout  dans  les  régions 
marécageuses,  et  l'on  croyait  autrefois  que  les  émanations  ou  les 
miasmes  des  marais  en  étaient  la  cause  originelle. 

En  réalité,  la  malaria  est  occasionnée  par  des  micro-organismes 
parasites,  qui  vivent  dans  le  sang  de  l'homme,  se  nourrissant  des 
globules  rouges,  et  qui  sont  transmis  des  personnes  malados  aux  per- 
sonnes saines,  par  l'intermédiaire  de  certains  moustiques. 

C'est  en  1880  que  le  grand  savant  français  Laveran,  alors  médecin: 
militaire  en  Algérie,  découvrit  l'organisme  de  la  malaria.  Dix-sept 
années  plus  tard,  l'illustre  major  anglais  Ronald  Ross  (170'')  (*),  deux 
fois,  depuis,  titulaire  du  prix  Nobel  pour  sa  découverte,  se  trouvant 
aux  Indes,  démontra  d'une  manière  indiscutable,  après  de  longues  et 
patientes  recherches,  le  rôle  important  joué  par  les  moustiques  dans 
la  transmission  de  la  malaria,  et  l'on  peut  dire  que  c'est  là  un  des  plus 
grands  services  qui  ait  été  rendu  à  la  cause  de  l'humanité.  (**). 

En  1900,  mettant  en  pratique  les  indications  de  Sir  Patrick  Man- 
son  (137),  les  docteurs  Sambon  et  Low  construisirent  à  Ostie,  dans 
la  campagne  romaine,  une  hutte  protégée  contre  les  moustiques,  dans 
laquelle  ils  vécurent,  sans  contracter  la  maladie,  durant  les  mois  où 
la  malaria  sévissait  av(?c  le  plus  d'intensité.  Une  contre-épreuve  fut 
faite,  en  envoyant  à  Londres  des  moustiques  infectés,  capturés  à  Ostie. 
Le  fils  du  D""  Manson,  le  D''  P.  Thurburn  Manson,  et  M.  George  Warren 
se  laissèrent  piquer  et  devinrent  bientôt  malades  de  la  fièvre.  La  preuve 
de  la  responsabilité  des  moustiques  était  définitivement  établie. 

Il  ne  nous  appartient  pas  de  parler  ici  des  multiples  recherches  qui, 
dans  tous  les  pays  civilisés,  ont  été  la  suite  logique  de  ces  premières 
découvertes.  Le  nombre  de  travaux  actuellement  publiés  sur  la 
matière  est  considérable.  Des  résultats  pratiques  d'une  importance 
exceptionnelle  ont  été  obtenus,  puisqu'on  possède  actuellement  des 
moyens  efficaces  de  lutte  contre  le  parasite  et  surtout  contre  les  insec- 
tes qui  le  transmettent. 

(*)  Afin  d'éviter  de  surcharger  le  texte  par  de  longues  références, nous  faisons  sui- 
vre d'un  numéro  d'ordre,  les  noms  des  auteurs  cités.  Ce  numéro  d'ordre  correspond  au 
classement  des  travaux  dans  la  bibliographie  qui  termine  \e  présent  ouvrage. 

(**)  D'après  M.  C.  Nicolle  (157)  le  rôle  des  moustiques  dans  la  transmission  du 
paludisme  était  déjà  suspecté  en  1774.  En  effet,  on  peut  lire  dans  »  Voyage  en  Dalma- 
tie  »,  par  Jean-Baptiste  de  Fortis,  traduction  publiée  à  Berne  en  1778  (Vol.  II,  p. 216-17), 
que  tous  les  habitants  de  la  partie  basse  de  la  Narenta  dormaient  sons  des  tentes 
pour  se  protéger  contre  les  moustiques.  Un  prêtre  dit  à  l'auteur  qu'il  soupçonnait  que 
les  fièvres,  dont  les  habitants  de  ce  pays  souffraient  fortement,  avaient  pour  cause  la 
piqûre  de  ces  insectes  qui,  après  s'être  nourris  sur  une  carcasise  pourrie  ou  une  plante- 
vénéneuse,  venaient  attaquer  1*6  hommes. 


19 


Quels  sont  les  moustiques  Quoiqu'on  connaisse  actuellement  environ 

S?.",a' malartaf  ""      l'^OO  espèces  de  moustiques  et  qu'on  en 

découvre  constamment  de  nouvelles  dans 
toutes  les  parties  du  monde,  la  plupart  sont  inoffensives  au  point  de 
vue  de  la  transmission  des  maladies.  En  réalité,  la  malaria  n'est  pro- 
pagée que  par  les  lemellcs  adultes  d'un  genre  spécial  de  moustiques, 

1rs  Anophèles,  et  même  toutes 
les  espèces  d'Anophèles  ne  sont 
pas  susceptibles  d'introduire  dans 
le  sang  de  l'homme  le  germe  de 
la    fièvre. 

Voici  une  liste  des  espèces 
d'Anophèles  connues  comme 
transmettant  la  malaria,  que  nous 
devons  à  l'obligeance  de  M.  H. -F. 
Carter,  de  l'Ecole  de  Médecine 
tropicale  de  Liverpool. 

EuRorE  :  Anophèles  maculipen- 
nis,  Mg.  (voir  fig.  i)  ;  A.  bilur- 
catus,  L.  ;  A.  (Myzomyia)  hispa- 
niola,  Théo. 

x\siE  et  Malaisie  :  Anophèles 
(Myzomyia)  culicifacies,  Giles  ; 
A.  (Myzomyia)  Lisloni,  Liston; 
A.  (Myzomyia)  lurkhudi.  Liston; 
.4.  (Myzorhijnchiis)  barbirostris,  v. 
der  Wulp  ;  A.  (Myzorhijnchus)  si- 

.       ^  ,  ,.         .    nensis,  Wied  ;  A.  (Myzorhnnchus) 

Y\s.  1.  —  Anophèles  macuhpennis         ,     '         rru         '  t     /v  i 

Mg.  femelle.  -  L'agent  de  transmis-  umbrosus,  Théo;  A.  (^qjssorhyn- 
sion  de  la  malaria  dans  le  Sud  de  chus)  maculipalpis,  Giles;  .4. 
l'Europe.  —  Dimensions  quadruplées.  (.\'yssorhynchiis)'  Theobaldi,  Gi- 
les ;  A.  (Nijssorhynchus)  [uligi- 
no&ns,  Giles  ;  .4.  (\eoceliia)  Stephensi,  Liston  ;  .4  (?)  (*)  lormosaensis, 
Tsuzuki  ;  .4.  (Neocellia)  Willmori,  .lames  (**\ 

Afrique  :  Anophèles  (Mysomyia)  hispaniola,  Théo  ;  .4.  (Myzomyia) 
funestus,  Giles;  A.  (Pyrelophorus)  costalis,  Loew.  ;  .4.  (Myzomyia) 
alg':Ticnsis,  Théo;  .4.  (Myzomyia)  cuHcifacies,  Giles;  A.  (Myzo- 
rhynchus)  umbrosus,  Théo;  A.  (^'yssorhynchus)  maculipalpis,  Giles; 
.4.  (Cellia)  pharoensis,  Théo  (***). 

Australie  :  Anophèles  (\'yssorhynchus)  annulipes,  Walker. 


(*)  La  validité  et  la  position  systématique  d'Anophèles  formosaensis  Tsuzuki,  sont 

(«)  D'après  W.  H.  Swellengrebel,  W.  Schuffner  ert  J.  M  H.  SweUengrebel-De 
Graaf,  Anophèles  Liidlowi  est,  aux  Indes  néerlandaises,  le  plus  dangereux  agent  de 
transmission  de  la  malaria.  (Meded.  BuTgerlijk  Geneesk.  Dienst,  NederL-Indie, 
Batavia,  1919,  n'  3,  pp.  1-64). 

(*«)  Nous  y  ajoutons,  d'après  le  Capt  P.  H.  Bahr  (U),  et  d'après  G.  Storey  (196), 
les  espèces  suivantes,  signalées  en  Egypte:  A.(Myzomyia)tuTkhudi,  Liston  ;  A.  palesti- 
nensis  (Sergenti),  et  A.  bifurcatus  ;  ce  dernier  moustique  parait  être  ua  des  plus  dan- 
gereux propagateurs  de  la  malaria. 


20 

Amérique  du  Nord  :  Anophèles  punclipcnnis,  Say  ;  A.  crucians, 
Wicd  ;  A.  quadrimaculatus,  Say. 

Amérique  centrale  et  du  Sud  :  Anophèles  pseudopunctipennis,  Théo; 
A.  (Cellia)  albimanus,  Wied  ;  A.  (Cellia)  argijrotarsis,  R.  D.  ;  A.  (Cel- 
lia)  larsimaculatus,  Goelcii  ;  A.  (Cyclolep.)  iniermedius ,  Pery  ;  A.  (Arri- 
balzagia)  pseudomaculipes,  Pery. 

Parmi  les  espèces  malariales  africaines  lAnophcles  lunestus,  Giles 
(voir  fig.  21)  ;  A.  costalis,  Loew  (voir  îig.  21);  A.  pharocnsis,  Théo; 
A.  unibrosus,,  Théo,  et  A.  maculipalpis ,  Giles,  ont  été  signalées  comme 
existant  au  Congo  belge  (*).  Ce  sont  donc  ces  espèces  qu'il  importe 
surtout  de  combattre  dans  notre  Colonie. 

Les  caractères  qui  distinguent  les  moustiques  Anophèles  (adultes 
et  larves)  des  autres  moustiques  sont  donnés  plus  loin,  pages  40  à  43. 
Ils  permettront  aux  planteurs  et  aux  colons  de  déterminer,  dans  la 
région  qu'ils  habitent,  la  présence  des  insectes  suspects  de  propager 
les  fièvres. 

Pour  ceux  qui  désirent  pousser  plus  loin  les  recherches,  nous  don- 
nons en  annexe,  à  la  fin  de  la  présente  brochure  (p.  217)  une  clef 
pour  la  détermination  des  espèces  africaines  d'Anophèles,  dressée  par 
M.  F.  W.  Edwards,  B.  A.,  F.  E.  S.,  du  British  Muséum  (Natural  His- 
tory)  de  Londres  (59). 

Comment    la  malaria    se          Les  parasites  qui  occasionnent  la  maladie 
déveioppe^t^eile  chez  une      ^.^^^^^^  j^^  j    malaria,  fièvre  des 

personne  piquée  par  un  ...  .  ■,^, 

moustique  Anophèles  in=      marais,  paludisme,  etc.,  et  ses  variétés,  ap- 
fecté  ?  pelées  fièvre    intermittente,    fièvre     rémit- 

tente, fièvre  pernicieuse  ou  maligne,  sont 
des  organismes  microscopiques,  dont  le  corps  est  formé  d'une  seule 
cellule  et  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  Plasmodium.  Ils  appartien- 
nent à  l'ordre  des  Protozoaires,  classe  des  Telosporidies,  sous-classe 
des  Hémosporidies,  et  ont  besoin,  pour  se  développer  complètement,  de 
deux  milieux  :  le  sang  de  l'homme  dont  ils  détruisent  les  globules 
rouges,  et  le  corps  de  certains  moustiques. 

Voyons  d'abord  succinctement  ce  qui  se  passe  dans  le  sang  d'un 
homme  sain,  qui  est  piqué  par  un  moustique  Anophèles  femelle  infecté 
et  capable  de  communiquer  la  maladie.  La  description  ci-dessous  est 

(*)  MM.  Newstead,  Dutton  et  Todd  (155),  ont  récolté  Lee  Anophèles  suivants  dans 
des  localités  du  Congo  belge  : 

A.  costalis,  à  Zambi,  Borna,  Matadi,  Tumba,  Wathen,  Léopoldville,  Kitoto,  Tumba 
(au-dessus  de  Lukolela),  Irebu,  Coquilhatville,  Bamania,  Lutongo,  Nonvellô-Anvers, 
Bokanga,  Lisala,  Bumba,  Yambinga,  Stanley-Falls,  Benabuningu,  Lokandu,  Semdwe, 
Makuta,  Kasongo,   Tshofa,  Lusambo. 

A.  marshalli,  à  Borna,  Léopoldville,  Coquilhatvil'e,  Yambinga. 

A.  fiinestiis,  à  Zambi,  Borna,  Matadi,  Wathem,  Katombe,  Lusambo. 

A.  mauritianus,  à  Borna,  Léopoldville,  Ile  Bamu,  Bamania,  Eala,  Barombu,  Kum- 
ba,  Kasongo,  Lusambo,  Zambi,  Borna. 

A.  pharoensis,  à  Borna. 

D'autre  part,  M.  le  D'  J.  Bequaert  (Mission  scientifique  du  Katanga,  1910-12)  (14) 
a  récolté  Anophèles  funestus  à  Kasongo,  Bukama  et  dans  tout  le  Katanga,  A.  costalis 
à  Nyangwe,  et  A.  Welcomei,  à  Bukama. 

Enfin,  M.  Le  D'  Schwetz  (181),  étudiant  les  moustiques  de  Kabinda  (Lomami),  dit 
que  les  Anophelidés  sont  relativement  très  rares  dans  cette  localité  (850  m.  d'altitude), 
tant  à  l'état  adulte  dans  les  maisons  et  aux  alentours  de  oellos-ei,  qu'à  l'état  larvair* 
dans  les  récipients  d'eau  stagnante.  Les  quelques  exemplaires  qu'il  a  capturés  sont 
des  A.  (Myzomyia)  funestus,  Giles. 


21 

empruntée  presque  complèlcnieul  à  la  brochure  «  Some  Fuels  about 
Malaria  »,  de  M.  le  Dr  L.  0.  Howard  (95),  Chef  du  Bureau  d'Entomo- 
logie du  Département  de  l'Agriculture  des  Etats-Unis. 

Par  la  piqûre,  les  formes  jeunes  du  parasite  sont  introduites  dans 
la  blessure,  en  même  temps  qu'une  certaine  quantité  de  sécrétion 
salivaire,  et  s'échappent  dans  le  sang. 

Chacune  de  ces  formes  jeunes  pénètre  ensuite  dans  un  globule 
rouge,  y  vit  et  y  poursuit  son  développement. 

Lorsque  celui-ci  est  terminé,  chèque  parasite  se  divise  et  produit 
ainsi  un  certain  nombre  de  spores  qui  s'échappent  dans  le  plasma 
sanguin  et  pénètrent  dans  des  globules  nouveaux.  Ce  mode  de  propa- 
gation peut  se  poursuivre  pendant  des  années. 

Quoiqu'il  n'y  ait  que  quelques  parasites  introduits  par  la  trompe 
du  moustique,  le  nombre  de  ceux-ci  s'accroît  rapidement,  jusqu'à  ce 
que  des  millions  et  des  millions  existent  dans  le  sang. 

Au  début,  lorsque  la  quantité  de  micro-organismes  est  encore  faible, 
une  personne  infectée  peut  rester  apparemment  en  bonne  santé,  mais 
dans  la  suite,  le  nombre  des  parasites  étant  devenu  suffisamment 
élevé,  elle  commence  à  souffrir  de  la  fièvre. 

Les  parasites  tendent  à  produire  tous  en  même  temps  leurs  spores, 
et  c'est  au  moment  où  ces  spores  se  répandent  presque  simultanément 
dans  le  sang,  que  la  fièvre  débute. 

Cette  fièvre  est  probablement  occasionnée  par  une  petite  quantité 
de  poison  qui  s'échappe  de  chaque  parasite,  en  même  temps  que  les 
spores. 

Après  une  période  d'une  durée  de  six  à  quarante  heures  et  plus,  le 
poison  est  éliminé  de  l'organisme  du  patient  et  la  fièvre  tend  à  le 
quitter. 

Entre-temps  cependant,  une  nouvelle  génération  de  parasites,  issue 
des  premières  spores,  approche  de  la  maturité,  et  lorsque  celle-ci  est 
atteinte,  il  y  a  une  nouvelle  émission  de  germes,  qui  occasionne  un 
accès  de  fièvre,  analogue  au  premier.  Ceci  peut  se  continuer  pendant 
des  mois  et  des  mois,  les  accès  de  fièvre  se  succédant  à  des  intervalles 
réguliers. 

Toutefois,  il  se  produit  souvent,  comme  résultat  d'infections  répé- 
tées, que  la  nouvelle  attaque  commence  avant  que  la  première  ne  soit 
terminée,  et  dans  ce  cas,  la  fièvre  continue  sans  interruption.  Il  peut 
se  faire  qu'après  un  certain  temps,  même  sans  traitement,  le  nombre 
de  parasites  diminue  et  qu'il  n'y  en  ait  bientôt  plus  assez  dans  le  sang 
pour  provoquer  la  fièvre  ;  dans  ce  cas,  l'état  du  malade  s'améliore 
temporairement. 

Généralement  cependant,  l'accroissement  du  nombre  de  parasites 
reprend  tôt  ou  tard,  et  le  patient  souffre  à  nouveau  d'une  série  d'accès 
fiévreux.  Ces  rechutes  sont  souvent  facilitées  par  la  fatigue,  la  cha- 
leur, les  refroidissements,  les  excès  et  les  maladies  et  peuvent  surve- 
nir longtemps  après  la  première  infection  par  le  moustique,  et  même 
lorsque  le  patient  a  quitté  les  localités  infestées  pour  habiter  une  région 
où  la  malaria  ne  sévit  pas. 

En  plus  de  la  fièvre,  les  micro-organismes  de  la  malaria  peuvent 


22 

encore  occasionner,  surtout  chez  les  patients  ayant  déjà  subi  plusieurs 
rechutes,  une  anémie  générale  et  une  hypertrophie  de  la  rate. 

Les  personnes  atteintes  de  la  malaria,  ayant  un  organisme  affaibli 
par  les  parasites,  résistent  moins  à  d'autres  maladies,  telles  que  la 
pneumonie  et  la  dysenterie,  et  en  meurent  souvent. 

Les  micro-organismes  de  la  malaria  sont  au  moins  de  trois  espèces, 
faciles  à  distinguer  dans  le  sang,  lorsqu'on  en  fait  des  préparations 
microscopiques.  Ce  sont  :  (1)  un  parasite  qui  produit  ses  spores  tous 
les  trois  jours  et  occasionne  ce  qu'on  appelle  la  fièvre  quarte  (C'est  le 
Plasmodium  îiialariae  de  Laveran;  ;  (2)  un  parasite  qui  donne  des 
spores  tous  les  deux  jours  et  cause  la  fièvre  tierce  (Plasmodium  vivax, 
Grassi  et  Feletti)  ;  (5)  des  parasites  qui  occasionnent  la  fièvre  maligne 
ou  malaria  pernicieuse,  maladie  de  marche  très  irrégulière,  entraînant 
souvent  des  complications  dangereuses  (Plasmodium  lalciparum, 
\\ e\ch^ Lavcrania  malarise,  Grassi  et  Feletti). 

Il  est  à  noter  que  des  parasites  semblables  se  rencontrent  fréquem- 
ment dans  le  sang  d'autres  mammifères,  spécialement  des  singes, 
ainsi  que  dans  celui  de  nombreuses  espèces  d'oiseaux. 

Administrée  en  temps  utile,  la  quinine  tue  les  micro-organismes  de 
la  malaria,  mais  généralement  la  destruction  des  parasites  dans  le 
corps  n'est  complète  que  si  le  remède  est  appliqué  pendant  plusieurs 
mois,  à  doses  suffisamment  fortes.  Aussi  longtemps  qu'un  seul  para- 
site reste  dans  le  sang,  des  rechutes  sont  à  cz^aindrc. 

Comment   les   moustiques  Nous    venons    d'examiner    comment    le 

Anophèles  femelles  s'in-      micro-organisme  de  la  fièvre  malariale  vit 

fectentuls    et  transmet^        ,  ,,^,  ,  ,  ,  ..     ^ 

tentais  l'infection  ?  ^^  se  développe  dans  le  sang  des  patients. 

Voyons  maintenant,  en  suivant  toujours  la 

description  du  C  Howard  (93),   comment  il  poursuit  son  évolution 

dans  le  corps  des  moustiques  et  comment  ceux-ci  le  communiquent 

finalement  aux  personnes  saines. 

En  dehors  des  formes  produisant  des  spores,  il  arrive  un  moment 
où  le  parasite  de  la  malaria  se  développe  en  individus  mâles  et  femelles 
(formes  sexuées  en  croissant),  et  lorsqu'un  des  moustiques  Anophèles 
femelles,  susceptibles  de  transmettre  la  malaria,  se  nourrit  sur  un 
malade  dont  le  sang  contient  ces  micro-organismes,  ceux-ci  sont  aspi- 
rés, en  même  temps,  dans  l'estomac  du  moustique. 

Si  les  formes  sexuées  sont  présentes,  celles  de  sexe  différent  s'unis- 
sent aussitôt.  Le  parasite  subit  ensuite  certains  changements  dans 
l'estomac  de  i'insecte,  et  l'œuf  fertilisé  ou  zygote  qui  en  résulte,  devient 
mobile  et,  passant  au  travers  des  parois  stomacales,  va  se  fixer  fina- 
lement sur  la  surface  extérieure  de  ces  dernières.  Dans  cette  situation, 
il  se  développe  très  fortement  et,  si  les  conditions  sont  favorables, 
produit  après  une  semaine,  un  nombre  considérable  de  spores  libres 
et  mobiles. 

Ces  spores  s'échappent  dans  la  cavité  générale  du  corps  du  mousti- 
que et  atteignent  les  glandes  salivaires.  Ces  glandes  sécrètent  un  fluide 
irritant,  qui  est  injecté  sous  la  peau  humaine,  lorsque  le  moustique 
commence  à  se  nourrir. 

Ainsi  donc,  un  moustique  Anophèles  femelle,  qui  s'est  nourri  sur 
un  malade  dont  le  sang  contient  les  formes  sexuées  du  parasite,  peut, 


23 

une  semaine  plus  tard,  en  piquant  une  autre  personne,  injecter  sous 
sa  peau  et  généralement  dans  son  sang,  et  la  salive  et  les  spores  viru- 
lentes. Ces  dernières  occasionnent  ou  peuvent  occasionner  une  infect- 
tion  ou  une  réinfection  de  la  seconde  personne. 

Donc  les  parasites  malariens  passent  d'homme  à  homme  par  l'in- 
termédiaire de  certains  moustiques  Anophèles,  et  il  en  résulte  que  la 
malaria  est  une  maladie  infectieuse  transmise  des  personnes  malades 
aux  personnes  saines,  par  ces  insectes,  et  que  ce  n'est  que  de  cette 
façon  que  la  maladie  peut  être  contractée. 

Comme  nous  l'avons  dit,  on  croyait  autrefois  que  c'étaient  les 
miasmes  ou  les  émanations  des  marécages  qui  occasionnaient  le 
paludisme. 

Des  recherches  minutieuses  dans  l'air,  l'eau,  la  végétation  décom- 
posée et  le  sol  des  régions  contaminées,  n'ont  jamais  permis  de  décou- 
vrir les  parasites  malariens,  et  des  essais  d'infection  à  l'aide  de  ces 
agents  n'ont  jamais  réussi.  Mais  il  est  vrai,  d'autre  part,  que  les 
moustiques  qui  transmettent  les  parasites  passent  leurs  stades  de 
larve  et  de  nymphe  dans  l'eau  des  marais,  des  étangs  et  des  cours 
d'eau,  et  que  c'est  de  ces  milieux  de  développement  qu'ils  émergent 
à  l'état  parfait,  pour  entrer  dans  les  demeures  voisines  et  se  nourrir 
la  nuit  sur  les  habitants,  piquant  l'une  personne  après  l'autre,  et 
vivant  pendant  des  semaines  ou  des  mois. 

S'il  se  fait  qu'une  personne  atteinte  de  la  fièvre  malariale  se  trouve 
dans  l'une  de  ces  habitations,  les  femelles  d\Anopheles  s'infectent  et 
peuvent  ainsi  communiquer  la  maladie  à  d'autres  personnes  et  dans 
les  maisons  voisines.  Ainsi  toute  une  localité  peut  devenir  malariée. 
Il  est  facile,  dans  de  telles  localités,  de  trouver  les  parasites  de  la 
malaria  dans  les  moustiques  des  espèces  propagatrices.  Parfois  jusqu'à 
25  pour  cent  et  plus  des  spécimens  disséqués  sont  infectés. 

Dans  les  localités  malariées,  les  moustiques  Anophèles  piquent  les 
enfants  sains  et  infectent  bon  nombre  d'entre  eux.  Si  ces  enfants  ne 
sont  pas  soignés  d'une  façon  rationnelle,  ils  restent  contaminés  pen- 
dant des  années,  peuvent  devenir  anémiques,  avoir  la  rate  hypertro- 
phiée et  servir  de  foyer  d'infection  pour  d'autres. 

L'on  a  trouvé  que  dans  ces  localités  malariées,  presque  tous  les 
enfants  contiennent  dans  leur  sang  les  parasites  de  la  malaria  et 
ont  une  rate  anormalement  développée. 

Par  conséquent,  dans  de  telles  localités,  les  parasites  sont  constam- 
ment transmis  par  l'intermédiaire  des  moustiques,  des  enfants  les 
plus  âgés  ou  des  personnes  adultes  aux  enfants  nouveau-nés,  et  l'in- 
fection malariale  peut  rester  y  subsister  pendant  de  nombreuses 
années,   voire  même  indéfiniment. 

De  même,  une  personne  nouvellement  arrivée  dans  ces  endroits 
malariés  s'infectera  probablement  bien  vite,  surtout  si  elle  dort,  ne 
fût-ce  qu'une  nuit,  dans  une  maison  contaminée,  à  l'époque  où  les 
mousliques  volent  et  piquent.  D'autre  part,  une  localité  n'est  malariée 
que  si  elle  habitée  par  des  personnes  qui  possèdent  dans  leur  sang 
les  parasites  de  la  malaria,  et  s'il  y  a  un  nombre  suffisant  de  mousti- 
ques des  espèces  propagatrices,  pour  transmettre  l'infection  aux  per- 
sonnes saines. 


24 


Quel  est  le  moustique  qui 
transmet  la  fièvre  jaune? 


La  fièvre  jaune  est  une  maladie  particu- 
lière aux  régions  tropicales.  Son  origine  est 
douteuse  :  l'opinion  anciennement  admise 
est  qu'elle  aurait  pris  naissance  au  Mexique  ou  aux  Antilles  et  qu'elle 
se  serait  propagée,  par  l'intermédiaire  de  la  navigation,  dans  toutes 
les  régions  continentales  voisines  :  Sud  des  Etats-Unis,  Amérique  cen- 
trale. Panama,  Amérique  du  Sud,  ainsi  que  dans  certaines  parties 
de  l'Afrique  (Afrique  occidentale).  D'autres  auteurs  sont  d'avis,  que 
c'est  cette  dernière  contrée  qui  est  le  lieu  d'origine  de  la  fièvre 
jaune  (*).  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  maladie  est  caractérisée  par  une 
fièvre  de  plus  en  plus  intense,  ainsi  que  par  des  maux  de  tête  et  des 
douleurs  de  dos  ;  dans  la  plupart  des  cas,  la  fièvre  est  suivie,  au  bout 
de  trois  ou  quatre  jours,  par  une  coloration  jaune  de  la  peau  (d'où  son 
nom  de  fièvre  jaune)  et  par  des  vomissements  noirs  (vomito-negro). 
Jusqu'en  ces  tout  derniers  temps,  l'étiologie  de  la  fièvre  jaune 
était  encore  inconnue.  Il  semblait  prouvé  qu'il  s'agissait  non  d'un 
virus,  mais  d'un  organisme  vivant,  invisible  par  les  moyens  actuels, 
qui  se  développe  dans  le  sang  et  le  détruit  en  l'envahissant  brusque- 
ment, après  une  courte  incubation  allant  d'un  à  quatre  jours. 


Fig.  2.  —  Les  deux  sexes  du  Stegormjia  lasciata,  le  moustique  de  la  fièvre 
jaune,  fortement  agrandis.  —  A  gauche,  le  mâle,  insecte  inoffensif,  se 
nourrissant  du  suc  des  plantes.  —  A  droite,  la  femelle,  avide  suceuse  de 
sang  et  qui  est  seule  responsable  de  la  transmission  des  germes  de  la 
fièvre  jaune.  —  Les  principales  différences  sexuelles  se  trouvent  dans  les 
antennes  et  la  longueur  des  palpes  maxillaires.  —  En  dessous,  les  deux 
iasectes  grandeur  naturelle. 


(*)  Comme  Ta  fait  remarquer  M.  G.  A.  K.  Marshall,  l'imniunité  vis-à-vis  de  la  ma- 
ladie dont  semblemt  jouir  les  noirs,  et  l'abondance  des  espèces  du  genre  Stegomyia  en 
Afrique,  sont  deux  preuves  em  faveur  de  l'origine  africaine  de  la  fièvre  jaune. 


25 

Cependant  les  recherches  du  savant  D""  Noguchi,  de  l'Institut 
Rockfeller,  signalées  tout  récemment  (janvier  1921),  dans  la  presse 
médicale,  semblent  avoir  abouti  à  la  découverte  de  l'agent  pathogène 
de  la  fièvre  jaune.  Ce  serait  un  leplospire  dénommé  Leptospira 
icteroïdes  (*). 

Mais  si  la  vraie  cause  de  la  maladie  est  encore  discutée,  il  est  actuel- 
lement démontré  avec  certitude,  qu'elle  est  transmise  des  personnes 
malades  aux  personnes  saines,  par  la  femelle  d'une  espèce  de  mousti- 
que très  répandue  sous  les  climats  chauds  :  le  Stegonnjia  fasciata  = 
Aedcs  calopus,  Meig.  (voir  fig.  2).  et  que  le  meilleur  moyen  d'enrayer 
la  dispersion  de  la  fièvre  jaune  consiste  à  détruire  cet  insecte  et  à 
protéger  les  habitants  contre  ses  piqûres. 

Ainsi  que  l'ont  prouvé  les  travaux  de  la  commission  américaine 
à  Cuba  et  de  la  commission  française  au  Brésil,  le  Stegomyia  ne 
devient  infectieux  que  s'il  pique  un  malade  pendant  les  trois  premiers 
jours  de  la  maladie  ;  après  cette  période,  le  sang  ne  semble  plus  con- 
tenir de  germes  capables  d'évoluer.  D'autre  part,  un  Stegomyia  n'est 
capable  d'infecter  une  personne  saine,  que  douze  jours  après  avoir 
piqué  un  patient  souffrant  de  la  fièvre  jaune,  mais  il  reste  alors 
infectieux  durant  toute  sa  vie  et  peut  ainsi  transmettre  la  maladie  à 
un  grand  nombre  de  personnes. 

Nous  donnons  plus  loin  (p.  45),  les  principaux  caractères  morpho- 
logiques qui  permettent  de  distinguer  le  Stegomyia  lasciata  des  autres 
moustiques.  Au  point  de  vue  des  mœurs,  le  Stegomyia  est  un  insecte 
essentiellement  domestique,  qui  ne  quitte  pas  le  voisinage  immédiat 
de  l'homme  et  dont  la  larve  se  développe  presque  uniquement  dans  les 
petites  quantités  d'eau  accumulées  dans  des  récipients  se  trouvant  à 
l'intérieur  des  habitations  ou  dans  leurs  dépendances  (**). 

Depuis  le  début  du  présent  siècle,  la  lutte  contre  le  Stegomyia  a  été 
menée  avec  énergie  par  les  Américains.  Elle  a  abouti  à  la  suppression 
de  la  fièvre  jaune  à  la  Havane,  dans  le  Sud  des  Etats-Unis  et  dans 
la  zone  du  canal  de  Panama(***).  Les  moyens  de  destruction  du  mousti- 

(*)  Voici  quelques-unes  des  raisons  pour  lesquelles  Leptospira  icteroïdes  serait 
l'agent  étiologique  de  la  fièvre  jaune  : 

a)  Ce  Leptospire  a  été  trouvé  dans  des  cas  de  fièvre  jaune  ; 

b\  Il  a  été  cultivé  à  partir  de  cas  de  fièvre  jaune,  à  Guayaquil,  à  Mérida  et  au 
Pérou  ; 

c)  L'inoculatiojQ  de  cultures  de  Leptospires  provoque  la  maladie  avec  tous  ses 
symptômes  chez  le  cobaye  ;  l'organisme  se  retrouve  alors  sur  cet  animal  et  peut  en 
être  isolé  ; 

d)  Ses  propriétés  et  ses  caractères  coïncident  avec  les  propriétés  bien  connues  du 
virus  de  la  fièvre  jaune  ; 

e)  Il  est  transporté  par  le  moustique  Stegomyia  et  devient  ainsi  susceptible  de 
reproduire   l'affection. 

(**)  En  Afrique  occidentale  et  au  Congo,  on  a  trouvé  des  larves  de  Stegomyia 
fasciata  se  développant  dans  l'eau  accumulée  dans  des  cavités  d'arbres  ou  entre  lee 
racines  de  ceux-ci    (voir  p.   52). 

(**«)  A  La  Havane,  la  campagne  contre  la  fièvre  jaune  et  son  agent  de  transmis- 
sion, le  Stegomyia,  a  débuté  en  février  1901,  et  la  même  année,  le  nombre  de  décès  dus 
à  cette  maladie  tomba  à  18,  contre  310  en  1900,  103  en  1899,  136  en  1898,  858  en  1897  et  1,282 
en  1896.  En  1902,  il  ne  se  produisit  plus  aucun  cas  mortel  de  fièvre  jaune  ;l  La  Havane. 

D'autre  part,  dans  la  zone  du  canal  de  Panama,  la  lutte  contre  le  Stegomyia  et  la 
fièvre  jaune  commença  en  juin  1904,  lors  de  l'arrivée  du  colonel  Gorgas  et  de  ses  col- 
laborateurs. En  septembre  1905,  se  produisit  le  dernier  cas  de  fièvre,  et  depuis  îors, 
grâce  aux  mesures  préventives  prises,  cette  maladie  a  été  complètement  extirpée  de  la 
région. 


26 

<]uc  sont  actuellement  en  usage  dans  presque  toutes  les  contrées  où 
sévit  la  maladie.  En  Afrique  occidentale  anglaise,  une  commission 
spéciale  de  la  fièvre  jaune  (Yellow  Fever  Commission,  West  Africa) 
fonctionne  depuis  quelques  années,  et  nous  aurons  à  signaler  dans 
la  suite  de  ce  travail,  les  résultats  de  ses  recherches  sur  les  mœurs  et 
les  moyens  de  destruction  du  Stegomyia  lasciata. 

On  peut  dire  que  l'histoire  naturelle  de  ce  moustique  est  actuelle- 
ment mieux  étudiée  que  celle  de  n'importe  quelle  autre  espèce  de 
Culicide  et  peut-être  d'insecte.  Les  observations  et  expériences  faites 
à  ce  sujet  par  les  entomologistes  médicaux  américains,  anglais  et 
autres  sont  très  nombreuses  et  nous  aurons  souvent  à  en  citer  les 
résultats,  pour  mieux  expliquer  certains  faits  de  la  biologie  des 
moustiques. 


Quelle  est  la  distribution  Le  Stegomyia  lasciata   =   Acdes  calopus, 

géographique  du  mous=      ^.^^  ^^^  ^^^  espèces  de  moustiques  les  plus 

tique  de  la  fièvre  jaune?       ,  ^       -         j  i  i  .    ' 

Existe=t=il  au  Congo  ?         largement    répandues    dans    les      contrées 

chaudes  du  globe.  Sa  zone  de  dispersion  ne 

dépasserait   pas,    paraît-il,    le  40™''    degré    de    latitude    Nord    et    le 

40"^  degré  de  latitude  Sud.  Il  se  rencontre  surtout  dans  les  régions 

tropicales  et,  aimant  l'humidité,  est  principalement  abondant  au  bord 

de  la  mer  et  le  long  des  grands  fleuves. 

L'habitat  d'origine  du  moustique  de  la  fièvre  jaune  serait,  d'après 
les  uns,  les  Antilles  et  les  contrées  continentales  voisines  ;  d'après 
d'autres,  l'Afrique  (Afrique  occidentale).  Ce  qui  semble  confirmer 
cette  dernière  hypothèse,  c'est  qu'il  existe  en  Afrique,  beaucoup  plus 
d'espèces  de  Stegoinyia  que  dans  une  autre  partie  du  monde  (voir 
la  note,  p.  28).  Le  Stegomyia  lasciata  aurait  été  importé  en  Amérique 
par  la  traite  des  esclaves. 

D'après  le  mémoire  de  la  Commission  américaine  de  la  fièvre 
jaune  à  Cuba,  la  femelle  de  Stegomyia  pique  toute  la  journée  par  des 
températures  allant  de  26"  à  35°C.  Entre  19"  et  25°C.  clic  pique  peu 
et  refuse  de  piquer  entre  14°  et  18°C.  Cette  observation  est  importante, 
car  elle  explique  le  fait  que  la  fièvre  jaune  ne  sévit  toute  l'année  que 
dans  les  contrées  très  chaudes,  alors  qu'elle  est  simplement  estivale 
dans  les  régions  plus  tempérées. 

C'est  ainsi  qu'aux  Etats-Unis  on  distingue  deux  zones  bien  tran- 
chées de  distribution  du  Stegomyia.  Celle  appelée  par  M.  le  D""  Ho- 
ward (94)  la  zone  permanente,  comprend  l'extrême  Sud  du  territoire 
(régions  bordant  le  golfe  du  Mexique).  Dans  cette  zone,  il  ne  se  pro- 
duit jamais  de  gelées  et  l'insecte  peut,  par  conséquent,  se  développer 
sans  interruption.  La  seconde  zone,  appelée  zone  temporaire  estivale, 
comprend  tout  le  reste  du  territoire  ;  le  moustique  ne  s'y  propage  que 
pendant  la  saison  chaude  et  il  y  est  exterminé,  chaque  année,  par  les 
premiers  froids  auxquels  il  est  très  sensible.  Il  y  est  introduit,  en  été, 
par  les  moyens  artificiels  de  trans{)ort  :  navires,  chemins  de  fer, 
bagages,  etc. 

Le  Stegomyia  lasciata  existe  également  dans  toutes  les  régions  qui 


27 

bordent  la  Méditerranée  {*),  en  Caucasie  russe  sur  les  côtes  de  la  mer 
Noire,  aux  Indes  anglaises,  en  Malaisie,  en  Indo-Chine  (**),  en  Chine, 
au  Japon,  aux  Indes  néerlandaises,  en  Nouvelle-Guinée,  aux  îles 
Hawaii,  aux  îles  Philippines,  etc.  .  Sa  présence  a  été  de  même  signa- 
lée au  Queensland,  en  Nouvelle-Galles  du  Sud  et  dans  les  territoires 
australiens  du  Nord. 

En  Afrique,  le  principal  habitat  de  ce  moustique  est  la  côte  occi- 
dentale. On  le  trouve  notamment  en  Nigérie  du  Sud  (Lagos),  Côte 
d'Or  (***),  Sierra-Leone.  Gambie.  Togo,  Dahomey,  Sénégal,  etc.  Cet 
insecte  existe  également  dans  d'autres  contrées  africaines  (****),  telles 
que,  par  exemple,  le  Maroc,  l'Egypte,  l'Afrique  Nord-Est  et  certaines 
parties  de  l'Afrique  du  Sud.  Il  se  rencontre  aussi  à  Madagascar. 

Depuis  quelques  années,  on  sait  que  l'habitat  du  Stegomiiia  fas- 
ciata  s'étend  au  Congo  belge.  MM.  Newstead,  Dutton  et  Todd  (155), 
en  1907,  ont  signalé  sa  présence  à  Matadi,  Léopoldville,  Sendwe, 
Kasongo,  Tshofa  et  Lusambo.  M.  le  D"'  J.  Rodhain  a  récolté  fin  1914. 
des  larves  de  Stegomyia,  à  Dungu  (Uelé),  en  pleine  saison  sèche,  dans 
des  creux  de  rochers,  parmi  les  petits  rapides  du  Kibali.  M.  le  D""  van 
den  Branden  a  trouvé  ces  mêmes  larves  à  Léopoldville,  dans  l'eau 
séjournant  à  la  base  des  Flamboyants.  Enfin,  M.  le  D''  Schwctz  (181), 
en  1915,  rapporte  qu'à  Kabinda,  station  très  saine,  située  à  850  mètres 
d'altitude,  dans  le  district  du  Lomami.  les  Stegomyia  fasciata  étaient 

(*)  D'après  M.  R.  Blanchard  (19)  (1917),  Stegomyia  laxciala  doit  être  considéré 
désormais  comme  faisant  partie  de  la  faune  entomologique  de  la  France  méridionale. 
Il  y  a  probablement  été  introduit  par  te  troupes  noires  venant  du  Sénégal.  De  même, 
L.  Piras  signale  que  de  grandes  quantités  de  ces  moustiques  ont  infesté  le  port  de 
Gênes   (maisons  et  navires),  de  juin  à  septembre  1917. 

D'autre  part,  suivant  J.  Waterston  (208),  le  Stegomyia  fasciata  serait  extrêmement 
abondant    à    Salonique,    particulièrement    dans    les   habitations. 

Il  paraîtrait  même  qu'il  peut  s«  rencontrer  occasionnellement  en  Angleterre,  puis- 
que M.  Mac  Gregor  135)  a  récolté,  dans  un  creux  de  hêtre  d'Epping-Forest  (X.  E. 
de  Londres),  des  larves  de  plusieurs  espèces  de  moustiques,  parmi  lesquelles  celles  de 
Stegomyia  fasciata. 

(**)  En  1915-16,  des  recherches  concernant  la  présence  du  moustique  de  la  fièvre 
jaune  furent  entreprises  dans  divers  ports  de  rExtrême-Orient  :  Bangkok  (Siam),  Sai- 
gon (Cochinchine),  Haiphong  (Tonkin),  Canton  (Chine  du  Sud),  Batavia,  Samarang 
et  Soerabaia  (Java),  Makasser  (Célèbes)  et  Tjilatjap  (.Java).  Suivant  Stanton  A.  T. 
(195)  Stegomyia  fasciata  était  abondant  dans  tous  ces  ports  et  cela  pendant  toutes  les 
saisoas  de  l'année.  Même  là  où  la  lutte  avait  été  entamée  contre  lui,  il  était  com- 
mun ;    ailleurs   il    constituait   un   véritable   fléau. 

('-»*)  Au  laboratoire  d'Accra,  MM.  Scott  Macfie  et  A.  Ingram  fl30)  ont  ana- 
lysé entomologiquement  417  échantiillons  d'eau  contenant  des  larves  de  moustiques. 
Ces  échantillons  constituaient  )e.s  prélèvements  faits  pendant  un  an  par  le.s  inspec- 
teuns  sanitaires  de  la  Côte  d'Or  dans  les  agglomérations  indigène<5.  Dix  espèces  de 
larves  y  furent  trouvées  :  Stegomyia  fasciata  dans  88.44  p.c.  des  échantillons,  Culer 
fatigans  dans  14.86  p.c,  Anophèles  costalis  dans  0.95  p.  c,  Ciiîex  decens  et  CuUciomyia 
nebiilosa,  chacun  dans  0.71  p.c  ,  Stegomyia  hiteocephala  et  S.  metallica,  chacun  dons 
0.47  p.c,  et  C!(7e.r  invidiosus,  C  tigripes  var.  fiiscus  et  Stegomyia  uvilineata,  chacun 
dans  0.23  p.  c. 

(«*-*)  D'après  M.  le  Dr  Andrew  Balfour,  directeur  des  Wellcome  Research  Labo- 
ratories, à  Khartoum,  le  Stegomyia  fasciata  a  été  rencontré  en  diverses  localités  du 
Soudan  anglo-égyptien.  Ce  moustique  était  autrefois  assez  abondant  à  Khartoum 
même,  mais  il  y  est  rare  actuellement,  par  suite  de  la  gue^rre  san.s  merci  qui  lui  a 
été  faite  durant  sept  années.  Le  Dr  Balfour  ajo.ite  qu'il  est  possible  que  Stegomyia 
fasciata  puisse  transmettre  au  Soudan    le  virus  de  la  Horse  Sickness. 

D'autre  part,  d'après  M.  R.  B.  Drake-Brockman,  1©  moustique*  de  la  fièvre 
jaune  est  très  abondant  pendant  toute  la  saison  d'hiver,  dans  les  localités  côtières  dn 
Somaliland  anglais.  Sa  lan/e  se  multiplie  dans  toujs  les  récipients  à  eau  des  maisons 
arabes  et  indiennes.  Par  contre,  d'avril  à  septembre,  la  chaleur  torride  et  les  vents 
chauds  et  violents  détruisent  presque  tous  les  moustiques.  (Extrait  d'une  not-e 
parue  daus  le  Bull,  of  Entom.  Res.,   Vol.  II,  Pt.  2.,  p.  179). 


28 

très  communs  à  l'intérieur  des  habitations  et  autour  de  celles-ci, 
principalement  vers  le  soir,  et  que  des  larves  de  ces  moustiques  ont 
été  trouvées  dans  l'eau  contenue  dans  de  vieilles  boîtes  à  conserves 
et  autres  récipients  vides,  tout  autant  chez  les  Européens  que  chez 
les  indigènes  (  ). 

L'existence  au  Congo  belge  du  moustique  propagateur  de  la  fièvre 
jaune  présente  un  certain  danger,  et  il  sera  donc  prudent  de  poursui- 
vre la  destruction  de  cet  insecte,  tout  autant  que  celle  des  Anophèles. 


Qu'est=ce  que  la  filariose?  La  filariose  est  un  terme  général  appliqué 

-  Quels  sont  les  mous=  ^  j^g  maladies  tropicales  affectant  le  sys- 
ce«e'  ZZâ  Tlom"  tème  lymphatique  de  l'homme  et  occasion- 
ment  la  transmettent-  nées  par  des  vers  nématodes,  à  corps  long 
ils  ?  et  grêle,  appartenant  au  genre  Filaria,  dont 

les  embryons  sont  transmis  par  les  mousti- 
ques. Cette  maladie  se  manifeste  par  un  développement  souvent  énorme 
des  régions  inférieures  du  corps,  et  particulièrement  du  scrotum.  Le 
stade  le  plus  avancé,  désigné  sous  le  nom  d'éléphantiasis,  est  une 
affection  indigène  bien  connue  dans  notre  colonie. 

Quoiqu'il  existe  plusieurs  espèces  de  filaires  du  sang,  la  seule  qui 
ait  une  grande  importance  pathologique  est  Filaria  Bancrolti,  Cobbold. 
Son  embryon  :  Microlilaria  Bancrofti  (voir  fig.  3),  habite  le  plasma 
sanguin  et  se  présente  sous  l'aspect  d'un  ver  très  mince,  ayant  à  peu 
près  le  diamètre  d'un  globule  rouge  et  0.3  mm.  environ  de  longueur, 
enfermé  dans  une  gaine  très  délicate. 
Ces  microfilaires  ont  une  très  curieuse 
propriété,  celle  de  la  périodicité.  Ils 
sont  abondants  la  nuit  dans  le  sang  pé- 
riphérique et  en  disparaissent  durant 
le  jour,  se  réfugiant  dans  les  poumons 
et  les  gros  vaisseaux  sanguins.  Man- 
son  (137)  dit  qu'à  minuit  il  n'est  pas 
rare  de  trouver  de  300  à  600  de  ces 
microfilaires  nocturnes  dans  chaque 
goutte  de  sang. 

Les  filaires  adultes  sont  des  vers 
très  minces,  semblables  à  des  che- 
veux, habitant  les  conduits  et  les 
glandes  lymphatiques.  Les  mâles  me- 
surent environ  40  mm.  de  longueur 
et  les  femelles  de  85  à  90  mm.  Ces 
dernières  sont  ovovivipares  et  expulsent  des  myriades  de  microfilaires 
dans  les  sinus  lymphatiques.  Ceux-ci,  peu  après,  envahissent  le  sang, 


Fig.  3.  —  La  filariose.  —  JWi- 
cro filaria  Bancrolti,  dans  le 
sang  humain.  —  Très  forte- 
ment agrandi.  (D'après  W.  B. 
Herms.) 


(•)  D'autres  espèces  d«  Stegomyia  ont  également  été  signalées  au  Congo  bel g« 
et  dans  ks  colonies  africaines  voisines.  Ce  sont  :  Stegomyia  africana,  Theob.  (Congo, 
eic.\;S.  luteocephala,  Newst.  (Congo,  etc.)  ;  S.  powen,  Theob.  (Congo,  etc.)  ;  S.alba- 
marginata,  Newst.  (Congo);  S.  sugens,  Wied.  (Angola,  etc.);  S.  pseudomgeria,  Theob. 
(Angola)  ;  S.  apicoargentea,  Theob.  (Ouganda,  etc.)  ;  S.  fraseri,  (Ouganda)  ;  S.  simp- 
soni  Theob.  (Angola,  etc.);  S.  metallica,  Theob.  (Afrique  occidentale,  Soudan);  S. 
unil'ineata   (Côte  d'Or')  et  S.  argentovenlralis.  Theob.   (Afrique  occidentale). 


29 

occupant  donc  surtout  les  poumons  le  jour,  et  les  vaisseaux  périphé- 
riques la  nuit. 

Il  est  évident  que  l'envahissement  nocturne  du  sang  périphérique, 
par  des  milliers  et  des  milliers  de  microîilaires,  offre  à  ces  organismes 
une  excellente  occasion  de  passage  dans  le  corps  des  insectes  suceurs 
de  sang  et  principalement  des  moustiques. 

Une  fois  parvenus  dans  l'estomac  de  ces  derniers,  ces  embryons 
perdent  leur  gaine  ;  ils  émigrent  ensuite  dans  les  muscles  thoraciques, 
où  ils  poursuivent  leur  évolution  et,  au  bout  d'un  laps  de  temps, 
variable  suivant  la  température  ambiante  et  l'espèce  de  moustique, 
deviennent  des  larves,  qui  se  frayent  un  chemin  vers  le  labium  ou 
gaine  de  la  trompe,  où  elles  s'accumulent.  Quant  le  moustique  pique 
l'homme,  la  gaine  de  la  trompe,  bourrée  de  larves,  se  rompt  et  ces 
dernières  pénètrent  à  travers  la  peau  et  gagnent  les  vaisseaux  lym- 
phatiques où  elles  se  développent,  se  différencient  en  mâles  et  femel- 
les et  s'accouplent. 

Plusieurs  espèces  de  moustiques,  dont  certains  Anophèles  qui  dis- 
séminent également  la  malaria,  peuvent  servir  de  moyen  de  transport 
aux  embryons  de  filaires.  Voici,  d'après  le  guide  spécial  n°  7  du  Bri- 
tish  Muséum  (Xatural  History),  une  liste  des  espèces  de  moustiques, 
connues  comme  propageant  les  diverses  formes  de  filariose.  Les  espè- 
ces africaines  y  sont  marquées  par  un  astérisque  : 

*  Anophèles  macidipennis,  Mg.  ;  A.  (Myzorhynchus)  sinensis.  Wied, 
var.  nigenimus,  Giles  et  var.  niinuius,  Theob.  ;  A.  (Myzomyijj  rossii, 
Giles  ;  *.l.  (M.)  lunestus,  Giles  ;  *A.  (Pyretophorus)  costalis,  Loew.  ; 
.4.  (Cellia)  argyrotarsis,  Rob.  Dcsv.  ;  *Culex  latigans,  Wied  ;  *Stego- 
inyia  lasciata,  Fabr.  ;  Stegomyia  pseudo-scutellaris,  Theob  ;  *Manso~ 
noides  unijorniis,  Theob.  ;  Taeniorhynchus  titillans,  Walk.  et  T.  pseu- 
dotitillans,  Theob. 

Le  plus  important  de  ces  moustiques,  au  point  de  vue  de  la  trans- 
mission  de   la   filariose,   paraît  être  Culex  latigans,   Wied.,   qui  est 
largement  et  abondamment   répandu  dans   les  régions  tropicales  et 
subtropicales  (*)  (voir  fig.  28). 
Autres  maladies  transmi-  La  Dengue  est  également  transmise  par 

ses  par  les  moustiques,  j^g  niousfïques.  C'est  une  maladie  épidé- 
niique,  infectieuse,  semblable  à  rinfluenza,qui  règne  dans  les  régions 
tropicales  et  subtropicales.  Elle  existe  au  Congo  belge. 

Ses  caractères  sont  une  fièvre  aiguë,  qui  débute  soudainement, 
après  un  à  trois  jours  d'incubation  et  est  accompagnée  de  douleurs 
musculaires,  articulaires  et  lombaires  et  de  céphalalgie.  Cette  mala- 
die est  bénigne,  de  courte  durée,  et  est  produite  par  un  virus  invisible, 
filtrant,  qui  envahit  le  sang  et  y  est  introduit  par  la  piqûre  de  cer- 
tains moustiques,  notamment  Culex  fatigans,  Wied.  (quiiiquefascia- 
tus,  Say)  et  Stegomyia  lasciata,  F.  (**). 

(*)  Suivant  Curwen  H.  (44)  et  Aders  W.  M.  (2),  à  Zanzibar,  Culex  fatigans 
fréquente  surtout  les  vieilles  agglomérations  arabes.  Il  y  est  l'agent  de  transmission 
de  Microfilaria  Bancrofti.  Trente  pour  cent  environ  de  la  population  Indigène  sont 
atteints  de  filariose. 

(**)  En  Australie  (Queensland  et  NouvelJe-Galles  du  Sud),  la  dengue  est  tran»- 
mise  par  Stegomyia  fasciata  et  la  filariose  par  Culex  fatigans.  (Voir  J.  B.  Cleland, 
B.  Bradley  et  W.  Me  Donald,  dans  Med.  Jl.  Australia,  Sydney,  n"  W-U,  2-9  sept. 
1916  et   7th  Rept.  Microbiol.  Lab.  for  1916,  pp.  185-252). 


30 

Enfin,  comme  Ta  prouvé  Sir  Arnold  Theiler,  il  est  presque  cer- 
tain que  les-  moustiques  sont  des  agents  de  propagation  de  la  «  Horse 
Sickness  »  ou  maladie  des  chevaux  de  l'Afrique  du  Sud,  et  il  est  fort 
possible  que  ces  insectes  transmettent  encore  les  germes  d'autres 
maladies  affectant  l'homme  ou  les  animaux  domestiques  (*). 


Nous  croyons  avoir  suffisamment  démontré  le  danger  que  présentent 
les  moustiques.  Il  est  donc  essentiel  qu'au  Congo,  nos  agents,  nos 
colons  et  nos  planteurs,  de  même  du  reste  que  toute  la  population 
blanche  de  la  Colonie,  apprennent  à  se  prémunir  contre  leurs  atta- 
ques. C'est  là  une  mesure  d'hygiène  générale,  qui  est  intimement  liée 
au  développement  économique  et  agricole  du  territoire. 

Il  ne  suffit  pas,  en  effet,  de  traiter  les  personnes  atteintes  de  mala- 
ria, mais  il  faut  empêcher  que  celte  maladie  ne  se  propage  et  ne  soit 
communiquée  aux  peisonnes  saines.  Or,  si  les  mesures  curatives  sont 
exclusivement  du  domaine  de  la  médecine,  il  n'en  est  plus  ainsi,  lors- 
qu'il s'agit  de  combattre  l'agent  de  transmission  du  mal,  le  moustique. 
La  collaboration  de  l'hygiéniste  et  celle  de  l'entomologiste  sont  alors 
indispensables. 

Celle  de  l'entomologiste  surtout,  car  ce  n'est  que  grâce  à  la  con- 
naissance presque  parfaite  qu'on  a  acquise  actuellement  de  l'his- 
toire naturelle  des  moustiques  propagateurs  des  maladies  :  Anophèles, 
Stcgomyia,  Culex,  qu'on  est  parvenu  à  découvrir  et  à  introduire 
dans  la  pratique,  une  grande  variété  de  moyens  tendant  à  détruire 
ces  insectes  ou  tout  au  moins  à  éviter  leurs  piqûres. 

La  description  des  procédés  efficaces  de  protection  et  de  lutte  contre 
les  moustiques,  dont  l'adoption  est  à  conseiller  dans  notre  Colonie, 
a  fait  l'objet  principal  du  présent  travail,  et  le  chapitre  III  lui  est 
entièrement  consacré. 

Mais  pour  bien  comprendre  les  principes  sur  lesquels  sont  basés 
ces  moyens  préventifs,  il  faut  que  le  lecteur  acquiert  au  préalable, 
une  connaissance  suffisante  de  l'histoire  naturelle  des  Culicides, 
c'est-à-dire  de  la  façon  dont  ils  vivent,  se  nourrissent,  se  repro- 
duisent et  se  développent.  CVst  pourquoi,  nous  avons  donné,  dans  le 
chapitre  II,  un  aperçu  de  la  morphologie  et  de  la  biologie  de  ces 
insectes. 

D'autre  part,  dans  le  chapitre  IV,  nous  exposons  brièvement  les 
résultats  magnifiques  obtenus  à  Cuba  et  à  Panama,  grâce  à  une  lutte 
énergique  contre  les  moustiques,  et  enfin,  dans  le  dernier  chapitre, 
nous  donnons  quelques  indications  utiles  pour  les  personnes  qui 
désirent  faire  des  recherches  sur  la  biologie  et  la  distribution  des 
moustiques  dans  notre  Colonie. 


(*)  M.  E.  Blanchard  (19)  rappelle  à  ce  sujet  que  le  Stegomyia  fasciata  est 
considéré  comme  un  agent  pos.sible  de  transmission  mécanique  du  trj-panosome  de  la 
maladie  du  sommeil. 


CHAPITUE  II. 
DESCRIPTION   ET  MŒURS  DES  MOUSTIQUES 

(Morphologie  et  Biologie.) 

Ce  chapitre  contient  en  premier  lieu  quelques  indications  générales 
sur  l'aspect  des  moustiques,  leur  classification  et  les  caractères  dis- 
finctifs  des  espèces  qui  nous  intéressent.  Vient  ensuite  l'étude  de 
l'histoire  naturelle  de  ces  insectes,  divisée  en  deux  parties.  La  pre- 
mière, consacrée  à  l'évolution  des  moustiques,  c'est-à-dire  au  dévelop- 
pement des  stades  larvaires  :  œufs,  larves  et  pupes  et  la  seconde  aux 
mœurs  des  individus  adultes. 

A.  —  ASPECT    ET    CARACTÈRES    DISTINCTIFS 
DES  MOUSTIQUES. 

Que  sont  les  moustiques  ?  Les  moustiques,  OU  plus  vulgairement  les 

cousins,  sont  de  petites  mouches  à  deux 
aileSf  appartenant  à  l'ordre  des  Diptères  et  à  la  famille  des  Culicidx. 
Cet  ordre  des  Diptères  groupe  toutes  les  mouches  à  deux  ailes 
transparentes  et  membraneuses,  dont  le  type  le  plus  connu  est  la 
mouche  domestique.  Ces  insectes  subissent  des  métamorphoses  com- 
plètes, c.-à-d.  que  leurs  stades  jeunes  sont  entièrement  différents  de 
l'insecte  adulte  ou  mouche.  Cette  dernière  pond  des  œufs,  d'où  éclo- 
sent  des  vers  ou  larves  apodes,  c.-à-d.  sans  pattes.  Après  une  période 
d'alimentation  et  de  développement,  ces  larves  se  transforment  en 
pupes  ou  nymphes  qui,  dans  la  plupart  des  cas,  sont  totalement  immo- 
biles. Au  bout  d'un  temps  variable,  les  adultes  sortent  des  pupes, 
s'accouplent  et  de  nouveaux  œufs  sont  pondus  par  les  femelles.  Ceux- 
ci  donnent  à  nouveau  naissance  à  des  larves,  et  ainsi  le  cycle  vital  de 
l'insecte  est  complété. 

Quels  sont  les  caractères  A  l'état  adulte,  les  moustiques  se  distin- 

particuHers    des    mous.      ^^^^^^  suffisamment  par  les  caractères  sui- 
"^""  ■  vants  (voir  fig.  4.)  :  leur  petite  taille  ;  leur 

grande  trompe  ou  organe  suceur,  munie  d'organes  piqueurs  (stylets)  ; 
leurs  deux  palpes  maxillaires  plus  ou  moins  développées;  leurs 
antennes  longues,  minces  ou  plumeuses  ;  leur  corps  allongé  ;  leurs 
pattes  longues  et  grêles,  terminées  par  un  tarse  à  cinq  articles  de  plus 
en  plus  courts  et  dont  le  dernier  porte  deux  griffes,  tantôt  égales, 
tantôt  inégales,  et,  enfin,  leurs  deux  ailes  membraneuses,  transpa- 
rentes, à  nervures  recouvertes  de  petites  écailles  minuscules,  visibles 
à  la  loupe  (*).  Deux  petits  organes  spéciaux,'  en  forme  de  massue,  les 
haltères  ou  balanciers,  sont  insérés  de  chaque  côté  de  l'extrémité  du 

(*)  Ces  petites  écailles  recouvrent  également  le  corps  des  monstiqaes.  Elles  pré- 
sentent de  grandes  modifications  de  forme  et  de  disposition  suivant  les  espèces  et 
sont  donc  très  utiles  pour  la  classification. 


32 


thorax,  à  la  place  de  la  seconde  paiio  d'ailes,  l/on  |iourra  se  rendre 
compte  de  leur  forme,  en 
examinant  la  fig.  22  (*). 

Il  n'y  a  pas  beaucoup 
d'autres  Diptères  qui  res- 
semblent aux  moustiques. 
Seuls  les  vrais  moucherons 
(famille  des  Chironomi- 
dae),  les  moucherons  des 
chamnigiions  (Mycelophi- 
lidaef  ei  les  Tipules  (Ti- 
pulidae),  ont  une  appa- 
rence à  peu  près  sembla- 
ble, mais  la  confusion 
n'est  vraiment  possible 
qu'avec  certains  mouche- 
rons ou  Chironomides(**). 

Les  membres  de  toutes 
les  autres  familles  de  Dip- 
tères sont  de  formes  très 
variées  et  un  bon  nombre 
d'entre  eux  ressemblent 
plus  ou  moins  à  la  mouche 
domestique  (Musca  domes- 
tica).   Parmi  les  types  les 


Fig.  4.  —  Aspect  extérieur  d'un  moustique 
(Culex  femelle).  —  Dessin  schématique  mon- 
trant les  différentes  parties  du  corps.  — 
Dans  le  coin  de  droite,  le  moustique  gran- 
deur naturelle. 


plus  connus,  citons  la  grosse  mouche  bleue  ou  mouche  à  viande  (Calli- 
phora),  les  mouches  tsétsés  (Glossinae),  les  mouches  de  cheval  ou 
taons  (Tabanidae),  les  oestres  (Œstridac),  les  mouches  planantes  (Syr- 
phidae),  les  mouches  bourdons  (Bombijlidae),  les  Asilidac,  etc. 

Quelle    est    la  nourriture  \ul    n'ignore,  —  car    qui    n'a    pas    été 

des  moustiques  adultes?  pjqué  par  les  moustiques  ou  cousins,  même 
sous  nos  climats  tempérés  —  que  les  mous- 
tiques se  nourrissent  avidement  de  sang  (***).  Ce  qu'on  sait  moins, 
c'est  que,  chez  ces  insectes,  rhabitude  de  sucer  le  sang  est  particulière 
au  sexe  lernelle.  Les  femelles  de  moustiques  ont,  en  fait,  besoin  de  sang 
pour  le  développement  de  leurs  œufs.  Toujours,  les  mâles  sont  inoffen- 
sifs et  se  nourrissent  du  suc  des  plantes  (****). 

(•)  Les  haltères  aident  à  maintenir  le  corps  ^e  l'insecte  en  équilibre  durant  le 
vol  ;  on  suppose  qu'ils  agissent  aussi  comme  organes  des  sens.  Ils  peuvent,  comme 
les   ailes,   exécuter  des  vibrations   rapides. 

(»»)  On  confond  cependant  aussi  assez  souvent  avec  les  moustiques,  les  mem- 
bres de  la  famille  des  Tipulidae  («  Daddy  long  legs,  »  des  Anglais).  Les  espèces  les 
plus  communes  de  tipules  se  caractérisent  d'habitude  par  la  présence,  snr  le  dos  du 
thorax,  d'une  suture  en  forme  de  V  et  par  leurs  pièces  de  la  trompe  émoussées,  non 
perforantes.   Les  ailes  sont  presque  toujours  dépourvues  d'écaillés  ou  de  poils. 

(***)  Tous  les  moustiques  ne  sucent  cependant  pas  le  sang  ;  les  Megarhinini,  par 
exemple,  en  sont  incapables.  Beaucoup  de  moustiques  des  espèces  hématophages 
n'ont  jamais  l'occasion  d'obteilir  une  ration  sanguine  et  sont  probablement  forcés 
de  se  nourrir  du  nectar  des  fleurs,  du  suc  des  plantes,  etc.  Tel  e^st  le  cas,  par  exem- 
ple, pour  les  moustiques  vivant  dans  les  régions  arctiques.  Pour  quelques  formes 
cependant,  telles  Stegomyia  fasciata,  le  sang  paraît  absolument  nécessaire  à  la 
propagation   de    l'espèce. 

(****)  Il  n'y  a,  en  effet,  aucune  preuve  certaine  que  des  mâles  puissent  piquer 
l'homme  et  leur  innocuité  est  généralement  admise. 


33 

D'n[)rés  Mnnson  (137),  les  moustiques  femelles  se  gorgent  non  seule- 
ment '■iH  l'homme,  les  mammifères  et  les  oiseaux,  mais  encore  parfois 
sur  les  reptiles,  les  poissonsetmème  sur  d'autres  insectes  et  leurs  larves. 
Les    moustiques     sont=ils         Les  moustiques  ne  sont  pas,  à  beaucoup 
les  seuls    Diptères   su=  -g     j^g  seuls   Diptères  hématophages   ou 

ceurs  de  sang  .-*  j  t  '     j  *      •      i  * 

suceurs  de  sang.  L  ordre  compte  également 

ccrîaiiis  moucherons  hématophages  de  la  sous-famille  des  Ceratopogo- 
ninae  (famille  des  Chironomidae],  les  mouches  de  sable  du  genre  Sirnu- 
lium  (Simuliidae),  les  Phlebotomes  (Psychodidae),  les  Taons  (Taba- 
nidac,  les  mouches  Tsé-tsés  (Glossinae),  les  mouches  d'étable  (Sto- 
moxys),  les  Lypcrosia,  Haematobia,  Shjgeromijia,  etc.,  enfin,  les 
Ilippobosques  (Hippoboscidac),  mouches  spécialement  adaptées  à  une 
vie  parasitaire  sur  les  mammifères  et  les  oiseaux.  A  l'état  parfait,  les 
mâles  et  femelles  de  Glossina,  Stomoxijs,  Lyperosia,  Haematobia,  Styge- 
romyia  et  Hippoboscidae  sucent  le  sang.  Chez  les  Ceratopogoninae,  Si- 
iHulium,  Phlcbotomus.  Tabanidae,  les  femelles  seules  sont  hémato- 
phages. 

Comment  peut=on  distin=  Les  seuls  Diptères  suceurs  de  sang  qui 

guer  les  moustiques  des      ressemblent  plus  ou  moins  aux  moustiques, 
moucherons  ?  ,         ,    .     ^  ,  j     i     c        n      j 

sont  certains  moucherons  de  la  famille  des 

Chironomidae.  Les  autres  Diptères  hématophages  sont  suffisamment 
différents,  pour  rendre  toute  erreur  impossible. 

Tout  le  monde  connaît  les  essaims  de  moucherons  qui,  chez  nous, 
d'avril  en  août,  voltigent  par  les 
beaux  soirs  et  font  présager,  d'après 
la  croyance  populaire,  du  beau  temps 
pour  le  lendemain.  Ces  essaims  sont 
exclusivement  composés  de  mâles  qui 
attendent  les  femelles.  Aussitôt  qu'une 
de  celles-ci  s'approche  de  la  bande, 
Ficf.  5.  _  Un^lnoucheron  su-  l'union  sexuelle  se  produit,  et  le  cou- 
ceur°de  sang    de    l'Ouganda  :       pie  s'éloigne. 

Culicoides    brucei,   Aust?n,   de  Ces  moucherons  sont,  en  règle  ge- 

la famille  des  Chironomidae.  -  ^^^^,3,  complètement  inoffensifs  ; 
Agrandi  douze  fois.  ,;       ,       ^  n   r     -,        .  r^ 

seul  chez  les  genres  Culicoides  et  Ce- 

ratopogon  (sous-famille  des  Ceratopogoninae)  (voir  fig.  5),  on  rencon- 
tre des  femelles  avides  de  se  nourrir  de  sang  (*). 

Les  différences  les  plus  saillantes  entre  les   individus  adultes  de 
moustiques  et  de  moucherons  sont  les  suivantes  : 

MOUSTIQUES  (Culicidaej  MOUCHERONS  (  Chironomidae  j 

Trompe  longue.  Trompe  courte,  à  peine  visible. 

Ailes  à  nervures  couvertes  d'écaillés;  Ailes  nues  ou  uniformément  revê- 

bord   postérieur   des   ailes,   avec  tues  de  poils  fins, 
longue    frange    d'écaillés    allon- 
gées, plumeuses. 

Pattes  postérieures  levées  au  repos.  Pattes  antérieures  levées  au  repos. 

(")  On  coMiaît  actuellement  plus  de  cinquante  espèces  de  Ceratopogon  de  l'Eu- 
rope, de  l'Amérique,  des  Indes  et  de  l'Australie.  D'après  Austen,  Ceratopogon  (Forci- 
pomyia)  castaneus  Walk  est  un  moucheron  hématophage,  commun  en  Nigérie  du  Sud. 

Le  genre  Culicoides  compte  environ  80  espèces,  répandues  dans  diverses  parties 
du  monde.  Culicoides  brucei  Austen,  se  rencontre  dans  l'Ouganda.  La  femelle,  repré- 
sentée fig.  5,  suce  le  sang. 


34 


Les  larvos  des  moucherons  soiU  aquatiques  ou  terrestres  ;  toutes 
les  larves  des  moustiques 
sont  exclusivement  aqua- 
tiques. Les  larves  des 
moucherons,  qui  vivent 
dans  l'eau,  sont  vermi- 
formes,  à  tête  longue  et 
étroite,  à  coloration  rou- 
geâtre  ou  blanchâtre.  Un 
simple  examen  de  la  fi- 
gure 6,  qui  représente  la 
larve  du  Chironomûs  plu- 
mosus,  une  espèce  de  moucheron  fort  commune  en  Belgique,  montrera 
mieux  qu'une  longue  description,  combien  elle  diffère  d'aspect  des 
larves  de  moustiques.  (Comparez  avec  fig.  54). 


Fig.  6.  —  La  larve  aquatique  d'un  mouche- 
ron :  le  Chironome  plumeux,  fortement 
agrandie.  —  En  dessous,  dimensions  natu- 
relles. —  Comparez  avec  une  larve  de  mous- 
tique (voir  fig.  34).  (D'apr.  le  Dr  F.  Brocher.) 


Comment  peut=on   distin^  Etant  donné  que  probablement  chez  tous 

guer  les  sexes  chez  les      j^    moustiques  (et  par  conséquent  chez  tou- 
moustiques  adultes  ?  ,       ,  A  ,■^^        <     , 

tes  les  espèces  susceptibles  de  transmettre 

les  fièvres),  c'est  la  femelle  seule  qui  suce 
le  sang,  il  est  nécessaire  de  savoir  quels  sont  les  caractères  qui  per- 
mettent de  distinguer  les  sexes  chez  ces  insectes  (voir  figures  7 
à  10.) 


Fig.  7.  —  Différences  entre  mâie  et  femelle  d'Anophelcs  (Ai^o- 
pheles  quadrimaculaiusj.  —  A  gauche,  le  mâle,  avec  les  antennes 
plumeuses  et  les  palpes  maxillaires  à  dernier  article  divergent  eb 
couvert  de  poils.  —  A  droite,  la  femelle,  avec  les  antennes  fili- 
formes, h  touffes  de  poils  très  courts  et  les  palpes  maxillaires 
droites,  parallèles  à  la  trompe  sur  toute  sa  longueur.  —  En  des- 
sons, un  moustique  grandeur  nalui'elle.  (D'après  M.  L.  O.  Howard.) 


35 

Ordinairement  les  moustiques  mâles  ont  des  antennes  plumeuses, 
formant  des  touffes  sur  le  devant  de  la  tète  (sauf  chez  certains  genres, 
tels  que  Dcinoceritcs  et  Sabelhes,  chez  lesquels  les  antennes  des  mâles 
ne  sont  pas  plumeuses).  Les  antennes  des  moustiques  femelles  sont, 
par  contre,  longues,  filiformes  et  presque  glabres,  n'ayant  que  des 
touffes  de  poils  très  courts  à  la  base  des  articles. 


Fig.  8.  —  Têtes  de  Culex  mâle  (A)  et  femelle  (B).  —  Voir  les  différences 
dans  les  antennes  et  les  palpes  maxillaires.  (D'après  Patton  et  Cragg.) 


Fig.  9. —  Têtes  d'Anophèles  mâle  (A)  et  femelle  (B.). —  Voir  les  différences 
dans  les  antennes  et  les  palpes  maxillaires.  (D'après  Patton  et  Cragg.) 


Un  autre  caractère  différenciel  se  trouve  dans  les  palpes  maxillaires, 
fort  visibles  des  deux  côtés  de  la  trompe.  Chez  les  Culex  et  Stegomyia, 
les  palpes  maxillaires  de  la  femelle  sont  très  courtes  et  très  simples  ; 
celles  du  mâle  sont  plus  longues  que  la  trompe  et  ont  quelque  peu 
l'apparence  de  brosses  (voir  fig.  8).  Il  n'y  a  toutefois  pas  de  touffes  de 
poils  distinctes  sur  les  palpes  du  mâle  de  Stegomyia. 


Chez,   les    Anophèles   des    dcu\   sexes,    les   palpes    maxillaires   sont 

aussi  longues  que  la  trompe, 
..Ante^nti  'liais  chez  le  mâle,  l'article 
terminal  est  renflé,  couvert 
de  poils  et  est  divergent, 
tandis  que  chez  la  femelle, 
les  palpes  'sont  droites,  fili- 
formes et  absolument  paral- 
lèles à  la  trompe  sur  toute 
sa  longueur  (voir  figures  9 
et  10.) 

Au  point  de  vue  de  l'as- 
pect extérieur  des  organes 
génitaux,  le  mâle  de  mous- 
tique présente  une  arma- 
ture génitale,  qui  sert  à 
maintenir  la  femelle  pendant 
l'accouplement  ;  cette  dernière  possède  un  oviscape. 


. Ani-fnnt 

A//»*-»  — 

rrorr,/,^  --  - 

Fig.  10.  —  Têtes  d'Anophèles  vues 
latéralement.  —  En  haut,  mâle,  en  bas, 
femelle,  montrant  les  différences  dans 
les  antennes  et  les  palpes  maxillaires. 


Comment      piquent      les  Comme  on  peut  le  voir  par  la  figure  11, 

moustiques  ?  q^j  représente  une  tète  d'Anophèles  femelle, 

dent  toutes  les  pièces  de  la  trompe  sont  bien 

séparées  pour  mieux  se  rendre  compte  de  leur  aspect,  et  par  la  fig.  12, 

qui   représente  une  coupe  de  la  trompe  des  moustiques,  celle-ci  se 


J^ntennas 


o.j 


Fig.  11.  —  Dessin  schématique,  montrant  toutes  les  pièces  de  la 
trompe  d'un  moustique  Anophèles  femelle.  (D'après  Manson.) 


compose  d'une  lèvre  inférieure  ou  gaine  de  la  trompe  (labium),  qui 
loge  les  six  organes  perforateurs  ou  stylets,  c'est-à-dire  deux  mandi- 
bules, deux  mâchoires,  l'épipharynx  ou  labre  et  l'hypopharynx. 

L'épipharj'nx  ou  labre,  généralement  long,  mince  et  pointu,  est 
parcouru  à  sa  face  inférieure  par  une  rainure,  dans  laquelle  s'emboîte 
l'hypopharynx,  inséré  immédiatement  en  dessous  ;  ces  deux  organes 
forment  l'appareil  suceur  ;  la  salive  venimeuse  est  injectée  par  un 


37 


-/ 


canal  situé  dans  l'hypopiiai  ynx.  Les  doux  mâchoires  et  les  deux  man- 
dibules sont  d'égale  longueur  ;  les  extrémités  des  mâchoires  et  parfois 
celles  des  mandibules,  sont  pourvues  cf 

de  dents  fines. 

De  chaque  côté  de  la  trompe,  Ton 
remarque  les  palpes  maxillaires,  dont 
nous  avons  déjà  parlé  plus  haut. 

Lorsque  le  moustique  femelle  pi- 
que, la  lèvre  inférieure  ou  labium, 
qui  est  munie,  à  son  extrémité,  de 
deux  lobes  charnus,  les  labelles,  ne 
pénètre  pas  dans  la  peau,  mais  forme 
une  boucle  sous  la  tête  de  l'insecte. 
Les  stylets  sont  ainsi  dégagés  de  leur 
fourreau,  tout  en  restant  guidés  par 
les  labelles  appliqués  sur  le  tégument. 
La  fig.  13  nous  montre  la  tête  d'une 
femelle  de  moustique  occupée  à  pi- 
quer. En  A,  l'on  voit  l'aspect  de  la 
trompe  au  début  de  l'opération  ;  en  B, 


Fig.  12.  —  Coupe  schématique 
de  la  trompe  d'un  moustique 
Anophèles  femelle.  —  a.  Inhre 
ou  épipharynx;  b.  mandibules; 
c.  hypopharynx;  d.  mâctioires; 
e.  lèvre  inférieure  ou  gaine  de 
la  trompe;  /.  canal  salivaire; 
a.  muscles;  h.  trachées.  (D'après 
Xutall  et  Shipley.) 

la  disposition  des  différentes 


parties,  lorsque  les  stylets  ont  pénétré  quelque  peu  dans  la  peau. 


Fig.  13.— Dessin  schématique,  représentant  un  moustique  femelle 
occupé  à  piquer.  —  En  A,  les  stylets  commencent  à  pénétrer  dans 
la  peau;  la  gaine  de  la  trompe  ou  lèvre  inférieure  s'incurve.  — 
En  B,  la  pénétration  est  complète;  la  gaine  forme  boucle.  —  Re- 
marquez les  labelles  qui  dirigent  les  stylets. 

Pendant  toute  la  succion,  qui  dure  d'une  à  trois  minutes,  les  mous- 
tiques évacuent,  par  l'anus,  à  différentes  reprises,  un  liquide  clair. 

Chez  les  moustiques  mâles,  les  mandibules  sont  absentes  ;  les  mâ- 
choires sont  très  courtes  et  ne  peuvent  être  utilisées  comme  instru- 
ments perforants. 


Quels  sont  les  caractères 
intéressants  de  l'ana^ 
tomie   des  moustiques  ? 


Seul,  l'appareil  digestif  des  moustiques 
présente  de  l'intérêt,  au  point  de  vue  qui 
nous  occupe  (voir  fig.  14).  Le  tube  alimen- 
taire peut  être  divisé  en  trois  parties.  La'  partie  antérieure  comprend 
d'abord  un  phanjnx  (b)  très  musculeux,  situé  dans  la  tête  du  mous- 
tique et  qui  constitue  l'appareil  qui  aspire  le  sang  par  le  tube  formé 
par  l'épipharynx  et  l'hypopharynx.  II  est  suivi  de  Yœsophaqe  (c)  avec 
trois  jabots  accessoires  (d),  servant  de  réservoirs  alimentaires.  Vient 
ensuite  la  partie    moyenne,  c'est-à-dire    l'estomac    vrai  (i),  qui  est 


38 


Fig.  14.  —  Coupe  schématique  d'un  mous- 
tique adulte,  montrant  la  disposition  anato- 
mique  du  tube  digestif.  —  a)  trompe.  — 
b)  pharynx.  —  c)  œsophage.  —  d)  un  des  trois 
diverticulum  ou  jabots  accessoires.  —  e)  par- 
tie étroite  de  l'estomac.  —  /)  canal  salivaire. 
—  g)  réservoir  salivaire.  —  h)  glandes  sali- 
vaires.  —  i)  tubes  de  Malpighi.  —  j)  partie  ren- 
flée de  l'estomac.  —  k)  l)  m)  intestin  propre- 
ment dit.  (Reproduit  d'après  M.W.-B.  Herms.) 


étroite  antérieurement  et  en  forme  de  sac  postérieurement  ;  elle  occupe 
le  thorax  et  une  bonne  partie  de  l'abdomen  et  est  séparée  de  la  por- 
tion postérieure  du  tu- 
be digestif,  par  l'inser- 
tion des  tubes  de  Mal- 
pighi (i).  Enfin,  l'ni- 
tcstin  proprement  dit 
(k,  l,  m),  qui  forme  la 
partie  terminale,  est 
recourbé  sur  lui-même 
et  prend  fin  par  le  rec- 
tinti. 

Comme  organes  an- 
nexes du  tube  digestif, 
nous  avons  : 

1°  —  Les  glandes 
salivaires  (h),  au 
nombre  de  deux  sé- 
ries et  qui  sont  lo- 
gées dans  la  partie 
antérieure  du  thorax  ; 
chaque  série  est  formée  de  trois  glandes  qui  se  vident  dans  un  con- 
duit commun,  lequel,  en  se  combinant  avec  le  conduit  de  la  série 
opposée,  forme  le  canal  salivaire  (I),  passant  au  travers  de  la  tête 
et  aboutissant  à  l'hypopharynx  ;  2°  —  les  tubes  de  Malpighi  (i),  au 
nombre  de  cinq,  et  qui  constituent  l'appareil  excréteur. 

L'appareil  reproducteur  de  la  femelle  de  moustique  est  situé  dans  la 
partie  postérieure  de  l'abdomen;  il  se  compose  de  deux  ovaires  et  de 
deux  oviductes  et  se  termine  dans  le  vagin.  Les  spermatèques  (*) 
sont  présents  et,  chez  une  femelle  fécondée,  contiennent  des  myriades 
de  spermatozoaires.  Lorsque  les  ovaires  sont  mûrs,  ils  occupent  la  plus 
grande  partie  de  l'abdomen. 

Comment    classe=t=on   les         Divers  caractères  distinctifs  ont  été  utili- 
moustiques?  g^^  p^j^,  |gg  auteurs,  pour  la  classification 

des  moustiques.  Le  système  de  nervation 
des  ailes  n'a  d'importance  qu'au  point  de  vue  de  la  famille.  Les  dis- 
tances relatives  entre  les  nervures  transversales,  les  points  de  bifur- 
cation, n'ont  qu'une  valeur  spécifique.  La  nervation  des  ailes  des 
Culicidae  est  très  constante,  le  seul  caractère  de  quelqu'importance 
étant  la  longueur  de  la  première  cellule  fourchue.  Chez  les  Megarhi- 
ninae  et  les  Uranotaeninae,  cette  cellule  est  très  courte. 

D'autres  caractères  de  plus  d'importance  se  trouvent  dans  les 
écailles.  Celles  de  la  tête  et  du  corps  sont  de  plusieurs  variétés  (voir 
fig.  16).  La  structure  de  ces  écailles  et  leur  arrangement  sur  la  tête, 
le  thorax,  l'abdomen  et  les  ailes,  constituent  un  bon  moyen  de  diffé- 
renciation (voir  fig.  17).  Enfin,  les  ongles  ou  griffes  des  tarses  ont 
également  été  utilisés  pour  la  classification. 

Il  ne  nous  appartient  pas  d'entrer  ici  dans  le  détail  des  classifica- 

(*)  TJn  seul  spermathèque  chez  les  femelles  d'Anophèles,  trois  chez  celles  de  Culeic  et 
de  Stegomyia. 


lions  établies  par  les  divers  enlnmologislcs.  Theobald   ('205),   qui  a 


Fig.  15.  —  Aile  de  moustique  (Culex  pipiensj  fortement  agrandie 
(xl6),  montrant  la  nervation  : 

/a).  Portion  de  nervure  (deuxième  longitudinale)  fortement 
agrandie,  pour  montrer  le  revêtement  d'écaillés  :  (aj  écailles  mé- 
dianes: (bj  écailles  latérales. 

ih).  Portion  du  bord  postérieur  de  l'aile,  fortement  agrandie  pour 
montrer  la  frange  :  (aj  écailles  du  bord;  (bj  écailles  de  la  frange. 

fait  de  grands  travaux  sur  les  moustiques,  les  divise  en  dix  sous- 
familles  :  Anophclinae,  Megarhini- 
nae,  Culicinae,  Heptaphlebomyi- 
nac,  Aedinac,  Uranotaeninae,  Dei- 
noccratinae,  Trichoprosopninae, 
Dendromyinac  et  Limatinae.  Ces 
dix  sous-familles  groupent  plus  de 
cent  genres. 

Il  nous  semble  cependant  intéres- 
sant de  dire  quelques  mots  de  la 
classification  adoptée  en  1912  par 
M.  F.  W.  Edwards,  B.  A.,  F.  E.  S. 
(58-59)  du  British  Muséum  (Natu- 
ral  Hystory)  de  Londres.  Elle  a,  en 
effet,  été  établie  en  se  basant  sur 
['étude    systématique   des    mousti- 
ques  al.ricains. 
M.  F.  W.  Edwards  groupe  l'énorme  majorité  des  espèces  de  mous- 
tiques,  dans  la  sous-famille  des  Culicinae.  Sont  seuls  exceptés,   les 
genre  Cluiooonis  (Corctlira)  et  Dixa  (*). 

Les  Culicinae  comprennent  quatre  tribus  :  celles  des  Anophelini, 
des  Megarhinini,  des  Culicini  et  des  Sabethini  ;  seules  celles  des 
Anophclini  et  des  Culicini  sont  importantes. 

La  tribu  des  Anophelini  se  subdivise  à  son  tour  en  un  genre  :  Ano- 


-  Quelques  formes 
d'écaillés  de  moustiques.  —  a.b.c. 
écailles  de  la  tête.  —  cl.  e.  /.  g.  h. 
écailles  du  thorax.  (D'après  Ste- 
phens  et  Christophers.) 


(')  ChaohoTiis  et  Dira  ne  sont  pas  des  moustiques.  Ils  peuvemt  être  placés  dana 
la  famille  des  Culicidae,  mais  ne  possèdent  pas  un«  trompe  longue  et  distincte,  pro- 
pre à  perc-er.  S'ils  sont  inclus  dans  la  famille,  les  vrais  moustiques  sont  limitée  à  la 
sous-famille  des  Culicinae. 


40 


pheles  et  un  certain  nombre  de  groupes  d'espèces  :  Mijzomyia.  Myzor- 
hynchus,    Nyssorhynchus,    Cellia,    A'eoccllia,    Pyretopliorus,    Christya 

et  Fcltinella  ;  elle  com- 
prend en  tout  (1912), 
42  espèces  africaines. 
La  tribu  des  Culicini 
comprend  20  genres, 
représentés  en  Afrique 
par  une  ce^ntaine  d'es- 
pèaes  (1912).  Le  gen- 
re Steyornyia  compte 
12  espèces  et  le  gen- 
re Culex  29  espèces 
africaines.  D'autres 
genres  importants  pour 
l'Afrique  sont  :  Ochle- 
rotatus  (29  espèces)  et 
Uranotaenia  (Il  espè- 
ces). Viennent  ensuite  : 
Mucidus,  Banksinclla, 
Howardina,  Mansonioidcs,  Acdomyia,  Taeniorhynchus,  Mimomyia, 
Ingramia,  Harpagomyia,  etc.,  qui  ne  comptent  chacun  qu'un  petit 
nombre  d'espèces  africaines. 


Fig.  17.  —  Tètes    de    moustiques,    mon- 
trant l'arrangement  des  écailles  : 
En  A,  tête  de  Stegomyia; 
En  B,  tête  de  Culex; 
En  C,  tête  d'Anophèles. 
(D'après  Stephens  et  Christophers.) 


Quelles  sont  les  princi= 
pales  différences  entre 
les  moustiques  Anophe= 
les  et  Culex  ? 


Point  n'est  besoin  de  donner  ici  les  carac- 
tères  distinctifs  des  nombreux    genres    de 
moustiques  que  nous  venons  de  citer.  Les 
seuls   caractères   qui  intéressent,   au  point 
de  vue  pratique,   sont  ceux  qui  permettent  de  distinguer  les  mous- 


Fig.  18.  —  Femelles  de  Culex  et  d'Anophèles  fortement  agrandies.  — 
Remarquez  :  1°  les  ailes  tachetées  chez  VAnopheles,  claires  chez  le  Culex; 
2o  les  palpes  maxillaires  aussi  longues  que  la  trompe  chez  VAnopheles  et 
très  courtes  chez  le  Culex.  —  Sur  le  côté,  les  deux  moustiques  grandeur 
naturelle.  (D'après  L.  O.  Howard.) 


41 


tiques  Anophèles  des  aulrcs  moustiques.  .\ous  savons,  en  effet,  que 
les  moustiques  qui  servent  d'agents  de  transmission  à  la  malaria 
appartiennent  tous  au  groupe  des  Anophèles.  Par  contre,  la  majorité 
des  moustiques  domestiques,  trouvés  dans  les  habitations,  fort  dés- 
agréables par  leurs  piqûres,  mais  qui  ne  transmettent  pas  de  ma- 
ladies, sont  des  membres  du  groupe  des  Culicines.  A  ce  groupe, 
appartiennent  toutefois  :  Slegomyia  lasciata  (  =  Aedcs  calopus),  le 
moustique  de  la  fièvre  jaune,  et  Culcx  latigans,  le  principal  agent  de 
transmission  de  la  filariose. 

Voyons  dono  comment  se  différencient  les  individus  adultes  d'.fno- 
pheles  de  ceux  de  Cxilex. 

La  figure  18,  reproduite  d'après  M.  L.  0.  Howard,  permet  de  com- 
parer une  femelle  de  Culex  à  une  femelle  àWnopheles . 

Une  première  différence  se  voit  dans  les  ailes.  Celles  de  la  femelle 
de  Culex  sont  ordinairement  claires,  sans  taches  ;  celles  de  la  femelle 
à' Anophèles  sont  presque  toujours  plus  ou  moins  tachetées  (*).  De 
même,  les  palpes  maxillaires,  situées  des  deux  côtés  de  la  trompe, 
diffèrent  chez  les  deux  types  ;  elles  sont  courtes  chez  Culex  femelle, 
presque  aussi  allongées  que  la  trompe  chez  Anophèles  lemelle  (voir 
aussi  fig.  8  et  9). 


Fig.  11).  —  Position  de  repos  des  moustiques  adultes.  —  (Dimen- 
sions quadruplées.) 

En  .1,  Anophèles  au  repos,  le  corps  formant  un  angle  avec  la 
surface  du  mur,  la  trompe,  le  thorax  et  l'abdomen  étant  en  ligne 
droite. 

En  B,  Culex  au  repos,  le  corps  parallèle  à  la  surface  du  mur. 
L'aspect  est  bossu,  le  thorax  est  voûté  et  la  ligne  de  la  trompe  forme 
un  certain  angle  avec  l'axe  de  la  partie  postérieure  du  corps. 

Un  troisième  caractère  distinctif,  très  tranché,  se  trouve  dan?  Taiii- 
tude  des  deux  insectes  au  repos,  représentée  dans  la  fig.  19.  A  et  H 
(A,  femelle  de  V Anophèles  nuiculipennis  au  repos  ;  B.  femelle  du  Cu/ex 
pipiens  au  repos). 

(  -')  Il  y  a  Mpendant  des  exceptions  :  ainsi  le  Culex  mimeticus  a  des  ailes  tache- 
tées, tout  comme  les  Anophèles,  et  par  contre  VAnopheles  bifurcatus,  a  des  ailes  sans 
taches,  comme  un  vulgaire  Culex. 


42 


Dans  celte  attitude,  les  Anophèles  se  tiennent  obliquctinMil  par 
rapport  au  plan  sur  lequel  ils  sont  posés.  La  trompe,  le  thorax  et 
l'abdomen  sont  placés  en  ligne  droite  et  cette  ligne  fait  un  certain 
angle  avec  le  plan  de  support. 

Par  contre,  en  général  tout  au  moins,  les  Culrx  au  repos  ont 
l'abdomen  plus  ou  moins  parallèle  à  leur  support.  Vus  latéralement, 
ils  ont  un  aspect  quelque  peu  bossu,  le  thorax  étant  voûté  et  la  ligne 
de  la  trompe  formant  un  certain  angle  avec  l'axe  de  la  partie  posté- 
rieure du  corps. 

Enfin,  une  dernière  différence  se  trouve  dans  le  revêtement  de 
l'abdomen  de  ces  deux  catégories  de  moustiques  :  l'abdomen,  chez 
les  Culcx,  est  complètement  recouvert  d'écaillés  analogues  à  celles 
de  l'aile  d'un  papillon,  certaines  de  ces  écailles  formant,  chez  nombre 
d'espèces,  des  bandes  transversales  blanches  très  nettes,  à  la  base 
de  chaque  segment.  Chez  les  Anophèles,  par  contre,  l'abdomen  ne 
possède  souvent  pas  d'écaillés  distinctes  et  est,  par  conséquent,  sans 
marques  bien  définies  (*). 

Pour  permettre  de  déterminer  rapidement  la  présence  d'Anophèles 
dans  une  localité  contaminée  par  la  malaria  ou  susceptible  de  l'être, 
nous  avons  résumé,  dans  le  tableau  ci-dessous,  les  principaux  carac- 
tères qui  distinguent  ces  moustiques  des  Culcx.  Nous  y  avons  joint 
les  différences  que  présentent  les  œufs,  les  larves,  ainsi  que  les  lieux 
de  développement  de  Cies  deux  catégories  d'insectes.  De  plus  amples 
détails  seront  donnés,  à  ce  sujet,  lorsque  nous  parlerons  de  l'évolu- 
tion des  moustiques. 


ANOPHELES 

Adultes  (voir  fig.  18). 
Ailes  ordinairement  tachetées. 
Palpes     maxillaires    aussi  longues 
que  la  trompe  chez  les  deux  sexes. 


Abdomen    souvent    sans    marques 

bien  définies. 
Attitude  au  repos  :  le  corps  formant 

un  angle  avec  la  surface  du  mur 

(voir  fig.  19). 
Œufs. 
Œufs  déposés  S('p;i rément  sur  l'eau 

(voir  fig.  32). 


Larves. 

Tubes  respiratoires  presque  nuls, 
réduits  à  une  protubérance. 

Au  repos  :  corps  étendu  horizonta- 
lement sous  la  siu-face  de  l'eau  et 
lui  étant  parallèle  (voir  fig.  37). 


CULEX 

Adultes  (voir  fig.  18). 

Ailes  claires,  ordinairement  sans 
taches.  Palpes  maxillaires  beau- 
coup plus  courtes  que  la  trompe 
chez  la  femelle;  longues  chez  le 
mâle. 

Abdomen  souvent  marqué  de 
bandes. 

Attitude  au  repos  :  le  corps  paral- 
lèle à  la  surface  du  mur  ou  tou- 
chant presque  celle-ci  (voir  fig.  19). 

Œufs. 

Œufs  flottant  en  une  masse  sem- 
blable à  un  radeau,  formée  de 
plusieurs  centaines  d'œufs  placés 
les  uns  à  côté  des  autres,  leur 
extrémité  la  plus  pointue  dirigée 
vers  le  haut  (voir  fig.  35). 

Larves. 

Longs  tubes  respiratoires  (siphon) 
à  l'extrémité  du  corps. 

Au  repos  :  corps  suspendu  sous  la 
surface  de  l'eau,  la  tête  en  bas, 
dans  une  position  se  rapprochant 
plus  ou  moins  de  la  verticale, 
(voir  fig.  37). 


(*)  Divers  Anophèles  ont  cependant  l'abdomien  presque  couvert  d'écaillés,  par  ex..- 
A.   (Neocellia)  Stephensi,  A.   (Cellia)   pharoensis,   A    (ArHhalzagia)   macuUpes,  etc. 


43 


Pupes. 

Trompettes  nspiràtoires  souvent  à 
large  ouverture.  Suspension  se- 
mi-horizontale à  la  surface  de 
l'eau  (voir  fig.  40). 

Lieux'de  développement  des  larves. 

Mares.  —  Flaques  temporaires 
d'eau  de  pluie.  —  Bord  des  ri- 
vières à  cours  lent.  —  Etangs, 
marais  et  bord  des  lacs.  —  Ri- 
goles, etc. 


Pupcs. 

Trompettes  respiratoires  d'ordi- 
naire plus  minces  ot  relative- 
ment plus  longues.  Suspension 
verticale  à  la  surface  de  l'eau 
(voir  fig.  40). 

Lieux  de  développement  des  larves. 

Ordinairement  dans  les  petites  ac- 
cumulations d'eau,  dans  les  par- 
ties habitées.  —  Réservoirs  arti- 
ficiels tels  que  :  tonneaux,  boîtes 
a  conserves  vides,  bouteilles,  etc. 


Quels  sont  les  principaux  Comme  le  Slegomyia  lasciala  (calopus), 

caractères  du  Stegomyia      ^,  ,  moustique  de  la  fièvre  jaune,  existe  au 
fasciata  et  du  Culex  îa-       ,.  i    i         »        '-i       *  i      *  j     i     j- 

tigans  y  Congo  belge  et  qu  il  est  prudent  de  le  dé- 

truire partout  où  on  le  rencontre,  nous  don- 
nons également  ci-dessous,  en  un  tableau,  les  principaux  caractères 
morphologiques  et  biologiques  qui  permettent  de  reconnaître  ce 
moustiaue. 


Fig.  20.  —  Femelle  adulte  du  Stegomyia  {asciata,  le  moustique 
de  la  fièvre  jaune,  dans  l'attitude  de  repos,  les  pattes  de  derrière 
relevées.  —  Fortement  agrandie.  —  En  dessous,  la  même,  gran- 
deur naturelle.  (D'après  L.  O.  Howard.) 

STEGOMYIA  FASCIATA  =  AEDES  CALOPUS,  Meig. 

Adultes  (voir  fig.  2  et  20). 

Longueur  :  4  à  5  mm; 

Ailes  transparentes; 

Palpes  maxillaires  courtes  chez  la  femelle,  longues  et  annelées  de  blanc 
chez  le  mâle; 

Coloration  générale  foncée.  —  Thorax  avec  marques  blanc  d'argent  en 
forme  de  lyre  à  deux  cordes.  —  Abdomen  avec  bandes  blanc  d'ar- 
gent. —  Taches  de  même  coloration  de  chaque  côté  des  segments 
abdominaux.  —  Pattes  alternativement  marquées  de  noir  et  de 
blanc  pur  (*); 

Attitude  au  repos  :  le  corps  parallèle  à  la  surface  du  mur,  comme  chez  les 
Culex.  Les  pattes  postérieures  s'élevant  et  s'abaissant  alternativement; 

.A.spect  au  vol  :  de  couleur  grise  et  ressemblant  à  un  brin  de  duvet. 

Œu/s  (voir  fig.  31). 

Pondus  séparément  et  déposés  sur  les  parois  des  récipients,  Immédiate- 
ment au-dessus  de  la  surface  de  l'eau.  Occasionnellement  la  ponte 
peut  se  faire  dans  des  creux  d'arbres,  dans  lesquels  de  l'eau  s'est 
accumulée. 

Larves  (voir  fig.  38). 

Tubes  respiratoires  assez  longs.  —  Au  repos  :  attitude  semblable  à  celle 
des  larves  de  Culex,  mais  suspendue  plus  perpendiculairement  sous 
la  surface  de  l'eau. 


(*) 


coloration  et  ses  marques  l'ont  fait  appeler  le  moustique  tigré  ou  tigre. 


44 

Lieux  de  développement  des  larves. 

Tous  les  récipients  capables  de  contenir  de  l'eau,  se  trouvant  à  l'intérieur 
des  habitations  ou  dans  le  voisinage  immédiat  de  celles-ci  :  boîtes  à 
conserves  vides,  vieilles  casseroles,  tonneaux,  citernes,  gouttières, 
puisards,  fosses  d'aisance,  culs  de  bouteilles  renversées,  coquilles  vides, 
coques  de  noix,  pirogues  abandonnées,  abreuvoirs,  auges,  etc.  Il 
est  à  remarquer  qu'il  suffit  à  la  larve  du  Stegomyia,  d'une  très  petite 
quantité  d'eau  pour  se  développer. 

Mœurs  du  moustique  adulte. 

Moustique  essentiellement  domestique,  ne  quittant  pas  le  voisinage  im- 
médiat de  l'homme.  —  Vol  puissant  et  silencieux.  —  Le  moustique 
femelle  est  extrêmement  prudent  et  se  cache  dans  tous  les  coins  som- 
bres. —  Vole  et  pique  le  jour  aussi  bien  que  la  nuit.  —  Est  fort  sen- 
sible aux  différences  de  température  et  est  tué  par  le  froid.  —  Est 
surtout  actif  au  voisinage  de  28°-30°  C.  —  Est  facilement  distribué 
au  loin  par  les  bateaux  et  les  trains. 

Quant  à  Culcx  fatigans,  Wied  ( quinquefasciatus ,  Say),  le  mous- 
tique qui  paraît  le  plus  important  au  point  de  vue  de  la  transmission 
de  la  îilariose,  ses  caractères  morphologiques  principaux  sont  :  une 
taille  moyenne  (5  mm.  environ),  une  coloration  générale  d'un  brun- 
rougeâtre  ou  foncé,  avec  des  pattes  foncées  et  des  bandes  trans- 
versales blanchâtres  sur  rabdomeii  (voir  îig.  28).  Il  est  de  mœurs 
domestiques  et  pique  exclusivement  la  nuit,  ce  qui  facilite  la  trans- 
mission des  microfilaires.  Sa  larve  se  développe  dans  n'importe  quelle 
eau  fraîche  stagnante,  qu'elle  soit  claire  ou  sale. 

B.  ~  EVOLUTION    DES   MOUSTIQUES. 

^Description  et  biologie  des  œufs,  larves  et  pupes. 

Où   vivent    les    larves   et  l^  yje  des  larves    et    pupes    de  tous  les 

pupes  de  moustiques  ?  moustiques  se  passe  dans  l'eau.  Dans  l'en- 
semble, les  accumulations  d'eau  que  les 
moustiques  choisissent  pour  évoluer  sont  des  plus  diverses.  Pour  cer- 
taines espèces,  elles  sont  d'un  caractère  tout  à  fait  spécial,  telles 
les  formes  qui  se  développent  seulement  dans  l'eau  séjournant  dans 
les  creux  d'arbres  (*),   les  plantes  épiphytes,    les    urnes    (ascidies) 

(*)  M.  W.  R.  Greening  (79)  a  signalé  (1917),  qu'à  Messina  (Transvaal),  des 
larves  de  moustiques  Anophèles  furent  trouvées  dans  des  creux  d'arbres,  bien  après 
la  fin  des  pltiies.  Il  en  était  ainsi  notamment  pour  le  maroola  et  le  baobab.  Un 
maroola  fut  abattu,  qui  oonieuait  une  couple  de  gallons  d'eau,  dans  lesquels  les 
larves  pullulaient.  D'autre  part,  des  recherches  en  vue  de  déterminer  la  fréquence 
de  l'adoption  des  creux  d'arbres  comme  lieu  de  développement  des  lai-ves  d'Atiopheies 
plumbeiis  Steph.,  ont  été  faites  récemment  aux  environs  de  Liverpool,  par  MM  B. 
Blacklock  et  H.  P.  Carter  (18),  qui  viennemt  d'en  publier  les  résultats  (juin  1920). 
Deux  mille  cinq  cents  arbres  ont  été  examinés,'  jusqu'à  une  hauteur  de  8  mètres,  dans 
le  district  de  Liverpool  et  dans  la  forêt  de  Delamera  (Chesihire)  ;  83  trous  et  SI  four- 
ches et  crevasses  contenant  de  l'eau  furent  découverts.  Dans  16  ca^,  ils  hébergeai.ent 
des  larves  A'A,  plumbeus  et  dans  19  cas  des  larves  d'Ochlerotatus  geniculatus.  En 
13  cas,  les  larves  d'A.  plumbeus  et  0.  geniculatus  étaiemt  associées.  Jusqu'à  la  hau- 
teur de  2  mètres  il  fut  trouvé  39  places  contenant  de  l'eau,  dont  4  avec  des  larves  d'A. 
plumbeus  et  6  avec  des  larves  d'Ô.  geniculatus.  Au  aessusde2  mètres,  96  creux  remplis 
d'eau,  dont  12  avec  larves  d'A.  plumbeus  et  13  avec  larves  d'O.  geniculatus. 

La  plupart  des  creux  contenant  des  larves  appartenaient  à  des  ormes,  marron- 
niers d'Inde  eu  érables  sycomores.  Les  chênes,  châtaigniers  et  sapins  n'avaient  que 
peu  de  creux  contenant  de  l'eau  et  aucune  lan'e  n'y  fut  découverte. 


45 


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46 


LIEI'X   DE   développement:   DES   LARVES   DE    MOUSTIQUES. 


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V\'^.  22.  —  Dans  la  zone  du  canal  de  Panama.  —  Végétation  aquatique 
abritant  des  larves  de  moustiques.  (Cliché  A.-J.  Le  Prince  et  J.-A,  Oren- 
slein.) 


Fift-.  23.  -  En  .Afrique  du  Sud.  ~  Un  bon  endroit  pour  le  développe- 
ment des  larves  d'Anophèles.  —  Cachées  par  les  herbes,  ces  petites  mares 
sont  souvent  très  difficiles  à  découvrir.  (Cliché  J.-C.  Faure.) 


47 


LIEUX    DR    DKVKLOPPKMENT   DES    LARVES   DE    MOUSTK^tKS. 


Fig.  24.  —  En  Afric|ue  du  Sud.  —  Pools  rocheux  à  Kaapmuiden,  dans 
le  bas  Veld.  —  Dans  les  endroits  où  l'eau  est  tranquille,  les  larves  de 
moustiques  Anophèles  sont  abondantes.  (Cliché  J.-C.  Faure.) 


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[  IL  .'")  ~  Au  Congn.  —  Envii-ii-  i,  I  ..-iK.ldville.  —  \i  -lais  à  r.'in- 
lil.iM'i'.  —  I  n  autre  gite  à  larves  d'Aiioi>lirirf<  de  la  malaria.  ,Cliché  .J.-E. 
Dutton  et  J.-L.  Todd.) 


48 

i 

LIEUX  DE  DEVELOPPEMENT  DES  LARVES  DE  MOUSTIQUES. 


Kig.  'iG.  —  A  la  Cùle  d'Or.  —  Arbre  creux  dans  \ci\uc\  de  l'eau  s'accu- 
mule, servant  do  gîte  au\  larves  de  nioustniues.  Il  y  fut  récolté  des  larves 
de  Stegomyia  melallica  et  de  S.  unihncala,  espèces  parentes  de  SIpc/o- 
myia  {asciata.  —  C'est  dans  des  creux  d'arbres  semblables,  que  l'on 
trouve  ail  Congo,  des  larves  d'Anophèles.  (Cliché  J.-W.  Scott  Macfie  et 
A.  Ingram.) 


Fig.  m.  —  Au  Katanga  (Congo  belge).  —  Un  coin  de  la  forêt.  —  Plu- 
sieurs de  ces  arbres,  ont  des  branches  brisées  au  ras  du  tronc,  laissant 
des  creux  (voir  fig.  29)  remplis  d'eau  par  les  pluies,  où  les  larves  de  mous- 
tiques se  développent.  (Cliché  Leplae.) 


des  Népenthes,  la  hase  des  feuilles  des  Rromelias  (*).  bananiers, 
ananas,  etc..  les  souches  des  bambous  coupés  ou  dans  les  trous  faits 
pa»-  les  crabes  dans  le  sable  de  la  plage.  D'autres  espèces  sont  de 

mœurs  plus  générales  et  se  déve- 
loppent dans  n'importe  quelle  ac- 
cumulation d'eau,  fraîche  ou  stag- 
nante, propre  ou  sale,  réunie  na- 
luroUemcnt  ou  par  Tintervention 
(le  l'homme.  Certaines  larves,  en- 
fin, peuvent  vivre  dans  l'eau  for- 
tement salée  (voir  p.  66). 

Au  point  de  vue  qui  nous  occu- 
]jc,  nous  avons  surtout  à  envisa- 
ger les  lieux  d'évolution  des  larves 
(ï Anophèles  et  des  larves  de  Culi- 
ciiips  et  ceux-ci  sont  assez  bien 
différenciés. 

En  effet,  les  larves  des  Culicines 
les  plus  connus  (Culcx,  Stegomyia, 
etc.),  vivent  plutôt  dans  les  peti- 
tes accumiulations  d'eau  se  trou- 
vant à  l'intérieur  des  habitations 
ou  dans  leur  voisinage  (**),  tan- 
dis que  les  larves  à'Anoplielcs  se 
rencontrent  presque  exclusive- 
ment dans  les  agglomérations 
naturelles  d'eau  :  mares,  cours 
d'eau,    etc. 

C'est  ainsi  que  les  larves  des  Anophclcs  propagateurs  de  la  malaria 
peuvent  se  développer  abondamment  le  long  des  rives  herbeuses  des 
lacs,  étangs  et  lagunes,  ainsi  qu'au  bord  des  rivières  à  cours  lent  ; 
dans  les  parties  de  terrain  inondées  :  prairies,  rizières,  etc.  ;  dans 
les  mares  et  dans  les  marais  où  les  poissons  ne  sont  pas  abondants  ; 
dans  les  flaques  temporaires  d'eau  de  pluie,  qu'on  rencontre  dans 
les  champs  et  le  long  des  routes  ;  dans  l'eau  séjournant  au  fond  des 
rivières  asséchées  et  entre  les  pierres  formant  le  lit  des  torrents  ;  aux 
endroits  où  les  eaux  souterraines  sourdent  à  la  surface  ;  dans  les 
rigoles,  fossés  et  drains  remplis  de  mauvaises  herbes  ;  dans  l'eau  sé- 
journant dans  les  empreintes  faites  eri  terrains  détrempés  par  les 
sabots  des  chevaux  et  bestiaux  ;  dans  les  ornières  des  routes  ;  dans 
les  excavations  créées  au  cours  des  travaux  de  terrassement  ;  dans 
les  abreuvoirs  et  les  petits  bassins  des  sources  ;  dans  les  creux  de 
rochers  ;  dans  les  bassins  ornementaux  ;  dans  l'eau  séjournant  au 
fond  des  vieilles  barques  et  pirogues  échouées  sur  les  rives,  et,  en 
général,  dans  tous  les  creux  de  terrain  où  de  l'eau  s'accumule.  Dans 


Fig.  28.  —  Culèx  faligans  Wied, 
femelle.  —  Dimensions  quadru- 
plées.  —  Le  principal  agent  de 
transmission  de  la  filariose  (Elé- 
phantiasis,. 


(*)  D'après  MM.  H.  G.  Dyar  et  F.  Tînab  (55-56),  des  larves  de  plusieurs  espèces 
d'Anophèles  de  l'Amérique  centrale  et  méridionale  ont  été  trouvées  dans  l'eau  séjour- 
nant à  la  base  des  feuiJIes  de  Broméliacées. 

(**)  Suivant  M.  G.  A.  H.  Bedford  (15),  des  larves  de  Cuîex  decens  ont  été 
trouvées  récemment  dans  une  mine  de  houille  du  Transvaal,  à  cent  mètres  de  pro- 
fondeur. ^ 


50 

l'ensemble,  cependant,  les  larves  d'Anophclcs  préfèrent  un  léger  cou- 
rant d'eau  claire,  avec  une  quantité  modérée  de  végétation  (*). 

Exceptionnellement,  l'on  trouve  également  les  larves  d'Anophèles 
dans  des  réservoirs  artificiels,  tels  que  tonneaux  et  citernes  pour 
l'arrosage  des  jardins,   puisards,  cuveaux,   etc. 

Manifestement,  les  Anophèles  sont  plus  abondants  dans  les  régions 
marécageuses,  surtout  lorsque  les  chutes  de  pluies  sont  suffisantes 
pour  maintenir  de  l'eau  dans  les  innombrables  mares  et  flaques. 
C'est  pour  cette  raison,  du  reste,  que  la  malaria  est  endémique  dans 
les  endroits  bas  et  humides.  Néanmoins,  les  larves  d'Anophèles  se 
développent  aussi  dans  des  régions  relativement  sèches,  et  le  lait  qu'il 
n'y  a  pas  de  marais  dans  un  endroit  n'est  pas  suHisant  pour  con- 
clure que  les  Anoplulcs  ne  s'y  multiplieront  pas  (**). 

Nous  avons  dit,  plus  haut,  qu'au  contraire  des  Anophcles,  les  Culi- 
cines  —  du  moins  ceux  les  plus  communs  et  les  plus  connus  (***)  — 
choisissent  surtout  comme  milieu  de  développement  pour  leurs  larves, 
les  petits  dépôts  d'eau  se  trouvant  dans  le  voisinage  immédiat  de 
l'homme.  La  plupart  des  Culicines  sont  inoîfensifs  au  point  de  vue 
de  la  transmission  des  maladies,  mais  il  n'en  est  pas  ainsi  pour  le 
Stegomyia  ^asciata,  ou  moustique  de  la  fièvre  jaune. 

Ce  dernier  insecte  est  essentiellement  un  moustique  des  villes,  un 
moustique  domestique,  dont  la  larve  se  rencontre  exclusivement  là 
où  habitent  les  hommes.  On  peut  affirmer  que  la  larve  du  Stegomyia 
n'existe  pas  dans  les  marais,  les  mares  ou  les  flaques  d'eau  tempo- 
raires, alors  même  que  ceux-ci  sont  très  proches  des  maisons. 

Les  lieux  choisis  par  le  Stegomyia  ^asciata  pour  se  développer 
sont,  du  reste,  très  divers  et  varient  d'après  les  circonstances  et 
d'après  la  nature  des  occupations  de  la  population  :  on  peut  dire 
qu'il  faut  à  cette  larve  une  très  minime  quantité  d'eau  pour  vivre  et 
qu'un  volume  de  ce  liquide  équivalent  à  celui  contenu  dans  une 
cuiller  à  thé  peut  être  suffisant.  En  général,  cette  eau  est  propre, 
mais  occasionnellement  elle  peut  être  sale.  Voici  quelques-uns  des 
endroits  habituels  de  propagation  (****)  : 

Les  grandes  jarres  de  terre  utilisées  sous  les  tropiques  pour  la  con- 
servation de  l'eau  de  boisson  ;  les  vases  à  fleurs,  cruches  et  aiguières  ; 
les  tonneaux  et  citernes  d'eau  de  pluie  ;  les  boîtes  à  conserves  vides 
de  toute  espèce,  les  vieilles  casseroles  et  les  vieux  pots  jetés  aux 
ordures  et  dans  lesquels  s'accumulent  de  petites  quantités  d'eau  ;  les 
gouttières  obstruées  ;  les  puisards  et  fosses  d'aisance  ;  les  réservoirs 
de  W.-C.  ;  les  bouteilles  renversées  utilisées  dans  certaines  contrées 
comme  bordures  de  parterres  et  dans  le  cul  desquelles  de  petites  quan- 

(»)  Pour  se  rendre  compte  de  la  quantité  vraiment  énorme  de  larves  d'Anophèles 
pouvant  exister  dans  certaines  agglomérations  d'eau,  rappelons  que  le  Dr  J  B.  Smith 
a  trouvé  qu'une  mare  mesurant  environ  180  mètres  carrés  de  surface  contenait 
10,636,700  larves  d'Aiiopheles  crucians,  soit  environ  58,000   par  mètre  carré. 

(**)  D'après  L.  Léger  et  G.  Mouriquaud  (115),  la  plus  grande  altitude  à  laquelle 
des  larves  d'Anophèles  ont  été  trouvées  dans  les  Alpes  est  1,500  mètres.  A  des  ni- 
veaux plus  bas,  les  gîtes  deviennent  plus  fréquents  :  A.  bifurcatus  et  A.  maculipennis 
se  rencontrent  en  grand  nombre  à  1,100  mètres. 

(**»)  On  ne  peut,  en  effet,  dire  ceci  des  Culicines  en  général.  Cette  remarque  est 
basée  sur  l'étude  des  mœurs  de  certaines  des  espèces  les  mieux  connues  et  les 
plus  répandues,  telles  que  C.  pipiens,  C.  fatigans,  etc. 

(*■***)  Pour  plus  de  détails,  voir  p.  138  :  «  Recherche  et  traitement  des  réservoirs 
artificiels.   »  • 


51 


Fig.  21).  —  Un  cas  fré- 
([uent  dans  les  forêts  du 
Ivatanga  (Congo  belge). 
—  Branche  cassée  au  ras 
du  tronc.  —  Un  creux  se 
forme,dans  lequel  de  l'eau 
s'accumule.  —  Les  larves 
d3  moustiques  s'y  déve- 
loppent (voir  fig.  27). 


tités  d'oau  séjournent  ;  les  auges  des  chevaux  ;  les  urnes  funéraires 
des  cimetières  ;  les  coquilles  vides  et 
les  coques  de  noix  de  coco  ou  de  cale- 
basses, répandues  aux  alentours  de  cer- 
tains villages  indigènes  ;  les  pirogues 
échouées  ;  les  abreuvoirs  des  poulail- 
lers et  les  bacs  des  meules  à  repasser  ; 
les  cuveaux  et,  en  général,  tous  les  ré- 
cipients artificiels  dans  lesquels  de  pe- 
titcs  quantités  d'eau  peuvent  se  trou- 
ver, soit  occasionnellement,  soit  en  per- 
manence. 

D'autre  part,  il  est  également  trè? 
fréquent,  en  Afrique,  de  trouver  les 
larves  de  moustiques  pathogènes  : 
Anophèles  et  Slegomyia,  dans  les  creux 
d'arbres  remplis  d'eau  par  les  pluies. 

C'est   ainsi    qu'à   Accra    (Côte   d'Or), 
MM.   J.  W.   Scott  Macfie   et  A.  Ingram 
(129)    ont    récolté,   dans    l'eau    claire, 
mais   de   coloration   brun-foncé,    conte- 
nue  dans   une  cavité   d'un   arbre   (voir 
fig.  26).  des  larves  de  Slegomyia  melallica  Edw.  et  de  S.  uniiineata, 
deux  espèces  parentes  du  moustique  de  la  fièvre  jaune,  ainsi  que  des 
larves  de  Culiciornyia  nebulosa  (  ). 

Dans  les  forêts  du  Sud-Katanga,  beaucoup  d'arbres  ont  une  ou 
plusieurs  branches  brisées  par  le  vent  au  ras  du  tronc  :  aux  points 
d'insertion  de  ces  branches,  des  creux  se  forment  (voir  fig.  29), 
dans  lesquels  l'eau  s'accumule  et  sert  de  milieu  de  développement 
aux  larves  de  moustiques.  Il  paraîtrait  que  des  larves  à" Aiwpheles  se 
rencontrent  fréquemment  dans  ces  réservoirs  (voir  également  fig.  27). 
Enfin,  certains  arbres  ont  une  partie  de  leur  enracinement  hors  du 
sol.  Dans  l'enchevêtrement  de  ces  racines  trayantes,  se  trouvent  de 
petits  creux,  qui,  remplis  d'eau  par  les  pluies,  constituent  autant  de 
bassins  naturels,  où  les  larves  de  moustiques  abondent.   C'est  ainsi 

(")  Les  divers  gîtes  à  larves  de  moustiques  de  Lagos  (Nigérie)  ont  été  rçcher- 
chés  tout  récemment  par  M.  J.  M.  Dalziel  (Bull,  of  Eut.  Research,  déc.  1920).  En 
voici  rénumération  : 

Trous  à  crabes  :  14  espèces  de  larves  y  furent  trouvées  :  Ochlerotatus  irritans 
54.Ô  p.  c.  ;  Culex  decens  15.7  p.  c.  ;  Vranotaenia  annulata  15  p.  c.  ;  Stegomyia  fasciata 
7.3  p.  c.  ;  Anophèles  costalis  7.3  p.  c,  etc. 

Creux  d'arbres  :  ils  contenaient  six  espèces  de  larves  de  moustiques  dont  deux 
importantes:  Stegomyia  luteocephala,  (figuiers  des  Banyans  13  ;  Poinciana  regia  7; 
Maiigifera  indica  3  ;  Albizzia  lebbek  3  ;  Sideroxylon  dulcificum  2  ;  Enterolobiutn  dulcis 
1;  Dialium  guineense  1;  Terminalia  catappa  1;  Anacardium  occidentale  1;  Carica 
papaya  1),  et  Stegomyia  fasciata  (figuiers  des  Banyans  6  ;  Poinciana  régia  3  ;  ilangi- 
fera  indica  1  ;  Albizzia  lebbek  1  ;  Artocarpus  incisa  i  ;  StercuUa  barteri  1  ;  Cocos 
nucifera  1  ;  Pandanus  sp.  1). 

Puits  :  12  espèces  de  larves,  dont  51.3  p.  c.  de  Stegomyia  fasciata,  14.7  p.  c.  de 
Culex  decens  et  13.2  p.  c.  d' Anophèles  costalis. 

Bateaux  et  canots  :  10  espèces,  principalement  Anophèles  costalis  et  Stegomyia 
fasciata. 

Vases  indigènes  (agbo)  :  5  espèces:  88  p.  c  de  Cv.liciomyia  nebulosa  et  11  p.  c 
de  Stegomyia   fasciata. 

(iouttiêres  des  toitures  :  6  espèces  :  55.5  p.c.  de  Stegomyia  fasciata  et  17.4  p.  c.  de 
S.  luteocephala. 


52 


qu'à  Lcopoldville  (Congo  bclgo).  M.  le  D''  Van  den  Branden  a  trouvé 


Fig.  30.  —  Dessin  schématique  de  l'enracinement  superficiel  d'un 
Flamboyant  (Poinciana  régla).  Dans  l'enchevêtrement  des  racines 
au-dessus  du  sol,  existent  de  petits  creux  qui  se  remplissent  d'eau 
par  les  pluies.  Dans  ces  bassins  naturels,  l'on  a  trouvé  des  larves 
du  Stegomyia,  le  moustique  de  la  fièvre  jaune. 

dans  le  creux  des  racines  des  Flamboyants  (Poinciana  rcgia),  des  lar- 
ves de  Stegomyia  lasciata  qui  s'y  développaient  librement  (v.  fig.  30). 

Ponte  et  œufs  des  mous=  ^'*^^^  »P'^^^  '^  *^o^  ^""^  "^^'f  ^"^  moustiques 

tiques.  nieurent  et  les    femelles    fécondées,   après 

s'être  gorgées  de  sang,  à  une  ou  plusieurs 
reprises,  cherchent  un  endroit  favorable  pour  pondre. 

D'habitude,  les  œufs  des  mous- 
tiques sont  déposés,  la  nuit,  à 
la  surface  de  l'eau,  sur  laquelle 
ils  flottent.  Les  œufs  de  quelques 
espèces  de  moustiques  s'enfoncent 
dans  l'eau.  D'autres  espèces  dépo- 
sent leurs  œufs  sur  la  vase  ou  le 
sable  au  bord  de  l'eau.  D'autres 
«ncore,  les  déposent  dans  des  creux 
du  sol,  où  ils  sont  submergés  par 
l'eau  des  pluies  ou  celle  provenant 
de  la  fonte  des  neiges.  Le  mode  de 
ponte  et  la  forme  des  œufs  varient 
d'après  les  différentes  espèces  (*). 

Chez  les  types  les  mieux  connus 
de  Culex  infestant  les  maisons, 
(Culex  latigans  et  C.  pipiens,  par  exemple),   les  œufs   sont   déposés 


31. 


Types  d'œufs  de  mous 
ticjues,  fortement  agrandis. 
En  A    œuf  d'Anophèles  avec  Ilot- 

teurs  latéraux. 
En  B,  œuf  de  Culex.    A    la    base 

l'appareil  micropylaire. 
En  C,  œuf  de  Stegomyia  fasciata. 


(*)  C.  Strickland  (197)  a  fait  l'observation  suivante,  qui  dénote  une  curieuse 
adaptation  aux  conditions  de  mili«u,  d'un   moustique  malais. 

Un  Chaetomyia  (Leicesteria)  flava  capturé,  portait  attaché  à  sa  patte  posté- 
rieure gauche  une  masse  d'œufs  ;  de  chacun  de  ceux-ci  sortait  la  tête  d'une  jeune 
larve.  Le  moustique,  placé  dans  une  bouteille  contenant  un  peu  d'eau,  vola  immé- 
diatement à  ia  surface  de  celle-ci  et  y  plongea  méthodiquement  sa  patte  gauche. 
Les  larves  sortirent  et  s'échappèrent   en  nageant. 

Il  est  supposé  que  l'acie  de  pondre  sur  sa  propre  patte  est  un  moyen  employé 
par  le  moustique  pour  déposer  ses  œufs  dans  une  eau  inaccessible  ou  pour  les  sauver 
d'un  danger  qui  peut  se  produire  si  le  dépôt  est  fait  directement  dans  l'eau. 


53 


sur  l'eau  en  une  masse  navifornie,  sorte  de  radeau  composé  d'un 
grand  nombre  d'œufs  (souvent  de  200  à  400)  dressés  les  uns  à  côté 
des  autres,  leur  extrémité  la  plus  pointue  dirigée  vers  ,1e  haut  (voir 
fig.  51  et  55)  (*).  Individuellement,  chaque  œuf  de  Culcx  s'effile  très 

régulièrement  à  la  par- 
tie supérieure  et  se 
termine  à  la  base  par 
un  organe  globulaire, 
appelé  appareil  micro- 
pylaire  (voir  fig.    51b) 

Tout    au    contraire, 
les  femelles  d'Anophe- 
les     pondent     séparé- 
ment,    sur     l'eau,     de 
75  à  150  petits  œufs 
noirâtres    (****),     qui 
restent  isolés  ou   flot- 
tent en  lignes  ou  grou- 
pes  facilement  disner- 
sés    par    le    vent.    Ils 
surnagent  à  plat,  au  lieu 
Fig.  32.   —   Œufs   d'Anophèles   flottant   sur  ^'^[^q    dressés     comme 
l'eau    (Anophèles    quairimaculatusj.   —   Forte-     „       i„   r   ;"      r  .  ^  (•„ 
ment  agrandis.  (D'après  L.  O.  Howard.)  <"eux  des  Culcx.  Ces  œufs 

d  Anophèles  sont  munis 
chacun  d'une  paire  de  flotteurs,  petites  poches  remplies  d'air, 
qu'on  peut  voir  fig.  51a,  représentant  un  œuf  isolé,  et  fig.  52,  repré- 
sentant, d'après  M.  L.  0.  Howard,  un  groupe  d'œufs  à'Anopheles 
quadrimaculatus  (espèce  nord-américaine),  flottant  à  la  surface  de 
l'eau. 

Chez  les  Sfegomyia,  les  œufs  sont  également  pondus  séparément. 
Les  œufs  du  Stegomyia  fasciala  sont  petits,  très  allongés,  de  couleur 
noirâtre  et  parsemés  de  petites  protubérances  d'une  sécrétion  blan- 
châtre (voir  fig.  51c).  Ils  sont  pondus  isolément,  mais  par  lots,  dé- 
posés chacun,  par  la  femelle,  à  des  intervalles  de  plusieurs  jours. 
On  les  trouve  normalement  sur  les  parois  des  récipients  contenant 
de  l'eau,  un  peu  au-dessus  de  la  surface  de  celle-ci,  de  façon  à  pou- 


(*")  L'appareil  hydrostatique  ou  flotteur  que  possède  chaque  œuf  de  Culex  a  été 
epécialement  étudié  par  A.  B.  Lischetti  (121).  Il  permet  à  la  masse  d'œufs  de  flotter 
oomm©  un  radeau.  L'action  combinée  de  tous  les  flotteurs  donne  une  telle  stabilité 
à  la  masse  d'œufs,  qu'il  est  presque  impossible  de  la  submerger.  Môme  si  cette  opé- 
ration est  faite  mécaniquement,  un  petit  volume  d'air  est  retenu  entre  la  bas*  des 
œufs  et  les  flotteurs,  ce  qui  permet  à  toute  la  masse  de  revenir  à  la  surface,  dès 
que  la  pression  cesse. 

(**)  Des  données  intéressantes  ont  été  recueillieG  par  F.  Glaser  (76),  sur  la  capa- 
cité de  reproduction  de  Culex  pipiens. 

Dans  deux  canaux  de  vidange  d'une  tannerie,  ayant  chacun  un  mille  de  lon- 
gueur, 167,760  radeaux  d'œufs  de  Culex  furent  détruits,  en  nettoyant  les  canaux 
deux  fois  par  semaime,  à  raison  de  3  heures  par  nettoyage  En  estimant,  ce  qui  est 
très  modéré,  le  nombre  d'œufs  de  chaque  radeau  à  200,  l'on  a  détruit  ainsi  33  millions 
d'œufs  de  Culex  pipiens  par  semaine. 

(»**)  Les  femelles  de  Mansonia  déposent  leurs  œufs  en  radeaux,  comme  le«  Culex. 

(****)  D'après  Duprée,  la  femell°  d'Anophèles  pvnctipennis  Say  dépose  de  cent 
à  trois  cents  œufs  par  ponte.  Ils  flottent  sous  la  surface  de  l'eau  et  parfois  sur 
celle-ci,  le  côté  concave  dirigé  vers  le  bas. 


54 

voir  facilement  être  submergés  par  la  moindre  élévation  de  niveau. 
On  les  a  également  trouvés  sur  une  feuille  flottante.  La  ponte  de  la 
femelle  du  Stegomyia  à  la  surface  même  de  l'eau  paraît  rare  et  ne 
se  produit  sans  doute  que  dans  des  circonstances  anormales,  telles 
que  la  captivité  de  Tinsecte.  Une  femelle  de  Slegomyia  pond  ordinai- 
rement 70  à  80  œufs. 


Fig.  33.  —  L'éclosion  d'une 
larve  d'Anophèles.  —  Forte- 
ment agrandie.  (D"après  W.  B. 
Hermsj. 


Eclosion  des  œufs.  —  Dans  des  conditions  normales,  c'est-à-dire 
?.anc':s%^r!a'SvS;  P--  ""  '?»P^  tavo,...blo  les  œufs  d'^no- 
OU  la  retardent  ?  ptieles  mûrissent  en  û6  a  48  heures.  D  après 

M.  L.  0.  Howard,  il  faut  à  l'œuf  de  Culex 
latigans,  de  16  à  24  heures  pour  éclore  par  temps  chaud.  Les  larves 
des  Anophèles  sortent  en  fendant  l'œuf  (voir  fig.  53),  celles  des  Culi- 
cines  en  poussant  l'extrémité  de  la 
coque.  Dans  leur  très  jeune  âge,  c'est- 
à-dire  au  début  de  leur  vie  aquati- 
que, toutes  ces  larves  se  réunissent 
d'ordinaire  autour  des  amas  de  dé- 
bris ou  d'écume  flottant  sur  l'eau. 
Les  circonstances  qui  influent  sur 
l'éclosion  des  œufs  de  moustiques 
ont  surtout  été  bien  étudiées  pour  le 
Stegomyia  faseiata.  Dans  des  condi- 
tions favorables  (27°  à  29°  C),  les 
œufs  du  Stegomyia  éclosent  souvent  le 
deuxième  ou  le  troisième  jour  après 
la  ponte  (*).  D'après  M.  L.  0.  Ho- 
ward (94),  les  œufs  de  ce  moustique, 
ordinairement  placés  immédiatement 
au-dessus  de  la  surface  de  l'eau,  se  développent  mieux  après  avoir 
été  desséchés  pendant  quelque  temps.  En  fait,  il  semble  qu'à  sec,  ils 
conservent  leur  vitalité  pendant  six  mois  et  plus.  La  congélation  ne 
détruit  pas  la  fertilité  des  œufs.  La  durée  de  l'incubation,  lorsque 
les  œufs  sont  déposés  sur  l'eau,  est  d'environ  deux  jours.  Déposés 
au-dessus  du  niveau  de  l'eau,  ils  éclosent  promptement,  dès  qu'ils 
sont  submergés.  Flottant  sur  l'eau,  la  moindre  agitation  les  fait 
couler  et  lorsqu'ils  sont  sous  l'eau,  l'éclosion  est  retardée  et,  sou- 
vent même,  certains  des  œufs  n'éclosent  pas,  surtout  si  la  tempé- 
rature de  l'eau  est  assez  basse.  Enfin,  submergés  peu  après  avoir  été 
pondus  à  la  surface  de  l'eau,  les  œaifs  périssent  généralement  (**). 

(*)  Il  résulte  d'essais  faits  récemment  par  MM.  E.  E.  Atkins  et  A.  Bacot  (6), 
que  la  présence  de  bactéries,  levures  et  ferments,  exerce  une  action  stimulante  sur 
les  œufs  du  Stegomyia  Jasciata  et  les  force  à  éclore  plus  vite. 

(**)  Des  expériences  très  intéressantes  sur  l'action  de  !a  dessication,  de  la  tempé- 
rature et  de  la  submersion  sur  l'éclosion  des  œufs  du  Stegomyia  faseiata,  et  la  con- 
servation de  leur  vitalité  ont  été  faites  en  igi-t-lS,  en  Afrique  occidentile,  par  la 
Yellow  Fever  Commission.  En  voici  les  principaux  résultats,  d'après  M.  A.  W. 
Bacot  (8). 

L'éclosion  peut  se  produire  lorsque  l'œuf  flotte,  lorsqu'il  est  attaché  au  bord, 
juste  en  dessous  de  la  surface  de  l'eau  et  lorsqu'il  gît  sur  le  fond.  îa  mortalité 
paraît  plus  grande  pour  les  œufs  submergés  dans  ane  petite  quantité  d'eau.  Il  a 
été  noté  que  la  période  qui  s'écoule  entre  le  moment  où  les  œufs  sont  immergés  et 
le  moment  de  l'éclosion,  peut  atteindre  quatre  à  cinq  mois,  si  elle  n'est  pas  inter- 
rompue par  une  période  sèche  intermédiaire.  Il  y  eut  un  plus  grand  déchet  parmi 


55 

Une  expérience  très  curieuse  au  siijel  du  pouvoir  de  résistance 
des  œufs  du  Slrgomii'm  lasciala  à  la  dessiccation,  fut  faite  par  M.  R. 
Newstead  en  1906. 

Des  œufs  de  Slegomyia  récoltés  à  Manaos  (Brésil),  par  le  Dr  H.  W. 
Thomas,  furent  envoyés  en  Angleterre.  Ils  avaient  subi,  au  préala- 
ble, une  dessiccation  de  24  heures  et  étaient  emballés  dans  des  tubes 
de  verre   soigneusement  bouchés. 

Les  notes  suivantes  nous  donnent  les  résultats  de  cette  expérience  : 

9-11  septembre.  —  Œufs  pondus  à  Manaos  (Amazone); 

26  octobre.  —  Arrivée  en  Angleterre  ;  placés  dans  de  l'eau  à 
25°  C.  ; 

27  octobre.  —  Douze  larves  écloscs  pendant  la  nuit  précédente  et 
une  après  12  heures  d'immersion  ; 

28  octobre.  —  Début  de  la  première  mue  ; 

50  octobre.  - —  La  première  mue  est  terminée  pour  toutes  les 
larves  ; 

4  novembre.  —  Les  larves  se  transforment  en  pupos  ; 

7  novembre.  —  Sortie  du  premier  imago  :  un  mâle.  Ce  moustique 
est  resté  en  vie  six  jours  ; 

8  novembre.  —  Sortie  d'un  mâle  et  d'une  femelle. 

Le  bocal  d'élevage  fut  conservé  dans  un  incubateur,  à  une  tem- 
pérature uniforme  de  25°  C.  Les  insectes  étaient,  la  plupart  du 
temps,  dans  une  obscurité  complète.  Un  peu  de  lumière  était  admise 
occasionnellement  durant  le  jour. 

les  œufs  conservés,  que  parmi  ceux  qui  furent  immergés  immédiatement  on  pen 
après  la  ponte.  Il  semble  que  la  matière  sur  laquelle  les  œufs  ont  été  déposés,  exerce 
une  influence  déterminante  sur  la  conservation  de  leur  vitalité  pendant  les  périodes 
de  sécheresse. 

L'action  des  températures  basses  et  élevées  sur  le  taux  d'éclosion  fut  également 
étudiée.  Un  refroidissement  à  des  températures  allant  de  23.5o  à  27oC  a  eu,  dan''  la 
plupart  des  cas,  une  influence  stimulant.}  sur  l'éclosion,  mais  quelques  œufs  résis- 
tèrent. C'est  probablement  le  refroidissement  qui  amène  l'éclosion,  lorsque  des  œufs 
desséchés  sont  immergés  ou  lorsque  de  l'eau  fraîche  est  versée  sur  des  œufs  en  cours 
de  maturation.  Une  élévation  de  température  allant  de  27'  à  35°C.  a  en  pen  d'effet 
sur  l'éclosion.  Des  œufs  conservés  pendant  50  heures  dans  l'humidité  firent  ordi- 
nairement éclosion  trente  minutes  après  immersion  subséquente  ;  ceux  séchés  pendant 
une  période  variant  d'un  à  sept  jours,  éclorent  après  incubation,  lorsqu'ils  furent  im- 
mergés, dans  une  proportion  allant  de  &4  à  54  pour  cent,  et  cela  en  un  à  quatre  jours 
Les  conditions  de  sécheresse  ou  d'humidifé  ont  donc  une  influence  directe  sur  l'éclo- 
sion des  œufs,  en  provoquant  immédiatement  celle-ci  ou  en  la  retardant. 

Des  œufs  conservés  à  sec,  pendant  262  jours,  ont  donné  des  larves,  lorsqu'ils 
furent  immergés  dans  l'eau.  Des  œufs  ayant  déjà  subi  l'incubation  furent  soumis 
à  diverses  températures,  pour  déterminer  leurs  effets  sur  l'éclosion.  Une  exposition 
pendant  24  heur.^s  à  —  1°C.,  suivie  d'immersion  dans  une  eau  à  24'C.  et  d'un  examen 
des  œufs,  donna,  après  128  heures,  81  pour  cent  d'éclosions  ;  une  exposition  h  ?4  C 
80  pour  cent  ;  à  55"C.,  28  p.  c.  ;  et  à  sg'C,  12  pour  cent.  Aucune  éclosion  n?  so  pro- 
duisit,  après   une    exposition  des  œufs  pendant  24  heures,   à  42°C 

Un  chauffage  à  4€°C.  pendant  30  minutes  détruisit  la  vitalité  d'œufs  pondu» 
depuis  15  à  16  heures;  des  œufs  semblables,  exposés  à  une  température  de  36°C 
éclorent  normalement. 

D'autre  part,  des  essais  d'immersion  faits  par  M.  Baeot  (9)  à  Freetown  (Sierra- 
Léone)  ont  prouvé  qu'après  7  à  9  mois  de  conservation  hors  de  l'eau,  ies  œufs  de 
Stegomijia  peuvent  donner  80  à  90  pour  cent  d'éclosions.  Après  10  mois,  ce  pourcen- 
tage est  beaucoup  moindre  et  il  n'est  plus  que  d'environ  5  p.c.  après  11  mois. 

Après  12  mois  un  lot  de  600  œufs  ne  donna  plus  que  5  larves,  qui  sortirent  après 
5  à  6  heures  d'immersion.  Après  15  mois,  1,000  œufs  ne  donnèrent  plus  qu'une  seule 
Urve  et  après  14  et  15  mois  il  n'y  eut  plus  aucune  éclosion. 


5Ô 


Quel  est  l'aspect  des  larves  Les  larves  aquatiques  de  moustiques  sont 

de  moustiques  ?  généralement  de  coloration  verdâtre,  vert- 

brunâtre  ou  brune,  parfois  rouge  ou  bleue 
et  ont  environ  7  à  8  mm.  de  longueur,  La  tête  est  ronde,  bien  sé- 
parée du  reste  du  corps.  Le  thorax  est  arrondi,  renflé  ;  l'abdomen  est 
allongé,  articulé,  et  le  huitième  segment  est  pourvu,  tout  au  moins 
chez  les  Culex,  Acdes,  Stegomyia,  Megarhini,  Mansonia,  etc.,  d'un 
siphon  ou  tube  respiratoire  bien  développé  (voir  îig.  34). 


Fig.  34.  —  Larves  de  moustiques,  de  dimensions  quadruplées  : 
aj  larve  d'Anophèles  maculipennis  Mg.  —  bj  larve  de  Stegomyia 
fasciata  F.  —  cj  larve  de  Culex  fatigans  Wied. 

Le  corps  des  larves  de  moustiques  est  garni  de  longs  poils  raides 
et  espacés  et  leur  extrémité  caudale  est  munie  d'appendices  servant 
de  rames.  L'habitude  de  ces  larves  de  remonter  plus  ou  moins  fré- 
quemment à  la  surface  de  l'eau  pour  respirer  et  de  s'enfoncer  ensuite 
soudainement,  lorsqu'elles  sont  alarmées,  par  un  mouvement  rapide 
et  saccadé  ou  un  tortillement  du  corps,  permet  aisément  de  les  re- 
connaître. 


Quels  sont  les  principaux  Les  dessins,    fig.   M   à  38,    représentent 

caractères  des  larves  de      ^,       j  ^     ^  ;        j     Stegomyia  lasciata 

Culex,      Stegomyia      et         ,    ,,  -         ,    ,        t  ■      •      i      i-pr.  j 

Anophèles  ?    Mode    de      ^t  d  Anophèles.  La  pnncipaie  dillerence  de 
respiration.  conformation  se  trouve  dans  l'organe  respi- 

ratoire. Chez  les  Culex  (fig.  34c  et  36a), 
c'est  un  tube  ou  siphon  très  long,  inséré  à  l'extrémité  anale  du  corps  ; 
chez  les  Stegomyia  (fig.  34b  et  38),  ce  tube  est  moins  développé  et 
chez  les  Anophèles  (fig.  34a  et  36b),  il  ne  constitue  qu'une  simple 
protubérance. 

L'attitude  des  larves  de  Culex  et  d'Anophcles  au  repos  est  égale- 
ment très  différente. 

Lorsqu'elle  respire,  la  larve  de  Culex  est  suspendue  sous  la  sur- 
face de  l'eau,  la  tête  en  bas,  le  corps  légèrement  incliné  par  rapport 
à  la  verticale  et  l'extrémité  du  siphon  touchant  la  surface  de  l'eau 
(voir  fig.  57).  La  larve  de  Stegomyia  prend  à  peu  près  la  même  posi- 
tion, mais  le  corps  est  suspendu  plus  verticalement.  Par  contre,  la 


57 

larve  d'Anophèles,  au  repos,  flotte,  étendue  horizontalement  sous  la 
surface  de  l'eau,  contre  laquelle  elle  s'appuie  ;  son  organe  respira- 
toire, très  court,  placé  à  l'extrémité  anale  du  corps,  atteint  ainsi 
juste  le  niveau  de  cette  surface  (voir  fig.  37). 

Larves  de  Culex.  —  Dans  le  bas  de  la  figure  35,  sont  représentées 
des  larves  de  Culex  dans  différentes  attitudes  :  en  mouvement,  c'est- 
à-dire  se  déplaçant  dans  l'eau,  ou  bien  dans  la  position  habituelle 
de  repos,  c'est-à-dire  suspendues  sous  la  surface  du  liquide. 

Dans  cette  dernière  attitude  (voir  fig.  37),  la  larve  adhère  à  la 
surface  par  la  cupule  respiratoire  hydrofuge,  qui  se  trouve  à  l'extré- 
mité du  siphon.  Ce  siphon  est  parcouru  dans  toute  sa  longueur  par 
deux  tubes  trachéens  qui  aboutissent  à  la  cupule  hydrofuge.  Lorsque 
la  larve  amène  contre  la  surface  de  l'eau  l'extrémité  de  son  siphon, 
cette  cupule  s'ouvre  passivement,  par  le  fait  de  l'attraction  capillaire 
et  adhère  à  la  surface  (D'"  F.  Brocher  [27]). 

Le   corps   reste   sous    la    surface,    suspendu   à    celle-ci,    sans    que 


Fig.  35.  —  Evuhilion  des  Culex.  —  En  haut,  au  milieu,  masse 
d'oeufs  de  Culex,  en  forme  de  radeau  ou  nacelle.  —  A  gauche, 
œufs  isolés,  la  partie  effilée  dirigée  vers  le  haut.  —  A  droite,  larve 
de  Culex  (le  petit  trait  sur  le  côté  indique  la  longueur  réelle).  —  En 
bas,  attitudes  diverses  des  larves  de  Culex  dans  l'eau.  —  Forte- 
ment agrandis.  (D'après  L.  O.  Howard.) 


l'animal  ait  aucun  effort  à  faire  pour  garder  cette  position.  Pour  se 
nourrir,  la  larve  produit  dans  l'eau,  à  l'aide  de  ses  palpes  rotatoires, 
un  double  courant,  convergeant  vers  la  bouche  et  qui  lui  amène  les 
particules  nutritives.  Ce  courant  est  produit  un  peu  au-dessous  de 
1  eau  et  non,  comme  chez  les  lar^-es  (VAnophelcs,  à  la  surface  de 
celle-ci. 

Alarmée,  la  larve  ferme  ou  détache  sa  cupule  respiratoire.  L'at- 
traction capillaire  de  la  surface  cesse  et  le  corps,  étant  plus  lourd 
que  l'eau,  descend  par  son  propre  poids. 

Toutefois,  la  larve  ne  reste  jamais  longtemps  au  fond.  Elle  remonte 
bientôt   et  nage  en   se   contorsionnant,   en   donnant   de   forts  coups 


58 

avec  l'extrémité  postérieure  du  corps,  pourvue  d'une  rangée  de  poils 
qui  servent  de  rames. 

La  cupule  respiratoire  est  constituée  par  cinq  valves  qui  s'écartent 


'^..H 


Fig.  36.  —  Dessins  schématiques,  fortement  agrandis,  d'une  larve  de 
Culex  (A.j  et  d'une  larve  d'Anophèles  (Bj.  —  A.  Tête.  —  B.  Œil.  — 
C.  Antennes.  —  D.  Brosses.  —  E.  Thorax.  —  F.  Abdomen.  —  G.  Siphon 
(Culexj.  —  H.  Valves  du  siphon  (Culexj.  —  /.  Orifices  stigmatiques  (Ano- 
phelesj.  —  /.  Papilles  anales.  —  A'.  Gouvernail  (Culex}. 


Fig.  37.  —  Positions  caractéristiques  des  larves  de  moustiques  respirant 
à  la  surface  de  l'eau.  —  Fortement  agrandies  et  grandeur  naturelle. 

A  gauche,  larve  de  Culex  suspendue  à  la  surface  de  l'eau  par  l'extré- 
mité de  son  siphon  et  dans  une  position  plus  ou  moins  verticale. 

A  droite,  larve  d'Anophèles  étendue  horizontalement  sous  la  surface  de 
l'eau  et  lui  étant  parallèle.  L'adhérence  à  la  surface,  a  lieu  à  Textrémité 
anale,  par  une  courte  protubérance. 


59 


l'une  de  l'autre  et  se  renversent  en  dehors.  Chacune  de  ces  valves 
est  pomvue  d'une  courte  soie  rigide,  destinée  à  rompre  la  pellicule 
d'eau  qui  pourrait  rester  tendue  entre  elles,  lorsqu'elles  s'écartent. 
Cette  pellicule,  en  recouvrant  la  cupule  hydrofuge.  l'empêcherait 
d'entrer  en  contact  avec  l'air  (Dr  F.  Brocher  [27]). 

Larves  de  Stcgomyia  fascinta.  —  Les  larves  de  Slegonviia  fasciafa 
(voir  fig.  38)  ressemblent  fortement,  comme  conformation  et  atti- 
tude, aux  larves  de  Culex.  Leur  siphon  est  plus  court  (un  quart  de 
la  longueur  de  l'abdomen)  et  plus  large  et  lorsqu'elles  sont  suspen- 
dues à  la  surface  de  l'eau  pour  respirer,  elles  pendent  presque  verti- 
calement. Elles  sont  très  vite  effrayées  et  vont  rapidement  au  fond, 
où  elles  séjournent  pendant  un  temps  considérable.  Elles  peuvent 
d'ailleurs  vivre  longtemps  sous  l'eau,  sans  remonter  à  la  surface. 
Lorsqu'on  vide  l'eau  d'un  récipient  contenant  ces  larves,  celles-ci  se 
réfugient  promptement  au  fond  et  leur  présence  peut  passer  inaper- 
çue. Elles  restent  si  près  du  fond,  qu'il  faut  rincer  et  laisser  s'égout- 
ter  les  vases  pour  les  en  expulser.  De  même,  il  n'est  pas  facile  d'en 
débarrasser  un  tonneau  ou  baril,  en  en  vidant  simplement  le  contenu. 

La  durée  de  la  période  larvaire  du 
Stegomyia  fasciata,  par  temps  suffi- 
samment chaud,  varie,  d'après  Mit- 
chell  (140),  entre  huit  et  treize  jouis. 
Francis  donne  une  période  minimum 
de  sept  jours,  dans  de  l'eau  à  une 
température  uniforme  de  26.5°  C,  et 
Xewsfeail  de  neuf  jours,  dans  de 
l'eau  à  25°  C. 

Larves  dWnopheles.  —  Les  larves 
d'Anoplielcs  flottent  donc  immobiles 
sous  la  surface  de  l'eau,  appuyées 
contre  celle-ci,  et  ayant  leur  cuips 
étendu  horizontalement.  A  la  face 
dorsale  du  huitième  segment  se  trou- 
vent, sur  le  devant  d'une  petite  élé- 
vation en  forme  de  carré  irrégulier, 
les  stigmates  ou  ouvertures  respira- 
toires, qui  constituent  la  terminaison 
des  grandes  trachées  latérales,  par- 
courant le  corps  de  la  larve  dans  tou- 
te sa  longueur  (voir  fig.  56b). 

Pour  respirer,  la  larve  pousse  la 
pi'otubérance  contre  la  surface  de 
l'eau.  N'étant  pas  mouillable,  celle-ci 
y  adhère  et  maintient  le  corps  en  po- 
sition, suspendu  par  sa  face  dorsale. 
Les  trachées  sont  ainsi  librement  en 
conumiiiuation  avec  I  an-,  par  les  ouvertures  respiratoires  (voir 
figure  57). 

Les  poils  palmés,  placés  le  long  de  la  jiartie  doisale  de  l'abdomen. 


Fig.  38.  —  Larve  de  Sle- 
gomyia  lanckila,  le  mous- 
tique de  la  fièvre  jaune, 
fortement  agrandie.  —  Le 
trait  sur  le  côté  donne  sa 
longueur  normale.  (D'après 
L.  O.  Howard.) 

l'ai 


GO 

pegnettent  également  à  la  larve  de  maintenir  sa  position  horizon- 
tale contre  la  surface  de  l'eau. 

La  larve  des  Anophcles  est  plus  lente  que  celle  des  Culex.  Lors- 
qu'elle est  au  repos,  la  tête  est  complètement  immergée  et  la  bouche 
est  dirigée  vers  le  bas.  Pour  la  nutrition,  la  tête  effectue  une  rota- 
tion de  180°,  ce  qui  ramène  sa  face  ventrale  du  côté  dorsal.  Les  deux 
brosses  alimentaires  se  mettent  alors  à  vibrer  et  créent  à  la  surface 
de  l'eau  deux  courants,  qui  convei'gent  vers  la  bouche  et  lui  amènent 
les  petits  organismes  (animaux  et  végétaux)  flottant  près  de  la  sur- 
face. Ces  corps  sont  triés  au  fur  et  à  mesure  de  leur  arrivée,  ceux 
jugés  trop  gros  ou  mauvais  étant  rejetés  de  côté  par  un  brusque  coup 
de  tête.  Lorsque  l'alimentation  a  cessé,  c'est-à-dire  lorsque  la  vibra- 
tion des  brosses  alimentaires  est  arrêtée,  la  tête  reprend  sa  position 
normale,  la  bouche  tournée  vers  le  bas. 

Les  mouvements  des  larves  à'Anophelcs  sont  bien  plus  saccadés 
que  ceux  des  larvçs  de  Culicines,  qui  se  déplacent  plutôt  en  serpen- 
tant. De  même,  les  premières  ne  sont  pas  aussi  visibles  dans  l'eau 
que  les  secondes,  probablement  par  suite  de  leur  position  parallèle 
à  la  surface.  Si  l'on  entre  dans  un  marais,  on  ne  voit  aucune  larve 
à'Anopheles,  mais  en  regardant  en  arrière,  dans  l'eau  devenue 
boueuse,  on  les  distingue  très  bien,  leur  forme  se  détachant  sur  le 
fond  sombre. 

La  croissance  des  larves  d'Anophèles  est  plutôt  rapide  et,  par 
temps  chaud,  elles  peuvent  atteindre  leur  plein  développement, 
moins  de  deux  semaines  après  la  sortie  de  l'œuf  (*). 

Les  larves  des  moustiques  Cette  question  présente  une  assez  grande 

respirent=elles  seulement      irrportance  pratique,  à  cause  de  son  rapport 
toires"    "  ^^   ^^^^"        direct   avec    l'action   destructrice   des  sub- 
stances huileuses   (pétrole,  etc.),   que    l'on 
épand  sur  les  eaux  où  les  larves  se  développent. 

On  croit  généralement  que  la  respiration  des  larves  de  moustiques 
est  strictement  aérienne,  ce  qui  explique  la  nécessité  pour  ces  larves 
de  retourner  fréquemment  à  la  surface  de  l'eau  et  de  s'y  suspendre 
pour  absorber  de  l'air.  La  conséquence  serait  que  toute  larve  de 
moustique  que  l'on  empêche  d'accéder  à  l'air  libre,  meurt  prompte- 
ment,   asphyxiée. 

Cela  n'est  pas  tout  à  fait  exact,  car,  comme  il  est  prouvé  ci- 
dessous,  les  larves  respirent  également,  en  plus  de  l'air  libre,  l'air 
dissous  dans  l'eau. 

M.  A.  da  Costa  Lima  (45)  a  fait,  en  1914,  à  l'Institut  Oswaldo  Cruz, 
de  Rio  de  Janeiro  (Brésil),  quelques  expériences  sur  des  larves  d'es- 
pèces de  Limatus,  Stegomyia  et  Culex,  en  vue  de  déterminer  combien 

(*)  En  dehors  de  la  présence  et  de  la  longueur  du  tube  respiratoire  ou  siplion,  i! 
existe  encore  d'autres  différences  entre  les  larves  des  divers  groupes  de  moustiques. 
C'est  aiinsi  que  la  tête  de  la  larve  est  plus  grande  chez  Cidex  que  chez  Anophèles, 
tandis  que  chez  Stegomyia,  la  tête  et  le  thorax  sont  relativement  p«tits.  Chez  cette 
dernière  larve,  les  antennes  sont  faibles,  alors  que  les  papilles  sont  souvent  bien 
développées.  Chez  les  Culex,  Les  antennes  sont  très  variablei^  suivant  les  espèces.  Les 
larves  canniba'es  de  Culex  (C.  concolor)  diffèrent  fort  des  autres  larves  de  ce  groupe. 
Leur  siphon  est  court  et  elles  flottent  presque  horizontalement  sous  la  surfaœ  de 
l'eau,  avec  la  tête  un  peu  plus  bas  que  celle-ci.  Dams  cette  position,  eJles  restent 
immobiles,  dans  l'attente  de  leur  proie  (larves  d'autres  moustiques'»,  qu'elles  sai- 
eisisent  à  l'aide  de  leurs  brosses  alimentaires,  transformées  en  organes  prédateurs. 


61 

de  temps  ces  larves  peuvent  vivre  dans  différentes  sortes  d'eau  (eau 
de  rivière,  eau  de  pluie,  eau  bouillie,  etc.).  lorsqu'on  les  empêche 
de  respirer  directement  l'air  en  remontant  à  la  surface. 

M.  da  Costa  Lima  constate  que  si,  d'une  façon  générale,  les  larves 
de  moustiques  respirent  l'air  libre,  elles  absorbent  également,  tant 
par  les  feuillets  branchiaux  que  par  tous  les  téguments  du  corps 
(respiration  cutanée),  l'oxygène  en  dissolution  dans  l'eau.  Au  plus 
la  larve  est  jeune,  au  plus  facilement  elle  acquerra  l'habitude  de  se 
suffire  avec  l'air  en  dissolution.  Les  larves  plus  âgées,  privées  d'air 
libre,  meurent  en  moins  d'un  jour.  Les  petites  larves,  pourvues  de 
suffisamment  de  nourriture,  peuvent  se  développer  et  devenir  des 
pupes  sans  accéder  à  la  surface,  mais  ces  pupes  meurent  au  bout 
de  peu  de  temps,  si  elles  n'entrent  pas  en  contact  avec  l'air.  Les 
feuillets  branchiaux  n'aident  en  rien  la  locomotion,  et  ne  servent 
que  pour  respirer  l'oxygène  dissous.  Leur  ablation  force  les  larves 
à  remonter  plus  fréquemment  à  la  surface.  Les  larves  de  Stegomyia, 
privées  de  leurs  feuillets  et  sans  contact  direct  avec  l'air  extérieur, 
restent  vivre  quelque  temps.  Toute  larve  introduite  dans  un  flacon 
expérimental,  dans  lequel  l'air  n'avait  pas  accès  et  qui  contenait 
de  l'eau  bouillie  (c'est-à-dire  privée  d'une  grande  partie  des  gaz  en 
dissolution),  est  morte  au  bout  de  quelques  heures.  L'eau  qui  con- 
tient des  larves  n'ayant  à  leur  disposition  pour  la  respiration,  que 
les  gaz  dissous,  doit  être  fréquemment  aérée.  Enfin,  les  larves  sont 
asphyxiées  sous  une  couche  de  pétrole,  non  seulement  parce  qu'elles 
ne  peuvent  atteindre  l'air  libre,  mais  parce  que  l'huile  adhère  à  leur 
corps,  empêchant  la  respiration  cutanée. 

Les  expériences  de  M.  da  Costa  Lima  ont  été  vérifiées  par  celles 
faites  par  M.  J.  W.  Scott  Macfie  (127),  qui  ont  porté  principalement 
sur  l'action  du  pétrole  sur  les  lai'ves  de  diverses  espèces  de  mous- 
tiques. Ces  expériences,  sur  lesquelles  nous  reviendrons  dans  la 
suite,  ont  prouvé  notamment  que  les  larves  de  certains  moustiques, 
y  compris  Stegornyia  lasciata,  sont  capables  de  s'adapter  à  la  vie  sub- 
mergée et  peuvent  continuer  à  se  développer  jusqu'à  la  nymphose. 
Celle-ci,  toutefois,  est  ordinairement  empêchée,  et,  si  elle  se  produit, 
le  moustique  meurt,  la  pupe  étant  incapable  de  vivre  sans  accès 
direct  à  l'air  libre. 

Un  autre  fait  intéressant  constaté,  est  que,  lorsque  des  larves  de 
Culcx  latigans  n'ont  pas  d'accès  à  l'air  libre,  elles  vivent  quatre  fois 
moins  longtemps  dans  l'eau  contenant  des  matières  organiques  que 
dans  l'eau  distillée,  les  matières  organiques  employant  l'oxygène 
dissous  et  réduisant  ainsi  la  quantité  disponible  pour  les  larves  (*). 

(»)  Il  faut  rapprocher  de  ces  diverses  expériencea  les  observations  faites  par 
M.  S.  K  Sen  (184),  (Indian  Jl.  Medic.  Res.  Calcutta,  Jan.,  JQli),  sur  la  conisom- 
matioin  d'oxygène  ciiez  les  moustiques.  Cet  auteur  a  constaté  notamment  :  1  —  Que 
le  taux  moyen  de  consommation  d'oxygène  chez  Ciilex  silieyis  était  par  heure  de 
1.1  cm3  chez  la  larve  complètement  développée,  1.9  cm3  chez  la  pupe  et  25  cm3  chez 
l'adulte  ;  2.  —  Que  la  quantité  d'oxygène  absorbée  par  la  larve  et  la  pupe  est  à  peu 
près  la  même  ;  3.  —  Que  dans  l'acte  resipiratoire  de  la  larve  et  do  la,  pupe,  le  rôle 
de  l'air  dissous  est  faible  et  négligeable  et  que  l'ablation  des  branchies  semble  avoir 
peu  d'effet  sur  la  respiration  larvaire,  et  enfin  :  4.  —  Que  la  pupe  ressent  plus  for- 
tement et  plus  rapidement  le  manque  d'oxygène  que  la  larve,  et  est,  par  conséquent, 
plus  vite  asphyxiée. 


62 

Quelle   est    la   nourriture  Los  aliments  sont  indispensables  aux  lar- 

des larves   de   mousti-      ^,^,g  ^j^  niousliques  pour  se  développer.  Ces 

t|"eS  ?  1  .  t  •    .  1  J' 

aliments  peuvent  consister  en  algues  d  eau 
douce  •  certaines  de  ces  algues  sont  très  sensibles  aux  changements 
de  densité  et  de  teneur  en  sels  solublos  de  l'eau  et  probablement 
aussi  à  la  longueur  d'ondes  de  la  lumière  qui  pénètre  jusqu'à  elles. 

En  élevant  des  Anophèles  punctipcnnis  en  captivité.  Marchand 
(158)  a  constaté  qu'une  algue  verte,  monocellulaire,  de  surface,  placée 
dans  l'eau  claire,  constituait  la  meilleure  nourriture  pour  les  larves. 
Il  a  également  été  établi  qu'au  Soudan  des  algues  microscopiques 
d'eau   douce  formaient  le  principal  aliment  des  larves  à'Anopheles. 

La  nourriture  des  larves  de  Culicides  a  été  surtout  étudiée  pour 
celles  de  Stegomyia  lasciala,  le  moustique  de  la  fièvre  jaune.  D'après 
M.  L.  0.  Howard  (94),  ces  larves  se  rencontrent  surtout  dans  l'eau 
claire  :  barils  d'eau  de  pluie  et  récipients  servant  à  conserver  l'eau 
de  boisson  dans  les  maisons. 

L'eau  de  tels  récipients  contient  toujours  plus  ou  moins  de  ma- 
tières animales  et  de  détritus  végétaux,  formant  la  base  de  l'alimen- 
tation des  larves.  Celles-ci  descendent  au  fond  de  l'eau,  même  à  une 
profondeur  relativement  très  grande,  pour  se  nourrir  du  sédiment 
organique  qui  s'y  trouve.  Des  larves  tenues  en  captivité  ont  été 
observées  dévorant  les  insectes  morts  et  les  peaux  de  mue  des  larves 
et  pupcs.  Elles  sont  parfois  de  mœurs  cannibales,  les  grandes  larves 
dévorant  les  petites  (*). 

.  Le  développement  de  la  larve  du  moustique  de  la  fièvre  jaune 
est  activé  par  la  présence  dans  l'eau  d'une  petite  quantité  de  ma- 
tière fécale.  Lors  de  la  guerre  cubaine,  des  observateurs  ont  constaté 
à  la  Havane,  que  les  larves  qui  se  trouvaient  dans  les  tonneaux  de 
vidange  servant  à  transporter  les  déjections  humaines  provenant  des 
hôpitaux,  se  développaient  très  rapidement,  et  d'autres  observateurs 
ont  signalé  le  fait,  qu'en  ajoutant  de  la  matière  fécale  à  l'eau  conte- 
nant des  larves,  leur  développement  était  accéléré  et  leur  cycle  vital 
complété  en  six  à  huit  jours. 

D'autre  part,  suivant  Sir  Hubert  Boycc,  F.  R.  S.  (23),  en  Afrique 
occidentale,  la  larve  de  Stegomyia  lasciata  en  captivité  se  nourrit 
surtout  de  matières  amorphes,  de  restes  macérés  de  petits  crustacés 
(Cyelops  sp.,  Diaptoinus  sp.,  etc.),  de  petits  fragments  de  plantes 
aquatiques  et  occasionnellement  de  diatomées  et  plantes  monocellu- 
laircs. 

Enfin,  nous  notons  dans  le  rapport  pour  1914-1915  de  la  Yelloir 
Fever  Commission  in  West  Africa,  dû  à  M.  A.  W.  Bacot  (8),  les  obser- 
vations suivantefi,  relatives  à  la  nourriture  des  mêmes  larves  de  Stego- 
myia fasciata. 

Les  larves  se  développent  promplcment  dans  de  Feau  contenant 
en  abondance  des  matières  organiques,  telles  que  feuilles  mortes, 
blanc  d'œuf  bouilli,  riz,  insectes  morts,  etc.  Dans  l'eau  de  robinet, 
la  première  mue  ne  s'est  effectuée  qu'après  addition  de  matière  orga- 
nique. Une  quantité  insuffisante  de  nourriture  a  provoqué  une  forte 

(*)    D'après  Waterston    (208)    les   larves  d'Anophèles   bifurcatim   sont    également 
cannibales,  les  larves  complètement  développées  faisant  leur  proie  des  plus  jeunes 


63 

nioitalilé  cl  a  prolongé  la  péi-iode  larvaire  des  imlividus  survivants. 
Dans  certains  cas,  celle-ci  a  perduré  soixante-dix  jours.  Dans  des 
conditions  favorables,  par  contre,  le  développement  des  stades  pri- 
maires fut  complété  en  quatre  jours  et  des  moustiques  mâles  appa- 
rurent le  cinquième.  Des  bactéries  ont  sans  doute  été  assimilées  par 
les  larves  et  ont  peut-être  joué  un  rôle  essentiel  dans  leur  développe- 
ment. 11  n"a  pas  été  observé  de  cas  de  cannibalisme  parmi  les  larves, 
quoique  les  corps  de  celles  qui  moururent  dans  les  récipients  d'éle- 
vage  furent   dévorés  par   les  survivantes. 


Quel  est  l'aspect  des  pu=  Après  trois  mues  successives,  la  larve  de 

pes  de  moustiques  ?  moustique  complètement    développée    cesse 

do  se  nourrir  et  la  nymphe  ou  pupe  sort  par 
une  fente  de  la  face  dorsale  (voir  fig.  59).  Les  pupes  de  moustiques 
sont  presque  aussi  actives  que  les  larves  et  leur  ressemblent  d'une  façon 
générale  (voir  fig.  40).  Elles  ont  quelque  peu  la  forme  d'un  point 
d'interrogation.   Toutefois,    chez   la  pupe,    la   tête   et    le  thorax   sont 

réunis  en  une  seule  masse, 
le  céphalothorax,  qui  mon- 
tre sur  ses  faces  latérales  et 
antérieure  les  rudiments 
des  ailes,  des  pattes  et  de  la 
trompe.  Du  côté  dorsal,  se^ 
projettent  deux  cornets  ou 
tjrompettes  respiratoires, 
sem.blables  à  une  paire  de 
cornes,  qui  permettent  à  la 
pupe  de  respirer  à  la  sur- 
face de  l'eau,  tout  comme  la 
est  composé  de  neuf  articles,  est  muni  à  son 


Fig.  39.  —  Dernière  mue  d'une  larve 
3e  Culex.  Sortie  de  la  pupe  ou  nymphe.  — 
Dans  le  rectangle  en-dessous,  la  pupe 
grandeur  naturelle.  (D'apr.  R.Blanchard.) 


larve.  L'abdomen,  qui 


Fig.  40.  —  Pupes  de  Culex  et  d'Aiiopheles  fortement  agrandies.  —  Chez 
la  pupe  de  Culex,  les  trompettes  respiratoires  sont  minces  et  longues. 
Elles  sont  plus  larges  et  plus  ouvertes  chez  la  pupe  d'Anophèles.  Cette 
dernière  pupe  est  suspendue  semi-horizontalement  à  la  surface  de  l'eau, 
tandis  que  la  suspension  est  verticale  chez  la  pupe  de  Culex.  —  Voir  en- 
dessous  de  la  pupe  cV Anophèles,  une  pupe  grandeur  naturelle.  (Dessin 
reproduit  d'après  M.  L.  O.  Howard.) 


64 


segment  terminal,  d'une  paire  d'organes  transparents,  en  forme  de 
nageoires.  La  fig.  40  représente,  d'après  M.  L.  0.  Howard,  deux  pupes 
de  moustiques  fortement  agrandies.  A  gauche,  une  pupe  de  Culex 
et  à  droite  une  pupe  d'Anophcles.  Comme  on  pourra  s'en  rendre 
compte,  il  n'y  a  pas  de  grandes  différences  entre  ces  deux  formes 
de  pupes.  Toutes  deux,  au  repos,  flottent  sous  la  surface  de  l'eau, 
leurs  trompettes  respiratoires  en  contact  avec  l'air,  mais  elles  peu- 
vent également  nager  avec  rapidité,  par  un  mouvement  saccadé  de 
l'abdomen  pourvu,  à  son  extrémité,  des  deux  organes  natatoires  dont 
nous  avons  parlé  plus  haut.  Comme  l'a  signalé  Christophers,  la  posi- 
tion et  l'aspect  des  trompettes  respi- 
ratoires varient  cependant  d'après  les 
groupes  de  moustiques.  Chez  les  pu- 
pes à'Anopheles,  elles  sont  courtes, 
s'ouvrent  largement  et  sont  situées 
sur  le  milieu  de  la  partie  dorsale  du 
thorax.  Chez  les  pupes  de  Culex,  elles 
sont  placées  à  la  partie  supérieure  du 
thorax,  sont  plus  minces  et  relative- 
ment plus  longues  et  leur  ouverture 
est  quelque  peu  oblique  (*).  De  plus, 
les  pupes  d'Anophelcs  sont  suspen- 
dues plus  horizontalement  à  la  surfa- 
ce de  l'eau,  car  le  céphalothorax  est 
plus  long  et  pèse  par  conséquent  plus 
lourd  (**). 

Une  autre  figure  (fig.  41),  égale- 
ment reproduite  d'après  M.  L.  0.  Ho- 
ward, nous  montre  une  pupe  forte- 
ment agrandie  du  Slegomyia  lasciata,  le  moustique  de  la  fièvre  jaune. 
Cette  pupe  ressemble,  comme  aspect  général,  aux  précédentes.  Les 
trompettes  respiratoires  sont  courtes  et  larges  et  leur  ouverture  a 
une  forme  triangulaire. 

La  durée  de  la  période  de  nymphose  des  moustiques  varie  d'après 
l'espèce  et  aussi  d'après  la  température.  Suivant  M.  L.  0.  Howard, 
elle  est,  chez  Culex  latigans,  Wied.,  de  deux  jours  au  minimum,  et 
chez  les  Anophèles  de  trois  jours  et  plus.  Chez  Slegomyia  lasciata, 
elle  varie  d'un  à  cinq  jours  :  Mitchell  (149)  donne  un  à  cinq  jours 
et  Newsfead  deux  à   trois  jours,  à  la  température  de  23°  C. 


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Fig.  41.  —  Pupe  de  Slego- 
myia lasciata,  le  moustique 
de  la  fièvre  jaune,  fortement 
agrandie.  (D'après  Howard.) 


Comment  s'effectue  la  sor= 
tie  du  moustique  adulte? 


Après  un   nombre  variable  de  jours,    le 
moustique  adulte  sort  donc    de    son    enve- 
loppe nymphale.  Lorsque  le  moment  de  la 
sortie  est  venu,  la  pupe  devient  moins  vive  ;  elle  quitte  moins  volon- 
tiers la  surface  de  l'eau,   s'immobilise,  son  abdomen  s'étale  et  on 


{*)  En  fait,  les  différences  entre  les  trompettes  respiratoires  des  pupes  A'Ano- 
phelex  et  celles  des  pupes  de  Culex  ne  sont  pas  aussi  tranchées.  Les  vairiations  die 
forme,  dimensions  et  longueur  de  ces  organes  sont,  en  réalité,  très  nombreuses, 
d'après  les  espèces. 

(**)  Cinq  pupes  à'Anopheles  de  l'Afrique  occidentale  ont  été  décrites.  Cellee 
d'à.  cosîalis,  A.  pharoensis  et  A.  mauritianus,  par  Wesché;  celle  d'A.  funestus,  par 
Baeot,  et  celle  d'A.  marshalli,  par  A.  Ingram  et  J.  W.  Scctt  Macfie  (129). 


65 

voit  s'ouvrir  une  fente  sur  le  dos  du  thorax  émergé,  entre  les  deux 
trompettes  respiratoires.  Par  cefte  ïentc,  l'adulte  sort;  le  thorax  appa- 
raît d'abord  et  immédiatement  toute  la  coque  de  la  pupc  se  remplit 
d'air,  ce  qui  lui  donne  une  grande  stabilité  (voir  fig.  42).  Peu  après, 
sortent  la  tête,  les  pattes,  les  ailes,  puis  l'abdomen  ;  les  ailes  se  dé- 
ploient et   se   dessèchent  et  lorsqu'elles  sont  bien   étalées,    l'insecte 


Fig.  42.  —  Trois  phases  de  la  sortie  de  l'adulte  d'Anophèles  maculi- 
pennis,  fortement  agrandies.  —  En  A,  la  pupe  ou  nymphe,  vue  de  profil, 
peu  avant  la  sortie  de  l'adulte.  Dans  le  rectangle  en  dessous,  dimensions 
naturelles  de  la  pupe.  —  En  B,  début  de  la  sortie  de  l'adulte.  La  nymphe 
ou  pupe  s'est  remplie  d'air  et  constitue  une  nacelle  flottante,  qui  peut 
supporter  l'insecte.  —  En  C,  sortie  de  l'adulte  (mâle).  (D'après  E.  Brumpt.) 


s'envole.  L'opération  entière  ne  dure  que  quelques  minutes,  rare- 
ment plus  de  dix  ou  quinze.  Il  semble  qu'elle  exige  une  eau  très 
tranquille,  quoique,  d'après  M.  le  Dr  Brocher  (27),  la  chute  sur 
l'eau  du  moustique  en  train  d'éclore  n'est  pas  un  accident  fatal. 
L'insecte  flotte  sur  la  surface,  sans  que  l'eau  le  mouille,  et  dans 
cette  position,  il  achève  de  se  dégager. 


Quelle  est  la  résistance  de  Les  facteurs  qui  peuvent  influencer  le  dé- 

larves et  pupes  aux  con;      vcloppement  normal  des  larves  et  pupes  de 
ditions     défavorables    a  '  \.  .  i      i        '  j         i         j     i» 

leur  développement  ?         moustiques  sont  le  degré  de  salure  de  1  eau, 
la   dessiccation,    la   submersion,   ainsi   que 
l'action  des  températures  basses  et  élevées. 

Résistance  à  la  concentration  saline  de  l'eau.  —  Les  larves  de 
diverses  espèces  de  moustiques  sont  connues  comme  pouvant  vivre 
et  se  développer  dans  l'eau  salée  ou  saumàtre.  D'après  Dutton,  les 
larves  d'Anophèles  (Pyretophorus)  costalis  peuvent  vivre  dans  75  p.  c. 
d'eau  de  mer  ;  suivant  de  Vogel,  les  larves  d'Anophèles  vagus  n'ha- 
bitent que  les  petits  étangs  côtiers  des  Indes  néerlandaises,  conte- 
nant 25  à  30  grammes  de  sel  au  litre  ;  expérimentalement,  elles 
peuvent  vivre  dans  de  l'eau  renfermant  87.4  grammes  de  sel  par 
litre.  Les  larves  d'Anophèles  (Piiretophorus)  Chaiidoyei  ont  été  ré- 
coltées (Foley  et  Yvernault)  dans  les  mares  salées  du  Sahara,  ayant 
un  degré  de  concentration  de  40  grammes  au  litre  (*),  et  d'après 
AI,  Ed.  Sergent,  les  larves  d'Acartomyia  mariae  vivent  dans  les  creux 
de  rochers  du  littoral  méditerranéen,  où  la  proportion  de  sel  atteint 
60  grammes  au  litre.  (D'après  E.  Brumpt  [29]). 

Suivant  M.  J.  W.  Scott  Macfie  (125),  à  Accra  (Côte  d'Or),  Ochlero- 
latus  initans  se  développe  dans  de  l'eau  contenant  14  pour  mille  de 
chlore,  Culex  fatigans  dans  de  l'eau  en  contenant  16  pour  mille  et 
C.  decens,  20  pour  mille  (soit  5.28  de  x\aCl.).  Des  expériences  ont 
prouvé  que  Stegomyia  fasciata,  ou  bien  refuse  de  pondre  dans  de 
l'eau  contenant  2  p.  c.  de  sel,  ou  bien  que  la  vitalité  des  œufs  qu'il 
y  dépose  est  bien  vite  anéantie. 

D'après  M.  L.  0.  Howard  (94),  des  larves  de  Stegomyia  fasciata 
ont  été  trouvées  en  vie  dans  de  l'eau  saumàtre  contenant  35  p.  c. 
d'eau  de  mer.  Avec  40  p.  c.  d'eau  de  mer,  les  larves  survivaient 
encore  et  complétaient  leur  cycle  vital  en  donnant  naissance  à  des 
imagos.  Il  a  été  prouvé  que,  dans  la  nature,  les  larves  de  ce  mous- 
tique peuvent  rester  en  vie  dans  de  l'eau  ayant  acquis,  par  le  fait 
de  l'évaporation,  une  forte  concentration  saline,  et  que  si,  dans  la 
suite,  cette  eau  est  suffisamment  diluée  par  les  pluies,  ces  larves 
peuvent  achever  leur  développement  (**). 

(*)  Suivant  M.  Langeron  (lOS)  Anophèles  turkhudi  List  (Pyretophorus  Chau- 
doyei  Théo)  se  rencontre  dans  les  oasis  du  Nord  de  l'Afrique.  Il  a  été  trouvé  en 
Algérie  et  en  Tunisie.  De  nombreuses  larves  et  nymphes  ont  été  récoltées  dams  les 
eaux  fortement  minéralisées  des  oasis  sahariens  et  lybiens.  L'eau  y  était  claire,  le 
fond  sableux   et  il  n'y  avait  aucune  trace  de  végétation. 

(**)  Les  effets  de  divers  sels  sur  les  larves  de  Culex  pipiens  ont  été  expérimentés 
par  M.  Gofferje  (77). 

Les  milieux  d'élevage  dans  lesquels  furent  placées  les  larves  étaient  constitués 
par  des  solutions  normales  de  chlorures,  nitrates  et  sulfates  de  sodium,  de  potassium, 
de  calcium  et  de  magnésium.  La  durée  moyenne  de  la  vie  de  la  larve  fut  prise  comme 
base  et  il  fut  possible  ainsi  de  diviser  les  solutions  en  «  fatales  »  (occasionnant  la 
mort  dans  les  24  heures),  "  enrayant  le  développement  »  et  «  non  activeis  ». 

Le  premier  groupe  (fatales)  comprend  toutes  les  solutions  diluées  de  moitié  et 
les  solutions  au  quart  de  nitrates  et  de  chlorures  de  potas.sium  et  de  magnésium. 

A  l'exception  du  nitrate  de  potassium,  tous  les  sels,  à  la  dilution  de  1/32  ou  1/64 
étaient  inactifs  ;  le  sel  de  cuisine  était  inactif  à  1/16.  Le  développement  des  larves  fut 
enrayé  par  les  chlorures  et  sulfates  de  sodium  et  de  potassium.  Dans  des  solutions 
de  chlorure  de  sodium  à  l'32  et  1/64,  une  larve  vécut  76  jours  ;  dans  une  solutioa  de 
chlorure  de  potassium  à  1/3-2  57  jours  ;  dans  une  solution  de  sulfate  à  1/64  37  jours  ; 
et  dans  une   solution  de  sulfate  de  potassium,  38  jours  en  moyenne. 


67 

Résislance  à  la  dessiccation  el  ù  la  submersion.  —  Le  degré  de 
résistance  des  larves  et  piipcs  à  la  dessiccation  varie  d'après  les 
espèces  et  d'après  le  climat,  f/est  ainsi  que,  d'après  M.  L,  0.  Howard 
(94),  sous  un  climat  sec,  les  larves  de  Slcgonujia  fasciala  meurent 
rapidement,  lorsque  l'eau  dans  laquelle  elles  se  trouvent  est  versée 
sur  le  sol,  tandis  que,  sous  un  chmat  humide,  elles  peuvent,  si  les 
circonstances  sont  favorables,  rester  vivre  hors  de  l'eau  pendant  un 
temps  considérable,  et  les  pupes  montrent  une  grande  résistance  à 
la  dessiccation. 

Des  expériences  faites  par  M.  Peryassu  au  Brésil  ont  montré  que, 
lorsque  des  larves  de  Stegomyia  furent  placées  sur  du  papier  filtre, 
aucune  ne  survécut  plus  de  neuf  heures.  Placées  sur  un  sol  humide, 
elles  restèrent  vivre,  suivant  le  degré  de  température  et  d'évapora- 
tion,  jusqu'à  treize  jours  et,  remises  ensuite  dans  l'eau,  se  dévelop- 
pèrent en  imagos.  Des  pupes  séchées  sur  du  papier  filtre  survé- 
curent neuf  heures,,  et  trente  minutes. 

En  ce  qui  concerne  la  résistance  à  la  submersion,  il  est  dit  dans 
le  mémoire  de  Mitchell  (149)  (Alosquito  Life,  1907),  que  Duprée  a 
découvert  que  les  jeunes  larves  de  Stegomyia  sont  remarquablement 
résistantes  à  la  vie  sous  l'eau  ;  elles  supportent  trois  heures  de  sub- 
mersion complète  el,  dans  certains  cas,  furent  rappelées  à  la  vie, 
après  être  restées  cinq  heures  sans  venir  respirer  à  la  surface  (*). 
D'autre  part,  les  larves  adultes  supportent,  pendant  une  heure  el 
demie  à  deux  heures,  une  immersion  totale  et  cette  résistance  leur 
permet  de  se  nourrir  au  fond  des  citernes  qui  ne  sont  pas  trop  pro- 
fondes et  de  rester  sans  rapport  avec  l'air  extérieur  pendant  des 
périodes  très  longues.  D'après  M.  A.  W.  Bacot  (8)  (Report  Yellow 
Fever  Commission,  1914-15),  toutefois,  les  larves  et  pupes  de- 
Stegomyia  ont  été  incapables  de  supporter,  pendant  vingt  heures, 
une   submersion  complète. 

Résistance  aux  températures  basses  et  élevées.  —  La  résistance 
des  larves  et  pupes  aux  variations  de  la  température  diffère  égale- 
ment d'après  l'esnèce.  Pour  Stegomyia  (asciata,  il  n'a  pas  été  direc- 
tement prouvé  que  les  larves  supportent  une  température  de  0°  C,, 
quoiqu'elles  aient  été  trouvées  par  temps  de  gel,  par  Francis,  à  Mobile, 
Alab.  (Etats-Unis),  vivant  dans  des  baquets  abrités,  alors  que  l'eau 
des  récipients  exposés  à  l'air  libre  était  couverte  d'une  couche  de 
glace  de  plus  d'un  centimètre  d'épaisseur.  Il  est  en  tout  cas  certain 
que  les  larves  de  Stegomyia  peuvent  supporter  des  températures  rela- 
tivement très  basses.  D'après  Bacot  (8),  les  larves  et  pupes  de  ce 
moustique,  exposées  pendant  deux  à  trois  heures  à  une  température 
d'environ  4  1/2°  C,  passent  de  la  vie  active  à  la  vie  latente,  les 
lai-ves  se  trouvant  alors  au  fond  du  récipient  et  les  pupes  restant  à 
la  surface.  Les  pupes  recouvrent  leur  activité  à  15°  0.  et  les  larves 
à  27°  C.  Quant  à  l'action  des  températures  élevées,  la  vitalité  des 
larves  de  Stegomyia  s'est  maintenue,  durant  une  exposition  à  la 
chaleur  du  soleil,  lorsque  la  température  de  l'eau  variait  entre  24° 

(*)  Comme  nous  l'avons  vu,  page  60,  ces  larves  utilisent  l'air  en  dissolution  dans 
l'eau  (respiration  branchiale  et  cutanée). 


et  40°  C.  De  l'eau  chauffée  à  46°  C.  fut  mortelle  aux  larves  et  aux 
pupes. 

Quelle  est  la  durée  totale  Dans  les  conditions  normales,  la  durée 
de  ''vUai7^dS^°stldIs  ^^^  développement  des  stades  larvaires  des 
yrvaires  des^' m'oustl!  moustiques  est  très  courte.  Par  temps 
ques?  chaud,  elle  est  en  moyenne  de  dix  à  quinze 

jours,  et  il  en  résulte  que  plusieurs  géné- 
rations de  ces  Diptères  peuvent  se  succéder  en  une  seule  saison. 
Le  rôle  essentiel  est  joué  par  la  température,  qui  retarde  on  accélère 
l'éclosion  des  œufs,  le  développement  des  larves  et  la  sortie  des 
imagos. 

Le  Dr  L.  0.  Howard  a  trouvé  qu'aux  Etats-Unis,  la  durée  mini- 
mum du  cycle  vital  de  Culcx  fatignns,  Wied,  était  de  dix  jours,  soit 
16  à  24  heures  pour  l'éclosion  des  œufs,  sept  jours  pour  la  période 
larvaire  et  deux  jours  pour  la  période  pupale.  Toutefois,  le  temps 
nécessaire  pour  le  développement  d'une  génération  est  indéfiniment 
prolongé,  si  la  température  est  froide.  Il  y  a  également  lieu  de  sup- 
poser que  la  chaleur  raccourcit  par  contre  cette  période  (*). 

Pour  les  Anophèles,  dans  des  conditions  normales,  c'est-à-dire  par 
un  temps  favorable,  les  œufs  éclosent  en  56  à  48  heures,  la  période 
larvaire  dure  de  11  à  14  jours  et  la  période  de  nymphose,  2  à  3  jours, 
de  sorte  que  l'ensemble  du  cycle  vital  prend  de  14  jours  et  demi  à 
19  jours.  Par  des  températures  défavorables,  toutefois,  cette  période 
peut  être  prolongée  jusqu'à  36  jours  et  plus. 

D'après  M.  S.  A.  Smith  (192),  la  durée  de  développement  des  larves 
à'Anopheles  piinctipennis,  Say  (Etats-Unis),  varie  entre  21  et  25  jours 
et  la  période  de  nymphose  est  d'environ  deux  jours.  D'après  M.  J. 
Zoîek  (214),  dans  la  zone  du  canal  de  Panama,  le  cycle  vital  d'Ano- 
phfles  tarsimaculatus  prend  de  7  à  9  jours.  Il  y  a  donc  de  grandes 
différences,   suivant  l'espèce  d'Anophcles  et  suivant  la   température. 

Quant  à  Stegomyia  lasciata,  le  moustique  de  la  fièvre  jaune,  les 
effets  des  diverses  températures  sur  la  durée  de  développement  des 
stades  larvaires  ont  été  étudiés  avec  précision  par  la  Commission 
américaine  à  Cuba  et  par  la  Commission  française  à  Rio  de  Janeiro, 
et  les  résultats  obtenus  par  ces  deux  commissions  sont  concordants. 
Le  cycle  vital  le  plus  court,  observé  par  Reed  et  Carroll  à  Cuba,  par 
un  temps  d'été,  fut  de  neuf  jours  et  demi,  soit  deux  jours  pour  l'in- 
cubation, six  jours  pour  la  période  larvaire  et  36  heures  pour  la 
période  de  nymphose.  Toutefois,  ceci  est,  croit-on,  exceptionnel.  Par 
une  température  d'été  moyenne,  le  temps  requis  pour  une  métamor- 
phose complète  varie  ordinairement  entre  11  et  18  jours.  Les  obser- 
vateurs français  à  Rio  de  Janeiro  ont  trouvé  que  l'époque  la  plus 
favorable  pour  un  développement  rapide  était  lorsque  les  tempéra- 
tures nocturnes  allaient  de  26°  à  27.25°  C.  et  les  températures  diurnes 

(*)  M.  A.  W.  J.  Pomeroy  (164)  établit  qu'à  Dar-es-Salam  (Afrique  orientale),  le 
cycle  vital  minimum  de  Culex  fatigans  est  de  moins  de  8  jours  (192  heures),  se  dé- 
composant comme  suit  :  éclosion  des  œufs  :  24  heures  maximum  ;  stade  larvaire  : 
120  heures  maximum  ;  stade  pupal  :  48  heures  maximum. 


(le  27.7,')  à  ôl"  C.  Ils  constatèrent  que  certaines  des  larves  de  mous- 
liques  atteignaient  le  stade  de  nymphose  sept  jours  après  l'éclosion 
ilcs  œufs,  et  l'état  adulte  le  neuvième  jour,  et  que,  généralement,  la 
jthipart  des  larves  provenant  d'une  même  ponte  produisaient  des 
imagos  environ  vers  le  dixième  jour. 

C.  —  MŒURS  DES  MOUSTIQUES  ADULTES. 

1.  —  Anophèles  ou  Moustiques  de  la  Malaria. 

Quand    piquent    les    fe=  Dans  les.  régions  inhabitées,  les  espèces 

malles  d'Anophèles?  d'Anophèles  se  nourrissent  sans  doute  du 

sang  des  mammifères  et  oiseaux,  du  suc 
des  plantes  et  des  fruits  et  probablement  aussi  du  pollen  de  certaines 
fleurs.  Plusieurs  observateurs  pensent  que  le  sang  est  la  nourriture 
normale  des  femelles  d'Anophèles  et  que  celles-ci  ne  prennent  d'autres 
aliments  que  si  elles  n'ont  pas  de  source  de  sang  à  leur  disposition. 
Il  semble  bien  que  les  Anophèles  femelles  soient  plus  avides  de  sang 
que  d'autres  moustiques  et,  fait  à  noter,  certaines  personnes  et  cer- 
tains animaux  les  attirent  plus  que  d'autres  (*). 

En  règle  générale,  les  moustiques  Anophèles  sont  de  mœurs  noc- 
turnes et  les  femelles  ne  piquent  qu'après  le  coucher  du  soleil  ;  leur 
piqûre  ne  produit  qu'une  légère  irritation.  Aux  Etats-Unis,  cepen- 
dant. Anophèles  criicians  Wied.  et  .4.  punctipeniiis  Say,  ont  été 
observés,  en  de  rares  occasions,  attaquant  en  plein  jour.  Le  fait  n'a 
pas  été  constaté  pour  A.  qitadrimonilatus,  Say.,  autre  espèce  nord- 
américaine. 

Dans  leur  remarquable  ouvrage  Mosquito  Control  in  Panouja,  paru 
en  1916.  MM.  J.-A.  Le  Prince  et  A.-.l.  Orensteiii  (117)  font  observer 
que,  durant  les  années  1904  à  1912,  aucun  cas  de  piqûre  en  plein 
jour  par  les  différentes  espèces  d' Anophèles  infestant  la  région  du 
canal  de  Panama,  n'a  été  signalé  (**).  En  1912,  toutefois,  à  Gatun, 

(*)  Suivant  M.  \V.  Marchand  (138),  il  a  été  démontré,  par  des  observations,  que 
l'instinct  de  piquer  est  surtout  guidé  chez  Anopliele^  punctipennis  par  le  th-ermotro- 
piiSme,  c'est-à-dire  l'attraction  de  la  chaleur.  Les  femelles  réagissent  plus  fortement 
que  les  mâles.  L'odeur  ne  joue  aucun  rôle  dans  l'attraction. 

(*'■)  Les  espèces  d'Anophèles  les  plus  importantes  de  l'isthme  de  Panama  sont  les 
suivantes  : 

1.  —  Anophèles  albimanus,  Wied.,  abondante,  très  malariale  et  fréquentant  beau- 
coup les  habitations  ; 

2.  —  Anophèles  tarsimaculatus,  Goeldi,  également  très  susceptiblei  d'infection  mala- 
riale ; 

3.  —  Anophèles  pseudopunctipennis,  Théo,  commune,  mais  infestant  moins  les  mai- 
sons que  les  deux  premières.  Importance  moindre  au  point  de  vue'  de  la  malaria  ; 

4.  —  Anophèles  malefactor,  D.  K.,  commune  dans  les  maisons,  pique  avec  vi- 
gueur, mais  ne  paraît  pas  propagatrice  des  fièvres  ; 

5.  —  .Anophèles  argyrotarsis,  R.  D. 

Les  autres  espèce®  d'Anophèles  :  A.  franciscanus,  Me  Crack,  A.  apieimaculata, 
D.  K.,  A.  gorgasi,  D.  K..  A.  crnzii,  D.  K.,  A.  punctimactila,  D.  K.,  A.  eiseni.  Coq., 
n'ont   pas  d'importance   pathologique. 

Pour  se  rendre  compte  de  l'abondance  relative  des  diverses  espèces  de  moustiques 
dans  l'istiime,  disons  que,  d'après  RusscJl  (173),  le  laboratoire  du  Board  of 
Health  avait  capturé  à  Panama,  durant  1916,  391,300  moustiques,  dont  242,900  Manso- 
nia  titillons,  55,365  Anophèles  albimanus,  3,813  A.  tarsimaculatus,  4  A.  argyrotarsis, 
45  A.  pseudopunctipennis,  19  A.  apicimnculata,  114  .4.  malefactor,  265  Mansonia  fas- 
ciolatus,  67  .¥.  nigricans,  2,154  Ochlerotatus  taeniorhynrhiis,  45  Aedomyia  squami- 
pennis,  3  Lutzia  allostigma.  2,068  Stegomyia  fasciata,   76,145  Culex  sp.,  etc. 

En  1919,  M.  C.  S.  Ludlow  a  signalé  comme  nouvelle  espèce  d'Anopheles  de  Pa- 
nama :   Ahopheles   niveopalpis. 


70 

ils  furent  attaqués,  en  pleine  lumière  du  soleil,  par  six  ou  huit 
femelles  d'Anophèles  tarsimaculatus  et  A.  alhimanus.  Dans  l'obscu- 
rité, la  lumière  d'une  lanterne  protège  les  parties  éclairées  du  corps, 
et  des  observateurs  se  trouvant  dans  les  rayons  directs  d'une  lampe 
a  acétylène  n'ont  pas  été  piqués.  Toutefois,  la  plus  légère  ombre, 
même  celle  projetée  par  un  doigt,  suffisait  pour  provoquer  une  atta- 
que immédiate  d'.4.  alhimanus.  Les  Anophèles  sont  plus  voraces  au 
crépuscule  et  aussitôt  après  la  tombée  de  la  nuit,  et  les  attaques 
exceptionnelles  en  plein  jour,  à  Gatun,  peuvent  probablement  s'ex- 
pliquer par  un  besoin  urgent  de  nourriture.  Quoique  des  centaines 
de  Culicines  furent  trouvés  morts  dans  les  globes  des  lampes  élec- 
triques, l'éclat  de  celles-ci  n'attira  presque  jamais  les  Anophèles  (*). 

La     lumière     artificielle  H  semble  cependant  que  la  lumière  arti- 

exerce=t=elle     une     iii=  ficielle  exerce  une  attraction  sur  les  mousti- 

fluence  sur  les  mousti=  a    i      ,     •  -,                c                     -^   • 

quggv  ques.  A  la  troisième  conférence  sanitaire 

pour  les  Indes,  tenue  à  Lucknow  en  janvier 
1914,  M.  G.  A.  Brentley  (26),  a  exposé  les  résultats  d'expériences 
faites  sur  l'attraction  que  la  lumière  des  lampes  exerce  sur  ces 
insectes.  Sa  conclusion  générale  fut  que  les  moustiques  réagissent  à 
la  lumière  émanant  de  sources  artificielles  et  que,  par  conséquent, 
celle-ci  les  attire  dans  le  voisinage  immédiat  de  l'homme.  Gette  con- 
statation explique  peut-être  le  fait  observé  par  Fry  et  d'autres  au 
Bengale,  que,  dans  certains  districts  malariés,  les  villages  entourés 
d'une  végétation  très  vigoureuse  sont  moins  atteints  que  d'autres,  ne 
possédant  qu'une  végétation  moins  dense.  De  même,  elle  confirme 
l'hypothèse  de  King,  qu'un  écran  d'arbres  intercepte  l'accès  des 
moustiques  et  de  la  malaria.  II  est  probable  que  les  bungalows  bril- 
lamment éclairés  des  Européens  attirent  souvent  au  loin  les  Ano- 
phèles, et  le  fait  ne  devra  pas  être  perdu  de  vue,  dans  la  construc- 
tion des  maisons  protégées  contre  les  moustiques,  spécialement  dans 
les  localités  reconnues  comme  malariées  (**). 

Où  se  cachent  les  Ano=  Durant  le  jour,  on  peut  trouver  les  femel- 

pheles  pendant  le  jour?  j^g  d'Anophèles  immobiles  dans  leur  atti- 
tude si  caractéristique,  le  corps  formant 
avec  la  surface  de  repos,  un  angle  de  25"  à  SS""  (***),  dans  tous  les 
coins  sombres  des  habitations,  derrière  les  rideaux,  sous  les  lits, 
sur  les  parois  des  huttes  indigènes  ou  sur  les  arbres.  Ces  moustiques 
sont  très  délicats  ;   le  vent  et  les  pluies  torrentielles   leur  sont  né- 

(*)  D'après  M.  I.  Di  Paci  (50),  Schoo  a  observé,  en  Hollande,  que  des  moustiques 
nourris  sur  des  fruits  acides  n'étaient  pas  infectés  et,  en  Italie,  Celli  a  signalé  que 
la  malaria  était  rare  dans  les  districts  où  l'on  cultivait  les  tomatee. 

(**)  M.  B.  Galli-Valerio  (72)  a  constaté  à  Vidi  (Lausanne)  que,  la  nuit,  les 
moustiques  semblent  plutôt  attirés  par  l'intensité  de  la  lumière  que  par  sa  coloration. 
D'après  les  observations  de  l'auteur,  les  adultes  de  Culex  pipiens  se  réunissaient  tou- 
jours sur  les  carreaux,  ou  vitres  les  plus  fortement  illuminés.  Pendant  le  jour,  cepen- 
dant, ils  étaient  attirés  par  les  surfaces  foncées.  Il  semble  donc  à  conseiller  d'em- 
ployer des  abat-jours  foncés  dans  les  districts  infestés  par  les  moustiques. 

(***)  L'angle  est  surtout  ouvert,  lorsque  le  moustique  s'est  posé  au  plafond,  car 
alors  la  pesanteur  agit  fortement  sur  l'abdomen,  relativement  très  lourd. 

Par  contre,  l'angle  formé  par  le  corps  de  l'insecte  est  beaucoup  plus  faible,  lors- 
que celui-ci  se  trouve  sur  une  table  ou  toute  autre  surface  horizontale. 


Yl 

fastes  et,  immédiatement  après  un  mauvais  temps,  il  est  difficile  d'en 
découvrir.  Au  Congo,  les  cases  des  indigènes  constituent  une  des  re- 
traites favorites  des  femelles  d'Anophetes.  Celles-ci  restent  cachées 
le  jour  dans  les  nombreuses  fissures  qui  se  trouvent  dans  les  toits  de 
chaume  et  on  ne  les  y  découvre  que  par  des  recherches  attentives. 

D'après  MM.  J.-A.  Le  Prince  et  A.-J.  Orenstein  précités  (117),  on 
trouve,  dans  la  zone  du  canal  de  Panama,  les  Anophèles  au  repos, 
sur  la  partie  du  tronc  des  arbres  située  à  l'abri  du  vent,  à  moins  de 
130  centimètres  au-dessus  du  sol  ;  de  même,  on  les  trouve,  réunis  en 
grand  nombre,  sur  les  écrans  de  toile  métallique  garnissant  les  fenê- 
tres et  autres  ouvertures  des  maisons,  du  côté  non  exposé  au  vent, 
alors  qu'ils  sont  absents  de  l'autre  côté  (voir  fig.  55). 

Les  crevasses  du  sol  et  les  petits  amas  de  foin  ou  d'herbe  sèche 
accumulés  dans  les  soubassements  des  maisons  surélevées,  forment 
également  un  des  refuges  favoris  des  Anophèles,  pendant  le  repos 
diurne. 

Quelle  est  la  durée  nor=  H  est  difficile  de  déterminer  expérimenta- 

TeTes'^adultis?''''  ^""^      ''^"^^"^  ^^  '^"^^^  normale  de  la  vie  des  femel- 
^      s  a  u    s.  j^g  j^  moustiques  dans  la   nature.   Leur 

longévité  dépend  d'un  grand  nombre  de 
facteurs  :  conditions  climatériques,  alimentation,  ennemis,  etc.  Sui- 
vant certains  auteurs,  la  femelle  de  moustique  meurt,  en  règle  géné- 
rale, peu  après  la  ponte.  Cependant,  d'après  Kulagin,  l'accouplement 
d'Anophèles  punclipennis,  Say,  de  l'Amérique  du  Nord,  se  produit 
en  automne  ou  rarement  après  l'hibernation,  et  les  femelles  déposent 
leurs  œufs  durant  le  printemps  et  l'été  suivant.  D'après  Duprée, 
des  spécimens  femelles  de  cette  espèce,  en  captivité  au  laboratoire, 
ont  effectué,  par  intervalles,  six  ou  sept  pontes  de  cent  à  trois  cents 
œufs. 

En  nourrissant  les  moustiques  en  captivité  à  l'aide  de  bananes 
mûres  et  de  sang,  il  a  été  possible  de  les  conserver  en  vie  durant 
deux  mois,  mais  cette  période  dépasse  de  beaucoup  la  moyenne.  Gé- 
néralement, presque  toutes  les  femelles  meurent  au  bout  de  deux 
ou  trois  semaines  et  la  longévité  des  mâles  ne  dépasse  pas  trois  ou 
quatre  jours.  M.  William  B.  llerms  (90),  se  basant  sur  une  estima- 
tion de  l'abondance  relative  des  Anophèles  dans  un  district  où  des 
mesures  sérieuses  de  destruction  ont  été  prises,  évalue  la  durée 
moyenne  de  la  vie  d'une  femelle  adulte  de  moustique,  à  trente  ou 
quarante  jours.  Ceci,  bien  entendu,  lorsque  la  température  est  favo- 
rable. 

Hibernation  et  estivation  Sous  les  climats  tempérés,  les  femelles 
d'Anophèles  fécondées  hibernent,  c'est- 
à-dire  passent  l'hiver  à  l'état  de  repos,  ce  qui  prolonge  beaucoup 
leur  longévité.  Celle-ci  peut  alors  atteindre  six  à  sept  mois.  En  au- 
tomne, ces  insectes  pénètrent  dans  les  maisons,  les  étables,  les  gran- 
ges, les  dépendances,  ou  dans  d'autres  cachettes  bien  abritées  et  y 
restent  jusqu'au  printemps.  On  les  trouve  souvent,  en  hiver,  réunis 
en  grand  nombre  dans  les  caves  des  maisons,  où  on  peut  les  tuer 


72 

par  (ics  ïiiniigalions.  L'iiitcnsilé  du  l'ruid  n"a  aucune  influence  sur  les 
moustiques  hibernants.  D'après  M.  W.  B.  Herms  (90),  les  moustiques 
Anophèles  qui  viennent  de  se  réveiller  de  leur  sommeil  hibernal,  sont 
actifs,  même  en  plein  midi,  et  piquent  avec  férocité. 

Quelques  espèces  de  moustiques,  telle  l' Anophèles  bifurcatns^ 
hibernent,  paraît-il,  à  l'état  larvaire  (*). 

D'autre  part,  sous  les  tropiques  beaucoup  d'espèces  de  moustiques 
passent  les  mois  secs  et  chauds  en  état  d'immobilité  (estivation),  soit 
à  cause  du  manque  d'eau,  soit  encore  à  cause  de  la  sécheresse  de 
l'atmosphère  et  de  l'élévation  excessive  de  la  température,  toutes  con- 
ditions défavorables  à  la  ponte  et  à  l'incubation  des  œufs.  Les  adultes 
qui  survivent  de  cette  façon  sont,  pour  la  plupart,  des  femelles. 

D'après  MM.  J.  E.  Dutton,  M.  B.  et  J.  L.  Tood,  B.  A.  M.  D.  (54). 
il  règne,  aux  extrémités  nord  et  sud  de  notre  colonie,  une  saison 
sèche  qui  dure  plusieurs  mois  et  pendant  laquelle  il  n'y  a  pas  de 
chutes  de  pluies  ;  les  milieux  favorables  à  la  reproduction  des 
moustiques  y  sont  alors  très  rares,  ou  même  n'existent  pas.  Pour- 
tant, les  adultes  peuvent  résister  longtemps  :  les  uns  sont  plongés 
dans  un  état  d'indolence  et  d'inactivité  ;  les  autres  restent  actifs. 

En  cherchant  bien,  on  peut  trouver  les  premiers  dans  les  coins 
fibscurs  des  chambres  abandonnées,  dans  les  anîractuosités  des  toits 
des  huttes  indigènes,  dans  les  encoignures  obscures  où  on  ne  vient 
pas  les  déranger.  Dans  ces  circonstances,  ce  sont  les  mâles  qui  vivent 
le  moins  longtemps.  Les  femelles  prêtes  à  pondre  ont  une  vie  plus 
longue.  Il  n'est  pas  douteux  qu'un  moustique  puisse  vivre  ainsi  de 
5  à  6  mois,  peut-être  même  davantage. 

Quelle    est   la   puissance  H    est    d'observation    courante,    que    les 

de  vol  des  Anophèles?      Anophèles  adultes  n'ont  pas  un  vol  puissant. 
Ils  ont  les  ailes  faibles  et  ont  besoin  d'her- 
bes et  de  buissons  pour  s'abriter  du  vent  (**). 

Si  l'on  constate  la  présence  d'Anophèles,  écrit  M.  W.  B.  Herms 
(90),  on  peut  être  certain  que  le  lieu  où  se  développent  leurs  larves 
n'est  pas  éloigné  ;  il  se  trouve  généralement  à  moins  de  deux  cents 

(*)  Suivant  Griffitts  T.  H.  D.  (82),  les  espèces  nord-américaines:  Anophèles  cru- 
cians  et  A.  punctipennis  passent  également  l'hiver  à  l'état  larvaire. 

(**)  En  décembre  1918,  M.  E.  Eoubaud  (175)  a  fait  une  importante  communication 
à  l'Académie  des  Scienoes  de  France,  sur  les  rythmes  physiologiques  et  le  vol  spon- 
tané, chez  VAnopheles  maculipennis. 

Le  vol  d'Anophèles  maculipennis  semble  répondre  avec  une  précision  mécanique 
à  certaines  lois.  Dans  le  laboratoire,  ce  moustique  reste  immobile,  apparemment  insen- 
sible durant  tout  le  jour,  à  de  brusques  altemative®  de  lumière  et  d'obscurité,  mais 
au  commencement  du  crépuscuile,  il  se  lance  soudainement  en  plein  vol.  Ceci  se  pro- 
duit toujours  au  même  moment  et  si  exactement  qu'il  est  possible  de  s'en  servir 
pour  régler  une  montre,  si  bieai  entendu  les  condiftions  de  lumiiosité  restent  les 
mêmes. 

La  période  de  vol,  qui  est  le  momient  dangereux  au  point  de  vue  de  la  transmis- 
sion d©  la  malaria,  ne  dépassait  jamais,  en  captivité,  les  deux  premières  heures 
d'obscurité;  pondant  le  restant  de  "la  nuit,  le  moustique  restait  immobile  et  il  ne 
montrait  aucune  velléité  de  reprendre  son  activité  à  l'aube.  Par  conséquent,  dans  les 
oon/ditions  normales,  A.  maculipennis  passe  20  à  22  heures  sur  24,  dans  un  état  de 
repos  absolu. 

En  ce  qui  concerne  la  note  musicale  caractéristique  que  les  Anophèles  émettent 
en  volant^  celle-ci,  d'après  les  observations  faites  par  M.  T.  Darling  (47),  à  Panama, 
sur  Anophèles  malefactor,  serait  associée  à  la  vibration  de  la  trompe. 


73 

nièfres.  Ces  iiiseotes  no  volonl  pas  à  plus  crun  millo.  Ccpoiulant.  s'il  va, 
entre  la  mare  d'origine  et  les  habitalions,  des  herbages  courts,  régu- 
lièrement espacés,  ceux-ci  facilitent  le  voyage  el  augmentent  le  rayon 
de  vol  des  Anophèles.  D'autre  part,  il  semble  qu'une  ceinture  d'arbres 
agisse  plus  ou  moins  comme  barrière  contre  les  moustiques. 

D'après  M.  J.-A.  Le  Prince  ol  A.-J.  Orenstein  (117),  parmi  les 
huit  espèces  d'Anophclcs  les  plus  communes  dans  la  zone  du  canal 
de  Panama,  Anophèles  albimanns  vole  habituellement  contre  une  lé- 
gère brise  et  s'éloigne  beaucoup  plus  de  ses  lieux  de  développement 
qu'yl.  pseudopunctipcnnis  ou  A.  malelactor.  Des  observations  très 
intéressantes  et  très  ingénieuses  ont  été  faites  à  Gatun.  Elles  ont 
montré  l'existence  d'un  vol  direct  d'i.  tarsimaculatus  et  d'.l.  albi- 
manus,  des  mares  d'origine  vers  les  habitations  de  Gatun.  Ce  vol 
commençait  à  la  tombée  de  la  nuit  et  durait  de  50  à  45  minutes.  Il 
y  avait  également  un  vol  de  retour,  de  Gatun  vers  les  marais,  com- 
mençant à  l'aurore  et  durant  environ  30  minutes.  Ce  vol  de  retour 
s'effectuait  à  une  plus  grande  élévation  et  était  beaucoup  plus 
rapide  (*). 

L'accouplement  se  i)roduisait  sans  doute  durant  le  vol  du  matin.  On 
trouvait  plus  de  mâles,  près  des  marais,  durant  ce  dernier  vol,  que 
durant  celui  de  la  soirée. 

Il  semble  que  dans  les  endroits  très  peuplés,  les  femelles  ûWno- 
pheles  ne  volent  pas  au  delà  de  l'endroit  le  plus  proche  où  elles  trou- 
vent à  s'alimenter.  Dans  d'autres  contrées,  où  les  lieux  habités  sont 
assez  distants  des  mares  servant  de  milieu  de  développement  aux 
moustiques,  il  est  probable  que  ces  insectes  effectuent  des  vols  de 
longue  portée.  En  tout  cas,  plus  la  femelle  d'Anophèles  doit  aller  loin 


(  *)  Pour  déterminer  le  vo!  d'aller  et  de  retour  des  moustiques,  on  a  eu  recours 
au  marquage  d'un  certain  nombre  de  spécimens,  d'après  le  procédé  de  M.  J.  Zetek. 
Des  larves  ou  plutôt  des  pupes  d'Anophèles,  furent  récoltées,  élevées,  et  les  individus 
adultes  placés  dans  des  cages,  à  l'ahri  du  soleil  et  du  vent,  puis  marqués  par  un« 
tache  faite  à  l'aide  d'une  solution  aqueuse  de  tein- 
tude  d'aniline.  Des  solutions  aqueuses  d'éosine,  de 
bleu  de  méthylène,  etc.,  furent  également  employées, 
à  raison  d'un  gramme  de  teinture  sèche  par  50  cm' 
deau.  Un  jet  très  fin  était  dirigé  sur  les  moustiques, 
à  l'aide  d'un  at<omisateur,  de  façon  à  ne  les  toucher 
que  par  quelques  fines  particules  de  liquide.  Les 
moustiques  marqués  furent  libérés  à  des  distances 
connues,  et  tous  les  moustiques  trouvés  dans  les  mai- 
sons furent  ensuite  soigneusement  récoltés.  Chaque 
spécimen  fut  traité  par  une  petite  quantité  d'une  so- 
lution dissolvant  la  teinture  des  individus  marqués 
et  permettaait  de  les  reconnaître.  Cette  solution  dis- 
solvante était  formée  de  trois  parties  d'alcool, 
trois  parties  de  glycérine  et  une  partie  de  chloro- 
forme. 

D'autre  part,  M.  B.  F.  Quimby  a  également  inventé 
un  appareil  très  ingénieux  pour  enregistrer  la  direc- 
tion du  vol  des  Anophèles.  Cet  appareil  (voir  fig.  43) 
consistait  en  quatre  plaques  de  verre,  agencées  dans 
un  châssis  de  métal  monté  sur  un  trépied.  Les  pla- 
ques étaient  placées  à  angle  droit,  de  façon  à  pou- 
voir être  dirigées  vers  les  quatre  points  cardinaux. 
Le  verre  était  enduit  d'un  mélange  de  résine  et 
d'huile  de  ricin,  transparent,  mais  capable  d'en- 
gluer  tous   les  moustiques   entrant   en   contact    avec 


Fig.  43.  —  Appareil  de 
M.  E.  F.  Quimby,  per- 
mettant d9  déterminer 
la  direction  du  vol  des 
moustiques  Anophèles. 
(D'après  J.  A.  Le  Prince 
et  A.  J.  Orenstein.) 


74 

pour  trouver  la  ration  de  sang  qui  lui  est  nécessaire,  plus  ses  chances 
de  périr  sont  grandes  (*). 

Transport  des  Anophèles  Les  Anophèles  ne  voyagent  pas  aussi  aisé- 

^ciels'^^  moyens  artifi=  ^^^^^  ^^^  ^^^  q^^  'd'autres  moustiques 
(Stegomyia),  bien  qu'on  cite  comme  exem- 
ple, leur  transport  de  Bombay  à  Trieste.  D'après  M.  A.  Raiïour  (13), 
les  navires  qui  font  le  trajet  de  la  Guyane  anglaise  à  la  Barbade  sont 
souvent  envahis  par  les  moustiques,  lorsqu'ils  quittent  Georgetown, 
mais  on  n'en  trouve  plus,  à  l'arrivée  à  Bridgetown,  le  vent  les  ayant 
sans  doute  balayés  de  toutes  les  parties  exposées  du  bateau,  tandis 
que  ceux  qui  se  tiennent  dans  la  cale  ne  paraissent  pas  capables 
de  survivre  au  roulis  pendant  36  heures  (**). 

Quant  au  transport  artificiel  par  voie  de  terre,  il  paraît  qu'à  Pa- 
nama, les  moustiques,  non  seulement  pénètrent  dans  les  trains  pour 
piquer  les  gens,  mais  encore  restent  séjourner  pendant  toute  la  durée 
de  la  nuit  dans  les  wagons  de  voyageurs,  et  ne  les  quittent  qu'au 
lever  du  soleil. 

Les  Anophèles,  se  posant  également  sur  les  vêlements,  peuvent  ainsi 
être  transportés  à  de  grandes  distances  et  même  être  introduits  dans 
les  maisons  protégées  par  de  la  toile  métallique  et  communiquer  la 
malaria  aux  personnes  qui  s'y  trouvent. 

(*)  Voici  quelques  observations  relatives  au  vol  des  Anophèles,  publiées  de  1917 
à  1920,  dans  les  revues  scientifiques  : 

D'après  M.  le  major  B.  E.  Wright  (213)  (Journ.  Boinbay  N.  H.  Soc.  janv.  1918), 
des  essaims  d' Anophèles  (Cellia)  pulcherrimus  envahirent  un  bateau  hôpital  se  trou- 
vant dans  le  Chatt-el  Arab,  à  15  1/2  milles  de  la  côte.  Aucun  réceptacle  à  larves 
n'existait  à  bord  et  durant  le  trajet  de  Bombay  au  point  d'ancrage  aucun  moustique 
n'avait  été  signalé. 

Dans  le  sud  des  Etats-Unis,  Anophèles  qnadrimaculatus  est  probablement  le 
principal  agent  de  transmission  de  la  malaria.  MM.  J.  A.  A.  Le  Prince  et  T.  H.  D. 
Griffitts  (119)  firent  en  1916  des  expériences  sur  la  portée  de  vol  de  ce  moustique, 
analogues  à  celles  faites  à  Panama  sur  A  tarsimaculatus  et  A.  albimanus.  Les 
insectes  capturés  furent  marqués  à  l'atomisateur,  avec  une  solution  aqueuse  d'éosine 
à  un  pour  cent.  Au  cours  d'un  premier  essai,  un  spécimen  marqué  fut  repris  le  troi- 
sième jour  à  environ  1,700  mètres  du  point  de  départ;  un  autre  le  quatrième  jour  à 
850  mètres  et  deux  autres  !e  sixième  jour  à  1,000  mètres.  Dans  un  second  essai,  la 
distance  de  vol  atteignit  930  mètres  dont  240  mètres  au-dessus  des  eaux  d'une  rivière. 

Durant  l'été  1918,  des  expériences  sur  la  portée  de  vol  d'Anophèles  crucians  fu- 
rent faites  par  M.  C.  W.  Metz  (145)  en  Alabama  (Etats-Unis).  Il  fut  constaté  que  le 
rayon  de  disipersion  des  A.  crucians  autour  des  mares  d'origine  pouvait  atteindre 
2,100  mètres.  Au  delà  de  cette  distance  les  Anophèles  n'étaient  plus  en  nombre  suffi- 
sant   pour  présenter  de  l'intérêt  au  point  de  vue  sanitaire. 

Enfin  M.  C.  S.  Banks  (16)  dans  le  Philippine  Jl.  of  Science,  Manila,  de  septem- 
bre 1919,  relate  des  observations  détaillées  qu'il  fit  en  mars  1919,  aux  Philippines,  STir 
les  essaims  d'Anophèles  subpictus  Grassi.  Le  6  mars,  à  18  h.  15  quelques  mâles  furent 
d'abord  observés  et  en  dix  minutes  trois  essaims  comptant  plusieurs  milliers  de 
mâles  s'étaient  formés.  Entre  18  h.  30  et  18  h  40  une  cinquantaine  de  femelles  environ 
se  joignirent  à  l'essaim  et  furent  saisies  par  des  mâles,  les  couples  volant  lentement 
mais  directement  hors  de  l'essaim.  Dix  minutes  plus  tard,  tous  les  moustiques  s'étaient 
dispersés. 

Fait  remarquable,  une  forte  brise  soufflait  à  ce  moment,  ce  qui  prouve  que  les 
Anophèles  peuvciut  maintenir  leur  position  et  voler  aisément  dans  n'importe  quelle 
direction,  par  un  vent  de  8  à  9  milles  à  l'heure, 

(**)  D'après  M.  Bousfield  (22),  il  existe  à  Khartoum  un  grand  trafic  de  steamers, 
bateaux  indigènes  et  trains,  venant  de  districts  fortement  contaminés. 

Dans  ces  dernières  années,  par  suite  du  manque  de  charbon,  les  transports  de 
bois  par  bateaux  indigènes  se  sont  également  multipliés. 

Ces  bateaux  descendent  lentement  le  Nil.  venant  de  districts  malariés.  Pendant 
qu'ils  sont  amarrés  à  la  rive,  la  nuit,  ils  sont  envahis  par  les  moustiques,  qui,  après 
s'être  nourris  sur  l'équipage  indigène,  se  ca-chent  dans  la  cargaison  et  y  restent 
tranquilles  jusqu'au  moment  du  déchargemenjt.  Ils  portent  ainsi  la  contamination 
d'un  port  fluvial  à  l'autre. 


2.  —  StEGOMYIA    FASCIATA  OU  MoUSTIQUE  DE  LA    FlÈVRE  JAUNE. 

Le  caractère  essentieilement  domestique  du  Stegomyia  lasciata  el 
son  importance  comme  propagateur  de  la  fièvre  jaune  font  que  ce 
moustique  a  été  mieux  étudié  que  tous  les  autres  et  que  sa  biologie 
est  actuellement  très  bien  connue.  Il  est  donc  intéressant  d'entrer 
dans  quelques  détails  à  son  sujet. 

Où  et  comment  se  nour=  Le  Stegomyia  est,   comme   nous   l'avons 

rissent  les  femelles  de  ^^  moustique  de  mœurs  domestiques 

Stegomyia?  .  -.i     •         •     i         •  •  •         -a,. 

qui  ne  quitte  jamais  le  voisinage  immédiat 

de  l'homme,  dont  le  sang  est  préféré  par  la  femelle  à  celui  de  n'im- 
porte quel  animal.  C'est  la  nécessité  de  se  nourrir  de  sang  humain 
et  de  s'abriter  contre  les  abaissements  de  température,  qui  retient 
la  femelle  de  Stegomyia  près  des  maisons.  Elle  attaque  silencieuse- 
ment, alors  que  les  autres  moustiques  émettent  un  bourdonnement 
ou  un  son  aigu.  Elle  s'approche  furtivement  par  derrière  et  se  retire 
à  la  moindre  alerte.  Ses  points  d'attaque  favoris  sont  les  chevilles 
et  la  face  inférieure  des  mains  et  des  poignets  des  gens  qui  sont 
assis  à  table.  Elle  est  extrêmement  prudente  et  se  cache  partout  où 
elle  le  peut,  se  réfugiant  sous  les  vêtements,  dans  les  poches,  sous  les 
pans  d'habit,  et  pénétrant  sous  les  culottes,  pour  piquer  aux  jambes. 
Dans  les  maisons,  elle  se  cache  dans  les  coins  sombres,  sous  les 
cadres  des  tableaux  et  derrière  les  têtes  de  lit  d'ancien  modèle. 

D'après  M.  L.  0.  Howard  (94),  la  femelle  de  Stegomyia  suce  le 
sang  là  où  elle  le  trouve.  En  captivité,  elle  a  été  conservée  pendant 
longtemps  en  vie,  en  la  nourrissant  de  miel  ou  d'autres  substances 
sucrées.  Elle  est  attirée  par  les  parties  du  corps  couvertes  de  trans- 
piration. Elle  pique  18  à  24  heures  après  être  sortie  de  la  pupe.  La 
femelle  vierge  pique,  mais  celle  fécondée  est  plus  avide.  Après  absorp- 
tion du  sang,  elle  est  très  paresseuse,  vole  avec  difficulté  et  cherche 
une  cachette  où  elle  peut  effectuer  sa  digestion.  Celle-ci  dure  plu- 
sieurs heures.  Cet  acte  accompli,  la  femelle  est  de  nouveau  anxieuse 
de  se  nourrir.  Normalement,  cette  espèce  opère  de  fréquentes  prises 
de  sang  et  une  femelle  a  été  observée,  piquant  12  fois  en  31  jours. 
Il  est  évident  qu'en  attaquant  un  certain  nombre  de  personnes,  ses 
chances  d'infection  par  la  fièvre  jaune  et  de  transmission  de  la  ma- 
ladie sont  fortement  accrues. 

La  femelle  de  Stegomyia  lasciata  peut  se  nourrir  du  sang  de  n'im- 
porte quel  animal  à  sang  chaud,  mais,  comme  iî  est  dit  plus  haut, 
ses  préférences  vont  au  sang  humain.  Elle  choisit  plutôt  les  hommes 
de  race  blanche,  que  ceux  de  race  noire,  et  parmi  les  blancs,  elle 
attaque  surtout  les  personnes  jeunes,  vigoureuses,  à  peau  fine  et  à 
coloration  saine.  Les  personnes  âgées  ou  anémiques  sont  moins  re- 
cherchées. Elle  suce  également  le  sang  des  oiseaux,  et  on  en  a  trans- 
porté vivantes  du  Brésil  en  Europe,  nourries  sur  des  canaris.  Ce 
moustique  a  été  également  observé  piquant  des  cadavres. 

D'après  M.  A,  W.  Bacot  (8),  la  fécondation  et  la  première  prise 
de  sang  des  femelles  adultes  se  produisent  aussitôt  que  possible  après 


76 

la  sortie  de  la  pupe.  Le  temps  sec  a  une  influence  retardalrice  sur 
l'alimentation,  tant  à  l'intérieur  des  maisons  qu'à  l'extérieur.  Il  se 
peut  que  la  sécheresse  supprime  les  émanations  odorantes,  et  qu'ainsi 
l'insecte  ne  peut  reconnaître  la  présence  de  l'hôte. 

Quand    les    femelles     de  l\    est  admis  que  la  femelle  de  Stegomyia 

Stegomyia      piquent=      h  aichement  éclose  pique  nuit  et  jour  ;  plus 

^*  tard,    elle   ne   piquerait   qu'au  coucher   du 

soleil  et  avant  son  lever,  ce  qui  fait  que  la  fièvre  jaune  ne  se  gagnerait 

que  le  soir  (*). 

L'opinion  de  M.  L.  0.  Howard  (94)  diffère  quelque  peu  à  ce  sujet  ; 
nous  la  résumons  dans  les  lignes  suivantes  :((La  femelle  du  Stegomyia 
»  lasciata  n'est  ordinairement  active  et  ne  pique  que  pendant  le  jour, 
»  quoiqu'elle  puisse  attaquer  occasionnellement  la  nuit,  dans  une 
»  chambre  éclairée.  Elle  a  un  vol  silencieux  et  se  dépose  de  préfè- 
»  rence  sur  des  corps  noirs  ou  foncés.  Elle  est  spécialement  vorace, 
»  tôt  le  matin,  vers  le  lever  du  soleil,  et  tard  dans  Taprès-midi.  En 
»  pleine  clarté  solaire,  elle  ne  pique  pas  hors  des  maisons,  mais, 
»  par  temps  couvert,  elle  attaque  à  tout  moment.  Les  lotions  der- 
»  miques  employées  la  nuit  contre  les  moustiques  ne  sont  pas  aussi 
»  efficaces  contre  le  Stegomyia  que  contre  les  autres  moustiques 
»  semi-domestiques,  tels  que  Culex  faligans  et  Anophèles,  sp.  La 
»  raison  en  est  qu'au  moment  où  la  personne  qui  s'est  ainsi  protégée 
»  est  le  plus  profondément  endormie,  c'est-à-dire  vers  les  premières 
»  heures  du  matin,  la  lotion  est  en  grande  partie  évaporée.  Or,  c'est 
»  précisément  ce  moment,  lorsque  les  premiers  rayons  du  soleil 
»  entrent  dans  la  chambre,  que  le  Stegomyia  choisit  pour  son 
»  attaque.   » 

Le  Stegomyia  fasciata  est,  sans  nul  doute,  un  des  moustiques  les 
plus  communs  à  b-ord  des  navires.  Comme  il  y  trouve  des  conditions 
favorables  :  obscurité,  chaleur,  humidité,  il  peut  y  rester  caché  pen- 
dant des  semaines,  dans  les  soutes,  chambres  de  machines,  etc., 
C'est  le  motif  pour  lequel  il  est  essentiel,  dans  les  contrées  infestées 
par  la  fièvre  jaune,  de  munir  d'écrans  de  toile  métallique  les  bateaux 
qui  font  le  trafic  sur  les  fleuves  et  rivières  et  d'insister  pour  que  les 
navires  soient  mouillés,  dans  les  ports  infestés,  à  la  plus  grande  dis- 
tance possible  de  la  côte. 

Quelle    est    la    longévité  D'après  M.  L.  0.  Howard  (94),  des  femel- 

des   Stegomyia?  j^^  adultes   de  Stegomyia  faseiata   ont  été 

conservées  en  vie,  pendant  de  longues  pério- 
des, en  les  nourrissant  de  bananes  ou  autres  fruits,  de  miel,  de  mé- 
lasse ou  autres  substances  sucrées.  Au  delà  du  quarantième  jour,  la 
mortalité  devient  grande.  Ces  femelles  survivent  toutefois  plus  long- 
temps dans  une  atmosphère  humide  que  sèche.  Guiteras,  à  Cuba, 
a  réussi  à  tenir  en  vie,  pendant  101  jours,  cinq  moustiques  femelles 

(*)  En  effet,  d'après  Marchoux  et  Simond  (139)  les  femelles  de  Stegomyia  venant 
d'éclore  piquent  Le  jour  et  la  nuit.  Plus  tard,  cependaJit,  elles  n'attaquant  plus  qu'au 
crépuscule. 


77 

adultes  infectés  de  fièvre  jaune  (*).  Cette  période  fut  même  prolongée 
jusqu'à  154  jours,  pour  un  de  ceux-ci.  Le  plus  vieux  mâle  conservé 
en  captivité  a  vécu  Tl  jours. 

Quant  au  temps  pendant  lequel  le  Slegomyia  peut  transmettre  le 
virus  de  la  fièvre  jaune,  nous  savons  déjà  que  l'incubation  de  la  ma- 
ladie dans  le  corps  du  moustique  demande  douze  jours  et  que  ce  n'est 
qu'après  cette  période  que  le  Stegoiinjia  infecté  devient  dangereux. 
Il  le  demeure  probablement  alors,  ajoute  AI.  L.  0.  Howard,  aussi 
longtemps  qu'il  est  capable  de  piquer  (plus  de  deux  mois,  d'après 
Brumpt  [29]). 

Quelle  est  l'influence  de  Le  mousticiue  de  la  fièvie  jaune  adulte 

Steiomy^?*"''    '"'    ^'       ^^^^    t"<^    P^^  .'«    ^^^'^'    ^'^^^   ^"^    "^«^^^   P«"^ 
lequel  les  épidémies  qui  sévissaient  dans  le 

Sud  des  Etats-Unis  cessaient  à  l'apparition  des  premiers  froids,  en 
novembre-décembre  (**). 

Suivant  M.  le  Dr  L.  0.  Howard  (94),  le  Stcgomyia  lusciata  est,  en 
fait,  extrêmement  sensible  aux  variations  de  la  température.  Il  montre 
la  plus  grande  activité,  lorsque  le  thermomètre  est  dans  le  voisinage 
de  28°  C.  Lorsque  la  température  s'élève  ou  s'abaisse  de  quelques 
degrés  au-dessus  ou  en-dessous  de  ce  point,  son  activité  est  forte- 
ment réduite.  Au  delà  de  39°  C,  la  chaleur  lui  est  fatale.  Lorsque 
la  température  tombe  en  dessous  de  17°  C,  le  moustique  devient  lent 
et  paresseux  et  ne  cherche  plus  à  se  nourrir.  De  12°  à  14°  C,  il 
s'engourdit,  vole  avec  difficulté  et  vacille  sur  ses  pattes.  Il  meurt  rapi- 
dement, lorsque  la  température  descend  à  0°  C.  Exposé,  pendant  une 
courte  période,  à  une  température  de  9.5°  à  10°  C,  et  placé  ensuite 
dans  une  chambre  chaude,  il  revient  à  la  vie,  mais  meurt  si  une 
température  de  4°  C.  est  maintenue  pendant  plus  d'une  heure.  Il 
peut  être  conservé  en  vie  pendant  quelque  temps,  à  des  températures 
allant  de  7°  à  9°  C.  (***). 

(*)  D'après  Fielding  (65),  (expériences  précitées  faites  en  Australie),  la  durée 
de  la  vie  des  adultes  de  Stegomyia  faf^ciata  varie  fortement  avec  l'alimentation. 
Pour  les  individus  non  nourris,  7  jours  constituent  un  maximum;  ce  dernier  atteint 
93  jours  pour  ceux  qui  reçoivent  en  suffisance  du  sang  et  des  bananes. 

Aucune  ponte  ne  se  pro<lui.';it  chez  les  femelLes  recevant  une  autre  nourriture  que 
du  sang,  sauf  dans  le  cas  où  ce  dernier  était  remplacé  par  de  la  peptone  et  du  sucre. 

(")  D'après  M.  P.  C.  Flu.  ((icnccsk.  Tijdschrift,  Ned.  Indië,  n"  5,  1920)  (68),  des 
essais  ont  été  faits  dans  Les  chambres  frigorifiques  d'un  steamer.  Une  température 
un  peu  inférieure  à  0'  tue  Stegomyia  fasciata  en  24  heures.  Le  même  résultat  s'ob- 
tient dans  une  chambre  où  !a  température  ne  s'élève  pas  au-dessus  de  6'  C.  A  une 
température  oscillant  entre  7  et  10°  C,  le  moustique  s'engourdit  très  vite,  mais  ne 
meurt   qu'au  bout  de  4  jours. 

D'autre  part,  M.  J.  W.  Scott  Macfie  (132),  dans  les  Ann.  Trop.  Med.  and  Parasit, 
de  Liverpool,  du  30  juin,  1920,  dit  qu'il  résulte  d'expériences  que  c'est  :ia  stade  d"œuf 
que  la  résistance  du  Stegomyia  fasciata  à  des  expositions  soudaines,  pendant  6  mi- 
nutes, à  des  températures  élevées,  est  la  plus  grande  ;  elle  est  un  peu  moindre  au 
stade  nymphal  et  minimum  aux  stades  larvaire  et  adulte.  De  plus,  les  effets  de  la 
chaleur  variaient  grandement  suivant  le  mode  d'application,  le  temps  employé  pour 
atteindre  la  température  expérimentée  et  la  durée  pendant  laquelle  celle-ci  était 
maintenue.  Dans  une  atmosphère  sèche,  les  moustiques  adultes  semblaient  plus  sen- 
sibleis  à  l'action  de  températures  élevées. 

(**'■)  Suivant  Le  rapport  de  la  commission  française  de  Rio-de-Janeiro  (Brésil), 
entre  29°  et  35  C,  le  Stegomyia  pique  à  toute  heure  de  la  journée  et  surtout  à  partir 
de  11  heures  du  matin  ;  entre  19  et  25°,  il  pique  peu  et  refuse  de  piquer  entre  14° 
et  18°  C.  Par  des  température?  de  30",  il  pique  avec  acharnement  et,  après  s'être  repu, 
fait  sa  digestion,  qui  dure  soixante  heures  ! 


78 

Quelle    est   la    puissance  Le  Stegomvia  îasciala  a  un  vol  très  puis- 

du  vol  du  Stegomyia?  ^^^^^  j^gjg  g^g  ^^^^^^  domestiques  font  qu'il 
ne  se  transporte  pas  très  loin  en  une  fois  et 
qu'il  est  rarement  trouvé  en  dehors  des  habitations.  Il  vole  plutôt  par 
étapes  et  ses  déplacements  sont  facilités  par  le  couvert  des  arbres 
ou  par  une  longue  rangée  d'habitations  ou  de  huttes.  Il  peut  ainsi 
passer  d'un  point  à  un  autre,  tout  en  étant  abrité  du  vent  et  de  la 
pluie.  Ce  moustique  ne  vole  pas  très  haut  et  se  rencontre  principale- 
ment aux  étages  inférieurs  des  habitations.  L'effet  des  forts  courants 
d'air  sur  cette  espèce  est  encore  très  discuté.  D'après  certains  obser- 
vateurs, ceux  que  produit  un  ventilateur  mécanique  sont  sans  action 
sur  le  vol  du  Stegomyia,  tandis  que,  d'après  d'autres,  on  ne  trouve 

jai>i:iis   (■■■   ;^.|ll!^,'       '         ' 

Il  existe  une  relation  entre  le  rayon  de  vol  du  Stegomyia  lasciata 
et  la'  distance  de  la  côte  à  laquelle  les  vaisseaux  doivent  être  ancrés 
dans  les  ports  infestés  de  fièvre  jaune.  Toutefois,  lorsqu'un  navire 
est  ancré  à  une  certaine  distance  de  la  côte,  il  est  difficile  de  déter- 
miner si  les  Stegomyia  trouvés  à  bord  s'y  sont  transportés  par  leurs 
propres  moyens,  ou  s'ils  ont  été  introduits  par  les  personnes  venues 
du  port,  pour  visiter  le  navire.  Dans  ce  dernier  cas.  ils  peuvent  s'être 
réfugiés  sous  le  col  des  habits  ou  s'être  cachés  dans  d'autres  parties 
des  vêtements.  Il  est  à  peu  près  certain  que  des  vaisseaux  mouillés 
à  plus  de  800  mètres  de  la  côte  ne  peuvent  être  visités  par  des  mous- 
tiques de  la  fièvre  jaune  venus  par  la  voie  des  airs. 

Quelles    sont    les    condi-  Chez  le  Stegomyia,  l'accouplement  se  pro- 

tions  de  l'accouplement      ^^-^  ordinairement  durant  le  vol,  quoique 

et  de  la  ponte  chez  le  c  •     i     c        n  ,  i 

Stegomyia?  — Influence      pariois  la  icmeile  se  pose  avant  que  la  copu- 

de    l'alimentation     sur      lation  ne  soit  terminée.  L'acte  ne  demande 

la  ponte,  qu'une  fraction  de  minute.  La  température 

a     une     grande     influence     sur     l'activité 

sexuelle.  En  dessous  de  20°  C,  l'accouplement  s'opère  rarement.  Le 

même  mâle  peut  avoir  de  fréquents  rapports  avec  diverses  femelles, 

et  ceci  à  intervalles  rapprochés. 

Il  semble  certain,  dit  Al.  L.  0.  Howard,  que  le  développement  des 
œufs  chez  la  femelle  du  Stegomyia  ne  peut  se  produire  que  lorsque 
celle-ci  est  gorgée  de  sang.  La  ponte  s'opère  quelques  jours  après  la 
prise  de  nourriture.  Si  une  femelle  fécondée  est  nourrie  de  substances 
sucrées,  les  œufs  ne  se  développent  pas,  mais  si,  après  15  ou  20  jours 
de  ce  régime,  elle  reçoit  une  ration  de  sang,  les  œufs  se  forment  aussi- 
tôt. L'alimentation  sanguine  hàle  le  développement  des  œufs,  mais 
raccourcit  la  vie  du  moustique  ;  une  ration  de  miel,  d'autre  part, 
empêche  la  formation  des  œufs  et  prolonge  sa  vie.  Le  plus  court 
intervalle  entre  la  prise  de  sang  et  la  ponte,  paraît  être  de  deux 
jours,  et  le  plus  long  de  sept  (*). 

(*)  D'après  S.  K.  Sen  (185),  (Agric.  Jl.  India,  Pusa,  octobre  1918),  des  expériences 
ont  permis  de  formuler  les  conclusions  suivantes  : 

1.  La  cliakur,  tout  en  engagieant  les  moustiques  à  piquer,  ne  les  jwusse  pas  à 
sucer  ; 

2.  La  teneur  du  sang  en  sels  et  en  sucre  n'est  pas  ce  qui  engage  les  moustiques 
à  sucer  ; 

3.  Le  sang  de  chièvre  n'attire  pas  les  moustiques. 

L'hypothèse  que  le  sang  est  nécessaire  à  la  production  des  œufs  est  contredite  par 


79 

Voici  ce  qu'écrit  M.  A.  W.  Bacot  (8)  précité  (Ycllow  Fcver  Com- 
mission, West  Alrica,  1914-1915).  à  propos  de  l'influence  de  l'ali- 
mentation sur  la  ponte,  chez  les  femelles  de  Slegomyia  (asciala  : 

L'accouplement  et  la  première  prise  de  sang  se  produisent  chez  les 
femelles  adultes,  aussitôt  que  possible  après  la  sortie  de  la  pupe. 
Le  dépôt  d'œufs  fécondés,  après  la  première  ration  de  sang,  ne  se 
fait  que  s'il  y  a  de  l'eau  ou  des  surfaces  humides  à  portée  de  la  fe- 
melle. Des  femelles  vigoureuses  se  nourrissent  24  heures  après  la 
ponte,  et  à  nouveau  le  jour  suivant.  Les  chèvres,  chiens  et  rats  con- 
stituent une  bonne  source  de  sang.  A  deux  reprises,  des  œufs  isolés 
furent  déposés  par  des  femelles  nourries  respectivement  d'un  mélange 
de  sang  et  de  miel  et  de  sang  et  de  sirop.  Sans  alimentation,  le  stade 
adulte  dure  six  à  huit  jours,  douze  au  maximum.  L'humidité  favorise 
davantage  la  prolongation  de  ce  stade  que  la  sécheresse  ou  l'alimen- 
tation de  sang.  Par  temps  défavorable  à  la  ponte,  la  durée  moyenne 
de  vie  de  la  femelle  adulte  s'est  prolongée  jusqu'à  51  jours,  avec 
74  jours  comme  limite  extrême.  Des  expériences  faites  en  vue  de 
provoquer  la  ponte  sans  prise  de  sang  préalable,  donnèrent  des  ré- 
sultats négatifs.  Dans  un  cas,  une  femelle  ayant  vécu  sans  pondre 
pendant  56  jours,  sur  du  miel  et  du  blanc  d'œuf,  reçut  ensuite  trois 
rations  de  sang  et  déposa  des  œufs  fertiles,  quatre  jours  après  la  pre- 
mière. La  période  maximum  pendant  laquelle  les  spermatozoïdes  res- 
tèrent actifs  fut  de  62  jours  ;  la  femelle  en  question  pondit  encore 
plusieurs  fois  des  œufs  après  ce  laps  de  temps,  mais  ceux-ci  furent 
stériles.  Un  mâle  a  fertilisé  dix  femelles  sur  vingt  et  une,  mais  cea 
femelles  ne  pondirent  que  peu  d'œufs.  Ce  fait  peut  être  dû  à  une 
alimentation  insuffisante  pendant  la  période  larvaire.  La  sécheresse 
de  l'air  a  surtout  été  fatale  aux  adultes. 

Enfin,  dans  les  observations  de  M.  J.  W.  Scott  Macîie  (125),  en 
Afrique  occidentale  (1915).  nous  relevons  ce  qui  suit  sur  le  même 
sujet  : 

Des  adultes  de  Slegomyia,  récemment  éclos,  furent  tenus  en  capti- 
vité dans  des  récipients  de  verre  contenant  au  fond  un  peu  d'eau. 
Du  sang  humain  leur  l'ut  fourni  journellement.  Les  mâles  vécurent 
au  maximum  28  jours  et  les  femelles  62  jours.  La  première  prise 
de  sang  fut  faite  par  la  femelle  le  deuxième  ou  le  troisième  jour 
après  la  sortie  de  la  pupe.  Il  y  eut  d'abord  fécondation,  puis  prise 
de  sang,  puis  ponte.  Les  œufs  furent  pondus  le  sixième  ou  le  septième 
jour,  et,  régulièrement,  la  femelle  se  gorgeait  de  sang,  aussitôt  après 
chaque  ponte.  Ces  dernières  se  succédèrent  à  des  intervalles  de  trois 
ou  quatre  jours,  pendant  toute  la  vie,  le  nombre  d'œufs  déposés  lors 
de  chaque  ponte  variant  dans  de  fortes  proportions.  Une  femelle 
non  fécondée  conserva  son  pouvoir  reproducteur  pendant  43  jours, 
et  il  a  été  démontré  par  Goeldi,  que  des  œufs  fertilisés  peuvent  être 

le  fait  qu«  des  femelles  fraîchement  écloses  de  Stegomyia  albopicta  ont  pondu  après 
avoir  été  nourries  de  lait  et  de  peptone,  édulcoré  par  du  sucre  de  canne  ou  même 
de  sucre  de  canne  seul. 

Il  est  probable  que  l'odeur  des  aliments  joue  un  rôle  important  dans  1  attraction 
des  insectes.  En  ce  qui  concerne  les  moustiques,  cette  odeur  est  probablement  celle  de 
la  sécrétion  sébacée. 


retenus  pendant  102  jours  dans  Fabdonieii  d'une  femelle  à  jeun. 
Une  température  de  57°  C.  semble  raccourcir  la  vie  de  la  femelle  du 
Stegotnyia  lasciata,  diminuer  son  avidité  pour  le  sang  et  annihiler 
sa  fécondité.  Finalement,  des  expériences  d'élevage  ont  montré  que 
des  Stegomyia  adultes  provenant  d'une  même  ponte,  peuvent  se  fé- 
conder et  se  reproduire  entre  eux. 

Transport  du   moustique  L^s  Stegomyia  peuvent  souvent  être  trans- 

de  la  fièvre  Jaune  par  ^.g    ^    j^   grandes   distances,    par    des 

les  moyens  artinciels.  '  ,■<••■, 

moyens  artiliciels. 

C'est  ainsi  que  ces  moustiques,  introduits  à  bord  des  bateaux  par 
les  vents  de  terre  ou  à  l'occasion  de  l'embarquement  des  marchan- 
dises diverses  (*),  peuvent  être  transportés  en  des  ports  très  éloignés. 
On  a  trouvé  des  Stegomyia  à  New-York,  sur  des  navires  venant  de 
Vera-Cruz,  et  les  épidémies  de  fièvre  jaune  qui  se  sont  produites 
autrefois  à  Philadelphie  et  dans  d'autres  villes  du  Nord  des  Etats-Unis 
sont  imputées  au  transport  par  les  navires  des  Stegomyia  infectés. 

Les  wagons  de  chemins  de  fer  servent  également  à  la  dissémina- 
tion des  moustiques,  qu'ils  transportent  souvent  en  grand  nombre. 
Au  Mexique,  l'aire  d'action  du  Stegomyia  fasciata  fut  étendue  de  la 
côte  (Vera-Cruz)  vers  l'intérieur  (Cordoba,  puis  Orizaba),  par  la  voie 
ferrée  et,  presque  chaque  été,  aux  Etats-Unis,  ce  mousliniie  est  trans- 
porté par  trains,  de  la  Nouvelle-Orléans,  Mobile  et  autres  villes  du 
Sud,  jusqu'à  AVashington.  Baltimore  et  New-York. 


(*)  Les  moustiques  provenant  d'une  ville  infestée  de  fièvre  jaune  sont  descendus 
Jans  les  soutes  àes  navires,  avec  les  fruits  le  sucre  et  les  divers  produits  d'expor- 
t«ition. 

Arrivées  à  destination,  ces  marchandises  sont  déchargées;  les  moustiques,  à 
ieûn  depuis  longtemps  et  vivant  dans  l'atmosphère  chaude  et  humide  des  bateaux 
à  vapeur  s'empressent  de  piquer  et  de  transmettre  le  virus  de  la  fièvre  jaune,  qu'ils 
peuvent  conserver  plus  de  deux  mois.    (D'après  E.  Brumpt   (29). 


CHAPITRE  III 

MOYENS  DE  PROTECTION  ET  DE  LUTTE 

CONTRE  LES  MOUSTIQUES. 


Les  conuaissancos  précises  acquises  actuellement  sur  l'évolution  et 
les  mœurs  des  moustiques,  ainsi  que  sur  la  manière  dont  ils  trans- 
mettent la  malaria  et  d'autres  maladies,  ont  eu  comme  heureux  ré- 
sultat la  découverte  d'un  grand  nombre  de  moyens  efficaces  de  lutte 
contre  ces  terribles  Diptères. 

Parmi  ces  moyens,  les  uns  visent  simplement  à  empêcher  la  piqûre 
des  moustiques  et  à  éviter  ainsi  la  transmission  des  maladies.  Ils 
n'éteignent  pas  les  foyers  du  mal,  mais  enrayent  leur  extension. 

Les  autres,  d'une  portée  plus  générale,  ont  pour  but  la  destruction 
des  moustiques  eux-mêmes  :  adultes. et  larves.  Grâce  à  eux,  une  région 
infestée  par  la  malaria  peut  devenir  salubre  et  être  désormais  à  l'abri 
de  la  contagion. 

Les  moyens  de  protéger  les  personnes  contre  la  piqûre  des  mous- 
tiques femelles  sont  des  moyens  mécaniques,  tels  que  l'emploi  de 
lotions,  l'utilisation  de  moustiquaires  et  d'écrans  de  toile  métalli- 
que, etc.  Pour  être  vraiment  efficaces,  ces  moyens  doivent  marcher 
de  pair  avec  les  mesures  prophylactiques  tendant  à  rendre  la  piqûre 
des  moustiques  inoffensive,  par  la  suppression  des  sources  d'infec- 
tion. Ces  dernières  mesures  —  qui  sont  entièrement  du  domaine  de 
la  médecine  —  consistent,  pour  la  malaria,  dans  le  traitement  systé- 
matique par  la  quinine  des  habitants  des  régions  contaminées,  jus- 
qu'à ce  que  la  maladie  s'éteigne  d'elle-même." 

En  Italie,  les  procédés  de  protection  contre  les  piqûres  ont  fait 
baisser  le  taux  de  la  malaria  de  65-70  à  14  pour  cent,  et  l'adoption 
subséquente  de  la  médication  à  la  quinine  a  permis  de  réduire  ce 
dernier  taux  à  4  pour  cent. 

Les  moyens  de  destruction  des  moustiques  s'attaquent  aux  insectes 
adultes  et  aux  larves.  Supprimer  les  adultes  par  fumigation,  asper- 
sion, capture,  etc.,  est  certes  une  mesure  très  utile,  mais  d'une  portée 
assez  restreinte  ;  la  vraie  méthode,  celle  qui  atteint  le  mal  dans  sa 
racine,  consiste  à  détruire  les  larves  et  pupes  des  moustiques,  en 
supprimant,  en  rendant  inhabitables  ou  en  empoisonnant  les  agglo- 
mérations d'eau  qui  leur  servent  de  milieu  de  développement.  La 
destruction  des  larves  a  donné  des  résultats  excellents  dans  diverses 
contrées  tropicales  et  subtropicales  et  a  abouti  à  une  modification  des 
plus  heureuses  de  leur  état  sanitaire. 


82 

Avant  de  passer  à  l'étude  défaillée  des  diverses  catégories  de  me- 
sures préventives  et  curatives  proposées  contre  les  moustiques,  nous 
attirons  l'attention  des  coloniaux  sur  le  fait  que  l'application  pra- 
tique de  ces  mesures  dépend  des  circonstances  locales.  Certains 
moyens  sont  d'une  efficacité  parfaite,  mais  leur  exécution  entraîne 
des  dépenses  initiales  assez  élevées.  D'autres  n'aboutissent  qu'à  des 
résultats  partiels  mais  sont,  par  contre,  faciles  à  employer  et  yeu 
coûteux.  Qu'on  commence  par  ces  derniers  ;  le  bien  qui  en  résultera 
fera  mieux  comprendre  la'  nécessité  de  mesures  plus  générales,  à 
exécuter  en  commun  ou  qui  demandent  l'intervention  des  organismes 
officiels. 

Une  chose  paraît  certaine,  c'est  qu'au  Congo  belge,  l'état  actuel 
des  connaissances  sur  les  moustiques  est  encore  trop  peu  avancé 
pour  pouvoir  faire  des  distinctions  parmi  ces  insectes.  Pour  aboutir 
à  un  résultat  pratique,  il  laut  donc  détruire  indistinctement  tous  les 
moustiques,  tant  ceux  qui  hantent  les  habitations  et  se  propagent 
dans  le  voisinage  immédiat  de  l'homme  (Culex,  Stegomyia),  que  ceux 
dont  les  larves  se  développent  dans  les  mares  et  autres  masses  natu- 
relles d'eau  (Anophèles).  Si  tous  les  moustiques  ne  sont  pa's  dange- 
reux, au  point  de  vue  de  la  transmission  des  maladies,  leur  soif 
de  sang  en  fait  toujours  des  êtres  éminemment  incommodes,  rendant 
le  séjour  sous  les  tropiques  anémiant  et  diminuant  la  capacité  de 
travail  de  ceux  qui  ont  à  souffrir  de  leurs  attaques. 

A.  —  MOYENS  DE  PROTECTION  CONTRE  LA  PIQURE 
DES  MOUSTIQUES. 

Choix  d'une  localité  non         Pour  ise  protéger  contre  la  malaria,   le 
infectée.  meilleur  moyen  consiste  évidemment  à  s'é- 

tablir dans  ue  localité  saine,  où  personne 
n'est  atteint  de  la  maladie  et  qui  n'est  pas  visitée  par  les  moustiques 
propagateurs. 

Dans  les  régions  malariées,  les  habitations  seront  édifiées  si  pos- 
sible à  plus  d'un  kilomètre  de  marais,  terrains  irrigués,  mares,  ri- 
vières ou  cours  d'eau,  susceptibles  de  servir  de  milieu  de  développe- 
ment aux  larves  d'Anophèles.  Les  populations  seront  ainsi  hors  de 
portée  des  moustiques  et  la  contamination  ne  pourra  se  produire. 

Les  établissements  habités  par  les  blancs  devront  également  être 
placés  à  bonne  distance  des  agglomérations  ou  baraquements  indi- 
gènes. Comme  nous  le  verrons  plus  loin,  page  106,  les  noirs  et  sur- 
tout leurs  enfants  constituent  de  vrais  réservoirs  d'infection,  et  les 
Anophèles  ont  vite  fait  de  communiquer  le  germe  de  la  malaria  aux 
Européens  qui  vivent  dans  leur  voisinage. 

Substances  qui  éloignent  les  moustiques  [Culicifuges] 

Emploi  de  lotions  empê=  L'alcool  camphré,  frotté  sur  la  figure  et 

chant    la    piqûre    des      jgg  ^lains,  ou  quelques  gouttes  de  ce  liquide 

moustiques.  ,         ,'         1       ^         i»        n  -i    •  » 

versées,  le    soir,    sur   1  oreiller,    éloignent 

pendant  un  certain    temps    les    moustiques.  L'huile   de  pennyroyal 


(pouliot)  a  les  mêmes  propriétés  répulsives,  mais  aucune  de  ces  deux 
substances  n'a  une  évaporalion  assez  lente  pour  agir  pendant  toute 
la  nuit.  L'huile  de  menthe,  le  jus  do  citron  et  le  vinaigre  ont  été  éga- 
lement recommandés,  et  l'huile  de  goudron  a  été  utilisée  dans  des 
régions  où  les  moustiques  sont  spécialement  abondants.  L'huile  de 
citronnelle  est  un  excellent  agent  répulsif,  qui  éloigne  les  moustiques 
plusieurs  heures  durant,  mais  son  odeur  n'est  pas  aisément  suppor- 
tée par  toutes  les  personnes  (*).  Le  mélange  suivant  est  recommandé 
par  le  M.  le  Dr  L.  0.  Howard  (92),  qui  en  a  reçu  la  formule  de 
M.  C.  A.  Nash,  de  New-York  : 


Huile  de  citronnelle l  once,  soit  28  gr.       , 

Alcool  camphré 1         »         28  » 

Huile  de  cèdre 1/2     »         14  » 

Il  suffit  d'habitude,  pour  éloigner  les  moustiques  ordinaires  des 
maisons,  de  verser  quelques  gouttes  de  ce  mélange  sur  un  essuie- 
mains  éponge  suspendu  à  la  tête  du  lit.  Lorsque  ces  insectes  sont 
très  abondants  et  attaquent  avec  persistance,  on  s'en  enduira  légère- 
ment, avant  de  s'endormir,  la  figure  et  les  mains.  Ce  mélange  perd 
toutefois  de  son  efficacité  à  la  fin  d'une  longue  nuit.  A  l'aube,  lors- 
que le  sommeil  est  le  plus  profond  et  que  le  Stegormjia  lasciala  ou 
moustique  de  la  fièvre  jaune,  commence  à  piquer,  il  s'est, assez  éva- 
poré pour  avoir  perdu  une  grande  partie  de  sa  vertu  culicifuge.  II  ne 
peut  donc  servir  à  éloigner  ce  moustique,  à  moins  qu'on  ne  s'éveille 
en  temps  pour  en  faire  une  nouvelle  application. 

(*)  MM.  A.  Ba«ot  et  G.  Talbot  (10),  ont  expérimenté  pour  le  War  Office,  l'effi- 
cacité comparée  de  certains  culicifuges,  dans  les  conditions  de  laboratoire  (Pariso- 
tology,    Cambridge,  fév.  1919). 

Le  moustique  employé  pour  les  essais  fut  le  Stegomyia  fasciata. 

Douze  des  préparations  expérimentées  étaient  à  base  de  cire,  3  étaient  de  nature 
grasse,  3  liquides  et  3  sous  forme  de  savons. 

Il  fut  trouvé  que  les  substances  grasses  ou  les  savons  étaient  d'une  application 
plus  aisée  et  plus  économique,  mais  que  celles  à  base  de  cire  avaient,  par  contre,  une 
action  plus  persistante.  Les  liquides,  spécialement  ceux  très  volatils,  étaient  d'un 
emploi  difficile  et  les  savons  durs  s'appliquaient  le  mieux  en  mouillant  d'abord  la 
peau. 

Un  culicifuge  idéal  doit  : 

1°  S'étendre  aisément,  de  façon  à  être  rapidement  et  facilement  appliqué  sur  les 
parties  du  corps  à  protéger  ; 

2°  Etre  d'une  consista,nce  telle  qu'il  adhère  énergiquement  à  la  peau  ; 

3°  Eetardcr  la  volatilisation   des  principes  actifs  qu'il  renferme. 

Les  goûts  individuels  des  personnes,  en  ce  qui  regarde  les  odeurs,  sont  si  diffé- 
rents et  la  répulsion  pour  certaines  d'entre  elles  si  intense,  qu'il  est  difficile  de  dé- 
terminer d'une  manière  générale,  parmi  un  certain  nombre  de  préparations  de  même 
■valeur  protectrice,  la  plus  recommandable. 

Dans  la  première  série  d'essais,  huit  préparations  sur  ving-deux  donnèrent  des 
résultats  satisfaisants.  Les  substances  actives  étaient  :  huile  do  casse  et  camphre  ; 
huile  de  casse  et  menthe  ;  huile  d'eucalyptus  et  citronnelle  avec  acide  phénique  ; 
naphtaline  brute  (fours  à  coke)  et  camphre  ;  parasitox  brut  et  huile  légère  de  bois  ; 
huile  de  térébenthine  ;  composé  culicifuge  de  Lawson.  Aucune  de  ces  préparations, 
essayées  plus  do  2  heures,  ne  donna  une  protection  complète  ;  celles  relativement 
les  plus  efficaces  étaient  l'huile  de  casse  avec  camphre,  l'huile  de  térébenthine.  l'huile 
de  casse  avec  menthe,  l'huile  légère  de  bois  et  le  naphtaline  brute  avec  camphre. 
Des  observations  sur  la  manière  de  se  comporter  des  mouEtiques  durant  les  essais 
semblent  prouver  que  la  protection  n'est  pas  due  a  la  répulsion  des  insectes  pour  les 
culicifuges,  mais  au  fait  que  ces  substances  masquent  l'odeur  humaine. 


84 

M.  E.  II.  Gane,  de  New-Yoï'k.  recommande  la  formule  ri-dessous  : 

Huile  de  ricin 1  once,  soit  28  m\ 

Alcool 1         »         28  ^) 

Huile  de  lavande 1         »         28  » 

Ce  mélange  a  été  préparé  en  vue  d'éviter  l'odeur  de  l'huile  de  citron- 
nelle. 

Une  autre  formule  est  due  à  M.  Oscar  Samoslz,  d'Austin  (Texas)  : 

Huile  de  citronnelle 1  once,  soit  28  gr. 

Vaseline  liquide 4         »       112  « 

Ce  mélange  ralentit  fortement  l'évaporation  de  riiuile  de  citron- 
nelle. M.  B.  A.  Reynolds  a  employé,  avec  succès,  à  la  \ouvelle~ 
Orléans,  un  mélange  de  vingt  gouttes  d'huile  de  citronnelle  par  once 
(28  gr.)  de  vaseline. 

—  Le  British  Muséum  (Natural  History),  dans  ses  affiches  de  vulga- 
risation :  The  Mosquilo  Danger^  mentionne  également  les  prépara- 
tions  suivantes  : 

I. —  Eucarcit,  composée  de  2  onces  (56  gr.)  d'huile  d'eucalyptus, 
•4  gouttes  de  solution  alcoolique  saturée  d'acide  phénique  et  2  onces 
(56  gr.)  d'huile  de  citronnelle.  Mélanger  intimement  les  trois  liquides. 
Agiter  avant  usage.  Quelques  gouttes  seront  étendues  sur  les  mains, 
la  figure  et  le  cou,  avant  de  se  mettre  au  lit  ; 

II.  —  Préparation  recommandée  par  M.  le  professeur  F.  M.  Howlett  : 
une  once  (28  gr.)  d'huile  de  casse  ;  deux  onces  (56  gr.)  d'huile  brune 
de  camphre  ;  trois  onces  (84  gr.)  de  vaseline,  de  lanoline  ou  d'huile 
à  salade  (olive  ou  arachide).  Bien  mélanger  et  frotter  une  petite  quan- 
tité sur  la  peau,  avant  la  tombée  de  la  nuit  (*)  ; 

III.  —  Divers  produits  spéciaux  :  Paraquit  (en  lubes)  ;  Amerind 
(en  tubes)  et  Parasitox  (en  bâtons)  ; 

IV.  —  Une  once  (28  gr.)  d'huile  de  menthe  ;  deux  onces  (56  gr.) 
de  vaseline  ou  d'alcool  et  une  once  (28  gr.)  d'huile  de  casse. 

D'après  M.  F.  W.  Edwards,  B.  A.  assistant  au  Département  d'Ento- 
mologie du  British  Muséum  (Natural  History)  (61),  quelques* autres 
formules  ont  aussi  donné  de  bons  résultats  : 

I.  —  Huile  essentielle  d'oranges  :  50  gr.  ;  alcool  camphré  :  30  gr.  ; 
'huile  de  cèdre  :  15  gr. 

II.  —  Huile  de  ricin,  alcool  et  huile  de  lavande,  en  parties  égales  ; 

III.  —  Huile  essentielle  d'oranges,  50  gr.  ;  vaseline  liquide,  120  gr. 

—  La  Bamber  OU  est  également  une  excellente  lotion  contre  les 
moustiques,  employée  par  les  coolies  des  plantations  de  Ceylan,  etc. 

('*)  La  formule  recommandée  par  M.  le  prof.  F.  M.  HowMt  a  été  établi*  à  la 
suite  d'uû  nombre  considérable  d'expéri©no&s,  faites  aux  Indes,  en  vue  de  déterminer 
la  valeur  relative  des  huiles  essentielleis  pour  l'éloignemeint  des  moustiques  ot  autifâ 
mouches  piqueuses   (Simulies). 


85 


Sa  formule  est  la  suivante 


Huile   de   citronnelle 11/2  parties 

Paraffine  liquide  ou  pétrole     ....      1  » 

Huile  de  noix  de  coco 2  » 

Plus  un  pour  cent  d'acide  phénique. 
Son  efficacité  dure  de  quatre  à  six  heures. 
Enfin,   l'on  a  encore  recommandé  une  solution  à  5  pour  cent  de 

sulfate  de  potasse,  ainsi  que  diverses  huiles  essentielles.  Le  pétrole  a 

été  également  utilisé,  sur  une  grande  échelle,  aux  îles  Philippines. 

H  est  efficace  et  recomniandable    pour    les    campements  militaires, 

mais  son  odeur  est  désagréable  (*). 

Substances    écartant    les  On  sait  qu'à  défaut  de  sang  humain,  les 

moustiques     des     ani=      moustiques  femelles  se  nourrissent  sur  tous 
maux  domestiques.  ,  .^  ,  i        ,       ,        , 

les  animaux  a  sang  chaud,  et  notamment 

sur  ceux  qui  vivent  dans  le  voisinage  de  l'homme.  Si  l'on  songe 
qu'après  chaque  prise  de  sang,  le  moustique  femelle  pond  un  certain 
nombre  d'œufs  et  que  cette  ponte  est  indéfiniment  retardée,  tant  qu'il 
reste  à  jeun,  on  en  déduira  qu'une  mesure  efficace  à  prendre  pour 
combattre  la  propagation  des  moustiques,  consiste  à  les  empêcher 
de  se  nourrir  sur  les  animaux  domestiques  (**). 

A  cette  fin,  tout  d'abord,  l'emploi  des  fumigations  pour  la  destruc- 
tion des  moustiques  adultes,  dont  il  sera  question  plus  loin,  pourra 
s'étendre  à  tous  les  locaux  servant  d'abri  au  bétail.  Les  écuries  et 
étables  seront,  de  plus,  nettoyées  à  courts  intervalles,  les  murs  se> 
ront  badigeonnés  à  la  chaux  ou  à  un  autre  enduit  de  couleur 
claire  (***)  et  les  ouvertures  seront  garnies  de  toile  métallique.  H  y 
aura  lieu,  en  outre,  d'envisager  l'application  au  bétail  de  substances 
protectrices. 

Ces  dernières  substances  ne  sont  pas  uniquement  destinées  aux 
moustiques,  mais  serviront  à  éloigner  des  animaux  domestiques  tous  les 

(*)  D'après  M.  G.  D'Ormea  (51),  la  vaseline  contenant  1  pour  cent  de  thymol 
est  recommandable  comme  culicifuge,  tant  à  l'intérienr  des  maisons  qu'à  l'extérieur. 

Toutefois,  M.  E.  Martini  (142)  fait  remarquer  que  l'onguent  au  thymol,  recom- 
mandé par  D'Ormea.  est  sans  action  sur  le  Stegomyia  fasciata. 

Au  reste,  la  manière  de  se  comporter  des  moustiques  vis-à-vis  des  substances 
culicifuges  est  très  variable  suivant  l'espèce.  En  1914,  il  fut  observé  que  le  savon  à 
la  citronnelle  et  d'autres  savons  et  teintures  similaires  étaient  efficaces  contre  le 
Culex  pipiens  et  sans  action  sur  le  Culex  nemorosiis. 

D'autre  part,  M.  Pomeroy  A.  W.  J.  (164),  parlant  de  la  lutte  contre  la  malaria  à 
Dar-es-Salam  (Afrique  orientale),  dit  qn'nn  mélange  composé  de  30  grammes  de  savon 
mou,  20  cm.  cub.  d«  parafine  et  20  cm.  cub.  d'huile  d'eucalyptus  fut  reconnn  comme 
le  plus  efficace  pour  éloigner  les  moustiques.  Son  emploi  n'est  cependant  pas  toujours 
à  conseiller. 

Enfin,  M.  Eckstein  (57),  au  cours  de  la  lutte  antimalariale  en  Bavière,  a  eu 
l'occasion  d'essayer  diverses  préparations  culicifuges.  Certaines  substances  inodores 
se  montrèrent  parfois  aussi  efficaces  que  celles  ayant  une  odeur  très  prononcée. 
L'huile  de  bois  de  cèdre  est  meilleure  que  les  huiles  essentielle-s  provenant  de  plantes 
indigènes.  Quoique  d'un  emploi  peu  facile,  l'huile  de  foie  de  morue  est  plus  efficace 
que  le  pétrole. 

(•*)  Les  bestiaux  en  pâture  peuvent,  en  rentrant  à  l'étable,  apporter  sur  eux  dee 
moustiques  provenant  d'agglomérations  d'eau   plus  ou  moins  éloignées. 

(•**)  Il  est  à  noter  que  les  animaux  de  coloration  claire  souffrent  moins  des  att«i- 
ques  des  Diptères  suceurs,  que  ceux  de  coloration  foncée. 


86 

Diptères  suceurs  de  sang  :  tsétsés,  taons,  mouches  d'étable,  etc.,  ainsi 
que  les  mouches  à  larves  parasites.  Il  existe  un  grand  nombre  de  ces 
remèdes  externes,  contenant  divers  produits  désagréables  aux  mou- 
ches. Un  bon  produit  de  ce  genre,  doit  pouvoir  être  appliqué  exté- 
rieurement aux  animaux,  sans  danger  pour  eux,  et  son  action  répul- 
sive sur  les  mouches  doit  persister  suffisamment  longtemps  pour  qu'il 
soit  d'usage  pratique.  Ce  dernier  desideratum  est  difficile  à  réa- 
liser (*). 

En  général,  les  substances  protectrices  sont  liquides  et  sont  appli- 
quées aux  animaux  à  l'aide  d'un  bain,  d'une  pompe  d'aspersion 
ou  d'un  pulvérisateur. 

Il  résulte  d'expériences  faites  en  1914;,  à  l'initiative  du  Bureau  of 
Animal  Industry  du  Département  de  l'Agriculture  des  Etats-Unis,  par 
M.  H.  W.  Greybill,  D.  V.  M.  (80),  que  les  mélanges  suivants  sont  re- 
commandables  : 

1.  ■ —  Mélange  d'huiles  de  graines  de  coton  et  de  10  p.  c.  d'acide 
phénique  brut  (21.8  p.  c.  de  phénols)  ; 

2.  —  Mélanges  d'huile  de  graines  de  coton  et  de  10,  20  ou  50  p.  c. 
de  goudron  de  pin  ; 

3.  —  Mélanges  d'huile  de  graines  de  coton  ou  d'huile  de  Beaumont 
et  de  10  p.  c.  d'huile  de.  goudron  (14  p.  c,  de  phénols)  ; 

4.  — •  Mélanges  d'huile  de  graines  de  coton  et  de  10  p.  c.  d'huile  de 
citronnelle,  d'huile  de  sassafras  ou  d'huile  de  camphre. 

Tous  ces  mélanges  ont  une  action  répulsive  très  forte  sur  les 
mouches  et  moustiques  et  sont  inoffensifs  pour  les  animaux  lorsqu'ils 
sont  appliqués  légèrement.  Leur  défaut  général  est  que  leur  action, 
ne  perdure  pas  au  delà  de  24  heures  et  qu'ils  doivent,  par  consé- 
quent, être  renouvelés  tous  les  jours. 

—  Une  application  légère  d'huile  de  poisson  ou  d'huile  de  foie  de 
morue  agit  également  d'une  manière  efficace  pendant  dix  à  dix-huit 
heures.  La  poudre  de  pyrèthre  a  une  action  répulsive  très  marquée, 
mais,  comme  les  autres  substances,  elle  ne  conserve  son  effet  que 
pendant  une  journée.  L'effet  de  la  poudre  de  tabac  est  moins  intense, 
mais  plus  durable. 

—  Un  mélange  de  4  1/2  litres  d'huile  de  poisson,  4  1/2  litres  de 
pétrole,  4  1/2  litres  de  lait  légèrement  suri  et  170  grammes  d'huile 
de  citronnelle,  forme,  d'après  M.  A.  "W.  Baker  (12),  un  excellent  agent 
de  protection  du  bétail. Les  proportions  recommandées  sont  d'une 
partie  du  produit  pour  deux,  trois  ou  quatre  parties  d'eau.  Une 
application  tous  les  deux,  ou  même  tous  les  trois  jours,  serait  suffi- 
sante (**). 

(•)  M.  Mârillat  L.  A.  (144)  recommande  dans  Amer.  Journ.  Veter.  Med.,  de 
Chicago,  de  juillet  1920,  1©  mélange  suivant,  comme  susceptible  d'éloigner  les  mona- 
tiques  et  mouches  durant  les  opérations  chirurgicales  et  le  traitement  des  animaux 
malades.  Faire  bouillir  dans  20  litres  d'eau  jusqu'à  dissolution  complète,  500  gram- 
mes de  savon  ordinaire  de  ménage;  puis  ajouter  100  grammes  de  naphtaline,  dissoute 
dans  4  1/2  litres  de  pétrole  brut.  Le  mélange  est  appliqué,  soit  à  l'aide  d'une  brosse, 
soit  tamponné  sur  les  poils  avec  une  éponge  ou  un  morceau  de  drap. 

(•*)  La  plus  importante  maladie  qui,  aux  Indes,  attaque  les  chameaux  est  la  surra. 

M.  H.  E.  Oross  (42)  a  exposé  en  1916-17,  les  résultats  de  nombreuses  expériences 
faites  au  Punjab  et  ayant  pour  objet  d'enduire  ou  d'asperger  les  chameaux  avec 
diverses  émulsions  éloignant  les  mouches  suceuses  qui  transmettent  la  surra  (Sto- 
moxys  caîcitrans,  etc.). 

Une  émulsion  consistant  en  26  grammes  de  crésol,  50  grammes  de  liquide  de  Pir,. 


87 

Remèdes    contre    les    pi=  Outre  les  risques  de  Iransmission  de  mala- 

qûres  des  moustiques.  ^-^^^  j^g  piqûres  des  moustiques  causent 
souvent  une  irritation  intense  qui  incite  le 
patient  à  se  gratter  ;  il  peut  en  résulter  un  empoisonnennent  du  sang. 
Il  paraît,  d'autre  part,  que  les  personnes  qui  ont  été  très  souvent 
piquées  par  les  moustiques,  acquièrent  un  grand  degré  d'immunité 
contre  l'irritation  produite.  Il  n'y  a  plus  alors  qu'une  inflammation 
très  passagère  ou  même  nulle.  D'après  M.  le  Dr  Howard  (92),  le  meil- 
leur remède  contre  la  piqûre  des  moustiques  est  le  savon.  Il  faut 
mouiller  un  morceau  de  savon  de  toilette  et  le  frotter  doucement  à 
l'endroit  de  la  piqûre  ;  l'irritation  disparaîtra  bientôt.  D'autres  per- 
sonnes recommandent  l'ammoniaque,  l'alcool  ou  la  glycérine.  Un 
de  mes  correspondants,  ajoute  M.  Howard,  frotte  la  piqûre  avec  un 
morceau  d'indigo  ;  un  autre  recommande  la  naphtaline,  un  autre 
encore  l'iode  (*). 

Emploi   de  plantes  élol.  Certaines  plantes  auraient  la  propriété 

gnant  les  moustiqnes.  d'écarter  les  moustiques.  Parmi  celles-ci, 
on  peut  mentionner  diverses  espèces  d'euca- 
lyptus, le  ricin,  le  mûrier,  etc.  On  a  beaucoup  écrit  au  sujet  des 
plantes  éloignant  les  moustiques  et  les  opinions  sont  très  contradic- 
toires quant  à  la  réalité  de  leur  action.  En  fait,  dit  M.  L.  0.  Howard, 
tous  les  essais  faits  dans  diverses  contrées  par  des  hommes  de  science 
ont  toujours  abouti  à  des  résultats  négatifs.  Il  semble  plutôt  qu'il 
s'agisse  là  d'une  croyance  populaire,  sans  fondement  sérieux. 

Vers  la  fin  du  xix"  siècle,  il  était  d'usage  courant  de  planter  des 
eucalyptus  dans  les  districts  malariés.  On  croyait,  en  effet,  que  l'huile 
essentielle  produite  par  les  feuilles  de  cette  plante  réagissait  contre 

200  grammes  de  savon  mou  et  1 1/2  litre  d'eau  avait  une  certaine  efficacité  en  éloignant 
les  Tabanides,  lorsque  les  chameaux  étaient  tenus  à  l'ombre,  mais  aussitôt  que  l'émul- 
sion  était  séchée  sur  la  peau,  elle  perdait  toute  action,  et  chez  les  animaux  exposés 
au  soleil,  l'effet  ne  perdurait  qu'environ  une  demi-heure. 

La  lotion  de  Jensen  (4  1/2  litres  de  pétrole,  100  grammes  de  naphtaline  en  poudre, 
500  grammes  de  savon,  18  litres  d'eau)  n'est  pas  recommandable  pour  les  chameaux, 
car  elle  occasionne  de  fortes  ampoules. 

L'huile  de  citronnelle  empêche  pendant  quelques  heures  l'attaque  des  Tabanides 
et  des  Stomoxys,  mais  perd  toute  action  après  17  heures. 

L'huile  de  foie  de  morue  est  sans  effet.  L'huile  de  graines  d'anis  n'a  plus  d'effi- 
cacité après  2  1/2  heures.  Elle  protège,  cependant,  quelque  peu,  pemdant  un  temps 
très  court,  contre  les  attaques  des  Stomoxys. 

Une  pinte  d'huile  de  ricin  par  chameau  n'a  pas  d'effet,  quatre  pintes  emoôc-fcnt 
l'attaque  des  mouches  pendant  3  jours  et  procurent  une  protection  partielle  pendant 
les  deux  jours  suivants.  Cette  huile,  exposée  à  l'air,  peut  s'épadssix  et  former,  sut  la 
peau,  une  sorte  de  vernis,  mais  elle  n'a  pas  d'action  nuisible.  Ce  traitement  œt 
trop  coûteux  pour  être  pratique. 

D'autres  préparatioins  qui  furent  également  essayées,  d'après  M.  H.  E.  Cross  (43, 
furent  l'émulsion  de  pétrole,  celle  d'huilo  d'Erica  Sativa  et  une  solution  d'asafœtida. 

(•)  M.  H.  E.  Ewing  (62),  dans  le  Jl  of  Econ.  Entomology,  d'octobre  1918,  expose 
des  recherches  faites  sur  l'emploi  de  diverses  substances  comme  remèdes  contre  lea 
piqûres  des  moustiques.  Un  tableau  donne  les  résultats  des  essais  effectués  avec  du 
savon,  du  rhum,  de  l'alcool  à  95°,  de  l'alcool  à  30°,  de  l'eau  oxygénée,  de  la  glyoérloe, 
des  solutions  faibles  et  concentrées  d'ammoniaque  et  de  l'indigo  dans  de  l'eau. 

Parmi  ces  substances,  le  savon,  le  rhum,  l'alcool  et  l'ammoniaque  dilués  ont  ea 
peu  d'effets.  Par  contre,  l'alcool  et  l'ammoniaque  concentrés  ont  la  plus  grande 
valeur  comme  palliatifs  et  diminuent  fortement  le  mal.  Le  premier  peut  laisser  nn« 
induration,  tandis  que  le  second  rend  la  peau  rude. 


les  émanations  prétcndùnicnt  empoisonnées  des  marais.  En  réalité, 
comme  l'a  fait  remarquer  récemment  M.  S.  L.  Bostin  (20),  les  euca- 
lyptus plantés  en  régions  malariées  agissent  d'une  tout  autre  façon. 
"Par  le  fait  de  leur  croissance  extrêmement  rapide  et  de  leur  grand 
pouvoir  évaporatoire,  ils  extraient  du  sol  des  quantités  énormes  d'eau 
et  assèchent  ainsi  les  mares  et  les  endroits  marécageux,  qui  servent 
de  lieux  de  développement  aux  larves  dWnophcles. 

Moustiquaires  et  Ecrans  de  toile  métallique. 

Emploi  des  moustiquaires  Si,  dans  des  régions  OÙ  régnent  les  fièvres, 
on  est  obligé  de  passer  la  nuit  sous  la  tente 
ou  dans  des  maisons  imparfaitement  protégées  contre  l'invasion  des 
moustiques,  ou  si  l'on  doit  circuler  au  dehors  après  la  tombée  de 
l'obscurité,  il  est  indispensable  de  se  servir  de  moustiquaires  à  tissu 
assez  fin  pour  empêcher  le  passage  des  moustiques,  sans  trop  gêner 
la  vue  (moustiquaires  de  tête),  ou  empêcher  l'aération  (moustiquaires 
de  lit). 

Moustiquaires  de  tête.  —  Dans  des  articles  parus  en  1916  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  de  Pathologie  exotique  de  Paris,  M.  le  Dr  La- 
veran  (109)  a  décrit  plusieurs  moustiquaires  de  tête,  destinées  aux 
soldats  obligés  souvent,  en  temps  de  guerre,  à  passer  la  nuit  en 
plein  air,  sans  abri,  ou  mal  protégés  dans  des  tentes,  où  ils  sont 
particulièrement  exposés  aux  piqûres  des  Anophèles,  qui  n'attaquent 
que  la  nuit.  Aussi,  dit  M.  Laveran,  le  paludisme  a-t-il  occasionné  sou- 
vent de  graves  épidémies  dans  les  armées  en  campagne. 

Ces  moustiquaires  de  tête  pourraient  peut-être  servir  également 
aux  voyageurs  parcourant  des  régions  malariées  et  à  toute  personne 
devant  sortir,  la  nuit,  dans  les  contrées  infestées  par  les  mousti- 
ques. Toutefois,  suivant  M.  E.  Brumpt  (29),  ces  moyens  sont  difficiles 
à  faire  adopter  à  des  individus  libres,  et  les  expériences  intéressantes 
qu'on  a  pu  faire  s'appliquaient  à  des  soldats  ou  à  des  employés,  me- 
nacés de  peines  disciplinaires  en  cas  de  non  observance  des  règle- 
ments. D'ailleurs,  ajoute  M.  E.  Brumpt,  les  moustiques  piquent  très 
bien  à  travers  les  vêtements  légers  des  pays  chauds  et  piquent  le  dos, 
s'ils  ne  peuvent  atteindre  la  figure  ou  les  mains. 

La  première  moustiquaire  de  tête  décrite  par  M.  le  Dr  Laveran  est 
le  modèle  de  M.  R.  Henry,  ingénieur  des  Arts  et  Manufactures,  repré- 
senté fig.  -44  et  qui  se  compose  d'un  sac  en  tulle  de  0™40  de  diamètre, 
fermé  à  sa  partie  supérieure  par  un  morceau  de  toile  circulaire,  auquel 
est  cousu  le  volant  de  tulle  de  0"30  de  haut,  qui  se  prolonge  en  bas 
par  un  volant  de  toile,  destiné  à  s'engager  sous  la  capote.  Deux  cercles 
en  acier  flexible  fixés,  l'un  à  la  partie  supérieure,  l'autre  à  la  base 
du  volant  de  toile,  maintiennent  le  tulle  à  distance  de  la  face  et 
du  cou. 

Un  autre  modèle,  construit  par  M.  R.  Henry,  sur  les  indications 
de  M.  le  Dr  Laveran,  est  très  simple  (voir  fig.  44),  et  se  compose 
d'un  manchon  cylindrique  en  tulle,  ouvert  à  ses  deux  extrémités, 


EMPLOI   DES    MOLSTIQUAIRKS 


M 

1 

fr.Tl 

44.  —  Moustiquaires  de  tête.  —  A  <fdu<  1 ,».  ... 

'  '     "  "'   "  "'    ""    Henry,  sur  leb   uidications  du  Dr  La 


M.  R. 


A  droite,  modèle  exécuté  par    m.  n. 
veran.  (Clichés  reproduits  du  Bulletin 
de  Paris.) 


IMM     U 


M.R.  Henry. 
Henry,  sur  leb  uidications  du  Dr  La- 
de  la  Société  de  Pathologie  exotique 


V 

IV;i 


.    IT).  --  ■l'i.'iih'-inuu.stiquairo  individui'lle  frniK'é,  poiir  soldat  m  cam- 
■.  —    Modèle  employé  pour  l'armée  française  d'Orient    (Salonique). 

apri's  M.  R.  Le  groux.)  (Cliché  reproduit  du  Bulletin  de  la  Société  de 

llioloijie  exotique  de  Paris). 


90 


EMPLOI    DES    MOUSTIQUAIRES. 


Fiu.    '.!■ 

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exéciih'  1 

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91 


PROTECTION    DES    HABITATIONS   CONTRE    LES    MOUSTIQUES. 


Fig.  17.  —  Va\  ,\fri(iiic  du  Sud.  —  Hulie  protégée  contre  les  moustiques 
par  de  la  toile  métallique.  (D'après  une  photographie  de  la  South  african 
anti-malarial  Association.) 


Fig.  48.  —  En  Afrique  du  Sud.  —  Tente  protégée  contre  les  moustiques, 
employée  par  M.  le  D""  Turner.  —  A  noter  la  moustiquaire  fermant  l'en- 
trée. (D'après  une  photographie  de  la  South  african  anti-malarial  Asso- 
ciation.) 


92 


l'KOTlX'TloN    DES    HAIUTATIOXS   CONTRE   LES    MOUSTIQUES 


Fig.  49.  —  En  Afrique  du  Sud.  —  Une  maison  de  laquelle  les  mous- 
tiques sont  exclus,  grâce  aux  châssis  garnis  de  toile  métallique  qui  en 
ferment  toutes  les  issues.  (D'après  une  photographie  de  la  South  african 
anti-malarial  Association.) 


Fig.  50.  —  A  Colon  (zone  du  canal  de  Panama).  —  L'hôpital,  entière- 
ment protégé  contre  les  moustiques  par  des  châssis  de  toile  métallique. 
(Cliché  A.-J.  Le  Prince  et  J.-A.  Orenstein.) 


93 

mesurant  60  cin.  ûe  haut  sur  (30  cm.  de  large.  L'ouverture  supérieure 
est  plissée  et  garnie  d'un  élastique,  de  façon  à  s'adapter  à  la  forme 
et  aux  dimensions  de  la  coiffure.  La  partie  inférieure,  simplement 
ourlée,  est  destinée  à  être  rentrée  sous  le  vêtement  de  dessus.  Le 
tulle  est  teinte  en  cachou,  couleur  moins  salissante  et  moins  visible 
à  distance,  que  le  blanc.  Cette  moustiquaire  rend  de  grands  services 
aux  douaniers,  qui  sont  obligés  souvent  de  passer  des  nuits  en  plein 
air,  dans  des  localités  insalubres  de  la  Corse,  mais  qui,  en  dehors 
de  ces  nuits  de  garde,  habitent  des  maisons  protégées  contre  les  mous- 
tiques, ou  couchent  dans  des  lits  garnis  de  moustiquaires. 

M.  le  Dr  Laveran  (109).  a  également  décrit  les  moustiquaires  de 
tète  adoptées  par  les  armées  des  Etats-Unis  et  du  Japon.  Le  modèle 
américain,  spécialement  employé  au  Texas,  se  compose  d'un  man- 
chon en  tulle  noir,  ouvert  à  ses  deux  extrémités,  mesurant  70  cm. 
de  haut  sur  50  cm.  de  large.  L'ouverture  supérieure  est  garnie  d'une 
coulisse  avec  ganse,  permettant  le  serrage  sur  la  coiffure.  L'ouverture 
inférieure  est  bordée  de  toile  et  garnie  d'épaulières  également  en 
toile.  Les  épaulières  ont  la  forme  de  triangles  tronqués  ;  la  base  du 
triangle  se  continue  avec  le  bord  inférieur  du  manchon  en  tuile  ;  le 
sommet  tronqué  est  percé  de  deux  œillets,  dans  l'un  desquels  est 
fixée  une  ganse  de  80  cm.  de  longueur. 

Ce  type  américain  paraît  un  peu  compliqué  et  fragile  pour  le  soldat 
en  campagne  ;  le  modèle  japonais  est  considéré  par  l'auteur  comme 
le  plus  efficace  ;  il  consiste  en  un  sac  cylindrique  de  gaze  verte  ou 
cachou,  soutenu  par  deux  légers  anneaux  d'acier  d'environ  25  cm. 
de  diamètre,  tenus  séparés  par  une  spirale  du  même  métal.  La  partie 
supérieure  du  cylindre  est  fermée  par  une  pièce  de  gaze  tendue  sur 
l'anneau  ;  à  l'anneau  inférieur  est  attaché  un  repli  en  toile  cachou 
qui  peut  être  serré  hermétiquement  autour  du  cou,  à  l'aide  d'une  cou- 
lisse, lorsque  la  moustiquaire  est  en  place.  L'appareil  se  replie  sur  lui- 
même;  il  a  alors  un  centmiètre  et  demi  d'épaisseur  et  ne  pèse  que 
50  grammes. 

D'ailleurs,  toutes  ces  moustiquaires  de  tète,  repliées,  n'occupent 
qu'un  petit  volume  et  sont  facilement  transportables  dans  le  sac  des 
soldats.  Elles  ne  protègent  évidemment  que  la  tète  et  le  cou.  Pour  pro- 
téger les  mains,  on  devra  avoir  recours  aux  gants.  Toutefois,  comme 
les  mains  peuvent  être  cachées  sous  les  vêlements  et  la  nuit  sous  les 
couvertures,  elles  sont  ainsi  moins  exposées  aux  piqûres  des  mous- 
tiques. Les  cous-de-pieds  sont  protégés  par  les  chaussettes  et  les 
guêtres. 

Sir  D.  Bruce  (28),  dans  un  article  :  Camping  in  the  Tropics,  paru 
réoemment,  conseille,  comme  moyen  de  protection  contre  les  piqûres 
des  tsétsés,  moustiques  et  autres  mouches  suceuses,  un  casque  fait 
de  fibres  indigènes  tressées,  assez  semblpble  d'aspect  au  casque  de 
cotte  de  mailles  porté  par  les  Croisés.  Des  ouvertures  sont  ménagées 
pour  les  yeux  et  pour  la  bouche.  Un  morceau  de  toile  à  moustiquaire 
est  cousu  sur  le  treillis  de  fibres,  de  façon  à  empêcher  les  mouches 
d'atteindre  la  peau  avec  leur  trompe.  Un  grand  chapeau  de  feutre 
peut  être  porté  sur  le  casque.  Des  moufles  ou  gros  gants  et  des  gan- 


94 

tclets  en   kaki   protègonl   les  mains  et  complètent   l'équipement  (*). 

Moustiquaires  de  lit.  —  Pour  les  moustiquaires  de  lit,  il  est  essen- 
tiel que  le  rideau  de  tulle,  gaze  ou  mousseline  soit  toujours  d'une  lon- 
gueur suffisante,  pour  permettre  de  le  replier  soigneusement  sous  les 

matelas,  et  il  faudra  veiller  avec 
que  tout  accroc 
iblement  réparé,  car 
ouverture  per- 
moustiques  et 
moustiquaire 


souvent,   lorsqu'on 
régions    infes- 
par  les  moustiques,  do  con- 
stater   que    les    moustiquaires 
des    lits    d'hôtels    de    catégorie 
inférieure  sont  en  mauvais  état, 
et   il   sera  bon    d'examiner   soi- 
gneusement  le   tissu,    avant   de 
se  mettre  au  lit,  et  d'avoir  avec 
soi  un  petit  nécessaire  de  cou- 
ture, permettant  de  réparer  tou- 
tes les  déchirutes,  ainsi  que  les 
mailles  relâchées.  Dans  le  Trans- 
vaal  Agricvltural  Journal,  d'oc- 
tobre   1907,   M.    le    Dr  F.  Ar- 
nold (5)  a  décrit  les  meilleures 
moustiquaires    en    usage    (voir 
fig.  51).  Le  haut  de  la  fig.  51 
nous     montre     les    dimensions 
maxima   des   mailles    du   tissu. 
Il  semble  cependant  plus  prudent  de  préférer  un  tissu  plus  serré, 
présentant   une  cinquantaine   de  mailles   par  centimètre  carré,    soit 
7  mailles  par  centimètre  linéaire. 

Il  va  de  soi,  écrit  M.  Arnold,  que  la  moustiquaire  sera  toujours 
tenue  en  bon  état  d'entretien,  car  un  trou  de  la  dimension  d'un 
petit  pois  suffit  à  la  rendre  inutile.  On  ne  laissera  jamais  pendre  les 
rideaux  sur  le  sol,  car  le  dessous  des  lits  constitue  une  des  retraites 
favorites  des  moustiques.  Il  faudra,  au  contraire,  les  replier  soigneu- 
sement de  tous  côtés,  sous  les  matelas.  Plus  le  tissu  est  tendu,  meil- 
leure sera  la  ventilation.  D'autre  part,  les  couvertures  et  draps  de 
lit  seront  simplement  étendus  sur  les  matelas  et  non  repliés  sous 
ceux-ci.    De   cette   manière,    les   mouvements   du   dormeur  ne   pour- 


Fig.  51.  —  Moustiquaires.  —  En 
haut,  dimensions  maxima  des  mailles 
des  moustiquaires  (grandeur  réelle). 
—  En  bas,  un  lit  de  camp  protégé 
par  une  moustiquaire.  (Cliché  de  la 
South  african  antimalarial  Associa- 
tion.) 


(*)  M.  le  Profr  Simpson  a  fait  breveter,  en  1917,  une  moustiquaire  de  tête  très  effi- 
cace, baptisée  Simpsonette.  C'est  un  dispositif  léger,  facile  à  adapter  et  permettant 
une  aération  parfaite. 

La  coiffe  est  placée  sur  la  tête  et  attachée  sous  le  menton.  Les  plus  longs  cer- 
ceaux sont  placés  devant  le  visage  et  les  bras  sont  passés  dans  les  cordons  qui 
pendent  de  chaque  côté  de  la  gaze. 

Cetie  moustiquaire  convient  non  seulement  contre  les  moustiques,  mais  également 
contre  les  tsé-tsés  et  les  Simulides. 


95 

ront,  en  aucune  façon,  déranger  la  moustiquaire.  Enfin,  le  lit  sera 
suffisamment  grand  pour  qu'aucune  partie  du  corps  du  dormeur  ne 
puisse  toucher  la  moustiquaire  et  recevoir  des  piqûres  au  travers  des 
mailles  (*). 

Une  moustiquaire  formée  d'un  tissu  de  tulle  ou  de  mousseline 
cousu  à  un  cercle,  suspendue  au  plafond,  et  retombant  autour  du  lit, 
est  d'usage  courant  en  Afrique  du  Sud  et  y  est  considérée  comme  très 
pratique  et  très  efficace  (voir  fig.  53).  Il  est  également  très  important 
d'employer  une  moustiquaire,  lorsqu'on  dort  dans  la  brousse,  en 
districts  malariés.  Quatre  baguettes  dressées  peuvent  être  attachées 
à  un  lit  pliant  ou  à  un  lit  de  camp.  Une  corde  est  ensuite  passée  dans 
des  anneaux  fixés  au  haut  des  baguettes,  et  sur  cette  corde,  on  jette 
une  moustiquaire  en  forme  de  boîte  (voir  le  bas  de  la  fig.  51).  Ici, 
comme  lorsqu'il  s'agit  des  moustiquaires  employées  dans  les  mai- 
sons,  le  tissu  sera  soigneusement  rentré  de  tous  côtés,  sous  les.  ma- 
telas ou  les  couvertures,  au  lieu  de  le  laisser  pendre  jusqu'au  sol. 
D'excellents  lits  de  camp  et  tentes  garnis  de  moustiquaires  peuvent, 
du  reste,  actuellement,  être  achetés  à  des  prix  raisonnables  (**)  (voir 
fig.  48). 

M.  le  docteur  A.  Laveran  (109)  a  décrit  également,  dans  les  articles 
mentionnés  ci-dessus,  deux  modèles  de  moustiquaires  de  lit  pour 
officiers  et  voyageurs.  Le  plus  recommandable  est  le  modèle  cloche, 
construit  par  M.  R.  Henry,  sur  les  indications  de  M.  Laveran.  Il  se 
compose  d'une  pièce  de  toile  carrée,  de  50  cm.  de  côté,  sur  les 
bords  de  laquelle  est  cousue  une  jupe  de  tulle  de  l^âS  de  long,  plis- 
sée  à  sa  partie  supérieure.  Le  pourtour  de  la  toile  se  fixe  sur  des 
tringles  en  fer,  articulées  de  manière  à  former  un  quadrilatère  quand 
la  moustiquaire  est  déployée,  et  à  se  rassembler  en  faisceau  pour  le 
transport.  Ce  cadre  maintient  les  parois  de  la  moustiquaire  écartées, 
tfne  corde  fixée  au  centre  de  la  toile  permet  de  suspendre  l'appareil 
au-dessus  de  la  tête  d'un  lit  ou  d'une  couchette,  à  une  hauteur  con- 
venable pour  que  la  personne  couchée  puisse  rentrer,  sous  l'oreiller 
et  sous  la  couverture,  les  bords  de  la  moustiquaire  (voir  fig.  46)  (***). 

(*)  La  hauteur  de  la  moustiquaire  sera  de  met.  1.50  à  met.  1.75.  Sa  longueur  et  sa 
largeur  seront  proportionnées  aux  dimensions  du  lit. 

(**)  En  Afrique  tropicale,  une  bonne  moustiquaire  ne  protège  pas  seulement  con- 
tre les  attaques  des  moustiques,  mais  aussi  contre  celles  de  beaucoup  d'autres  animaux 
dangereux,  tels  que  :  des  mouches  qui  déposient  leurs  œufs,  la  nuit,  dans  la  p«aa 
du  nez,  et  dont  las  larves  occasionnent  parfois  des  accidents  irréparables  et  peuvent 
même  causer  la  mort  ;  des  scorpions  et  diverses  espèces  de  myriapodes  ;  des  fourmis 
venimeuses  ;  des  Coléoptères  de  divers  genres  qui  mordent,  sécrètent  des  poisons  ou 
pénètrent  dans  Les  oreilles  ;  des  tiques  qui  transmettent  de  sérieuses  fièvres  ;  des 
serpents,  lézards,  rats,  etc  De  plus,  si  le  haut  de  la  moustiquaire  est  en  calicot,  il 
protège  aussi  de  la  poussière  et  de  la  saleté,  lorsqu'on  dort  à  l'intérieur  d'une  hutte  ou 
d'une  tente,  et  de  la  forte  rosée,  lorsqu'on  couche  au  dehors. 

(***)  Pour  la  campagne  de  1917,  une  mission  permanente  de  prophylaxie  antipalu- 
dique  a  été  envoyée  à  Salonique  pour  les  troupes  françaises.  Comme  moustiquaires  de 
tête,  on  a  fait  usage  du  modèle  du  prof.  Laveran,  quelque  peu  modifié  pour  rendre 
son  emploi  plus  commode  et  plus  efficace,  et  le  prof.  Simpson,  de  Londres,  a  apporté 
le  modèle  intéressant  dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  Pour  protéger  les  troupes 
en  camtonnement  pendant  le  sommeil,  l'Institut  Pasteur  a  établi  uJi  modèle  de  tente 
moustiquaire,  qui  permet  de  reposer  la  nuit  à  l'abri  des  moustiques.  D'après  M.  R.  Le- 
groux  (116),  (Bull.  Soc.  Path.  exotique,  1917,  n°  6),  l'avantage  de  cette  tente  mousti- 
quaire est  qu'elle  est  individuelle,  légère  (k.il.  2.450  piquets  compris),  et  imperméable; 
son  inconvénient,  impossible  à  pallier,  semble-t-il,  sd  l'on  veut  conserver  les  avantagea 
précédemts,  est  la  difficulté  de  l'aération  par  les  soirées  très  chaudes.  (Voir  fig.  45.) 


Aménagement  des  habita=  \LM.  J.  E.  Dutton  et  J.  L.  Tood  (54)  recom- 

tions    sous    les    tropi-      j^^aj^jent  de  tenir  compte  des  points  sui- 
vants, dans  l'aménagement  général  des  mai- 
sons pour  blancs  sous  les  tropiques. 

«  Les  moustiques,  craignant  le  vent  et  recherchant  les  coins  or 
règne  l'obscurité  pour  se  cacher,  se  reposer  et  el'fectuer  leur  diges- 
tion, il  faut  faire  usage  de  punkas  et  créer  des  courants  d'air.  Il  faut, 
de  plus,  badigeonner  les  murs  en  couleurs  vives  —  vert  tendre  ou 
gris-bleu  très  pâle,  par  exemple  —  qui  sont  trop  claires  pour  inviter 
les  moustiques  à  s'y  poser  et  qui  ne  fatiguent  pas  trop  la  vue.  Pas 
de  draperies  non  plus,  telles  que  rideaux  épais,  habits  exposés  à 
l'air,  couvertures  de  lit  tombantes,  en  un  mot,  rien  qui  fasse  des  plis 
pouvant  offrir  une  retraite  aux  moustiques.  Qu'il  y  ait  aussi  peu  d'en- 
droits que  possible  où  la  lumière  ne  pénètre  pas,  sous  les  lits,  der- 
rière les  meubles  et  les  cadres,  par  exemple.  Ayez  de  grandes  fenêtres 
et  assurez  l'aération  de  vos  pièces. 

»  Quant  aux  maisons,  on  ne  devra  les  construire  que  sur  des  pi- 
lastres assez  élevés.  On  devra  veiller  à  ce  que  l'air  circule  libre- 
ment sous  les  parquets,  avoir  soin  de  tenir  cet  espace  dans  un  état 
méticuleux  de  propreté  et  de  sécheresse  (en  le  badigeonnant,  par 
exemple),  et,  sous  aucun  prétexte,  on  ne  s'en  servira  pour  remiser 
de  vieux  ustensiles.  » 

Protection     des     habita=  Un  excellent  moyen  de  protection  contre 

tions    par    des    écrans      ^.-^  piqûre  des  moustiques  consiste  à  empê- 
de  toile  métallique.  ,^  .        i...  i         i  • 

cher  ces  insectes  de  pénétrer  dans  les  mai- 
sons, en  garnissant  de  toile  ou  gaze  métallique,  toutes  les  ouvertures. 
La  dépense  initiale  est  assez  élevée,  mais  elle  est  plus  que  compensée 
par  la  sécurité  et  le  confort  qu'elle  procure.  Les  écrans  de  toile  mé- 
tallique ne  protègent  pas  seulement  contre  l'invasion  des  moustiques, 
mais  encore  contre  celle  des  mouches  domestiques  et  d'une  foule  d'in- 
sectes :  petits  coléoptères,  papillons  de  nuit,  moucherons,  attirés  le 
soir  par  la  lumière.  On  sait  que  les  mouches  domestiques  sont  très 
dangereuses,  qu'elles  contaminent  les  aliments  et  qu'elles  servent 
d'agents  mécaniques  de  transmission  aux  germes  de  plusieurs  mala- 
dies très  pernicieuses,  surtout  par  temps  chaud  (dysenterie,  fièvre 
entérique,  diarrhée  infantile,  fièvre  typhoïde,  choléra,  etc.).  Il  est 
donc  important,  au  point  de  vue  hygiénique,  d'éviter  qu'elles  aient 
accès  dans  les  maisons  et  surtout  dans  les  cuisines  et  salles  à  manger. 

Choix  de  la  toile  métallique.  —  On  emploiera,  pour  garnir  les 
ouvertures  des  maisons,  de  la  toile  ou  gaze  métallique,  à  mailles 
suffisamment  petites  pour  empêcher  le  passage  des  moustiques.  Les 
tissus  pour  moustiquaires  ne  conviennent  pas  pour  l'extérieur,  car 
ils  pourrissent  trop  vite.  Les  dimensions  des  mailles  constituent  un 
point  important  (voir  fig.  52).  En  général,  on  estime  que  les  toiles 
métalliques  ayant  de  16  à  18  mailles  par  pouce  linéaire  (*)  (6.2  à 

(*)  C'est-à-dire  de  la  toile  ayant,  par  pouce  d«  longueur,  16  à  18  fils  métalliques  de 
O.014  à  0.010  pouce  d'épaisseur.  Le  pouce  vaut  25.5  millimètres. 


97 


7  mailles  par  ccntinièlrc),  >onl  suffisantes.  D'après  des  expé- 
riences faites  à  Panama,  le  tissu  de  cuivre  à  16  mailles  laisse  passer 
—  mais  avec  difficulté  —  le  petit  Stcgonujia  lasciula  ;  il  arrête  com- 
plètement les  Anophèles  ;  les 
tissus  à  17  et  18  mailles  ne  lais- 
sent passer  aucun  moustique 
dangereux.  La  toile  à  16  mailles 
est  deux  fois  aussi  forte  que  celle 
à  18  mailles,  mais  elle  a  moins 
de  surface  ouverte  :  60.16  p.  c, 
contre  65  et  67.39  p.  c,  pour 
les  toiles  à  17  et  à  18  mailles. 
La  toile  en  fil  de  fer  galva- 
nisé est  la  moins  chère  et  la 
plus  facile  à  obtenir  dans  le 
commerce,  mais  elle  vaut  beau- 
coup moins  que  les  toiles  en 
fils  de  cuivre,  de  laiton  ou  de 
bronze  phosphoreux  ;  ces  der- 
nières sont  plus  solides,  résis- 
tent plus  longtemps  et  présen- 
tent donc  une  plus  grande  sé- 
curité ;  leur  seul  défaut  est 
d'être   plus   coûteuses. 

A  Panama    (voir  fig.   50,    58 

et  61),   on    n'a    utilisé    que  la 

meilleure     toile     métallique     à 

18  mailles,  en  fils  de  cuivre  de 

G.),  contenant  au  moins  90  pour  cent  de 


Fig.  52.  —  Dimensions  normales 
des  mailles  da  tissu  métallique  à 
employer  pour  protéger  les  habita- 
tions contre  l'invasion  des  mousti- 
ques. —  Toile  de  cuivre  de  16  mail- 
les par  pouce  linéaire  (6,2  mailles  par 
centimètre),  empêchant  la  pénétra- 
tion des  Anophèles  de  la  malaria. 
Pour  arrêter  le  Stegomyia  de  la 
fièvre  jaune,  il  faut  des  mailles  un 
peu  plus  petites  (18  mailles  par  pouce 
linéaire,  soit  7  par  centimètre).  (Cli- 
ché de  la  South  african  antimalarial 
Association.) 


0.025  d'épaisseur  (51  B.  W 

cuivre  et  pas  plus  d'un  demi  pour  cent  de  fer 

Cette  toile  métallique,  dit  M.  A.-J.  Orenstein  (159),  sera  utilisée 
dans  toute  la  largeur  du  rouleau.  La  portée  d'un  écran  ne  devra  pas 
dépasser  1™50  de  hauteur,  car  autrement,  la  toile  s'affaisserait  et 
deviendrait  trop  faible.  Pour  la  fixer,  on  se  servira  de  clous  de  cui- 
vre, recouverts  par  une  moulure  de  bois.  Le  cuivre  est  nécessaire  pour 
prévenir  la  destruction  par  l'électrolyse. 

D'après  M.  R.  H.  von  Ezdorf  (205),  la  toile  métallique  de  cuivre 
ou  de  bronze,  tout  aussi  bien  que  celle  de  fer.  devra  être  vernie  ou 
peinte,  pour  éviter  qu'elle  ne  s'oxyde  ou  ne  se  corrode  sous  un  climat 
humide,  particulièrement  au  bord  de  la  mer.  Pour  enduire  la  toile, 
on  barbouillera  légèrement  la  peinture  sur  le  fil  métallique,  de  façon 
à  éviter  qu'elle  ne  coule  et  ne  remplisse  les  ouvertures. 

Application  aux  fenêtres,  portes  et  autres  ouvertures.  —  Les  fenê- 
tres des  maisons  sont  garnies  d'écrans  de  toile  métallique,  de  la 
façon  suivante.  S'il  s'agit  de  fenêtres  à  guillotine,  on  adaptera  exac- 
tement dans  l'embrasure,  du  côté  extérieur,  un  châssis  de  Ijuis  cou- 
vert de  toile  métallique.  Ce  châssis  sera  tenu  en  place  par  des  cro- 
chets et  pourra  être  enlevé,  lors  des  nettoyages.  S'il  s'agit  de  fenêtres 
avant   des  châssis   sur  charnières  et  s'ouvrant  vers   l'intérieur,    on 


clouera  simplement  de  la  toile  métallique  dans  l'embrasure,  du  côté 
extérieur  ;  mais  si  ces  fenêtres  s'ouvrent 
vers  le  dehors,  le  problème  devient  plus  dif- 
ficile à  résoudre  et  le  meilleur  moyen 
.^consistera,  sans  dout'd,  à  .faire  changer 
!a   disposition   des  fenêtres. 

Pour  les  ouvertures  d'entrée,  une  simple 
porte-écran,  se  fermant  hermétiquement  et 
dont  la  toile  métallique  est  toujours  tenue 
eu  bon  état  d'entretien,  suffira  dans  la 
plupart  des  cas.  L'idéal  consisterait  à  avoir 
des  portes-écrans  à  fermeture  automatique, 
précédées,  à  l'extérieur,  d'un  tambour 
S'arni  de  toile  métallique  et  fermé  égale- 
ment par  une  porte  à  ressort. 

D'après  M.  A.-J.  Orenstein  (159),  une 
porte  convenant  pour  les  tropiques  devra 
être  indéformable,  s'ouvrir  à  l'extérieur  et 


Fig.  53.  —  Intérieur 
d'une  chambre.  La  porte 
et  la  fenêtre  sont  garnies 
d'écrans  de  toile  métal- 
lique. Le  lit  est  entouré 
d'une  moustiquaire.  (Cl. 
de  la  South  african  anti- 
malarial  Association.) 

cile  de  construire  une  porte 
garnie  de  toile  métallique 
qui  donne  entièrement  satis- 
faction. Si  cette  porte  est 
indispensable,  la  toile  sera 
soutenue  par  un  treillis  mé- 
tallique à  larges  mailles.  Le 
châssis  devra  être  renforcé 
par  une  tige  de  tension.  Com- 
me indiqué  dans  la  figure  5-4. 
une  des  extrémités  libres  de 
cette  tige  est  fixée  dans  le 
coin  supérieur  d'un  des  pan- 
neaux de  la  porte,  du  côté 
des  gonds,  et  l'autre  dans  le 
coin  diagonalement  opposé. 
Si  la  porte  tend  à  se  défor- 
mer, le  tendeur  central  per- 
mettra d'augmenter  la  ten- 
sion et  de  remettre  le  châs- 
sis en  bon  état  (*). 


refermer    immédiatement.    Il  est    diffi- 


Fig.  54. —  En  A,  porte  garnie  de 
toile  métallique,  déformée.  En  B,  la 
même  porte  remise  d'équerre,  grâce 
à  une  lige  de  tension,  placée  diago- 
Comme  nous  le  savons,  les  nalement  dans  le  panneau  inférieur 
du  châssis.  (Dessiné  d'après  un  cli- 
ché de  M.  M.  J.  A.  Le  Prince  et  A.  J. 


moustiques       Anophèles 
groupent    toujours,     pour 


le  Orenstein. 


(*)  Un  article  paru  dans  la  Munchener  Medizinische  Wochcnschrift  de  décembre 
1917,  sous  la  signature  de  Oberarzt  Dr.  Brack,  traite  des  moyens  employés  dans  les 
campements  militaires  en  Turquie,  pour  se  protéger  contre  les  moustiques.  Un  procédé 
simple  et  pratique  de  fermeture  hermétique  des  portes  et  fenêtres,  par  un  système 
de  châssis  de  toile  métallique  fixes  et  mobiles,  y  est  décrit. 


repos  diurne  sur  la  face  de  la  maison  située  à  l'abri  du  vent. 
Il  résulte  de  cette  observation  que,  dans  les  contrées  où  il  existe, 
durant  la  saison  de  multiplication  des  moustiques,  un  vent  do- 
minant, la  porte  principale  des  habitations  devra  toujours  être 
placée  du  côté  exposé  à  ce  vent  et  pourra  ainsi  être  ouverte  lors- 
qu'il souffle  (voir  fig.  55).  Enfin,  il  ne  suffit  pas,  pour  assurer 
une  protection  efficace  contre  les  moustiques,  de  fermer  les  portes 
et  les  fenêtres  des  maisons  par  de  la  toile  métallique  ;  il  faut  encore 
en  faire  autant  pour  toutes  les  autres  ouvertures  :  fissures  de  plan- 
chers et  murs,  ventilateurs  et  bouches  d'aérage,  espaces  ouverts 
autour  des  canalisations  en  plomb,  cheminées.  Ces  dernières  sont 
souvent  laissées  sans  protection,  ce  qui  rend  nul  l'effet  d'une  ferme- 
ture soignée  de  toutes  les  autres  ouvertures.  Si  la  cheminée  est  con- 
struite en  fer,  briques,  pierres  ou  autres  matériaux  ne  permettant 
pas  l'emploi  de  clous  ou  taquets,  on  attachera  l'écran  de  toile  métal- 
lique, en  garnissant  de  plâtre  les  bords  de  la  cheminée,  sur  une  lar- 
geur de  cinq  centimètres. 


'>,/:^,///,n  w,ftN/Ji 


\ 


Vérandas.  —  Sous  les  tropiques,  les  vérandas  sont  indispensables. 
Les   châssis  des  porteset    fenêtres  garnies  de   toile  métallique  sont 

enclins  à  jouer  et  à  se  déformer  et 
souffrent  des  nettoyages  cl,  d'au- 
tre part,  les  réparations  sont  coû- 
teuses et  souvent  insuffisantes.  De 
plus,  l'action  chimique  de  l'air, 
de  la  poussière  et  de  la  rouille  a 
comme  résultat  final  de  boucher 
les  mailles  et  d'empêcher  la  pé- 
nétration de  l'air  et  de  la  lumière. 
Ces  inconvénients  sont  moins  sen- 
sibles pour  de  grandes  surfaces, 
telles  que  les  vérandas.  La  dépen- 
se première  de  placement  d'écrans 
de  toile  métallique  pour  une  vé- 
randa est  élevée,  mais  les  dé- 
penses d'entretien  sont  insigni- 
fiantes, par  rapport  à  celles  né- 
cessitées pour  l'entretien  des 
écrans  aux  portes  et  fenêtres.  Si 
l'on  ne  peut  faire  les  frais  de  garnir  toute  la  véranda,  on  pourra  tou- 
jours en  protéger  une  partie. 


Anabhele 
AU.  refi  os  . 


Fig.  55.  —  Relation  entre  la  di- 
rection du  vent  dominant  et  la 
pénétration  des  moustiques  dans 
les  maisons.  —  Emplacement  des 
portes.  Par  temps  venteux,  les 
Anophèles  se  réunissent  du  côté 
de  la  maison  à  l'abri  du  vent.  — 
En  a  et  en  b,  bons  emplacements 
des  portes;  en  c  mauvais  empla- 
cement. 


Entretien  des  écrans  de  toile  métallique.  —  -  Le  travail  de  place- 
ment de  la  toile  métallique  aux  maisons  et  autres  habitations  varie 
évidemment  dans  ses  détails,  suivant  les  cas  particuliers,  et  il  sera 
toujours  bien  exécuté,  si  l'on  ne  perd  pas  de  vue  le  but  essentiel,  qui 
est  d'empêcher  complètement  la  pénétration  des  moustiques.  Un  tra- 
vail défectueux  fait,  du  reste,  plus  de  tort  que  de  bien,  car  il  donne 
une  fausse  sécurité. 

On  ne  saurait  assez  faire  ressortir  les  grands  avantages  d'une  bonne 


100 


protection  des  habitations  contre  l'invasion  des  moustiques.  C'est 
une  mesure  d'absolue  nécessité,  dans  les  contrées  malariées,  si  l'on 
veut  éviter  la  contagion.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  les  Anophèles 
piquent  la  nuit  et  se  cachent  le  jour  dans  les  coins  sombres.  De  plus, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit  plus  haut,  les  écrans  empêchent  l'entrée 
des  mouches   domestiques. 

Mais  il  ne  suffit  pas  de  placer  des  écrans  aux  portes,  fenêtres  et 
autres  ouvertures,  il  faut  encore  veiller  soi- 
gneusement à  ce  que  la  fermeture  reste 
hermétique,  à  ce  que  les  trous  faits  dans  la 
toile  métallique,  par  suite  d'usure  ou  d'ac- 
cidents, soient  immédiatement  réparés,  et 
à  ce  que  les  ressorts  des  portes  fonction- 
nent toujours  convenablement.  Une  porte 
ou  une  fenêtre  non  hermétiquement  close, 
laissant  une  fente  ou  une  ouverture,  ne 
fût-ce  que  d"un  demi-centimètre,  suffit  pour 
perdre  tout  le  bénéfice  du  placement  des 
écrans.  Il  va  de  soi  qu'il  est  absurde  de 
laisser  la  porte-écran  d'une  salle  à  manger 
ouverte  pendant  les  heures  de  repas,  car 
l'on  convertit  ainsi  cette  salle  en  un  vaste 
piège  à  moustiques. 

Dans  les  régions  infestées  par  les  mous- 
tiques, ceux-ci,  à  certaines  saisons,  es- 
sayent de  se  frayer  un  chemin  au  travers 
des  mailles  et  y  réussissent  parfois.  Lors- 


Fig.  56.  —  Habitation 
avec  véranda,  fenêtres  et 
portes,  clôturées  par  de 
la  toile  métallique,  pour 
empêcher  la  pénétration 
des  moustiques.  (Cliché 
de  la  South  african  anti- 
malarial  Association.) 


qu'ils  sont  très  nombreux,  on  frottera  légè- 
rement la  toile  métallique  avec  du  pétrole  ou 
de  l'huile  de  citronnelle. 


Placement  d'écrans  sur 
les  citernes  et  autres 
récipients  à  eau  de 
pluie. 


Dans  les  localités 
où  la  provision  d'eau 
de  pluie  est  conser- 
vée dans  de  grandes 
citernes,  comme,  par  exemple,  dans  les  cités 
américaines  de  la  région  du  golfe  du  Mexique, 
il  est  nécessaire,  pour  empêcher  les  moustiques 
femelles  de  venir  pondre  à  la  surface  de  l'eau, 
de  placer  sur  ces  réservoirs  des  couvercles  de 
toile  métallique  im.pénétrables  aux  insectes. 

Les  tonneaux  d'eau  de  pluie  et  les  puits 
seront  également  protégés  de  la  même  façon, 
à  moins  qu'on  n'y  ait  mis  des  poissons  fai- 
sant leur  proie  des  larves  de  moustiques.  Un 
moyen  économique  de  couvrir  les  tonneaux 
à  eau  consiste  à  garnir  un  grand  cerceau 
de  fer,  avec  un  morceau  de  calicot  solide, 
ou  de  toile  à  sacs  en  bon  état,  sans  trous.  On 


b'ig.  bl.  —  Ton- 
neau a  eau  de 
pluie,  protégé  par 
un  couvercle,  pour 
empêcher  les  fe- 
melles du  mousti- 
que de  la  fièvre 
jaune,  de  venir 
pondre  sur  les  pa- 
rois, près  de  la 
surface  de  l'eau. 


101 


PKOTKCTIÔX    l)i;S    HAlilTATloNS    CONTin':    LKS    MOTSTlgrKS 


i^^'^âij 

r^^- 

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^^^^^B^^^ORTi/ll"  iJÉiffl^^^n 

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.^^1  ■iiiiiii  II  iiii  1     mil  j.    -._  - 

lu      ")^  \.     VlKnll      /dllt"    (lu    (    111  il    (1(      l'millll        -       M  llMill-,    ,|\i  (     \i 

iml  is    o.iinu's    (k'    toilt     iiu  I  illiinn     inuii     >  iiipi  i  lu  i     h     jx  iii  li  ilioii  dt 
iniKiiMii,  s    iCluh(    \    I    !  >    i'iiin  .    (  I    I    \    ()i    ii-h  III 


Fig.  oit.  -  Maison  congolaise,  bien  protégée  contre  rinvasidii  des  nn.us- 
lii|ik's  par  (les  châssis  de  toile  métallique,  édifiée  à  AlWerla  lîmiilia  .  par 
la  Sdciélé  des  Huileri's  il.ever,  Bros,  Ltd  .  (Cliché  I.eplae. 


102 


DRAINAGE.     -     PROTEPTION      DKS      HABITATIONS      CONTRE  LES  MOUSTIQUES 


Fig.  60.  —  l)i.ii'ii_i  t|i -.  luii^  in.iii  <  .inriises,  en  vue  de  l'élimination 
des  larves  des  iiuhisIkiiu-s  de  la  iiiahiria.  —  Une  conduite  cimentée  dans 
les  Etats  fédérés  malais.  (Cliché  M.  Watson.) 


Fig.  Gi.  —  A  Friiulus  (zone  du  canal  do  Panama).  —  Peiile  maison  bien 
protégée  par  de  la  toile  métallique,  contre  l'invasion  des  moustiques  et 
occupée  par  un  inspecteur  sanitaire.  (Cliché  M.  Watson.) 


103 


ENNEMIS   DES  Mf)IJSTIQUES  ADULTES.  —  LES  CHAUVES-SOURIS. 


Fig.  62.  —  Le  perchoir  à  chauves-souris  du  D^  Campbell.  —  Dans  cet 
abri,  une  grande  quanlilé  de  chauves-souris  loge,  durant  la  journée.  Ces 
insectivores  auraient,  paraît-il,  presqu'entièrement  débarrassé  une  région 
marécageuse  du  Texas  (Sud  des  Etats-Unis),  des  moustiques  et  de  la 
malaria. 


^% 


Fig.  63.  —  Une  petite  particule  d'une  déjection  de  chauve-souris,  vue  au 
microscope  et  montrant  de  nombreux  restes  d'exosqueletfes  chitineux 
d'insectes,  spécialement  de  moustiques. 


104 


]AV.V\    DE    nKVKLdPPKMKNT    DES    LARVES    DE    MOUSTIQUES. 


f^ 


Fig.  64.  —  Un  ciiilinil  kIimI  pour  le  développement  des  larves  du  mous 
tique  de  la  fièvre  jaune.  —  Cour  enromhree  de  toutes  sortes  de  débris.  — 
A  noter  les  hnriK  conlcndiit  de  l'cui,  i|ui  ne  sont  pas  recouverts  d'un 
couv(M"(;l('  piiili(liur  D.iiis  (le  Icls  eiidiDils,  h^s  larves  du  slfiionnim  onl, 
en  aboiidam  I  .  h  s  pilihs  (|u,iiilihs  d  i  ,iu  ipii  leur  sont  m  i  i  ss.nii  s  pnui 
vivre  ri  SI'  ili  \i  l(ipp(  I  iD.ipMsl  ,lh(  In  i  mili  e  les  moustKpii  ^.  piilduM  p,ii 
l'Ecole  de  Médecine  tropicale  de  Liverpool.) 


Fig.  65.  —  Un  village  indigène  propre.  —  Aucun  endroit  favorable  au 
développement  des  larves  do  moustiques.  (D'après  l'affiche  contre  les 
moustiques,  publiée  par  l'Ecole  de  Médecine  tropicale  de  Liverpool.) 


105  / 

peut  également   !=c  servir  fl"un   couvercle  en  bois   (voir  fig.   o7)   (*). 

Protection     des     navires  Dans  les  contrées  chaudes,  les  navires  et 

contre  les  moustiques.  embarcations  laisant  le  trafic  sur  les  fleu- 
ves et  rivières  sont  souvent  infestés  par  les 
moustiques,  et  les  voyageurs  sont  exposés,  non  seulement  à  leurs 
désagréables  piqûres,  mais  encore  à  la  contamination  par  les  fièvres 
paludéennes. 

Nous  savons  également  que  les  vaisseaux  ancrés  dans  les  ports 
où  règne  la  fièvre  jaune,  peuvent  être  infestés  par  les  Stegomyia-las- 
ciata  femelles  et  que  ces  insectes,  cachés  dans  les  coins  sombres  des 
navires,  peuvent  y  séjourner  longtemps,  être  transportés  à  de  grandes 
distances  et  amener  ainsi  la  dissémination  de  la  terrible  maladie. 

Les  vaisseaux  qui  voyagent  dans  les  régions  où  règne  le  paludisme 
et  ceux  qui  ancrent  dans  les  ports  infestés  par  la  fièvre  jaune,  devront 
au  préalable  être  efficacement  protégés  contre  l'envahissement  des 
moustiques.  Toutes  les  ouvertures,  portes,  écoutilles,  bouches  à 
air,  etc.,  devront  être  soigneusement  garnies  de  toile  métallique,  et 
il  devra  y  avoir  à  bord  une  réserve  suffisante  de  cette  toile,  ou  de 
tissu  à  moustiquaires,  pour  pouvoir  fermer  immédiatement  toutes  les 
ouvertures  accidentelles. 

Dans  le  cas  de  vaisseaux  déjà  envahis  par  les  moustiques,  l'emploi 
de  moustiquaires  autour  des  lits  et  hamacs  s'impose.  II  est  difficile 
d'entourer  complètement  un  hamac  de  tulle  ou  de  mousseline,  de 
façon  à  rendre  la  pénétration  des  moustiques  impossible,  mais  cer- 
tains dispositifs  pratiques  ont  été  indiqués  par  divers  auteurs  (**). 

D'autre  part,  les  larves  de  moustiques  se  développent  souvent  en 
quantités  énormes  dans  l'eau  qui  séjourne  à  fond  de  cale  des  steamers 
fluviaux.  Il  en  résulte  que  le  nombre  de  moustiques  augmente  fré- 
quemment dans  les  stations  fluviales,  aussitôt  après  l'arrivée  du 
steamer. 

Pour  détruire  les  moustiques  adultes  à  bord,  on  emploiera  les 
fumigations  (voir  p.  110),  notamment  celles  à  l'anhydride  sulfureux 
et  au  gaz  cyanhydrique.  Pour  l'anhydride  sulfureux,  on  pourra  adopter 
le  procédé  Clayton,  d'usage  universel  pour  l'extinction  des  incendies 
et  la  destruction  des  vermines. 

Quant  à  l'acide  cyanhydrique,  M.  R.  H.  Creel  (40)  a  décrit  derniè- 
rement un  appareil  générateur  de  ce  gaz,  de  construction  très  simple, 
utilisable  dans  la  cale  des  navires  et  qui  a  donné  toute  satisfaction. 

(»)  Sous  le  titre  Yellow  Fever  Control  in  Ecuador,  Preliminary  Report,  M.  B. 
Connor  décrit  dans  Le  Jl  Amer.  Med.  Ass.,  de  Chicago,  du  6  mars  1920,  la  campagne 
entreprise  depuis  fin  1918,  à  Guayaquil,  capitale  de  la  république  de  l'Equateur,  contre 
le  Stegomyia  fasciata. 

La  diminution  de  la  fièvre  jaune  coïncide  avec  le  placement  de  couvercles  de 
bois,  de  toile  métallique  ou  de  fer  galvanisé  sur  les  réservoirs  et  autres  récipients 
à  eau. 

Il  y  avait  environ  7,000  réservoirs  à  eau  en  usage  dans  la  ville,  la  distribution 
d'eau  par  conduites  souterraines  étant  insuffisante.  De  plus,  30,000  autres  récipients 
durent  être  inspectés. 

(*»)  Consulter  notamment,  à  ce  sujet:  D.  H.  C.  Given,  ■>  The  Campaign  against 
Mosquitoes  on  board  H.  M.  S.  "  Cadmus  «,  Jl.  State  Medicine,  London,  XXIV.,  n.  2, 
fébr.  1916,  p.  47-51,  2  fig. 


106 

On  en  trouvera  la  description  et  le  fonctionnement  dans  le  n°  49  des 
U.  S.  Public  Health  Reportf^.   Washington,   de  décembre  1915. 

B.  —  SUPPRESSION  DES  SOURCES  D'INFECTION. 

Il  est  clair  qu'au  point  de  vue  médical,  les  moustiques  transmet- 
tant les  maladies  sont  parfaitement  inoffensifs,  aussi  longtemps  qu'ils 
ne  se  sont  pas  infectés  eux-mêmes  en  piquant  une  personne  atteinte 
de  malaria  ou  de  fiève  jaune.  S'il  n'existe  pas,  dans  une  localité,  de 
réservoirs  humains  de  ces  maladies,  des  milliers  A'Anopheles  peu- 
vent harceler  la  population,  sans  qu'un  seul  cas  de  malaria  se  pro- 
duise, des  milliers  de  Stegomyia  peuvent  hanter  les  maisons  sans 
communiquer  la  fièvre  jaune.  Les  moustiques  ne  sont  réellement  que 
des  agents  de  transmission,  qui  transportent  les  parasites  des  per- 
sonnes malades  aux  personnes  saines. 

Des  recherches  médicales,  faites  en  différentes  parties  du  monde, 
ont  démontré  que,  dans  les  régions  malariées,  une  proportion  très 
élevée  des  indigènes  hébergeait  dans  le  sang,  le  parasite  de  la  ma- 
laria. Les  enfants  indigènes  principalement  sont  des  réservoirs  d'in- 
fection pour  les  Européens  qui  vivent  parmi  eux  ;  après  une  longue 
série  d'attaques,  la  plupart  des  indigènes  sont  immunisés  contre  les 
fièvres  malariales. 

Le  Dr  L.  Bostock,  ancien  médecin  du  personnel  des  chemins  de 
fer  à  Komatipoort  (Afrique  du  Sud),  a  constaté,  en  examinant  le 
sang  des  jeunes  indigènes  des  contrées  basses  (low  veld)  du  Trans- 
vaal,  que  la  presque  totalité  de  ceux-ci  possédait  le  parasite  malarien. 
Des  conditions  similaires  se  rencontrent,  sans  doute,  dans  toutes  les 
zones  malariées  africaines,  et  le  Congo  ne  fait  pas  exception  à  cette 
règle,  comme  en  témoignent  les  résultats  de  l'examen  du  sang  tiré 
des  doigts  des  enfants  à  Boma,  Matadi,  Léopoldville  et  Lusambo. 
D'après  MM.  J.  E.  Dutton  et  J.  L.  Tood  (54),  tous  les  jeunes  indigènes, 
pour  ainsi  dire,  de  10  à  18  ans,  étaient  infectés. 

La  conclusion  immédiate  à  tirer  de  cette  constatation  est  que, 
partout  où  il  y  a  danger  de  malaria,  on  ne  peut  permettre  aux  enfants 
indigènes  de  séjourner  à  proximité  des  habitations  européennes.  Le 
quartier  des  blancs  devra  être  séparé  de  celui  des  noirs  par  un  inter- 
valle d'au  moins  400  mètres  et,  si  possible,  de  800  ou  1,000  mètres. 
Ainsi,  les  risques  de  piqûre  par  un  Anophèles  infecté  par  le  parasite 
seront  fort  réduits  (*). 

Protection    des    malades.  •      Dans  le  traitement  des  malades  atteints 

de  malaria,  il  faudra  veiller  avant  tout  — 

et  cela  au  point  de  vue  de  l'hygiène  de  la  communauté  —  à  ce  qu'ils 

soient  efficacement  et  parfaitement  protégés  contre    la    piqûre    des 

(•)  Il  faut,  soit  éloigner  les  noirs  des  habitations  européennes,  soit  les  forcer  à 
prendre  régulièrement  de  la  quinine. 

C'est  ainsi  qu'en  Ehodésie,  on  a  constaté  une  mortalité  élevée  chez  les  emfanta 
blancs  et  beaucoup  de  cas  de  malaria  chez  les  grandes  personnes,  uniquement  parce 
que  les  domestiques  étaient  des  nègres.  Cet  inconvénient  a  disparu,  depuis  que  les 
noirs  de  service  habitent  des  quartiers  séparés  et  que  ceux  chargés  de  la  garde  des 
enfants    sont  obligés  de  prendre  régulièrement  de  la  quinine. 


107 

moustiques,  par  des  moustiquaires  ou  par  des  écrans  de  toile  métalli- 
que. Même  dans  les  localités  où  la  malaria  ne  règne  pas  habituelle- 
ment, il  est  toujours  possible  aux  moustiques  Anophèles  de  s'infec- 
ter, en  piquant  une  personne  nouvellement  venue  d'une  région  ma- 
lariée.  De  cette  façon,  un  moustique  peut  transmettre  la  maladie  à 
des  personnes  saines.  Il  est  donc  essentiel  d'isoler  les  patients  souf- 
frant de  malaria  et  d'empêcher,  par  tous  moyens,  les  moustiques 
de  les  piquer. 

Traitement    par    la    qui=  Dans  beaucoup  de  régions  tropicales,  les 

°'°*«  habitants  prennent  régulièrement  de  la  qui- 

nine, soit  à  titre  curatif  pour  détruire  les 
parasites  qui  se  développent  dans  leur  sang  ou  en  réduire  le  nombre, 
soit  à  titre  préventif,  pour  diminuer  les  risques  d'infection. 

En  général,  cette  méthode  est  considérée  par  le  corps  médical 
comme  la  plus  efficace.  Quiconque  doit  voyager  ou  séjourner  dans  un 
district  malarié,  fera  bien  d'utiliser  la  quinine,  non  seulement  lors- 
que la  fièvre  se  déclare,  mais  également  comme  mesure  préventive 
avant  toute  manifestation  de  la  malaria  (*). 

La  méthode  à  la  quinine,  appelée  méthode  de  quinquinisation,  a 
été  utilisée  sur  une  grande  échelle  en  Italie  et  a  réduit  le  taux  de  la 

(•)  Le  Ouide  médical  abrégé  à  l'usage  du  voyageur  au  Congo,  publié  par  le  Minis- 
tère d&s  colonies,  iasiste  sur  le  fait  qu'il  est  indispensable  au  Congo  de  prendre  de  la 
quinine  préventive,  qui  constitue  un  de^  moyens  les  plus  puissants  de  prophylaxie 
anti-malariale. 

Il  y  a,  d'après  le  guide,  plusieurs  méthodes  préconisées  pour  prendre  la  quinine: 

1.  —  On  peut  prendre  journellement  une  dose  minima  de  25  centigrammes  de  qui- 
nine. Cette  méthode  convient  surtout  pour  les  régions  où  la  malaria  est  peu  virulente 
(hauts-plateaux,  Katanga,  ete.),  et  pour  les  personnes  ne  faisant  qu'un  séjour  peu 
prolongé  dans  la  colonie. 

2.  —  On  peut  aussi  prendre  50  centigrammes  de  quinine,  deux  ou  trois  fois  par 
semaine,  et  plus  souvent  même,  quand  on  a  fait  des  excès  de  travail,  de  fatigue, 
quand  on  change  d'habitudes,  par  exemple,  quand  on  échange  la  vie  de  station  pour 
la  vie  d'expédition  ou  vice-versa. 

Dans  ses  «  Notes  on  Malaria,  for  Officers  and  Men  »  (Troops  in  East  Africa), 
parues  dans  The  Lancet  (sept.  1917),  M.  le  Dr.  Cuthbert  Christy,  M.  B.,  C.  M.  (38), 
donne  également  des  indications  très  judicieuses  pour  l'emploi  de  la  quinine  contre 
la  malaria.  En  voici  quelques-unes  : 

41.  —  La  quinine  est  le  seul  médicament  qui  tue  le  parasite  de  la  malaria.  Il  en 
résulte  que  la  quinine  est  le  seul  médicament  qui  puisse  guérir  la  maladie  ; 

42.  —  La  quinine  étant  absorbée  dans  le  sang,  tue  les  parasites  fraîchement  intro- 
duits par  le  moustique,  mais  lorsque,  après  trois  ou  quatre  heures,  ces  parasites  ont 
pénétré  dans  les  globules  rouges,  la  quinine  a  moins  d'effet  sur  eux , 

43.  —  La  quinine  sera  donc  prise  aussitôt  après  chaque  risque  de  contamination, 
mais  comme  il  est  rare  qu'on  puisse  déterminer  avec  certitude  le  moment  où  l'on  a 
couru  ce  risque,  il  vaut  mieux  d'en  prendre  fréquemment  ; 

44.  —  Une  dose  journalière  de  cinq  grains  (Î5  centigrammes)  après  le  repas  du 
soir,  est  la  meilleure  manière  de  se  prémunir  ; 

45.  —  Une  dose  de  5  grains  prise  à  10  heures  du  soir  tuera  tous  les  parasites  pou- 
vant avoir  été  introduits  par  les  moustiques  durant  la  soirée  et  restera  suffisamment 
longtemps  dans  le  sang  pour  tuer  également  tous  les  parasites  pouvant  être  introduits 
jusqu'à  six  heures  du  matin.  On  sait  que  les  Anophèles  ne  piquent  que  la  nuit. 

MM.  Edm.  et  Et.  Sergent  (189),  dans  une  étude  sur  la  prophylaxie  antipaludique 
d'une  armée  en  campagne  (Orient  1917),  parue  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  Pa- 
thologie exotique,  de  Paris  (juillet  1918),  recommandent  comme  moyen  préventif  de 
donner  aux  troupes  une  dose  journalière  de  quinine.  Il  faudra,  disent-ils,  surveiller 
avec  grand  soin  l'exécution  de  cette  mesure,  car  l'action  de  la  quinine  ne  perdure 
que  quelques  heures  et  une  négligence  d'un  jour  suffit  pour  rendre  nul  tout  le  traite- 
ment. La  dose  recommandée  est  de  6  grains  (30  centigrammes)  de  chlorhydrate  de 
quinine  par  jour,  prise  sous  forme  de  tablettes. 


108 

malaria,  déjà  abaissé  de  65-70  pour  cent  à  14  pour  cent  par 
les  moyens  de  protection  mécanique,  à  4  pour  cent.  La  quinine 
■a  été  distribuée  gratuitement  à  tous  les  ouvriers  et  aux  pauvres 
vivant  dans  les  localités  malariées.  Cette  quinine  était  préparée  sous 
une  forme  facile  à  prendre,  par  exemple  sous  celle  de  tannate  de 
quinine  incorporé  à  du  chocolat.  Il  est  ainsi  facile  d'amener  les 
•enfants  et  les  personnes  qui  ne  peuvent  supporter  les  sels  ordinaires 
de  quinine,  à  prendre  le  remède  sous  celte  forme  édulcorée. 

La  prophylaxie  du  _palu=  Faisant    suite    à   'Scs   Recherches   sur  la 

disme  par  le  bétail.  transmission   du   paludisme    par    les  Ano- 

phèles français  des  régions  non  palustres, 
parues  en  1918  dans  les  Annales  de  l'institut  Pasteur,  le  savant 
Dr  Roubaud  a  publié  en  avril  1920,  dans  les  mêmes  Annales,  une 
étude  extrêmement  importante  sur  les  conditions  de  nutrition  des 
Anophèles  en  France  (Anophèles  maculipennis)  et  le  rôle  du  bétail 
dans  la  prophylaxie  du  paludisme. 

L'existence  à'Anopheles  sans  malaria  et  la  régression  manifeste 
et  spontanée  du  paludisme  dans  beaucoup  de  régions  anciennement 
palustres  de  l'Europe  occidentale  et  en  particulier  en  France,  sont 
des  questions  qui  ne  peuvent  être  expliquées  par  une  immunité  natu- 
relle ou  acquise  à'Anopheles  maculipennis.  Il  en  résulte  que  si  ce 
moustique,  le  plus  abondant  et  le  plus  généralement  répandu  en 
Trance,  n'y  exerce  pas  d'une  manière  plus  intense  ses  propriétés 
pathogéniques,  c'est  que  quelque  particularité  de  sa  biologie  s'y 
oppose,  en  restreignant  au  minimum  ses  rapports  avec  l'homme. 

Il  découle  des  nombreuses  observations  comparativement  poursui- 
vies par  M.  Roubaud  en  Vendée  et  aux  environs  de  Paris,  que  celte 
particularité  de  la  biologie  à'Anopheles  maculipennis  est  sa  préférence 
absolue  pour  le  bétail.  D'une  façon  générale,  tous  les  mammifères 
d'une  ferme,  même  les  lapins,  jouent  dans  l'alimentation  sanguine 
des  Anophèles  un  rôle  incomparablemen!  plus  important  que  l'homme. 

Le  cadre  de  notre  petite  étude  ne  nous  permet  même  pas  de  tenter 
de  résumer  le  beau  travail  de  M.  Roubaud.  Nous  devons  nous  con- 
tenter de  donner  un  aperçu  succinct  du  dernier  chapitre,  intitulé  : 
L'éducation  trophique  des  Anophelines  et  la  prophylaxie  antipaludique. 

Il  résulte  de  ce  qui  a  été  dit  précédemment  que,  spontanément, 
dans  les  régions  d'Europe  où  le  bétail  a  été  placé  dans  des  conditions 
lui  permettant  d'assurer  l'alimentation  normale  de  la  faune  anophe- 
lienne,  l'^l.  maculipennis  a  cessé  presque  entièrement  ses  rapports  de 
nutrition  sanguine  avec  l'homme  II  en  est  résulté,  pour  ce  dernier, 
une  protection  antipaludique  plus  ou  moins  parfaite  et,  par  suite, 
l'avènement  en  dernière  analyse  d'un  état  latent  d'anophelisme  sans 
paludisme  qui  domine  aujourd'hui  dans  la  majeure  partie  de  l'Europe. 

Partout  où  la  faune  anophelienne  a  pu  se  nourrir  régulièrement 
aux  dépens  des  animaux,  le  cycle  des  parasites  malariens  s'est  trouvé 
rompu  et  le  paludisme  suspendu  dans  ses  manifestations  d'endémi- 
cité.  Ainsi  s'est  réalisée  dans  la  nature  une  expérience  spontanée  de 
large  envergure,  et  dont  l'interprétation  paraît  singulièrement  instruc- 
tive pour  l'histoire  de  l'antipaludisme. 

M.  Roubaud  estime  ensuite  qu'il  est  possible  de  reprendre  sem- 


109 

tlable  expérience  en  pays  palustre  et  d'y  organiser  rationnellement 
la  prophylaxie  animale  du  paludisme. 

Mais  la  prophylaxie  par  le  bétail  ne  doit  pas  simplement  consister 
à  introduire  au  voisinage  des  habitations  humaines  un  rideau  pro- 
tecteur animal  purement  local  et  plus  ou  moins  temporaire.  Pour 
•que  cette  protection  soit  efficace,  il  faut  réaliser  l'éducation  trophi- 
que  de  la  faune  anophélienne  en  l'orientant  d'une  façon  permanente 
et  stable  vers  la  population  animale,  de  manière  à  développer  les 
préférences  des  moustiques  pour  le  bétail  et  à  les  amener  à  une  indif- 
férence de  plus  en  plus  complète  à  l'égard  de  l'espèce  humaine. 

Pour  ce  faire,  il  faut  que  l'alimentation  sanguine  d'origine  ani- 
male soit  assurée  en  permanence  aux  moustiques  pendant  toute  la 
■saison  d'activité  et  sensiblement  aussi  toujours  dans  les  mêmes  con- 
"ditions. 

De  plus,  pour  que  l'alimentation  normale  de  la  faune  anophélienne 
puisse  être  obtenue  sans  le  concours  des  organismes  humains,  il  con- 
viendra, avant  tout,  de  limiter  la  densité  de  celte  faune  par  le  con- 
trôle des  lieux  de  développement.  Les  grandes  mesures  antilarvaires 
restent  donc  à  la  base  d'une  prophylaxie  anti-anophélienne  bien  con- 
duite et  la  prophylaxie  animale  viendra  surtout  là  où  la  faune  ano- 
phélienne devra  son  développement  à  des  gîtes  de  faible  étendue. 

D'autre  part,  pour  les  espèces  qui,  comme  1'^.  maculipennis,  sta- 
tionnent pendant  le  jour  à  côté  de  leur  hôte,  les  abris  à  bestiaux 
constitueront  en  même  temps  de  véritables  pièges  où  l'on  pourra 
■détruire,  par  des  visites  périodiques,  une  énorme  quantité  à'Ano- 
^helcs  adultes.  Cette  chasse  systématique  sera  aisément  pratiquée 
à  l'aide  de  filets  rudimentaires,  de  balais  de  paille  ou  de  branchages 
enduits  de  glu  ou  de  goudron,  qu'on  promènera  en  tous  sens  sur 
le  plafonnement  des  abris  et  dans  tous  les  recoins  où,  le  jour, 
s'immobilisent  les  moustiques. 

Enfin,  il  faudra  s'inspirer,  pour  le  choix  des  animaux,  des  préfé- 
rences alimentaires  de  l'espèce  d'Anophèles  envisagée.  Il  est  évident 
que  les  grands  animaux,  le  bétail  bovin,  les  chevaux  et  mulets,  dont 
le  rôle  attractif  est  le  plus  important  à  l'égard  d'.4.  maculipennis, 
constitueront  dans  les  régions  où  cette  espèce  est  dominante,  les  ani- 
maux les  plus  appropriés  à  la  préservation  humaine.  Après  eux,  vien- 
dront les  porcs  ou  les  chèvres  et  les  moutons. 

Mais  quels  que  soient  les  hôtes  protecteurs  mis  en  cause,  il  faut 
de  toute  évidence  rappeler  ici  que,  dans  une  contrée  à  Anophèles, 
l'introduction  du  bétail  ne  constituera  un  moyen  efficace  de  lutte 
■que  si  celui-ci  est  placé  dans  des  conditions  de  stabulation  favorables 
:à  la  nutrition  des  Anophèles,  c'est-à-dire,  suivant  les  cas,  soit  dans 
■des  abris  de  nature  déterminée,  ouverts  ou  non,  solî  en  plein  air. 

Ross  a  classé  les  moustiques,  d'après  leurs  rapports  avec  l'homme, 
en  trois  catégories  :  les  moustiques  domestiques,  qui  passent  la  ma- 
jeure partie  de  leur  existence  dans  les  maisons  ;  les  moustiques  sub- 
domestiques, qui  y  entrent  seulement  pour  se  nourrir  de  sang,  et  les 
moustiques  sauvages,  qui  n'y  pénètrent  jamais. 

Au  point  de  vue  de  la  détermination  précise,  non  seulement  des 
préférences  alimentaires  de  chaque  espèce  anophélienne,  mais  au<:<:i 

7 


110 

de  son  comportement  à  Tégard  des  hôtes.  M.  Roubaud  propose  de 
substituer  à  la  classification  de  Ross,  la  terminologie  suivante,  em- 
pruntée aux  circonstances  habituelles  de  nutrition  sanguine,  suivant 
que  celle-ci  exige  le  calme  des  abris  ou  le  grand  air. 

On  pourrait  ainsi  diviser  les  Anophèles  en  deux  groupements 
essentiels  : 

Les  Entophiles  comprendraient  les  espèces,  domestiques  ou  non, 
qui,  comme  VA.  rnaculipennis,  recherchent  leurs  hôtes  à  l'intérieur 
des  habitations  ou  des  abris  clos  :  étables,  écuries  ; 

Les  Exophiles,  les  formes  qui  attaquent  leurs  hôtes  à  l'extérieur, 
en  plein  air,  de  préférence  aux  abris  clos  (A.  bifurcatus)  ou  sous  des 
abris  largement  ouverts  (vérandas,  hangars,  etc.). 

A  ces  deux  groupements  essentiels,  on  en  peut  joindre  un  troi- 
sième, celui  des  Amphophiles,  comprenant  les  espèces  non  fixées  à 
un  mode  d'attaque  défini  et  qui  piquent  aussi  bien  à  l'intérieur  des 
abris  qu'en  plein  air. 

Voici  comment  M.  Roubaud  termine  ensuite  son  travail.  «  Le  bétail 
protecteur,  dit-il,  pour  être  considéré  comme  efficient  au  point  de 
vue  antipaludique  devra  donc,  suivant  les  cas,  être  placé  dans  des 
conditions  d'attaque  correspondant  aux  différentes  catégories  biolo- 
giques citées  plus  haut.  Il  s'ensuit  que  la  prophylaxie  animale  du 
paludisme,  et  c'est  là  la  prmcipale  difficulté  à  surmonter,  devra 
s'accompagner  d'une  modification  plus  ou  moins  complète  des  habi- 
tudes locales  en  ce  qui  concerne  l'élève  des  bestiaux.  S'il  s'agit  d'es- 
pèces Entophiles,  les  grands  troupeaux  de  bœufs  parqués  en  plein 
air  à  distance  des  habitations,  comme  c'est  le  cas  le  plus  ordinaire 
dans  les  régions  chaudes,  seront  absolument  inexistants  pour  la  pro- 
tection humaine,  tandis  que  l'habitude  prise  d'abriter,  au  moins 
partiellement,  ces  animaux  la  nuit,  pourra  offrir  les  plus  heureuses 
conséquences,  au  point  de  vue  antimalarique.  On  voit  donc  que,  les 
principes  généraux  étant  posés,  la  prophylaxie  par  le  bétail  devra 
être  adaptée  aux  différentes  circonstances  et  s'inspirer  avant  tout 
étroitement  de  la  connaissance  éthiologique  des  espèces  anophéliennes 
dominantes.  Elle  sera  dirigée,  avant  tout,  contre  celles  dont  le  pou- 
voir pathogène  local  aura  été  reconnu  comme  le  plus  important.  Ainsi 
comprise,  il  n'est  pas  douteux  que  cette  nouvelle  méthode  prophylac- 
tique, lorsqu'il  sera  permis  de  l'appliquer,  ne  contribue,  dans  une 
large  mesure  et  dans  les  meilleures  conditions  possibles,  à  l'assai- 
nissement des  pays  palustres.  » 

C.  —  MOYENS  DE  DESTRUCTION  DES  MOUSTIQUES  ADULTES. 

Emploi  des  fumigations.         Toute    substance   pouvant   produire   une 
fumée  dense  ou  des  vapeurs  toxiques,  peut 
être  utilisée  pour  détruire  les  moustiques  adultes.  Voici  les  princi- 
paux de  ces  produits  culicides  : 

Poudres  de  pyrèthre.  —  Les  poudres  de  pyrèthre.  connues  dans 
le  commerce  sous  les  noms  de  poudre  insecticide  dalmate.  de  poudre 
insecticide  persane,  etc.,  sont  très  efficaces,  lorsqu'elles  sont  fraîches 


et  dépourvues  d'impuretés.  Les  poudres  pures  sont  faites  avec  les 
capitules  de  deux  espèces  de  plantes  du  genre  Pyrethrum  (Compo- 
sées), finement  moulus.  Le  principe  actif  paraît  être  une  huile  essen- 
tielle, qui  s'évapore  par  une  trop  longue  conservation  ou  exposition 
à  l'air.  Plusieurs  poudres  vendues  dans  le  commerce  sont  apparem- 
ment falsifiées,  en  broyant  les  tiges  du  pyrèthre  avec  les  capitules  ou 
par  d'autres  moyens.  Ces  poudres  ne  sont  évidemment  pas  aussi  effi- 
caces que  les  poudres  pures  (*). 

Les  poudres  de  pyrèthre  peuvent  être  employées  à  sec  ou  en  fumi- 
gations. A  sec,  elles  sont  insufflées  dans  les  crevasses  fréquentées  par 
les  insectes  ou  disséminées  dans  l'air  du  local  dans  lequel  les  mous- 
tiques séjournent. 

Il  est  d'usage  courant  de  brûler  de  la  poudre  de  pyrèthre  dans  les 
chambres,  à  la  tombée  de  la  nuit.  Dans  ce  but,  la  poudre  est  entassée 
en  une  petite  pyramide,  que  l'on  allume  au  sommet  et  qui  brûle  len- 
tement, en  produisant  une  fumée  dense  et  piquante.  Souvent,  la  pou- 
dre est  au  préalable  mouillée,  puis  modelée  à  la  main  en  petits  cônes 
de  la  dimension  d'une  praline  de  chocolat.  Ces  cônes  sont  ensuite  pla- 
cés dans  une  casserole  plate  et  sêchés  complètement  au  four.  Ils  sont 
alors  prêts  à  l'usage  etj.  allumés  par  la  pointe,  se  consument  lente- 
ment, en  envoyant  dans  l'air  une  mince  colonne  de  fumée  acre.  Ces 
cônes  sont  plus  économiques  que  les  pyramides  de  poudre  sèche.  Les 
moustiques  sont  stupéfiés  par  la  fumée  et  tombent  sur  le  plancher 
où  ils  sont  balayés,  puis  brûlés. 

Cette  fumigation  fait  peu  d'effet  si  les  fenêtres  sont  ouvertes  et 
s'il  se  produit  ainsi  un  renouvellement  de  l'air,  et,  pour  être  efficace- 
ment protégé,  il  est  nécessaire  d'être  entouré  d'un  nuage  de  fumée. 
La  poudre  peut  également  être  étendue  sur  une  plaque  métallique 
placée  sur  le  verre  d'une  lampe  à  pétrole  allumée.  De  cette  façon, 
les  vapeurs  de  l'huile  volatile  se  répandent  dans  la  chambre.  Ce 
procédé  est,  paraît-il,  très  efficace.  Il  économise  la  poudre  et  l'odeur 
est  légère.  Une  autre  méthode  de  combustion  de  la  poudre  de  pyrè- 
thre consiste  à  l'insuffler,  à  l'aide  d'un  vaporisateur,  dans  un  jet  de 
gaz  brûlant. 

A  la  Nouvelle-Orléans,  on  a  calculé  qu'afin  de  débarrasser  com- 
plètement les  maisons  des  moustiques,  il  fallait  brûler  le  pyrèthre 
à  raison  d'une  livre  environ  de  poudre  par  mille  pieds  cubes 
(25  mètres  cubes)  d'air. 

D'après  Sir  Rubert  Boyce  F.  R.  S.  (23),  pour  détruire  Stegomyia 
fasciata,  il  faut  brûler  trois  livres  (1,350  grammes)  de  poudre  de  py- 
rèthre par  mille  pieds  cubes  (25  mètres  cubes),  et  l'application  doit 
durer  trois  heures. Il  vaut  mieux  de  diviser  la  poudre  en  trois  pots, 
contenant  chacun  une  livre,  que  de  mettre  le  tout  dans  un  seul  réci- 
pient. Ces  pots  seront  placés  dans  des  casseroles  plates  contenant  un 
peu  d'eau. La  poudre  de  pyrèthre  est  utilisée  dans  les  chambres  con- 
tiguës  à  celle  où  repose  un  malade  atteint  de  la  fièvre  jaune,  car  les 

(*)  La  poudre  la  plus  renommée  est  celle  qui  est  faite  avec  les  fleurs  du  Pyrèthra 
de  Dalmatie.  C'est  aux  environs  de  Sebeolco  que  cette  plante  croit  en  abondance, 
dans  les  terrains  rocailleux.  La  récolte  de  1920  fut  d'environ  120  wagons  pour  tout«  'a 
Calmatie. 


112 

fumées  produites  sont  bien  moins  irritantes  que  celles  dégagées  par 
une  fumigation  à  l'anhydride  sulfureux.  Il  est  toujours  à  recomman- 
der de  contrôler  l'efficacité  de  la  fumigation  par  une  expérience  di- 
recte. Dans  ce  but,  on  introduit  quelques  moustiques  vivants  dans 
une  boîte  couverte  de  mousseline,  placée  en  queiqu'endroit  où  ces 
insectes  peuvent  être  observés  du  dehors.  Lorsqu'ils  sont  morts,  on 
peut  en  conclure  que  la  fumigation  a  été  efficace. 

Soulre.  —  La  combustion  de  soufre  en  poudre  ou  de  morceaux  de 
soufre,  dans  un  petit  pot,  est  un  procédé  de  fumigation  très  efficace 
pour  détruire  les  moustiques  suspects  d'infection.  Sir  Rubert  Boyce 
(23),  dit  que  le  soufre  est  un  excellent  culicide  ;  il  est  bon  marché 
et  se  trouve  partout.  On  peut  le  brûler  par  petites  quantités  dans  des 
pots  à  soufre  ou,  pour  des  fumigations  plus  importantes,  dans  des 
appareils  Clayton.  Il  faut  environ  deux  livres  (900  grammes)  de 
soufre  par  mille  pieds  cubes  (25  mètres  cubes)  d'air.  Les  pots  conte- 
nant cette  substance  seront  placés  dans  des  casseroles  plates  conte- 
nant une  couche  d'eau  de  25  mm.  Le  soufre  devra  être  enflammé 
avec  de  l'alcool  et  il  faudra  vérifier  soigneusement  s'il  est  bien  allumé. 
La  durée  de  l'opération  est  de  trois  heures.  Les  vapeurs  sulfureuses 
corrodant  les  objets  en  métal,  ces  derniers  devront  être  enlevés  avant 
la  fumigation  (*). 

Mélange  de  camphre  et  d'acide  phénique.  —  Ce  mélange,  appelé 
culicide  de  Mimms,  est  constitué,  par  poids  égaux,  de  camphre  et 
d'acide  phénique  cristallisé.  Les  cristaux  de  l'acide  sont  fondus  par 
une  chaleur  douce,  puis  la  dissolution  est  versée  lentement  sur  le 
camphre  qui  est  absorbé  ;  il  en  résulte  finalement  un  liquide  clair, 
quelque  peu  volatil,  à  odeur  agréable.  Ce  liquide  est  stable,  et  peut 
être  conservé  pendant  quelque  temps  dans  des  récipients  bouchés. 
Il  constitue  un  excellent  culicide  et  n'abîme  ni  les  meubles,  ni  les 
vêtements,  ni  les  objets  de  cuivre.  Il  laisse,  après  usage,  une  odeur 
rafraîchissante  dans   la  pièce. 

Pour  s'en  servir,  on  volatilise  de  trois  à  quatre  onces  de  ce  mé- 
lange par  mille  pieds  cubes  d'air  (de  75  à  100  gr.  par  25mètres  cubes). 
L'opération  dure  deux  heures.  Le  liquide  est  versé  dans  une  casserole 
plate,  placée  sur  une  lampe  à  alcool  ou  à  pétrole.  Ce  liquide  est  in- 
flammable ;  la  vapeur  dégagée  est  blanche,  mais  n'est  pas  explosive  ; 
elle  n'est  pas  dangereuse  pour  l'homme,  sauf  lorsqu'elle  est  très 
épaisse,  mais  elle  donne,  lorsqu'elle  est  trop  librement  respirée,  des 

(•)  MM.  C.  H«derer  et  M.  Sellier  (86)  ont  décrit  dans  les  Arch.  Med.  Pharm. 
navales  de  Paris,  (2  août  1919),  un  nouvel  appareil  portatif  à  sulfuration,  inventé  par 
le  vétérinaire  major  Lochon.  Dans  cet  appareil,  une  combustion  rapide  d'une  grande 
quantité  de  soufre  est  obtenue  par  un  moyen  très  simple.  Ordinairement,  on  ne 
peut  brûler  que  20  à  25  grammes  de  soufre  par  m^,  mais  avec  le  brûleur  Lochon, 
100  à  120  grammes  par  m^  sont  vaporisés  en  urne  demi-heure  environ. 

Pour  l'usage,  6  grammes  de  poudre  oxydante  sont  a30uté<5  à  100  grammes  de 
eoufre.  Le  rôle  de  cette  poudre  est  de  fournir  l'oxygène  nécessaire  pour  produire  de 
l'anhydride  snlfurique  (SO^)  dans  la  proportion  de  0.4  %  de  la  quantité  totale  de 
gaz  émise. 

Le  mélange  de  SO^  et  SO^  a  une  action  microbicide  et  parasiticide  énergique  et 
n'entraîne  pas  la  décoloration  et  la  détérioration  produite  par  l'anhydrique  sulfureux 
employé  seul.  ^ 

L'appareil  de  M.  Lochon  peut  également  être  employé  pour  vaporiser  du  formoL 


113 

maux  de  lèLe.  Les  chambres  à  enfumer  à  l'aide  du  culicide  de  Mimms 
doivent  être  hermétiquement  fermées. 

Crésyl  et  créoline.  —  MM.  Bouet  et  Roubaud  préconisent  l'emploi, 
pour  tuer  les  moustiques,  de  fumigations  à  l'aide  du  crésyl. 

Les  vapeurs  de  crésyl  stupéfient  presque  immédiatement  les  insectes, 
et  si  ceux-ci  reviennent  plus  tard  à  la  vie,  les  lésions  qui  leur  sont 
infligées  les  empêchent  de  devenir  nuisibles.  Une  dose  un  peu  plus 
forte  ou  une  action  plus  prolongée  amènent  la  mort.  Ces  vapeurs 
étant  inoffensives  pour  les  hommes  et  pour  les  animaux,  on  peut 
pénétrer  dans  une  chambre,  après  une  fumigation  à  l'aide  du  crésyl. 
Le  seul  inconvénient  est  une  légère  irritation  de  la  conjonctive.  Ces 
vapeurs  n'endommagent  pas  les  objets  de  ménage,  les  métaux  et  les 
dorures.  Il  n'est  pas  nécessaire  d'agiter  artificiellement  l'air,  car 
le  crésyl  est  très  volatil. 

D'après  MM.  Bouet  et  Roubaud,  la  dose  efficace  est  de  5  gr.  de 
crésyl  par  mètre  cube  d'air,  et  l'enfumage  d'un  espace  de  25  mètres 
cubes  revient  à  moins  de  dix  centimes.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  bou- 
cher hermétiquement  les  petites  ouvertures.  Le  crésol,  produit  plus 
purifié  que  le  crésyl,  est  plus  efficace,  mais  il  coûte  plus  cher  (*) 
D'après  M.  R.  Legroux  (116),  l'Institut  Pasteur  a  établi  le  modèle  d'un 
appareil  simple  et  peu  coûteux  pour  l'emploi  des  vapeurs  de  crésyl. 
C'est  une  gamelle  réglementaire,  placée  sur  un  cylindre  de  tôle  per- 
forée finement  (trous  de  quatre  dixièmes  de  mm.),  afin  d'éviter  l'in- 
flammation des  vapeurs  produites  ;  une  lampe  à  alcool,  sans  mèche, 
évapore  le  crésyl  (voir  fig.  66). 

Suivant  M.  G.  Moniz  (151)  (Brazil  Medico),  la  créoline  serait  plus 
efficace,  comme  culicide,  que  la  poudre  de  pyrèthre.  Cette  méthode 
de  fumigation  est  surtout  recommandable  pour  les  chambres  fer- 
mées. La  dose  préconisée  est  de  6  ce.  par  mètre  cube  d'air.  La 
substance  est  mise  dans  un  récipient  posé  sur  un  trépied,  se  trou- 
vant lui-même  dans  un  baquet  d'eau  placé  sur  le  plancher.  Il  faut, 
pour  vaporiser  600  ce.  de  créoline,  270  ce.  d'alcool.  Comme  la  vapeur 
est  très  lourde,  il  n'est  pas  nécessaire  de  mastiquer  les  fissures  des 
murs  et  du  plancher.  Il  suffit  de  tenir  portes  et  fenêtres  fermées 
pendant  trois  heures  ;  au  bout  de  ce  temps,  tous  les  moustiques  sont 
tués  (**). 

Cyanure  de  potasshun.  — ■  Le  gaz  cyanhydrique  est  plus  irritant  et 
plus  toxique  que  l'anhydride  sulfureux  et  l'oxyde  de  carbone.  Il  est 

C)  Dans  les  petits  locaux  (chambres  et  tentes),  une  cuillère*  à  thé  de  crésol. 
chauffée  jusqu'à  vaporisation  totale,  chasse  complètement  les   moustiques. 

(**)  Une  nouvelle  méthode  de  fumigation  des  habitations  infestées  par  les  mousti- 
ques a  été  essayée  expérimentalement  à  Accra  (Côte  d'Or),  par  M.  D.  AJexander  (3).. 
et  a  donné  de^  résultats  très  satisfaisants.  La  créoline  fut  d'abord  employée,  pui* 
l'Izal  et  ensuite  un  mélange  des  deux  substances.  L'appareil  consistait  en  un  récipient 
émaillé  pouvant  contenir  suffisamment  de  produit  pour  enfumer  une  chambre  de 
80  ra3,  et  en  une  lampe  capable  de  vaporiser  cette  quantité  en  3  heures.  Quelque» 
minutes  après  la  réouverture  des  portes,  l'atmosphère  ét^iit  suffisamment  épurée  pour 
qu'on  puisse  pénétrer  dans  le  local.  Cett-e  méthode  est  bien  moins  coût*us«  que  la 
fumigation  au  soufre. 


114 


produit  rapidement  et  facilement,  n'abîme  pas  les  objets  et  ne  pré- 
sente que  peu  de  danger  en  des  mains  expérimentées  (*). 

D'après  MM.  R.  H.  Creel  et  F.  M.  Faget  (41),  la  quantité  de  cyanure 
de  potassium  requise  pour  traiter 
25  mètres  cubes  d'air  et  détruire  les 
moustiques,  est  de  10  grammes  en- 
viron; la  durée  d'action  doit  être  de 
lo  minutes.  La  destruction  des  mous- 
tiques au  gaz  cyanhydrique  est  neuf 
fois  moins  coûteuse  que  celle  à  l'an- 
hydride sulfureux  et  demande  beau- 
coup moins  de  temps.  De  plus,  après 
diffusion  du  gaz  toxique,  sa  dilution 
est  telle,  qu'il  n'y  a  pratiquement  plus 
de  danger  pour  la  vie  humaine. 

Comme  nous  l'avons  vu,  les  fumi- 
gations à  l'acide  cyanhydrique  sont 
employées  pour  la  destruction  des  in- 
sectes à  bord  des  navires. 

Etant  donné  le  grand  danger  que 
présente  l'emploi  du  cyanure  de  po- 
tassium, surtout  si  les  quantités  de 
cyanure  employées  ne  sont  pas  très 
bien  dosées,  nous  conseillons  une  ex- 
trême prudence  dans  toutes  les  ma- 
nipulations du  produit.  Si  l'on  a  tou- 
ché le  cyanure  avec  les  doigts,  on  se 
lavera  soigneusement  et  immédiate- 
ment les  mains.  Avant  de  pénétrer 
dans  la  place  fumigée,  on  l'aérera 
largement  pendant  une  demi-heure. 
L'idéal  serait  de  pouvoir  ouvrir  les 
fenêtres   de   l'extérieur. 


Fig.  66.  —  Emploi  des  va- 
peurs de  crésyl  pour  enfumer 
les  moustiques  adultes. 

Vaporigène  (gamelle)  à  cré- 
syl, dont  les  différentes  pièces 
sont  disjointes  : 

1.  Gamelle  où  se  verse  le 
crésyl,  au  moyen  de  la  me- 
sure B; 

2.  Cylindre  de  tôle  perforée; 

3.  Lampe  à  alcool,  qu'on 
remplit  au  moyen  de  la  me- 
sure A.  (D'après  R.  Legroux.) 


Autres  substances.  —  D'après  le  Dr  John  B.  Smith,  la  poudre  de 
Datura  stramonium  peut  être  avantageusement  brûlée  dans  les  mai- 
sons.   Il  faut   huit  onces  (225  grammes)  de  poudre  par  25  mètres 


(*)   Mode  opératoire  : 

Pour  produire  l'acide  cyanhydriqu«,  on  fera  agir  de  l'acide  sulfunque  dilné  sur 
du  cyanure  de  potassium. 

Ces  substances  s'emploient  dans  les  proportions  respectives  suivantes  :  1  parti* 
en  poids  de  cyanur*  pour  1  1/2  partie  d'acide  sulfunque  du  commerce  et  deux 
parties  d'eau. 

Dans  une  large  terrine  em  terre  vernissée,  on  verse  la  quantité  d'eau  calculée  et 
mesurée,  puis  on  y  fait  couler  l'acide  en  un  mince  filet,  en  agitant  constamment. 
Jamais  on  ne  versera  l'eau  dans  l'acide,  ce  qui  occasionnerait  des  projections  dan- 
gereuses. La  terrime  contenant  l'acide  dilué  est  placée  sur  le  eol  au  milieu  du  local. 
La  dose  de  cyanure  est  enveloppée  dans  un  petit  morceau  de  papier  buvard  mince  ou 
de  papier  de  soie  et  déposée  dans  l'acide.  Sitôt  cette  opération  faite,  on  ne  s'attard_era 
pas  un  instant  à  voir  ce  qui  ae  passe,  à  constater  si  l'acide  pénètre  dans  le  papier, 
si  le  gaz  se  dégage  ou  non,  mais  on  siortira  immédiatement  de  la  place  dont  on  fer- 
mera la  porte. 

Après  fumigation  et  aération,  on  jettera  le  liquide  à  l'égoût  en  évitant  de  respirer 
les  gaz  dissous  qu'il  peut  dégager  encore  lentement. 


115 

cubes  d'air  (mille  pieds  cubes).  Pour  rendre  le  produit  plus  com- 
bustible, il  est  recommandé  de  le  mélanger  avec  du  salpêtre  ou  nitrate 
de  potasse,  dans  la  proportion  d'une  partie  de  salpêtre  pour  trois  de 
poudre.  Les  vapeurs  ne  sont  pas  dangereuses  pour  l'homme  et  n'abî- 
ment pas  les  objets  en  métal  ;  cette  poudre  peut  être  utilisée  sans 
danger  ;  on  peut  la  brûler  dans  une  casserole  étamée  ou  sur  une  pelle. 

D'après  M.  A.  Celli  (53),  M.  D.  Marras  a  expérimenté,  en  1912,  en 
Italie,  l'utilisation,  comme  culicides,  des  vapeurs  ou  fumées  produites 
par  la  combustion  des  graines  de  diverses  plantes  indigènes  et  exoti- 
ques. Il  résulte  de  ces  expériences  qu'aucun  rapport  n'existe  entre 
l'action  irritante  de  ces  fumées  sur  la  muqueuse  nasale  et  leur  effica- 
cité. Certaines  de  celles  qui  avaient  le  moins  d'effet  sur  les  êtres 
humains,  possédaient  la  plus  grande  action  sur  les  moustiques  (*). 

Enfin,  un  docteur  japonais  recommande  de  brûler  des  pelures 
d'oranges  sèches  pour  éloigner  les  moustiques  (**). 

Emploi  des  pulvérisations  Les   méthodes  d'aspersion   (Konspersions 

de  liquides  culicides.  nicthode)  avec  liquides  culicides,  des  locaux 
envahis  par  les  moustiques,  préconisées  par 
Giemsa  en  1911,  se  sont  montrées  efficaces,  et  des  recherches  sont 
actuellement  faites  en  vue  de  les  perfectionner  et  d'obtenir  des  liquides 
culicides  bon  marché.  M.  G.  Giemsa  (75).  dans  un  article  paru  en 
1914  dans  Archiv.  fur  Schil^s  und  Tropen-Hygiene,  conseille  l'emploi, 
pour  l'aspersion,  d'une  solution  à  2.5  pour  cent  de  savon  potassique 

(*)  M.  Y.  Hayashi  (85)  a  décrit  une  méthode  de  fumigation  employé©  à  Formoee 
par  les  autorités  militaires,  pour  la  destruction  des  moustiques. 

Des  cordes  de  papier  saupoudré  au  préalable  de  25  grammes  de  poudre  insecti- 
cide ordinaire  (probablement  le  pollen  d'Aster  Sinensis),  sont  suspendues  à  un  sup- 
port incombustible  et  allumées,  ou  bien  elles  sont  jetées  sur  un  brasier  de  charbon 
de  bois. 

—  M.  A.  Pickels  (162)  signale  un  moyen  efficace  de  détruire  les  moustiques,  em- 
ployé en  Nigérie,  spécialement  dans  les  huttes  d'argile  à  toit  de  chaume. 

Il  consiste  à  pratiquer  une  douzaine  de  trous  dans  le  fond  d'un  pot  indigèae,  à 
placer  ce  fond  sur  trois  pierres  et  à  faire  en  dessous  un  bon  feu  de  cîiarbon  de  bois. 

Des  brisures  de  tabac  indigène  sont  entassées  sur  le  fond  et,  au-dessus,  on  place 
nn  sac  en  papier  rempli  de  poivre  noir. 

Ceci  constitue  un  excellent  appareil  de  fumigation  qui  doit  rester  pendant  24  heu- 
res dans  la  hutte,  rendue,  au  préalable,  aussi  étanche  que  possible. 

En  ouvrant  la  hutte,  on  trouve  morts  ou  anesthésiés  sur  le  plancher  tous  les  in- 
sectes :  moustiques,  mouches,  etc.  ;  ceux-ci  sont  alors  balayés  et  brûlés. 

(•*)  M.  W.  Moore  a  exposé,  dans  Jour,  of  Aoricult.  Research,  Washington,  d'août 
1917,  les  résultats  de  ses  recherches  sur  les  rapports  entre  la  toxicité  et  la  volatilité 
des  insecticides.  En  règle  générale,  ce  sont  les  produits  les  moins  volatils  qui  sont  les 
plus  toxiques  pour  les  insectes.  C'est  ainsi  que  l'alcool  éthylique  détruit  mieux  les 
insectes  que  l'alcool  méthylique,  ce  qui  est  le  contraire  de  ce  qui  se  passe  avec  ces 
deux  produits,  chez  les  animaux  supérieurs.  M.  W.  Moore  explique  comme  suit  cette 
différence  :  La  vapeur  présente  dans  l'air  est  introduite  dans  les  trachées  des  insectes 
et  est  condensée  lorsqu'elle  atteint  les  plus  fines  divisions  de  ces  organes.  Il  en  résulte 
que,  si  un  composé  est  très  volatil,  il  s'évaporera  et  sortira  facilement  du  corps  d« 
l'insecte,  tandis  que,  s'il  n'est  que  faiblement  volatil,  il  y  restera,  pénétrera  dans  les 
tissus  et  provoquera  des  réactions  toxiques.  Chez  les  animaux  supérieurs,  au  con- 
traire, lorsque  le  composé  se  trouve  dans  les  poumons,  il  eu  est  rapidement  enlevé 
par  le  sang,  qui  le  transporte  dans  toutes  les  parties  du  corps,  lui  donnant  ainsi 
l'occasion  de  réagir  chimiquement  sur  les  tissus. 

Préalablement,  M.  W.  Moore  (152)  avait  publié,  dans  le  même  journal  de  juin 
1917,  les  résultats  de  ses  expériences  sur  la  toxicité,  pour  les  insectes,  des  vapeurs 
d'une  série  de  28  dérivés  de  la  benzine.  Le  but  était  de  trouver  une  substance  qui, 
tout  en  tuant  les  insectes,  n'était  nuisible  ni  aux  animaux  domestiques,  ni  aux 
plantes. 


116 

(savon  mou).  De  bons  résultats  ont  également  été  obtenus  avec  une 
solution  à  1.5  pour  cent  de  savon  médical  pur  à  la  soude.  Il  n'est 
guère  probable  que  des  solutions  aussi  faibles  puissent  endommager 
l'ameublement  et  les  garnitures,  mais  des  essais  préalables  peuvent 
être  faits  dans  les  huttes  indigènes,  les  étables,  etc.  Il  est  à  remar- 
quer que,  par  l'addition  de  savon,  les  propriétés  culicides  de  diversea- 
substances  sont  rendues  beaucoup  plus  actives.  Il  en  est  ainsi  no- 
tamment pour  la  teinture  de  pyrèthre,  le  formol,  etc.  Une  solution 
de  cinquante  grammes  de  formol  commercial  dans  un  litre  d'eau, 
occasionne  une  forte  irritation  des  poumons,  mais  ne  détruit  pas  les 
moustiques  ;  de  même,  une  solution  de  cinquante  grammes  de  savon 
potassique  dans  un  litre  d'eau  est  sans  action  culicide,  mais  si  les- 
deux  liquides  sont  mélangés,  il  suffit  de  la  moitié  des  quantités  indi- 
quées plus  haut  pour  tuer  instantanément  tous  les  insectes.  Lorsque 
l'odeur  du  formol  n'est  pas  trop  prononcée,  on  la  dissipe  facilement 
dans  une  chambre,  en  laissant  s'évaporer  une  petite  quantité  d'am- 
moniaque. Au  point  de  vue  pratique,  nous  relevons  dans  les  conclu- 
sions de  M.  Giemsa  que  :  1°  le  savon  constitue  une  excellente  base 
pour  les  solutions  culicides  d'aspersion  ;  2°  une  réussite  complète  a 
été  obtenue  au  laboratoire,  avec  les  préparations  suivantes  :  56  gram- 
mes de  savon  potassique  à  l'alcool  (Pharm.  Germ.)  dans  un  litre 
d'eau  ;  38  grammes  de  savon  médical  dans  un  litre  d'eau  ;  14  gram- 
mes  de  savon  médical  dans  un  litre  d'eau  contenant  52  grammes  de 
formol  commercial  (35  p.  c.j,  etc.  ;5''  il  faut  employer  de  l'eau  pauvre 
en  calcaire,  si  possible  de  l'eau  de  pluie  ;  4°  les  solutions  savonneuse», 
contenant  du  formol  agissent  très  énergiquement  sur  les  moustiques  ;. 
sous  des  formes  plus  concentrées,  elles  tuent  la  mouche  domestique 
et  la  mouche  d'étable  (Stomoxyn)  et  peuvent  même  être  employée» 
contre  les  tsétsés  et  les  tiques  ;  5°  ces  solutions,  ayant  de  puissantes 
propriétés  bactéricides,  peuvent  également  servir  comme  désinfec- 
tants ;  6°  ces  méthodes  sont  peu  coûteuses  et  on  peut  les  employer 
facilement  partout. 

Le  liquide  du  Dr  J.  Malinin  est  un  autre  produit  culicide,  employé 
en  aspersion  dans  Les  locaux  et  notamment  dans  les  baraquements  de 
soldats,  et  qui  a  été  expérimenté  en  Russie  (Tiflis),  dans  la  lutte 
contre  la  malaria. 

Ce  liquide  est  un  mélange  de  cinq  parties  de  térébenthine  russe  et 
cinq  parties  de  pétrole,  avec  une  partie  de  poudre  persane  (pulvis^ 
persicum)  ;  à  ce  mélange  sont  ajoutés  de  l'acide  phénique  cristallisé, 
5  pour  cent  d'essence  de  cannelle  spécialement  préparée  et  1.5  pour 
cent  d'huile  de  cannelle.  La  méthode  de  préparation,  passablement 
compliquée,  a  été  résumée  d'après  une  étude  russe  du  Dr  A.  X.  Gri- 
goriew  (83),  dans  la  Review  of  applied  Entomoiogy,  Ser.  B,  de  juillet 
1915.  Elle  procède  par  extraction,  décantation,  pression  et  filtration. 
Le  liquide  obtenu  a,  en  couche  mince,  une  teinte  jaune-verdâtre  et 
présente,  sous  plus  forte  épaisseur,  une  couleur  brun-noiràtre.  Au 
contact  des  métaux,  il  devient  vert-émeraude,  mais  ce  changement 
n'altère  en  rien  ses  qualités.  L'odeur  faible,  particulière,  de  goudron 
de  bouleau,  devient  plus  forte  si,  avant  usage,  on  dissout  le  liquide 
dans  du  pétrole.  Cette  odeur  n'est  pas  désagréable.  En  aspersion,  le 


117 

liquide  du  Dr  Alalinin  cause  d"abord  une  sensation  d'oppression,  mais 
celle-ci  dure  peu,  étant  remplacée  par  une  sensation  agréable  de 
fraîcheur  (*), 

Emploi  des  appareils  de  Nous  donnons  ci-dessous   la  description 

capture  des  moustiques,      succincte  de  quelques-uns  des  pièges,  sou- 
vent fort  ingénieux,  inventés  pour  capturer 

les  moustiques  adultes. 

Ces  pièges  sont  de  deux  types,  les  uns  pour  la  capture  à  la  main, 

les  autres  destinés  à  être    placés    dans    les    locaux  infestés  par  les 

moustiques. 

Pièges  ù  main.  —  Un  piège  très  simple  et  facile  à  fabriquer,  est 
fort  en  usage  dans  certaines  parties  des  Etats-Unis.  Sa  manipulation 
est  commode  et  son  efficacité  très  grande.  Ce  dispositif  consiste  en 
une  petite  coupe  de  fer  blanc,  très  peu  profonde  (le  couvercle  d'une 
boîte  à  cirage,  par  exemple),  clouée  à  l'extrémité  d'un  long  bâton. 


Fig.  67.  —  Piège  à  main  de  M.  T.  H.  D.  Griffilts,  pour  la 
capture  des  moutiques. 

En  A,  coupe  longitudinale  du  tube. 

En  B,  les  deux  extrémités  du  tube,  montrant  le  dispositif  de 
capture. 


Pour  l'emploi,  on  y  verse  une  petite  quantité  de  pétrole  ;  après  quoi, 
à  l'aide  du  bâton,  la  coupe  est  appliquée  au  plafond,  de  façon  à 
recouvrir,  tour  à  tour,  chacun  des  moustiques  s'y  trouvant  au  repos. 
Le  moustique  ainsi  capturé  essaie  de  s'envoler  et  est  pris  dans  le 
pétrole,  qui  le  tue.  Par  ce  moyen,  la  plus  grande  partie  des  moustiques 


(»)  Dans  les  Trans.  of  the  Soc.  Trop.  Mrd.  and  Hyg..  de  Londres,  du  16  mai 
1919,  M.  H.  Maxwell  Lefroy  (111)  décrit,  en  détail,  des  essais  d'aspersion  contre  les 
mouches,  faits  à  l'aide  de  nombreuses  substances. 

La  formule  suivante  s'est  montrée  la  plus  efficace  :  2  livres  i920  grammes)  do 
pyrèthre,  1  gallon^  (4  1/2  litres)  d'alcool,  1  gallon  de  safrol  et  suffisammeit  de  savon 
pour  que  le  mélange  s'émulsionne  (environ  280  grammes!.  Ce  mélange  est  dilué  à 
1  pour  30. 

Sous  les  climats  chauds,  la  formule  ci-dessus  n'est  efficace  que  si  l'on  y  ajout© 
de  1/2  à  2  p.  c.  d'huile  de  ricin. 


118 

Je  trouvant  le  soir  dans  une  chambre  à  coucher  et  certainement  tous 
ceux  posés  sur  le  plafond,  peuvent  être  détruits,  avant  de  se  mettre 
au  lit. 

M.  Griîfitts,  T.  H.  D.  (81),  dans  le  Jl.  Americ.  Med.  Ass.  de  Lhi- 
eago  (1916),  a  donné  la  description  d'un  autre  dispositif  du  môme 
genre,  qu'il  a  imaginé  (voir  fig.  67)  et  qui  consiste  en  un  tube  de 
verre  ou  de  celluloïd  (c),  d'environ  2.5  cm.  de  diamètre  et  12.5  cm. 
de  longueur,  fermé  à  une  des  extrémités  par  un  bouchon  fait  de 
liège  ou  d'une  autre  substance  (d).  A  l'autre  bout,  on  introduit  égale- 
ment un  bouchon  de  liège  d'un  centimètre  d'épaisseur  (a),  ayant  une 
perforation  centrale  de  12.5  mm.  de  diamètre  ;  dans  cette  perforation 
s'ajuste  exactement  un  second  petit  tube  de  verre  ou  de  celluloïd  (b) 
d'environ  20  mm.  de  longueur,  de  la  forme  d'un  cône  tronqué, 
l'extrémité  tournée  vers  l'extérieur  ayant  12.5  mm.  de  diamètre  et 
celle  tournée  vers  l'intérieur,  10  mm.  L'entrée  des  moustiques  peut 
être  observée  au  travers  du  verre  ou  du  celluloïd.  En  faisant  une  cap- 
ture, l'extrémité  large  du  petit  tube  est  placée  de  façon  à  recouvrir 
le  moustique  au  repos.  En  moyenne,  chaque  capture  demande  trois 
secondes.  Ce  piège  peut  surtout  servir  pour  capturer  des  moustiques 
vivants,  destinés  à  des  expériences  de  laboratoire.  Lorsqu'une  diznine 
de  moustiques  ont  été  capturés  de  cette  façon,  ils  seront  introJait^i 
dans  un  autre  récipient. 

Dans  la  zone  du  canal  de  Panama,  suivant  MM.  J.-A.  i.e  Prince 
et  A.-J.  Orenstein  (117),  la  capture  à  la  main  des  moustiques  s  est 
faite  de  la  façon  suivante  :  Un  tube  de  verre  d'environ  12  cm.  île  lon- 
gueur et  2.5  cm.  de  diamètre  est  garni,  au  fond,  d'une  couche  de 
2.5  cm.  d'épaisseur,  de  petites  bandes  en  caoutchouc,  tenues  en  plac? 
par  un  tampon  d'ouate  absorbante  qui,  à  son  tour,  est  recouvert  d'un 
disque  de  papier  buvard.  Ce  disque  facilite  l'enlèvement  des  mous- 
tiques et  empêche  qu'ils  ne  s'accrochent  dans  l'ouate.  Quelques  Ci'nti- 
mètres  cubes  de  chloroforme  sont  ensuite  versés  dans  le  tube,  qui 
est  bouché,  et  le  chloroforme  est  absorbé  par  les  bandes  de  caoutchouc. 
Un  tube  ainsi  préparé,  conserve  son  efficacité  pendant  plusiea-s  jours. 
L'usage  en  est  moins  dangereux  que  celui  du  tube  à  acide  cyanhydri- 
que.  Pour  capturer  un  moustique,  le  bouchon  est  enlevé  et  on  place 
vivement  le  goulot  sur  l'insecte  au  repos.  Au  bout  de  quelques  instants. 
il  tombe  au  fond  du  tube. 

Muni  d'un  de  ces  pièges,  d'un  battoir  fait  d'un  morceau  de  toile 
métallique  de  15x15  cm.,  fixé  à  un  bâton  de  60  cm.  de  longueur, 
et,  si  nécessaire,  d'une  lampe  portative  électrique  ou  autre,  un 
ouvrier  ou  un  boy  est  bien  équipé  et  sera  vite  assez  habile  pour  cap- 
turer un  nombre  surprenant  de  moustiques.  Dans  les  habitations, 
cette  chasse  est  facilitée,  lorsque  les  murs  sont  blancs  ou  de  coul'jur 
claire.  Les  Anophèles  se  reposent,  durant  le  jour,  dans  les  coins  les 
plus  sombres  ;  il  faut  donc  les  chercher  soigneusement,  car  sur  les 
parois  foncées,  ils  sont  presque  invisibles. 

Tôt  le  matin,  aussitôt  après  le  lever  du  soleil  et  au  crépuscule,  les 
Anophèles  se  réunissent  ordinairement  sur  la  toile  métallique  des 
vérandas,  portes,  fenêtres,  et  sont  plus  faciles  à  détruire  qu'à  l'mte- 


119 

rieur.  Toutefois,  ici,  le  tube  à  chloroforme  ne  réussit  pas  aussi  bien 
et  il  faut  employer  en  plus  le  battoir  (*). 

Pièges  fixes.  —  M.  H.  Maxwell-Lefroy  (110),  professeur  au  Collège 
des  Sciences  à  Londres,  auparavant  entomologiste  du  Département 
de  l'Agriculture  des  Indes  anglaises,  a  construit  un  piège  consistant 
en  une  boîte  de  bois,  garnie  de  drap  vert  foncé  et  ayant  une  porte  à 
charnières.  Ce  piège  a  0.30  m.  de  longueur,  0.30  m.  de  largeur  et 
0.22  m.  de  profondeur.  Un  petit  trou  recouvert  par  une  pièce  de  bois 
ou  de  métal  tournant  sur  un  pivot  est  ménagé  au  haut  de  la  boîte. 
Le  principe  de  ce  piège  est  basé  sur  l'habitude  des  moustiques  de  re- 
chercher, pour  se  repo- 
ser, un  endroit  frais  et 
éclairé,  tel  qu'un  coin 
sombre  de  la  chambre, 
les  tablettes  d'une  biblio- 
thèque ou  toute  autre 
place  de  ce  genre.  Si 
donc  le  piège  est  placé 
dans  une  partie  du  local 
très  fréquentée  par  les 
moustiques  et  si  ceux-ci 
Fig.  08.  -  Le  piège  à  moustiques  adultes  de  sont  chassés,  autant  que 
MM.  Bath  et  Proctor.  —  Ce  piège  a  donné  possible,  de  tous  les  au- 
d'excellents  résultats  dans  toute  la  zone  du  très  endroits  sombres,  à 
canal  de  Panama.  -  Six  de  ces  appareils,  y.^-^^  ^^^^^  plumeau  ou 
employés  journellement,  ont  permis  de  captu-  ,  -  ■  a  t  u  -i 
rer  en  60  jours,  37,000  moustiques  Anophèles,  ae  lumee  de  tabac,  ils  en- 
—  Voir  la  description  du  piège,  p.  120.  treront     dans     le     piège, 

pour  y  passer  la  journée 
au  repos.  La  porte  est  ensuite  hermétiquement  fermée  et  une  petite 
quantité  de  benzine  est  introduite  dans  l'ouverture  du  haut.  Cette 
substance  tue  tous  les  moustiques  qui  se  trouvent  dans  la  boîte. 
Cette  dernière  est  ensuite  complètement  aérée  et  remise  en  place. 
Grâce  à  ce  piège,  M.  Maxwell-Lcfroy  a  réussi  à  détruire  beaucoup  de 
moustiques  dans  les  chambres  ;  à  un  certain  moment,  il  en  captura, 
en  moyenne.  83  par  joui. 

Un  autre  dispositif,  dû  à  M.  le  major  S.  P.  James  (103),  est  em- 
ployé à  Ceylan  pour  capturer  les  moustiques  migrateurs.  Il  consiste 
en  une  cage  rectangulaire,  faite  de  châssis  de  bois  recouverts  de 
tulle  ou  de  gaze,  une  extrémité  étant  fermée  par  une  porte  à  char- 
nières. Les  dimensions  de  cette  cage  sont  1.50  m.  de  longueur,  sur 
0.90  m.  de  profondeur  et  autant  de  largeur. 

(*)  Un  rapport  de  M.  L.  H.  Dunn  (52)  sur  la  capture  des  moustiques  à  la  main, 

dans  les  habitationis  de  la  zone  du  canal  de  Panama,  du  1"  février  1916  au  51  jan- 

1     vier  1917,  a  été  publié  récemment  dans  les  Ptoc.  Mcd.  Assoc.  Istmian  Canal  Zone. 

I  Le  travail  était  fait  par  des  nègres,  à  l'aide  de  grands  tubes  à  essai,  contenant 

'     nn  tampon  imbibé  de  chloroforme.  En  tout,  391,019  moustiques  furent  capturés  au 

j     cours  de  l'année,  dont  251,552  Teeniorhynchus  titillans.  Parmi  les  Anophèles,  les  plus 

nombreux  furent  les  Anophèles  albimanus  ;  puis  venaient,  par  ordre  de  fréquemce  : 

A.  tarsimaculatus,  A.  maleiactor,  A.  pseudo-punctipennis,    A.    epicimaculata  et  A. 

]     aravrotarsis. 


120 


Ta, le 


Des  pièges  de  ce  genre  sont  placés  sur  le  sol,  dans  un  coin  om- 
bragé du  jardin,  et  recouverts  de  toile  d'emballage  ou  de  toile  gou- 
dronnée, de  façon  à  en  rendre  l'intérieur  obscur  et  frais.  Deux  ou 
trois  plantes  en  pots  sont  introduites  dans  le  piège  et  plusieurs  autres 
placées  à  l'extérieur,  près  de  la  porte  entr'ouverte.  Les  pièges  restent 
toute  la  nuit  et  le  matin  suivant,  vers  huit  ou  neuf  heures,  on  secoue 
la  végétation  voisine  et  on  allume  de  la  paille  et  des  torches  en 
papier,  dans  toutes  les  constructions  et  dépendances  environnantes, 
de  façon  à  en  chasser  les  moustiques.  Ceux-ci  découvrent  bien  vite 
les  refuges  frais  formés  par  les  pièges  et  y  pénètrent.  Une  demi-heure 
plus  tard,  les  portes  sont  fermées  et  les 
moustiques  sont  tués,  soit  en  exposant  les- 
boites  pendant  une  ou  deux  heures  au  so- 
leil brûlant,  soit  en  faisant  récolter  les  in- 
sectes dans  des  tubes  à  essai,  par  un  boy, 
qui  pénètre  à  cette  fin  dans  les  pièges.  Il 
ne  faudra  pas  employer,  pour  détruire  les 
moustiques,  du  soufre  ou  une  autre  sub- 
stance à  odeur  forte,  car  les  pièges  seraient 
ainsi  rendus  inefficaces  (*)  (**). 

MM.  Bath  et  Proctor,  inspecteurs  du  ser- 
vice d'hygiène  de  la  zone  du  canal  de  Pa- 
ruima,  ont  inventé  un  appareil  de  capture 
des  moustiques  adultes,  qui  a  donné  d'ex- 
cellents résultats  et  qui  a  été  adopté  dans 
toute  la  zone.  Il  consiste  essentiellement 
en  des  cages  de  toile  métallique  emboîtées, 
formant  labyrinthe,  et  supportées  par  un 
châssis  de  bois.  La  figure  68  de  la  page  119' 
nous  représente  ce  piège.  Les  détails  de  con- 
struction en  sont  donnés  dans  l'ouvrage 
Mosquito  Conlrol  in  Panama,  de  MM.  J.  A, 
Le  Prince  et  A.-J.  Orenstein  (117),  et  dans 
un  article  Inscct  Trap,  paru  dans  le  Cana[ 
Record,  d'Ancon,  fév.  1914  (***).  Le  but  de 
ce  piège  est  de  capturer  les  moustiques 
qui  essayent  de  pénétrer  dans  une  chambre 
et.  à  cette  fin,  il  est  appliqué  intérieure- 
ment, contre  une  fenêtre  garnie  de  toile  métallique,  l'ouverture  tour- 
née vers  le  dehors  (voir  fig.  69).    Pour   capturer   les   Anophèles,    ce 


He  tj-llL  f^ 


Fig.  69.  —  Emplacement 
du  piège  de  MM.  Bath  et 
Proctor.  —  Ce  piège  est 
destiné  à  capturer  les 
moustiques  qui  essaient 
de  pénétrer  dans  une 
chambre  et,  à  cette  fin, 
il  est  appliqué  à  l'inté- 
rieur, contre  une  fenêtre 
garnie  de  toile  métalli- 
que, l'ouverture  tournée 
vers  le  dehors. 

Le  schéma  ci-d3ssus 
représente  le  côté  exté- 
rieur de  la  fenêtre,  avec 
l'entrée  du  piège. 


("*)  Un  piège  fixe  pourrait  être  placé  dans  les  W.C.  ou  latrines.  Il  semble  que- 
les  Anophèles  soient  spécialement  attirés  par  le  voisinage  des  matières  fécales.  C'est 
ainsi  que  M.  H.  Werner  (210)  a  signalé  que,  d'après  des  obs.ervatioins  faites  durant 
le  printemps  et  l'été  de  1916,  dans  les  districts  marécageux  de  la  Russie  blanche,  les- 
Anophèles  avaient  une  préférence  marquée  pour  les  latrines.  Il  n'en  était  pas  de  même- 
pour  les  divers'es  espèces  de  Culex.  Dans  certaines  localités,  les  Anophèles  n'étaient 
trouvés  que  dans  les  latriines. 

(**)  M.  E.  R.  Richardson  (169)  décrit  un  piège  pour  la  destruction  des  mousti- 
queis  adultes,  employé  en  MaJaisie  (Malacca),  et  consistaat  en  un  étang  artificiel  ât 
niveau  variable.  La  surface  huilée  est  vite  couverte  des  moustiques  qui  s'y  déposent. 
Un  tei  piège  doit  être  installé  dans  Le  voisinage  des  lieux  de  multiplication. 

(»**)  Insect  Trap,  Canal  Record,  Ancon,  VII,  n'  25,  11  féb.  1914,  p.  239-40. 


121 

piège  doit  être  attaché  du  côté  de  la  construction  situé  à  l'abri  du 
vent,  car  s'il  est  fixé  du  côté  exposé  au  vent,  il  contiendra  surtout 
des  Culex. 

Le  nombre  de  moustiques  qui  se  font  prendre  dans  ces  cages  est 
très  grand,  et  il  n'est  pas  rare  d'avoir,  en  une  nuit  et  dans  un  seul 
piège,  plusieurs  centaines  de  captures.  Six  de  ces  appareils,  employés 
journellement,  pendant  soixante  jours,  donnèrent  un  chiffre  total  de 
37,000  Anophclcs  capturés,  et.  en  une  nuit,  un  seul  piège  récolta 
1,018  de  ces  moustiques.  Le  prix  de  revient  des  appareils  de  MM.  Bath 
et  Proctor  était,  en  1914,  de  dollar  1.25  pièce,  fabriqués  à  la  main 
et  par  douzaine. 

Enfin,  citons  encore  les  pièges  à  moustiques  construits  par  M.  Et. 
Sergent,  qui,  d'après  M.  R.  Legroux  (116),  ont  été  en  usage  dans 
l'armée  d'Orient  (Salonique).  La  figure  70,  page  122,  permet  de  se 
passer  d'une  description.  Ces  pièges  seront  placés  dans  les  angles 
sombres  des  locaux  (*). 

Débroussements.  Les  débroussements  faits  autour  des  villa- 

ges indigènes  et  des  établissements  euro- 
péens constituent  un  bon  moyen  d'éloigner  les  moustiques  adultes. 
Les  Anophèles,  en  effet,  ainsi  que  d'autres  moustiques  à  mœurs  noc- 
turnes, se  réfugient  volontiers,  pendant  le  jour,  dans  la  végétation 
basse  et  dense  (jungle,  brousse,  hautes  herbes,  etc.),  qui  se  trouve 
à  leur  portée.  Dans  ces  retraites,  ils  attendent  le  moment  favorable 
pour  pénétrer  dans  les  habitations  et  renouveler  leurs  attaques.  De 
plus,  les  herbes  et  buissons  présentent  encore  l'inconvénient  de  faci- 
liter aux  Anophèles  adultes,  à  vol  faible  et  peu  étendu,  le  voyage 
entre  les  mares  de  reproduction  et  les  lieux  habités,  où  ils  trouvent 
leur  nourriture.  En  supprimant  ces  gîtes  d'étape,  on  empêche  leur  inva- 
sion nocturne.  Toutes  les  hautes  herbes,  les  buissons  et  broussailles 
devraient  être  coupés  ou  supprimés  dans  un  rayon  d'au  moins  deux 
cents  mètres  autour  des  habitations.  D'après  M.  le  major  J.  L.  Marjo- 
ribanks  (141),  aux  Indes,  certains  villages  non  entourés  d'arbres  et 
de  grandes  herbes  et  complètement  accessibles  aux  brises  marines, 

(*)  M.  C.  W.  Metz  (146)  signale  que,  dans  certaines  districts  ruraux  des  Etats- 
Unis,  de  petites  porcheries,  dont  il  décrit  la  construction,  ont  été  employées  avec  ' 
succès  comme  pièges!  à  moustiques.  Les  Anophèles  étaient  suffisamment  attirés  par 
les  porcs  pour  pénétrer  dans  ces  pièges  et  les  habitations  voisines  étaient  ainsi  prati- 
■quement  débarrassées  des  moustiques. 

D'autre  part,  M.  U.  C.  Loftin  (123),  da.n.>  le  Floride  Buggist  de  mars  1920,  donne 
les  résultats  d'expériences  faites  à  Gainesville,  avec  des  pièges  à  moustiques  consti- 
tués par  des  flacons  ou  des  boîtes  colorés  en  noir  à  l'intérieur,  ou  garnis  de  tissu 
noir.  Ces  pièges  doivent  être  étroits  et  profonds  et  être  placés  dans  une  chambre 
bien  éclairée. 

Les  moustiques  y  pénétraient  tôt  le  matin.  Les  plus  fortes  captures  furent  faites 
après  des  nuits  calmes  et  chaudes.  Cnle.v  fatigans  entrait  pour  9S  p.  c.  dans  le  total 
et  les  Anophèles  pour  près  de  2  p.  c.  seulement. 

Ces  pièges,  ajoute  M.  Loftin,  ne  peuvent  pas  être  recommandés  pour  débarrasser 
complètement  une  place  des  moustiques,  mais,  employés  judicieusement,  Us  peuvent 
réduire  sensiblement  leur  nombre 

Enfin,  M.  W.  O.  Owen  (160)  décrit,  dans  le  'Neio-York  Médical  Jl,  du  5  avril  1919, 
un  piège  illuminé,  consistant  en  un  bocal  à  fruits  contenant  une  couche  de  plâtré 
au  cyanure  de  potassium.  A  l'intérieur  se  trouve  une  petite  lampe  électrique.  L'en- 
semble est  enfermé  dans  une  boîte  en  fer  blanc.  D'après  l'auteur,  ce  piège  est  snrtont 
utile  pour  capturer  les  moustiques. 


122 


sont  absolument  indemnes  de  malaria.  Il  serait  à  souhaiter,  ajoute 
cet  auteur,  que  d'autres  villages,  moins  favorablement  situés,  soient 
également  rendus  accessibles  à  ces  brises.  A  cette  fin,  il  faudra  encou- 
rager les  habitants  à  couper  tôt  les  herbes  et  à  les  tenir  courtes 
dans  le  voisinage  immédiat  des  maisons  et  également  sur  les  flancs 
de  toutes  les  collines  qui  dominent  le  village. 

Les  avantages  du  débroussement  ont  été  bien  compris  à  Masindi 
(Ouganda).  La  photographie  que  nous  reproduisons  (fig.  84)  et  que 
nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  E.  Leplae,  Directeur  général  au 
Ministère  des  Colonies,  représente  l'hôtel  de  Masindi  et  ses  environs 
immédiats.  Cette  localité  a  été  complètement  débarrassée  de  la  ma- 
laria et  de  l'hématurie,  depuis  que  les  hautes  herbes  qui  servaient  de 

refuge,  pendant  le  jour, 
aux  moustiques  Anophè- 
les adultes,  ont  été  rem- 
placées par  du  gazon  de 
Cynodon  dactylon  (Ber- 
muda Grass)  tenu  bien 
court. 

Dans  certains  cas, 
l'incendie  de  la  brousse 
ou  de  la  jungle  entou- 
rant l-es  agglomérations 
humaines  serait  même 
à  conseiller,  comme 
moyen  de  destruction 
des  moustiques  adultes 
qui  y  ont  trouvé  refuge. 
Enfin,  comme  nous 
le  verrons  plus  loin,  les 
débroussements  facili- 
tent encore  la  découver- 
te et  la  suppression  des 
petites  agglomérations 
d'eau  :  petites  mares, 
flaques,  etc.  (v.  fig.  23), 
qui  servent  de  milieu 
de  développement  aux 
larves  de  moustiques  et 
que  la  végétation  touffue 
cache  complètement. 
Les  fig.  76  à  78  reproduisent,  d'après  des  vues  prises  par  M.  le 
Directeur  général  Leplae,  lors  de  son  dernier  voyage  au  Congo,  trois 
aspects  des  rives  du  grand  fleuve.  Ces  rives  sont  encombrées  d'une 
végétation  où  pullulent  les  moustiques  et  les  tsétsés.  Elles  sont,  par 
conséquent,    malsaines. 

Trois  autres  vues  (fig.  79,  82  et  83),  nous  montrent,  au  contraire, 
des  rives  assainies  par  débroussement  et  nettoyage  et  où  la  malaria 
et  la  maladie  du  sommeil  ne  se  propagent  plus. 


Fig.  70.  —  Piège  à  moustiques  de  M.  Et.  Ser- 
gent. "—  En  ^,  la  petite  porte  grillagée  p  est 
ouverte  pour  permettre  l'entrée  des  mousti- 
ques. La  grande  porte  pleine  P,  qui  ferme  l'au- 
tre extrémité,  est  abaissée.  —  En  B,  le  même 
piège;  la  petite  porte  p  est  abaissée,  la  grande 
P,  est  soulevée.  A  travers  les  deux  grillages, 
on  se  rend  compte  de  la  présence  des  mousti- 
ques, avant  de  les  détruire  par  les  fumées 
d'un  feu  de  paille  ou  de  papier.  (D'après  R. 
Legroux.)  (Voir  p.  121.) 


123 

Protection  des  ennemis  Beaucoup  d'animaux  font  leur  proie  des 
ïdnUes!  *^''  "*'"'"'*""  moustiques  adultes  et  il  convient  de  les 
protéger  autant  que  possible.  Il  est  évident 
que  ces  animaux  ne  peuvent  détruire  complètement  les  moustiques 
dans  une  localité,  tuais  ils  peuvent  limiter,  dans  une  certaine  mesure, 
leur  développement  excessif. 

Les  araignées  sont,  paraît-il,  d'utiles  destructrices  de  moustiques 
adultes.  Plusieurs  espèces  d'araignées  tendent  leurs  toiles  au-dessus 
des  petites  mares  où  les  moustiques  effectuent  leur  développement, 
et  capturent,  dit-on,  au  passage,  les  jeunes  imagos  venant  de  sortir 
des  pupes.  D'après  M.  L.  iNicholls  B.  A.,  M.  B.  (156),  à  Sainte-Lucie 
(Antilles),  de  petites  mares  contenant  des  larves  étaient  si  bien  re- 
couvertes par  les  toiles  d'araignées,  qu'il  était  étonnant  que  les  mous- 
tiques nouvellement  éclos  pussent  échapper  à  ces  pièges.  Ceci  était 
surtout  le  cas,  par  temps  sec,  pour  les  petites  flaques  temporaires. 

D'après  MM.  J.  A.  Le  Prince  et  A.  J.  Orenstein  (117),  à  Panama, 
il  semble  plutôt  que  les  araignées  capturent  les  moustiques  sans 
tendre  de  toile,  mais  en  bondissant  sur  eux.  Les  Anophèles  n'ont,  en 
effet,  aucune  difficulté  à  quitter  le  réseau  d'une  toile  d'araignée  qu'ils 
ont  choisie  comme  lieu  de  repos.  On  peut  voir,  par  contre,  des  milliers 
d'araignées  et  des  millions  de  fourmis  sur  les  grandes  herbes  et  les 
roseaux  entourant  les  mares  peu  profondes  de  la  région,  et  ces 
insectes  détruisent  probablement  beaucoup  de  moustiques  nouvelle- 
ment éclos.  Au  Nyassaland,  les  araignées  de  la  famille  des  Attides 
capturent,  paraît-il,  beaucoup  de  moustiques  dans  les  maisons  (*). 

Les  libellules  sont  également  de  grands  ennemis  des  moustiques 
adultes  et  elles  planent  au-dessus  des  pièces  d'eau,  à  la  recherche 
de  leur  proie. 

M.  Nezlobinsky,  N.  (154),  a  observé,  en  1911,  sur  les  bords  du 
Dnieper  inférieur  (Russie),  que  des  libellules  ressemblant  à  Libellula 
pectoralis  détruisirent,  en  trois  ou  quatre  jours,  tous  les  moustiques 
de  la  localité,  et,  d'après  M.  Charleman,  E.  (35),  au  cours  des  grandes 
migrations  de  libellules  (Libellula  quadrimaculata  L.),  qui  se  produi- 
sirent en  Russie,  durant  le  printemps  et  l'été  de  1914,  ces  névrop- 
tères  prédateurs  dévorèrent  beaucoup  d'insectes  nuisibles  et  notam- 
ment des  Anophèles. 

Toutefois,  pour  que  les  libellules  constituent  un  sérieux  facteur 
de  réduction  des  moustiques,  il  faut  qu'elles  soient  présentes  en 
nombre  anormal. 

Les  petites  lourmis  détruisent  les  moustiques,  partout  où  elles  en 
ont  l'occasion.  Dans  la  zone  de  Panama,  l'on  a  observé  qu'elles  péné- 
traient dans  les  pièges  à  moustiques.  Dès  qu'elles  avaient  découvert 
un  de  ces  pièges,  un  courant  continu  de  fourmis  s'établissait,  les 
unes  y  allant,  d'autres  en  revenant.  Les  moustiques  morts  étaient 
d'abord  dévorés,  puis  les  vivants  étaient  attaqués.  Une  fourmi  agri- 
pait  un  moustique  à  la  patte  et  d'autres  venaient  immédiatement  lui 

(*)  D'après  VAnnual  Report  of  the  Department  of  Agriculture,  Nyasaland  Proteo- 
torate  for  the  Tear  ended  31  March   1916. 


124 

'prêter  assistance.  Des  fourmis  furent  également  observées,  attaquant 
une  larve  de  moustique  se  trouvant  dans  une  petite  agglomération 
■d'eau,  à  la  base  d'une  feuille  de  bananier. 

M.  le  major  Lalor  I.  M.  S.,  a  signalé  récemment  qu'en  Birmanie, 
^une  espèce  de  moucheron  hématophage  du  genre  Ceratopogon  (Chi- 
ronomidae)  fait  sa  proie  des  Anophcles  adultes  (A.  lutiginosus, 
A.  karwari  et  A.  ludlowi).  Environ  6  p.  c.  des  A.  Iuliginosus  péné- 
trant dans  les  maisons,  étaient  ainsi  attaqués,  les  moucherons  s'atta- 
chant  à  l'abdomen  et  au  cou  des  moustiques.  Certains  des  Cerato- 
pogon contenaient  du  sang,  puisé  sans  doute  dans  l'estomac  de  leur 
proie  (*). 

D'autre  part,  M.  le  Dr  Stanton  a  signalé  un  autre  Ceratopogon  qui 
attaque  de  la  même  façon  A.  Iuliginosus,  A.  karwari  et  A.  sinensis, 
à  Kuala-Lumpur  (Etats  fédérés  malais).  Dans  ce  cas,  le  moucheron 
était  invariablement  attaché  à  la  face  ventrale  de  l'abdomen  du  mous- 
tique et  contenait  toujours  du  sang.  Il  est  probable,  cependant,  que 
la  présence  de  sang  dans  le  Ceratopogon  est  accidentelle  et  que  la 
Traie  nourriture  de  ce  dernier  est  constituée  par  les  liquides  contenus 
dans  le  corps  du  moustique. 

Les  lézards  et  les  petites  grenouilles  se  nourrissent  également  de 
moustiques.  Les  petits  lézards  marqués  de  couleurs  variées,  que  Ton 
trouve  à  Cuba  et  dans  l'isthme  de  Panama,  sont  continuellement 
occupés  à  dévorer  des  moustiques.  Ils  se  livrent  à  cette  chasse,  tant 
à  l'extérieur  qu'à  l'intérieur  des  habitations,  et  des  mesures  ont  été 
prises  pour  les  propager  ou  tout  au  moins  les  protéger  autant  que 
possible.  Près  de  La  Havane,  ils  sortent  l'après-midi,  se  promenant 
sur  les  murs  blanchis  et  ne  manquant  jamais  un  moustique  qui  ose 
se  poser  dans  un  rayon  de  4  à  5  mètres.  Ils  patrouillent  sur  les  murs, 
de  4  heures  de  l'après-midi  jusqu'à  la  tombée  de  la  nuit,  et  sont  de 
nouveau  à  la  chasse,  le  matin,  lorsque  les  moustiques  sortent  des 
chambres. 

Divers  oiseaux  font  une  guerre  acharnée  aux  moustiques.  Il  en 
est  ainsi  notamment  pour  les  hirondelles.  Le  fait  est  connu  depuis 
longtemps.  D'après  Sambon  (180),  entre  1790  et  1812,  la  commune 
de  Marsciano  en  Ombrie  (Italie),  demanda  qu'un  décret  papal  «  inter- 
))  dise  de  tuer,  pour  la  nourriture,  les  hirondelles  pendant  la  saison 
»  des  couvées,  cette  destruction  entraînant  l'insalubrité  de  la  ré- 
»  gion,  ces  oiseaux  se  nourrissant  des  petits  insectes  ailés,  si  incom- 
))  modes  et  si  pernicieux  aux  hommes  et  aux  animaux.  » 

A  Venise,  il  semble  qu'aussi  longtemps  qu'il  y  a  des  hirondelles, 
on  n'a  pas  à  souffrir  des  moustiques,  mais  lorsque,  à  la  fin  de  juillet, 
ces  oiseaux  émigrent,  les  insectes  apparaissent  en  essaims. 

(*)  Dans  le  numéro  de  décembre  1920  du  Bull,  of  Entomol.  Research,  de  Lon- 
dreis,  M.  W.  A.  Lamborn  a  décrit  les  mœurs  de  mouches  du  genre  Lispa  qui,  dans 
un  pool  près  du  lac  Nyassa,  attaquaient  les  moustiques  fraîchement  éclos,  en  les 
saisissant  entre  les  pattes  de  devant  et  en  plongeant  leur  trompe  dans  1«  thorax.  Ces 
mouches  attaquaient  également  les  pupea. 

Le  fait  que  les  Lispa  font  leur  proie  de  larves  de  moustiques  a  déjà  été  signalé 
par  M.  J.  Mitfond  Atkinson  (Jl  Trop.  Med.  XII,  1909)  qui,  à  Hong-Kong,  observa 
•  des  Lispa  sinensis,  dévorant  des  larves  presque  aussi  grandes  qu'elles. 


125 

Dans  Fisllimo  de  Panama,  les  Night  Jars  (*)  sont  les  plus  inté- 
ressants des  nombreux  oiseaux  qui  se  nourrissent  des  moustiques, 
pendant  leur  vol.  A  Gatun,  ces  oiseaux  apparaissent  invariablement 
dès  le  début  du  vol  du  soir  des  Anophelf.s,  des  mares  aux  habitations, 
et  ils  suivent  également,  le  matin,  le  vol  de  retour.  Ils  disparaissent 
ensuite  pour  le  restant  de  la  journée. 

Les  chauves-souris  détruisent  également  un  grand  nombre  de  mous- 
tiques, près  des  maisons.  C'est  ainsi  que,  dans  la  même  zone  de 
Panama,  lorsque  les  habitations  n'étaient  pas  encore  protégées  par 
des  écrans  de  toile  métallique,  les  chauves-souris  les  traversaient, 
de  part  en  part.  Depuis  que  les  balcons  ont  été  fermés,  elles  sont 
plus  nombreuses  entre  6  h.  30  et  7  heures  du  soir,  c'est-à-dire  au 
moment  où  les  Anophèles  s'assemblent  sur  les  écrans.  Elles  sillonnent 
invariablement  aussi  les  vallons  abrités  du  vent  et  contenant  des 
buissons,  où  les  moustiques  sont  plus  nombreux  que  sur  les  terrains 
adjacents  plus  élevés. 

Les  chauves-souris  semblent  ètfe  de  très  intéressants  ennemis  des 
moustiques,  surtout  utiles  pour  la  destruction  des  Anophèles  à  mœurs 
nocturnes.  Ces  animaux  devraient  être  efficacement  protégés,  et  il  y 
aurait  même  lieu,  si  possible,  d'en  favoriser  la  multiplication  dans 
les  contrées  malariées.  Une  expérience  très  intéressante  d'élevage 
des  chauves-souris  insectivores  a  été  faite  par  M.  le  Dr  Chas,  A.  R. 
Campbell,  de  San  Antonio,  Texas.  M.  Campbell  (50)  a  établi,  depuis 
1911,  des  abris  ou  perchoirs  à  chauves-souris  au  bord  du  lac  de 
San  Miguel,  servant  de  déversoir  aux  immondices  de  la  ville  de  San 
Antonio  (Texas),  où  les  moustiques  abondaient  (**). 

Chacun  de  ces  perchoirs  (voir  fig.  62)  a  six  mètres  de  hauteur, 
o^oO  de  largeur  à  la  base  et  l'^SO  au  sommet.  Il  est  érigé  sur  quatre 
piliers  à  trois  mètres  du  sol.  Sa  forme  lui  donne  une  grande  résis- 
tance au  vent  et  son  éloignement  du  sol  met  ses  habitants  à  l'abri 
de  leurs  plus  grands  ennemis,  les  petits  mammifères  carnassiers  et 
des  serpents.  La  disposition  intérieure  est  absolument  en  rapport  avec 
les  mœurs  des  chauves-souris.  La  haute  fenêtre  à  volets  s'ouvrant  sur 
un  des  côtés,  sert  à  l'entrée  et  à  la  sortie. 

Un  an  après  son  établissement,  le  premier  abri  hébergeait  un  tel 
nombre  de  chauves-souris,  que  celles-ci  mettaient  plusieurs  heures 
à  sortir,  et  les  moustiques  avaient  fortement  diminué  dans  la  région. 
Il  semble  que  les  chauves-souris  soient  à  l'abri  des  piqûres  des  mous- 
tiques, par  suite  de  la  conformation  particulière  de  la  couche  de 
poils  qui  recouvre  leur  corps  et  de  leur  odeur  spéciale.  Elles  parais- 

(•)  Les  Night  Jars  appartiemnent  à  la  famille  des  Caprimulgidae.  Ce  sont  d«fl 
oiseaux  de  mœurs  principalement  nocturnes  et  leur  plumage  ressemble  à  celui  du 
hibou.  Caprimiiïgus  europaeus,  l'Engoulevent  ordinaire,  est  assez  commun  en  Bel- 
gique. Il  existe  plusieurs  espèces  africaines  de  Night  Jars.  Ceux  de  l'Amérique  tropi- 
cale appartiennent  à  la  sous-famille  des  Nyctibiinae. 

(**)  La  région  mexicaine  bordant  le  golfe  du  Mexique  et  la  mer  des  Caraïbes,  de- 
puis le  territoire  de  Numitana  Roo  jusqu'au  Tamaulipas,  est  spécialement  infestée 
par  la  malaria.  Une  végétation  luxuriante  abrite  des  eaux  stagnantes  où  se  déve- 
loppent les  moustiques. 

Le  paludisme  sévit,  du  reste,  dans  tout  le  Mexique,  sauf  dans  les  régions  éle- 
vées (Mexico  et  Agnas  Calientes). 

Le  Texas  souffre  également  de  ce  fléau,  tout  comme  les  Etats  du  Nord  du  Me- 
xique. 


126 

sent  également  peu  accessibles  aux  maladies.  L'élevage  de  ces  ani- 
maux pourrait  donc  être  un  bon  moyen  de  détruire  les  moustiques- 
adultes,  en  régions  malariées,  et  de  les  convertir  en  excellent  guano.. 

Une  bonne  quantité  de  cet  engrais  était,  en  effet,  périodiquement 
récoltée  dans  le  perchoir  imaginé  par  M.  Campbell  (*)  (**). 

Dans  le  Bvlletin  ol  ihe  American  Muséum  ol  Natural  History,  de 
septembre  1917,  a  paru  une  étude  très  importante  sur  la  collection 
de  chauves-souris  récoltée  au  Congo  belge,  par  l'expédition  Lang- 
Chapii).  de  l'American  Muséum,  qui  a  effectué  un  séjour  de  six  ans 
dans  notre  Colonie  (***).  La  partie  de  ce  travail  consacrée  à  la  dis- 
tribution tt  à  l'écologie  des  Chéiroptères  de  l'Afrique  centrale  est 
extrêmement  intéressante  (****).  M.  M.  Herbert  Lang  et  James  P. 
Chapin  (4)  y  signalent  que  des  spécimens  de  68  espèces  de  chauves- 
souris  ont  été  récollés  par  eux  dans  notre  Colonie,  dont  la  grande 
majorité  (62),  dans  12  localités  de  la  région  s'étendant  au  Nord-Est 
de  Stanleyville,  dans  la  direction  d'Aba,  sur  une  distance,  à  vol  d'oi- 
seau, de  450  milles.  Sur  les  68  formes  récoltées,  il  y  avait  soixante 
espèces  insectivores  et  huit  frugivores.  Vingt-quatre  espèces  de 
chauves-souris  insectivores  sont  caractéristiques  de  la  grande  forêt; 
Trente-  deux  autres  espèces  ont  été  trouvées  dans  la  brousse.  Cinq 
espèces  seulement  ont  une  distribution  plus  étendue  et  habitent  aussi 
bien  la  forêt  que  la  contrée  découverte,  restant  dans  le  voisinage  de 
l'homme  et  vivant,  soit  dans  les  plantations  indigènes  (Pipistrellus 
nanus,  Mijotis  bocagii),  soit  dans  les  habitations  et  aux  environs  de 
celles-ci  (Taphozous  mauritianus,  l\'ycteris  hispida.  Hipposideros 
caller). 

Les  chauves-souris  insectivores  ne  sont  pas,  comme  les  frugivores, 
de  mœurs  vagabondes.  Comme  les  insectes  qui  leur  servent  de  nour- 
riture sont  abondants  partout,  la  seule  condition  nécessaire  pour 
l'établissement  de  leurs  colonies  est  un  bon  endroit  de  repos,  où 
elles  s'abritent,  pendant  le  jour.  On  les  rencontre  donc  surtout  en 
abondance,  là  où  elles  ont  à  leur  disposition  des  cavernes,  crevasses 
ou  gros  arbres  creux.  Les  quelques  espèces  de  la  famille  des  Vesper- 

(*)  M.  Campbell  a  analysé  microscopiqueinent  les  déjections  (guano)  des  chau- 
ves-souris habitant  le  perchoir.  Après  avoir  fait  dissoudre  le  mucus  qui  agglutinait 
la  masse,  il  coastata  que  le  résidu  contenait  principalement  de  petites  pièces  du 
squelette  des  moustiques  :  trompe,  tête,  yeux,  thorax,  abdomen,  pattes,  ailes  et 
écailles  (voir  fig.  63).  L'exosquelette  chitineux  de  l'insecte  n'est  pas  digestible  et 
passe,  en  totalité,  dans  les  déjections.  Par  contre,  toutes  les  substances  molles  sont 
digérées.  M.  Campbell  estime  que  la  ration  journalière  d'une  cbauve-souris  est  de 
500  moustiques,  au  moins. 

(*■»)  M.  L.  O.  Howard  (95)  vient  de  publier,  dans  le  n"  31  des  Public  Health 
Reports  des  Etats-Unis,  (30  juillet  1920),  son  appréciation  sur  la  valeur  des  chauves- 
souri.s  comme  destructrices  de  moustiques  et  l'efficacité  des  perchoirs  recommandés 
par  M.  le  Dr.  Chas,  A.  R.  Campbell. 

L'éminent  entomologiste  apporte  des  preuves  que  les  moustiques  ne  constituent 
pas  une  part  importante  du  régime  alimentaire  des  chauves-souris,  qu'il  n'y  a  que 
quelques  rares  espèces  de  chauves-souris  qui  vivent  en  bandes  et  qu'aucune  dimiou- 
tioiu  du  nombre  des  moustiques  ou  des  cas  de  malaria  n'a  été  constatée,  là  où  oes- 
animaux  volent  en  abondance. 

Finalement,  M.  Howard  conclut  que  l'utilité  des  perchoirs  à  chauves-souris  n'est 
pas  suffisamment  démontrée.pour  justifier  la  dépense  qu'entraînerait  leur  :Dstcli;it)on. 

(***)  The  American  Muséum  Congo  Expédition  Collection  of  Bats,  by  J.  A.  Al- 
len, Herbert  Lang  and  James  P.  Chapin.  —  Bulletin  of  the  American  Muséum  of 
Natural  History,  Vol.  XXXVII,  Art.  XVIII,  pp.  405-563,  New-York,  29  sept.  1917. 

(****)  Notes  on  the  Distribution  and  Ecology  of  central  african  Chiroptera,  by 
Herbert  Lang  and  James  P.  Chapin,  Pt,  II.  p.  479-496 


127 

tilionidae  qui  se  léunissent  en  grandes  bandes,  envahissent  volontiers 
les  maisons  et  autres  constructions,  leur  offrant  les  mêmes  avantages 
que  leurs  gîtes  naturels. 

Comme  les  chauves-souris  ne  chassent  que  durant  le  crépuscule 
ou  la  nuit,  il  n'y  a  que  les  insectes  volant  à  ces  moments-là  qui 
puissent  devenir  leur  proie.  Il  en  est  ainsi  notamment  pour  les  mous- 
tiques Anophèles.  Toutefois,  la  nourriture  de  chaque  espèce  de  chauve- 
souris  est,  sans  nul  doute,  constituée  par  une  grande  variété  d'insectes 
et  diffère   d'après  les  saisons. 

Les  indigènes  du  Cong'o  belge  mangent  volontiers  les  chauves- 
souris.  Les  petites  espèces  insectivores  habitant  les  arbres  creux,  les 
crevasses  ou  les  cavernes,  sont  aussi  recherchées  que  les  grandes 
espèces  frugivores.  Le  fait  est  regrettable.  Les  chauves-souris  fru- 
givores sont  plutôt  nuisibles  et  il  n'est  pas  mauvais  que  les  nègres 
s'en  fassent  une  ressource  alimentaire.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même 
pour  les  chauves-souris  insectivores,  qui  sont  éminemment  utiles, 
surtout  dans  les  régions  infestées  par  les  moustiques  de  la  malaria. 
Il  serait  nécessaire  de  protéger  efficacement,  tout  au  moins  ceux  de 
ces  utiles  auxiliaires  qui  vivent  dans  le  voisinage  des  habitations, 
et  de  prévenir  ainsi  une  destruction  irrémédiable. 

Un  autre  ennemi  acharné  des  chauves-souris  congolaises  est  le 
rapace  Machoerhainphus  Anderssoni.  Ce  faucon  existe  dans  toute 
l'Afrique  centrale.  Il  semble  qu'il  dévore  sa  proie  en  plein  vol. 

*  *  :î-. 
Les  quelques  renseignements  que  nous  venons  de  donner  suffisent 
pour  montrer  que  les  ennemis  des  moustiques  adultes  sont  très 
divers  et  qu'il  est  très  utile  de  prendre  des  mesures  pour  les  protéger. 
Nous  n'avons  malheureusement  rencontré  dans  les  ouvrages  parus  à 
ce  jour  aucun  autre  renseignement  sur  les  animaux  qui  font  leur 
proie  des  moustiques  adultes,  au  Congo  belge.  II  n'y  a  pas  de  doute 
cependant,  qu'ils  soient  très  nombreux  et  appartiennent  à  des  grou- 
pements très  différents  :  insectes  prédateurs  (névroptères,  hyméno- 
ptères, coléoptères)  ;  arachnides  ;  reptiles  et  batraciens  (lézards,  gre- 
nouilles, etc.)  ;  oiseaux  insectivores  ;  mammifères  insectivores  et 
chauves-souris.  Il  serait  très  intéressant  que  des  recherches  scienti- 
fiques sérieuses  soient  faites  à  ce  sujet.  Elles  pourraient  servir  de 
base  à  l'élaboration  de  mesures  efficaces  de  protection  de  ces  ani- 
maux. Pour  la  détermination  de  la  nature  de  l'alimentation  des 
insectes  et  arachnides,  l'observation  en  plein  air  ou  l'élevage  au 
laboratoire  sont  les  seuls  procédés  efficaces  ;  mais,  lorsqu'il  s'agif 
d'animaux  vertébrés  (reptiles,  oiseaux,  mammifères),  l'examen  mi- 
croscopique du  contenu  de  l'estomac  et  des  déjections  facilitera 
grandement  les  recherches. 

D.  —  MOYENS  DE  DESTRUCTION  DES  LARVES  ET  PUPES 
DE  MOUSTIQUES. 

Empêcher  les  moustiques  de  se  mulliplier.  en  les  détruisant  aux 
stades  larvaires  (larves  et  pupes)  dans  leur  milieu  naturel  de  déve- 
loppement, l'eau,  constitue,  sans  nul  doute,  le  moyen  le  plus  efficace 


128 

de  lutte  contre  ces  insectes  et  le  seul  qui  permette  d'extirper  rapide- 
ment  la    malaria   des    régions   contaminées. 

Dans  l'étude  de  la  destruction  des  larves  de  moustiques,  il  y  aura 
lieu  d'envisager  d'abord  la  localisation  de  leurs  lieux  de  développe- 
ment :  artificiels  ou  naturels.  Ceux-ci  connus,  on  aura  recours,  sui- 
vant les  circonstances,  à  diverses  mesures  d'élimination  des  larves 
qui  sont  :  la  suppression  des  petites  agglomérations  d'eau,  le  drai- 
nage des  grandes,  le  nettoyage  des  berges,  l'épandage  des  huiles  mi- 
nérales, l'emploi  des  larvicides,  la  protection  et  l'introduction  des 
ennemis  naturels,  etc. 


Nous  avons  déjà  vu  que  les  lieux  de  développement  des  larves  de 
moustiques  sont  très  variés.  Nous  savons  également  que  les  larves 
des  moustiques  à  mœurs  domestiques  :  Culex,  Slcgomyia,  se  dévelop- 
pent surtout  dans  les  quantités  d'eau,  parfois  fort  minimes,  séjour- 
nant dans  les  récipients  artificiels  les  plus  divers,  tandis  que 
les  larves  d'Anophclcs,  propagateurs  de*  la  malaria,  choisissent  plu- 
tôt comme  milieu  de  développement  les  agglomérations  naturelles 
d'eau  :  mares  et  marais,  bords  des  rivières  et  des  étangs,  flaques 
d'eau  de  pluie,  etc. 

Au  Congo,  il  laut  détruire  tous  les  moustiques  et,  par  conséquent, 
il  laut  supprimer  tous  les  réservoirs  de  développement  des  larves, 
quils  soient  naturels  ou  artificiels.  La  localisation  de  ces  réservoirs 
n'est  pas  toujours  chose  facile  ;  elle  demande  une  inspection  minu- 
tieuse et  systématique  des  lieux  contaminés  et  de  leurs  environs. 
Entrons  dans  quelques  détails  à  ce  sujet,  en  commençant  par  les 
réservoirs  artificiels. 

RECHERCHE     ET    TRAITEMENT    DES    RÉSERVOIRS    ARTIFICIELS. 

Par  réservoirs  artificiels,  nous  entendons  toutes  les  petites  quan- 
tités d'eau  se  trouvant  dans  des  récipients  divers,  à  l'intérieur  des 
habitations  ou  dans  le  voisinage  immédiat  de  celles-ci. 

Ces  réservoirs  artificiels  sont  souvent  si  bien  cachés,  qu'on  ne 
les  trouve  qu'après  des  recherches  soigneuses  et  méthodiques.  C'est, 
par  exemple,  un  tonneau  qu'on  croyait  vide,  une  vieille  boîte  à  sar- 
dines ou  à  conserves,  des  débris  de  verre  ou  de  bouteilles  jetés  aux 
ordures,  qui  retiennent  de  petites  quantités  d'eau,  etc.,  etc.  Au  fur 
et  à  mesure  de  leur  découverte,  tous  ces  récipients  devront  être 
traités  d'une  manière  appropriée,  en  vue  de  supprimer  les  larves  ou 
d'empêcher  tout  au  moins  qu'elles  ne  continuent  à  se  développer. 
Certains  seront,  soit  détruits  ou  enterrés,  soit  vidés,  retournés  ou 
nettoyés.  Dans  d'autres,  qui  ne  peuvent  être  ainsi  traités,  l'eau  sera 
régulièrement  renouvelée,  ou  bien  les  larves  seront  tuées,  en  versant 
à  la  surface  un  produit  larvicide,  tel  qu'une  mince  couche  de  pétrole. 
Enfin,  on  pourra  avoir  recours  à  l'emploi  de  couvercles  en  toile  mé- 
tallique ou  à  l'introduction  de  poissons  et  autres  animaux  aquati- 
ques  qui  se  nourrissent  des  larves  et  pupes  de  moustiques. 


129 

Dans  toutes  les  régions  où  une  lutte  efficace  contre  le  Stegomyia 
fasciata,  ou  moustique  de  la  fièvre  jaune,  a  été  entreprise  (Cuba, 
Panama,  Afrique  occidentale),  il  a  toujours  été  procédé,  en  tout 
premier  lieu,  à  l'organisation  d'un  corps  médical  et  sanitaire,  qui 
avait  pour  objectif  principal  de  rechercher  et  de  supprimer  tous  les 
réservoirs  artificiels  servant  de  lieux  de  développement  aux  larves. 
D'après  Sir  Rubcrt  Boyce  (23),  un  corps  de  ce  genre,  opérant  dans 
certaines  villes  de  l'Afrique  occidentale  anglaise  (Sierra-Leone,  Côte 
d'Or,  Lagos),  après  l'apparition  d'une  épidémie  de  fièvre  jaune,  en 
1910,  a  adopté  les  mesures  suivantes  : 

Enlèvement  et  destruction  de  tous  les  petits  récipients  (boîtes,  bou- 
teilles, calebasses,  etc.),  susceptibles  de  retenir  accidentellement  de 
l'eau  ; 

Suppression  des  broussailles  dans  les  cours  et  terrains  vagues, 
ainsi  qu'au  voisinage  des  villes  et  villages  ; 

Adoption  dans  toutes  les  villes,  de  jours  réguliers  de  nettoyage, 
les  habitants  étant  forcés,  à  ces  jours,  de  se  débarrasser  de  tous  les 
débris  dans  lesquels  l'eau  pourrait  s'accumuler  ; 

Institution  de  conférences  populaires,  d'instructions  aux  enfants 
des  écoles,  de  conseils  aux  habitants,  donnés  par  voie  d'affiches  appo- 
sées sur  toutes  les  places  publiques  ;  coopération  des  services  pu- 
blics, des  ministres  du  culte,  etc. 

A  la  suite  de  ces  premières  mesures,  venaient  évidemment  la  sup- 
pression ou  le  pétrolage  des  plus  grandes  agglomérations  d'eau 
stagnante,  le  comblement  ou  le  drainage  des  terrains  marécageux,  etc. 

Il  a  été  constaté  partout,  en  Amérique  tropicale  et  subtropicale, 
et  dans  d'autres  colonies  à  climat  chaud,  que  l'établissement  dans 
les  villes  d'un  système  de  canalisation  et  de  distribution  d'eau  po- 
table, est  un  excellent  moyen  de  combattre  les  fièvres  et  d'autre^5 
maladies.  On  supprime  ainsi,  en  tout  cas,  une  foule  de  lieux  de  déve- 
loppement des  moustiques  :  tonneaux  d'eau,  citernes,  puits,  etc.  l'ne 
autre  mesure  hygiénique  importante  consiste  à  établir,  dans  les  villes, 
un  système  pratique  de  drainage  des  eaux  d'égout. 

Ce  sont  là,  toutefois,  des  moyens  qui  ne  peuvent  encore  être  apph- 
•  lués  actuellement  que  dans  les  localités  importantes  des  colonies 
tropicales.  Presque  partout,  la  lutte  contre  la  propagation  dis  mous- 
tiques dans  les  habitations  et  aux  environs  de  celles-ci  devra  se  bor- 
ner à  l'élimination  des  réservoirs  artificiels.  Voni  quelqui'r-  indica- 
tions pratiques  à  ce  sujet  : 

Là  où  les  tonneaux  et  citernes  pour  la  conservation  de  l'eau  de 
pluie  sont  nécessaires,  ils  devront  soigneusement  être  pourvus  d& 
couvercles  ou  d'écrans  de  toile  métallique,  empêchant  les  moustiques- 
de  venir  pondre  à  la  surface  (voir  p.  100).  Autant  que  possible,  dans 
les  localités  de  quelqu'importance,  on  adoptera,  pour  ces  récipients 
couverts,  un  modèle  uniforme,  recommandi';  ou  fourni  par  la  mu- 
nicipalité. 


130 

L'eau  qui  s'accumule  sous  les  réservoirs  à  eau  devra  être  réguliè- 
rement enlevée.  Les  puits  seront  comblés,  car  ils  constituent  une 
grande  source  de  danger.  S'ils  sont  absolument  indispensables,  ils 
devront,  en  tout  cas,  être  couverts  de  toile  métallique,  ou  recevoir 
régulièrement  une  application  de  pétrole. 

Les  gouttières  des  toitures  de  toutes  les  habitations  et  dépendances 
devront  être  soigneusement  inspectées,  afin  de  vérifier  si  elles  ne 
sont  pas  obstruées,  permettant  ainsi  à  l'eau  de  pluie  de  s'accumuler 
et  de  constituer  un  excellent  milieu  de  développement  des  larves. 
Des  accidents  de  ce  genre  sont  surtout  fréquents,  là  où  les  branches 
de  grands  arbres  surplombent  les  toitures  et  où  les  feuilles  et  brin- 
dilles s'accumulent  et  pourrissent  dans  les  gouttières.  Un  bon  net- 
toyage suffira  pour  remettre  les  choses  en  ordre. 

A  l'intérieur  des  maisons,  les  moustiques  se  multiplient  en  des 
endroits  très  divers.  Si  l'on  ne  change  pas  fréquemment  l'eau  des 
vases  à  fleurs,  des  cruches,  aiguières,  pots  d'eau  potable,  etc.,  on 
peut  y  trouver  des  larves.  Celles-ci  se  rencontrent  également  dans 
les  réservoirs  des  W.-C.  et  sous  les  lavabos,  ainsi  que,  par  temps 
sec,  dans  les  conduites  d'égout  où  l'eau  reste  stationnaire,  faute 
d'un  lavage  par  les  pluies. 

Les  réservoirs  à  eau  placés  directement  sous  les  toits  et  destinés 
à  alimenter  les  salles  de  bain,  devront  être  soigneusement  pourvus 
d'écrans  de  toile  métallique.  Là  où  les  fourmis  sont  très  désagréables, 
il  est  d'usage  d'isoler  les  tables  en  en  plaçant  les  pieds  dans  de  petites 
coupes  remplies  d'eau  (antiformicas),  qui  constituent,  en  fait,  un 
bon  milieu  de  développement  pour  les  larves.  Dans  ce  cas,  il  faudra 
soit  renouveler  régulièrement  l'eau  de  ces  coupes,  soit  en  recouvrir 
la  surface  d'une  légère  couche  de  pétrole. 

Dans  la  zone  du  Canal  de  Panama,  les  magnifiques  jardins  de 
l'hôpital  d'Ancon  avaient  été  convertis  en  un  lieu  de  développement 
idéal  pour  les  larves  de  moustiques,  en  plaçant  des  baquets  peu  pro- 
fonds, remplis  d'eau,  autour  de  tous  les  arbres  et  arbustes,  pour 
les  protéger  contre  les  attaques  des  fourmis.  L'épandage  réguHer 
d'un  peu  de  pétrole,  arrêta  net  la  propagation  des  moustiques. 

Dans  les  fermes,  il  faudra  éviter  avec  grand  soin  de  laisser  de 
l'eau  séjourner  pendant  plus  d'un  ou  deux  jours  dans  les  auges, 
baquets  et  autres  récipients  servant  aux  chevaux,  au  bétail  ou  aux 
porcs,  ainsi  que  dans  les  abreuvoirs  des  poulaillers  et  les  baquets 
des  chiens  de  garde. 

Les  puisards  et  fosses  d'aisance  sont  d'habitude  recouverts  de  pierres 
et  de  ciment,  mais  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  la  plus  légère 
fissure  dans  ce  ciment  permet  l'entrée  des  moustiques  et  qu'il  en 
résulte  souvent  une  multiplication  illimitée  des  larves.  Un  traitement 
au  pétrole  pourra  donc  être  nécessaire. 

Dans  les  hangars  à  marchandises  et  les  docks,  les  moustiques  se 
développent  abondamment  dans  les  seaux  à  incendie  et  les  tonneaux 
a  eau,  si  ceux-ci  ne  sont  pas  régulièrement  vérifiés,  vidés  et  nettoyés. 

Dans  les  ateliers  de  réparation  et  autres,   l'eau  se  trouvant,   par 


13! 


■exemple,   dans  les  baquets  des  meules  à  repasser,   ne  devra   pas  y 
être  laissée  plus  d'un  jour  ou  deux,  sans  être  renouvelée. 

L'eau  accumulée  dans  les  urnes  funéraires  et  les  creux  des  monu- 
ments dans  les  cimetières. et  l'eau  des  bénitiers  des  églises,  consti- 
tuent également,  pour  les  larves,  des  milieux  de  développement  qu'il 
faudra  surveiller. 

Les  boîtes  à  conserves  vides  de  toutes  espèces,  les  tessons  de  bou- 
teilles, les  débris  de  verre  ou  d'autres  ustensiles  de  ménage,  les  boîtes 
et  récipients  de  bois  ou  de  métal,  les  co- 
quilles vides,  les  coques  de  noix  de  coco, 
calebasses,  etc.,  etc.,  jetés  comme  détritus, 
forment,  lorsqu'ils  sont  partiellement  rem- 
plis d'eau  par  les  pluies,  d'excellents  ré- 
servoirs pour  la  multiplication  des  mousti- 
ques. Il  suffit,  pour  cela,  d'une  très  faible 
quantité  de  liquide  ;  ainsi  une  bouteille  à 
bière,  à  moitié  remplie  d'eau,  peut  servir 
de  milieu  de  développement  à  plusieurs 
milliers  de  larves. 

Il  faudra  donc  inspecter  soigneusement  et 
méthodiquement  tous  les  terrains  vagues 
aux  alentours  des  maisons,  villages  indi- 
gènes ou  villes  européennes,  et  les  tas  d'or- 
dures et  de  décombres,  où  ces  objets  se 
trouvent  souvent  en  grande  abondance.  Si 
nécessaire,  on  y  pratiquera  des  débrousse- 
ments,  pour  rechercher  ceux  qui  sont  dis- 
simulés sous  les  buissons  et  les  mauvaises 
herbes.  Tous  les  débris  ainsi  trouvés  et  sus- 
ceptibles de  servir  de  réservoirs  seront, 
soit  détruits  ou  enlevés,  soit  enterrés  ou 
lotournés. 

Los  murs  servant  de  clôture  sont  souvent 
garnis,  à  leur  faîte,  comme  défense  contre 
les  maraudeurs,  de  morceaux  de  verre  brisé, 
tessons  de  bouteilles,  etc.,  qui  peuvent  constituer,  après  les  pluies, 
de  petits  réservoirs  pour  les  larves  de  moustiques.  Il  en  est  de  même 
pour  les  bouteilles  renversées,  servant,  dans  certains  jardins,  de 
bordures  aux  chemins  et  aux  plates-bandes  à  fleurs.  Dans  les  pota- 
gers à  sol  argileux,  tous  les  creux  permettant  à  l'eau  de  séjourner, 
devront  être  soigneusement  comblés  et  nivelés.  Dans  les  terrains  légè- 
rement marécageux,  les  empreintes  laissées  par  les  sabots  des  che- 
vaux et  bestiaux  et  remplies  d'eau,  constituent  un  des  endroits 
favoris  de  développement  des  larves  de  moustiques. 

Les  fontaines,  bassins  et  étangs  ornementaux  dans  les  parcs  et 
jardins,  forment  souvent  aussi,  un  milieu  de  multiplication  des 
larves.  11  suffit,  d'habitude,  pour  éliminer  ces  dernières,  d'y  intro- 
duire  des   poissons.   Fréquemment,   cependant,   les    larves    peuvent 


Fig.  71.  —  Enlevez  soi- 
gneusenTent  des  cours  et 
du  voisinage  des  habita- 
tions, les  vieilles  boitas  à 
conserves  vides,  tessons 
de  bouteilles  et  autres 
objets  dans  lesquels  les 
larves  de  moustiques  peu- 
vent se  développer.  — 
Abritez  également  par  de 
la  toile  métallique,  le  des- 
sus des  tonneaux  à  eau. 
(Cliché  de  la  South  afri- 
can  anti-malarial  Asso- 
ciation.) 


i;{2 

échapper  à  ceux-ci,  en  cherchant  refuge  dans  la  végétation  qui  croît 
le  long  des  bords. 

Dans  de  tels  étangs,  on  trouve  souvent  des  plantes  aquatiques  à 
larges  feuilles  (Nymphéa,  etc.).  Lorsque  ces  feuilles  reposent  à  plat 
sur  la  surface  de  l'eau,  il  arrive  que  l'une  d'elle,  partiellement  sub- 
mergée, forme  un  excellent  petit  bassin  naturel,  où  les  larves  de 
moustiques  peuvent  vivre  et  se  développer,  à  l'abri  des  poissons. 
C'est  pourquoi  il  est  nécessaire,  pour  empêcher  le  développement  des 
moustiques  dans  les  pièces  d'eau  ornementales,  d'en  tenir  les  bords 
propres,  libres  de  végétation,  et  de  ne  pas  y  placer  de  plantes  aqua- 
tiques à  larges  feuilles  flottantes. 

Enfin,  dans  les  villes,  les  fontaines  publiques,  les  abreuvoirs  des 
chevaux,  les  réservoirs,  devront  être  régulièrement  inspectés,  de 
même  que  les  rigoles  des  fossés,  car  ceux-ci  peuvent  facilement  per- 
mettre le  développement  de  diverses  espèces  de  moustiques,  y  com- 
pris les  Anophèles  de  la  malaria. 

II  paraît  peu  probable  que  les  moustiques  puissent  se  développer 
dans  les  conduites  d'égout,  mais  ils  se  multiplient,  en  tout  cas,  dans 
l'eau  qui  séjourne  au  fond  des  bouches  d'égout.  Celles-ci  sont  très 
souvent  placées  dans  les  arrière-cours  ou  au  croisement  des  rues. 
Leur  eau  n'est  renouvelée  que  par  les  pluies,  ou  lors  du  nettoyage 
des  surfaces  pavées.  En  saison  sèche,  la  période  de  stagnation  peut 
durer  plusieurs  semaines,  et,  en  tout  cas,  assez  longtemps  pour  per- 
mettre aux  moustiques  de  parcourir  leurs  stades  larvaires.  En  fait, 
ces  bouches  d'égout  peuvent,  par  temps  chaud,  produire  des  millions 
de  moustiques.  On  les  traitera  à  l'aide  du  pétrole  ou  en  les  purgeant 
à  grande  eau,  une  fois  par  semaine,  chassant  ainsi  dans  les  égouts 
les  larves  nouvellement  écloses. 

Enfin,  alors  que  toutes  les  précautions  ont  été  prises,  il  est  encore 
possible  que  certaines  petites  accumulations  d'eau  situées  dans  le 
voisinage  des  hab-'tations,  passent  inaperi;ues  ou  soient  inaccessibles. 
Il  est  à  conseiller,  dans  ces  cas,  en  vue  d'empêcher  les  moustiques 
femelles  de  les  choisir  comme  lieu  de  ponte,  de  préparer  des  réser- 
voirs-pièges. Des  pots  de  terre  ou  des  entre-nœuds  de  bambou,  rem- 
plis d'eau  et  placés  en  des  endroits  ombragés,  conviendront  pour  cet 
usage.  On  les  videra  aussitôt  que  sera  constatée  la  présence  de  jeunes 
larves. 

RECHERCHE  ET  TRAITEMENT  DES  RÉSERVOIRS  NATURELS 

La  recherche  et  le  traitement  des  réservoirs  naturels  ont  spéciale- 
ment pour  but  de  supprimer  les  larves  des  Anophèles  propagateurs 
de  la  malaria.  Nous  savons  déjà  que  ces  larves  se  développent,  de  pré- 
férence, dans  les  accumulations  naturelles  d'eau,  soit  permanentes, 
soit  temporaires,  se  trouvant  dans  le  voisinage  des  lieux  habités  ou 
à  une  distance  qui  ne  dépasse  pas  la  portée  du  vol  des  femelles 
adultes. 

Les  lieux  d'évolution  des  Anophèles  varient  évidemment  d'après 
les  conditions  locales  (nature  du  sol,  humidité  ou  sécheresse,  etc.), 
ainsi  que  d'après  l'espèce  et  d'après  la  saison.  Voici  certains  des 
plus  fréquentés  : 


133 


UEL'X    DK    Di:Vi;i-<)PrKMKNT    I)i;s    LAI{Vi:s    I)K    MorsTIQFK 


Fig.  72.  —  Dans  une  ville  des  pays  chauds.  —  L'eau  qui  séjourne  dans 
le:^  rigoles,  contient  de  nombreuses  larves  de  moustiques,  souvent  des 
larves  d'Anophèles.  (Cliché  W.-B.  Herms.) 


Fig.  73.  -  .A.U  Kalanga.  —  Un  canal  dans  la  vallée  de  la  Lubuinbashi.  — 
E.xcellent  milieu  de  développement  pour  les  larves  d'Anophèles.  Aussi 
ces  moustiques  y  abondaient  avant  l'assainissem-^nt.  (Cliché  Leplae.) 


134 


LIEUX    DR    DEVELOPPEMENT    DES    LARVES   DE    MOUSTIQUES. 


Fig.  74.  -  Un 
Hons'  Kong  (Chii 
maciilatu.s.   (D'à in 


e  favoi 
~  Lie 
Clnrk.l 


des  Aiioi^lirlrs.  —  i^uisseau  de  montagne  à 
de  développement  de    la    larve  d'Anophèles 


Fig.  75.  —  Dniis  la  /m:,  du  i 
cageuse  du  lerrum  pai  luiips  de  plui. 
graphie.  —  Dans  ces  mares  tempoiai 
abondantes.  (Cliché  M.  Watson.) 


■é- 

monlii  !■   pal    la    photo- 
larves ù'Ano])h('les  sont 


135 


LIEUX    DE    DEVELOPPEMENT    DES    LARVES    DE    MOUSTIQUES. 


Fig.  7G.  —  Sur  le  Moyen-Congo.  —  Une  rive  malsaine,  infestée  par  les 
moustiques  et  les  tsétsés.  (Cliché  I.eplae.) 


1-"i,l;-.  77.  —  Aiiliv  nw  iiiiilsainc  im 
prisi-  sur  le  chenal,  à  Kinr/.ulu.  —  Dt 
pirogues  des  indigènes  et  dans  cette 
veloppent.   (Cliché  Leplae.j 


ilaria,  maladie  du  .sommeil'.  Vue 
l'eau  séjourne  souvent  au  fond  des 
au.  les  larves  de  moustiques  se  dé- 


138 


EFFETS  DU  DElîR»  )US8E.M  EXT  SIR   ]. 


Fig.  78.  —  Sur  le  Congo.  —  Ancienne  station  agricole  de  Lukoiela. 
Rive  non  déboisée,  avec  moustiques  et  tsétsés.  (Cliché  Leplae.) 


1  1^.  7'.i.  —  Le  déban-îidi' 
assainie,  où  les  mousli(|ii 
d'a&sainissement,  la  missi 
par  la  trypanosomiase  (Cli 


de    KwiUMiMllh. 


Lvi)Iae.; 


d'une  rive 
face,  faute 
lis  décimée 


137 


1.  —  Les  mares  et  marais,  bords  des  éta}ujs,  lacs  et  lagunes.  — 
En  général,  les  larves  à'Anopheles  se  développent  dans  les  eaux  tran- 
quilles, là  où  elles  trouvent  une  protec- 
tion naturelle  dans  la  végétation  aquati- 
que et  les  accumulations  flottantes  de 
feuilles  mortes,  débris  et  brindilles  (voir 

fig.  2l2).  Une  eau  ayant  plus  de  30  cm.  de 
profondeur  et  sans  protection  naturelle, 
ne  convient  pas  à  ces  larves. 

Dans  l'eau  claire,  telle  que  celle  des 
réservoirs  à  bords  propres  et  escarpés, 
des  débris  plus  ou  moins  divisés  se  ré- 
unissent et  ces  amas  flottants  sont  pous- 
sés par  les  vents,  d'une  extrémité  à  l'au- 
tre de  la  pièce  d'eau.  Des  larves  sont  fré- 
quemment présentes  dans  ces  amas,  où 
elles  paraissent  être  à  l'abri  des  petits 
poissons. 

L'évolution  des  Anophèles,  dans  les 
pièces  d'eau  d'une  certaine  étendue,  est 
contrariée  par  l'action  des  petites  vagues, 
et  là  où  la  direction  du  vent  est  uniforme 
et  continue,  la  partie  de  la  rive  où  les 
vagues  déferlent  est  exempte  de  larves, 
sauf  toutefois  s'il  y  a  de  petites  anses  à 
malarial  Association.)  eau  plus  calme. 

2.  —  Les  terrains  marécageux  ou  inondés,  permanents  ou  tempo- 
raires. —  Les  inondations  provoquées  par  les  pluies  tropicales  ou 
par  les  crues  des  fleuves  et  rivières,  sont  de  bons  milieux  de  dévelop- 
pement des  larves  àWnopheles.  Sous  les  climats  chauds  et  humides, 
la  culture  du  riz  de  marais  favorise  malheureusement  aussi  la  multi- 
plication de  ces  insectes.  Les  rizières  demandent,  en  effet,  une  inon- 
dation annuelle,  et  l'eau  y  reste  pratiquement  stagnante,  pendant  plu- 
sieurs mois.  Il  en  résulte  que.  dans  beaucoup  de  contrées,  le  dévelop- 
pement de  la  malaria  peut  être  parallèle  à  celui  de  la  culture  du 
riz  (*).  Les  remèdes  à  cette  situation  sont  l'élimination  de  tous  les 


Fiff.  80.  —  Mare  dans 
laquëile  se  développent  les 
larves  des  moustiques  de 
la  malaria.  —  Recher- 
cliez-y  ces  larves  et,  si 
vous  en  trouvez,  com- 
blez, drainez,  ou  bien 
recouvrez  toutes  les  se- 
maines la  surface  de 
l'eau,  d'une  mince  cou- 
ctie  de  pétrole.  (Cliclié  de 
la    South    african    anti- 


(*)  D'après  M.  S.  B.  Freeborn  (70),  il  a  été  démontré  qu'aux  Philippines,  les 
régions  riziooles  sont  remarquablement  indemnes  de  malaria.  La  raison  en  est,  que 
le  moustique  qui  transmet  le  plus  intensivement  le  germe:  Anophèles  minimus 
(febrifer),  se  développe  surtout  dans  les  eaux  courantes  et  que  ces  réservoirs  de 
propagation  sont  éliminés  par  l'introduction  de  la  culture  du  riz.  Par  contre,  le 
moustique  dont  la  larve  vit  surtout  dans  l'eau  des  rizières  :  A.  rossi,  transmet  peu 
la  malaria. 

D'autre  part,  il  est  connu,  dit  encore  M.  Freeborn,  qu'une  culture  intensive  du 
riz  de  marais,  donne  relativement  peu  de  moustiques,  tandis  que  des  rizières  éparpil- 
lées,  à    croissance   irrégulières,    entraînent    la    production    de    beaucoup   d'Anophèles. 

Suivant  M.  J.  Legendre  (114),  les  rizières  en  culturvS  près  d'Antananarivo  (Mada- 
gascar), constituent  le  lieu  d'évolution  favori  des  Anophèles.  En  octobre,  après  la 
plantation  du  riz,  on  trouve  les  larves  dans  les  champs  en  terrasses  arrosés  par  les 
cours  d'eau  et  dans  les  plaines  irriguées  par  des  canaux.  Les  rizières  non  cultivées, 
où  poussent  les  graminées  sauvages  ne  sont  jamais  infestées  avant  la  fin  de  février 
ou  le  mois  de  mars,  époque  où  les  Anophèles  sont  devenus  si  abondants  qu'ils  se 
répandent  partout.  Les  endroits  choisis  pour  la  multiplication  sont,  par  ordre  de 
préférejice  :  les  rizières,  les  cressonnières,  les  champs  d'ignames  (Colocasia  esculenta), 
les  marais  et  les  jardins  maraîchers. 


138 

réservoirs  de  développement  autres  que  les  rizières,  avant,  pendant  et 
après  l'inondation  de  celles-ci,  la  protection  efficace  des  habitations, 
à  l'aide  d'écrans  de  toile  métallique  et  l'emploi  préventif  de  la  quinine. 

Les  mares,  marais  et  flaques  d'eau  servant  de  lieux  de  multipli- 
cation aux  larves  à'Anopheles,  abondent  au  Congo.  Nous  en  repro- 
duisons une  vue,  fig.  25. 

Au  Katanga,  par  exemple,  le  dembo  de  la  ferme  Marie-José  (fig.  90), 
le  canal  de  l'Union  minière  (fig.  73),  les  sources  marécageuses  de  la 
Tsinsenda  (fig.  89),  constituaient,  avant  leur  assainissement  par  drai- 
nage, de  vrais  coins  à  moustiques,  fort  dangereux  pour  la  propaga- 
tion des  fièvres. 

3.  —  Les  cours  d'eau  et  rivières.  —  Les  cours  d'eau,  larges  ou 
étroits,  quoique  parfois  à  sec  pendant  plusieurs  mois  de  l'année,  de- 
viennent souvent  d'importants  milieux  de  propagation.  En  général, 
durant  la  saison  humide,  on  y  trouve  les  larves  le  long  des  rives,  en 
des  endroits  tranquilles,  abrités  par  les  roseaux,  plantes  aquatiques 
ou  par  les  amas  de  débris  accumulés.  Il  semble  que  l'instinct  fasse 
choisir  aux  Anophèles,  pour  déposer  leurs  œufs,  les  places  les  mieux 
protégées  et  les  mieux  pourvues  de  nourriture  pour  les  larves.  Les 
petites  mares  latérales,  les  petits  bassins  naturels  formés  par  les 
creux  des  rochers  (voir  fig.  24  et  74),  ainsi  que  les  endroits  des  cours 
d'eau  où  la  profondeur  et  la  tranquillité  permettent  le  développement 
rapide  des  algues  vertes  qui  retardent  le  courant,  sont  également 
favorables. 

Les  grandes  rivières  à  berges  escarpées  ne  conviennent  pas  aux 
Anophèles.  Lors  des  crues,  toutefois,  des  inondations  peuvent  se  pro- 
duire, et  de  même  des  débris  végétaux  divers  peuvent  s'accumuler 
par  endroits  et  former  des  mares  d'eau  tranquille,  hors  de  l'atteinte 
des  petits  poissons  et  où  les  larves  se  développent. 

Les  conditions  des  rivières  sont  plus  favorables  en  saison  sèche  (*), 
car  alors  leur  cours  est  plus  lent,  et  elles  constituent  le  seul  milieu 
de  propagation  à  la  disposition  des  Anophèles,  toutes  les  autres  agglo- 
mérations d'eau  étant  desséchées.  A  cette  époque,  les  larves  y  sont 
donc  souvent  très  abondantes. 

4.  - —  Les  llaques  temporaires  d'eau  .de  pluie,  les  empreintes  des 
sabots  des  bestiaux  et  les  ornières  des  routes.  —  En  terrains  argi- 
leux, les  flaques  d'eau  qui  restent  subsister  quelque  temps  après  les 
pluies,  de  même  que  les  empreintes  des  sabots  des  chevaux  et  bestiaux, 
en  terrains  mous  ou  détrempés,  fournissent  d'excellents  milielix  de 
propagation  aux  larves  d'Anophèles.  Ces  dernières  dépressions  peu- 
vent contenir  de  l'eau  pendant  toute  la  saison  humide,  et  en  recevoir 
également  par  les  ondées,  en  saison  sèche  ;  elles  sont  difficiles  à  loca- 
liser et  à  traiter,  cachées  qu'elles  sont  par  les  herbes.  De  même,  les 

<*)  Au  cours  de  sa  mission  dans  le  Nord  du  Congo,  M.  le  Dr.  Rhodain  a  noté 
qu'à  Dungu  et  Bambili,  sur  rUélé,  les  moustiques  étaient  plus  abondants,  en  saison 
sèche  qu'en  sai-son  des  pluies. 

Ceci  s'explique  par  le  fait  que,  lors  de  la  baisse  des  ©aux,  il  se  produit,  entre 
les  rochers  du  fleuve,  des  mares  dans  lesquelles  les  larves  d©  moustiques  se  dévelop- 
pent. Lors  de  la  crue  des  eaux,  ces  réservoirs  disparaissent  et  le  nombre  de  mousti- 
ques diminue  d'une  façon  marquée. 


139 

ornières  des  routes   peu  fréquentées,  forment  de  bons   réservoirs  à 
larves  à'Anophelcs  et  de  Culex. 

5.  —  Les  eaux  souterraines  el  les  eaux  des  puits  artésiens.  —  Les 
endroits  où  les  eaux  souterraines  sourdent  à  la  surface  du  sol  servent 
•également  de  lieux  de  multiplication  aux  larves  à'Anopheles.  C'est 
ainsi  qu'on  rencontre  souvent,  au  Congo  et  ailleurs,  sur  les  flancs 
et  près  du  sommet  des  collines  enherbées,  de  petites  mares  ou  des 
filets  d'eau  courante,  contenant  des  larves  de  moustiques.  Ces  réser- 
voirs sont  formés  par  de  l'eau  souterraine  qui  coule  sur  une  couche 
de  terrain  imperméable  et  sort  à  l'air  libre,  aux  endroits  où  cette 
couche  affleure  ou  tout  au  moins  se  rapproche  de  la  surface  du  sol. 

De  même,  dans  les  régions  sèches,  les  puits  artésiens,  forés  en  vue 
de  fournir  l'eau  nécessaire  aux  irrigations  agricoles,  facilitent  la 
propagation  des  moustiques.  Le  débit  de  ces  puits  est,  en  effet,  sou- 
vent supérieur  à  la  consommation,  et  il  se  forme  des  mares  d'eau 
stagnante,  dans  lesquelles  les  larves  se  développent. 

6.  —  Les  rigoles,  fossés,  drains  et  autres  excavations  faites  par 
rhomme.  —  Lorsqu'ils  ne  sont  pas  convenablement  entretenus,  les 
fossés  de  drainage  ou  autres  sont  également  des  endroits  très  favo- 
rnblts  à  la  propagation  des  moustiques.  La  végétation  qui  les  encombre 
souvent,  ralentit  ou  arrête  l'écoulement  de  l'eau  et  les  Anophèles 
femelles  viennent  pondre  en  ces  endroits  tranquilles.  Il  en  est  de 
même  pour  les  canaux  d'irrigation  et  les  fossés  et  rigoles  longeant 
les  routes  et  les  voies  ferrées  (voir  fig.  75). 

Les  travaux  de  terrassement  abandonnés,  où  s'accumulent  les  eaux 
météoriques,  ainsi  que  les  excavations  faites  accidentellement  par 
l'homme  et  qu'il  néglige  de  combler  ou  de  niveler,  peuvent  également 
«ervir  de  réservoirs  aux  Anophèles.  Enfin,  à  Cuba  et  Panama,  on  a 
constaté  que  les  larves  de  ces  moustiques  se  développent  également 
dans  les  eaux  polluées,  à  quelque  distance  de  leur  sortie  des  égouts. 

Exceptionnellement,  on  pourra  encore  rencontrer  des  larves  d'.4no- 
pheles  dans  des  réscr\oirs  artificiels,  qui,  ordinairement,  n'hébergent 
que  des  larves  de  Culex.  Tels  sont  les  tonneaux  et  citernes  d'eau  de 
pluie,  les  abreuvoirs,  les  pirogues  échouées,  etc.  De  même  des  larves 
û'Anopheles  ont  été  trouvées  dans  les  petites  accumulations  d'eau 
retenues  par  certaines  plantes  (cavités  d'arbres,  base  de  feuilles,  ra- 
cines superficielles,  etc.)  (*). 

Une  fois  localisés,  tous  les  réservoirs  naturels  que  nous  venons  de 
passer  en  revue  devront  être  traités  différemment,  suivant  leur  nature 

(*)  Les  larves  de  V Anopheles(Piiretophorns)  costalis  Loew,  vivent  d'habitude  dans 
les  eaux  marécageuses  et  dans  les  flaques  le  long  des  routes,  spécialement  lorsque  ces 
dernières  sont  salies  par  les  excréments  des  hommes  et  des  animaux  Suivant  Gra- 
ham,  à  Lagos  (Nigérie),  elles  se  développent  régulièrement  dans  les  tonneaux  et 
autres  récipients  se  trouvant  dans  les  liabitations  indigènes.  On  sait  que  VAnopheles 
costalis  Loev.-  est  une  des  espèces  de  moustiques  les  plus  répandues  dans  notre  colonie 
et  qu'elle  y  transmet  la  malaria. 

Les  larves  d'une  autre  espèce  malariale  d'Anophèles,  très  commune  en  Afrique, 
surtout  en  Afrique  occidentale  :  Anophèles  (Myzomyia)  funestiis  Giles,  préfèrent  pres- 
que toujours  comme  milieu  de  développement  l'eau  claire.  On  ne  les  rencontre  jamais 
dans  les  eaux  sales  ou  marécageuses. 


140 

et  les  circonstances  qui  les  ont  créés.  Les  petites  dépressions  seront 
soigneusement  comblées.  Là  où  les  agglomérations  d'eau  sont  occa- 
sionnées par  un  arrêt  dans  l'écoulement,  l'obstacle  sera  supprimé 
par  curage  et  nettoyage  des  fossés,  rigoles  ou  drains.  Les  parties  maré- 
cageuses seront  drainées  ou  comblées,  ou  si  cette  opération  est  impos- 
sible, on  aura  recours  au  pétrole  ou  à  un  autre  larvicide.  Les  berges 
des  rivières,  étangs  et  lacs  seront  débroussées  et  nettoyées.  L'introduc- 
tion de  poissons  ou  autres  animaux  faisant  leur  proie  des  larves, 
pourra  également  être  essayée. 

Nous  allons  examiner  en  détail  les  différents  procédés  d'élimina- 
tion des  réservoirs  à  larves  d'Anophèles,  mais  auparavant,  il  nous 
faut  dire  un  mot  de  la  façon  dont  on  peut  déterminer  la  présence  de 
ces  larves  dans  une  masse  d'eau. 


Déterminaiion  de  la  pré=  Comme  nous  l'avons  VU,  on  trouve  d'ha- 

sence  des  larves  d'Ano=  ^^jj^^j^  ,çg  ^^^^^^  d'Anopheles  dans  des  eaux 

pheles  dans  une  masse  ,     .             ^  ^            ...  '^               .   .         .      . 

d'ea„_  relativement  tranquilles,  parmi  les  plantes 

aquatiques  et  les  amas  de  débris  végétaux. 
Ces  larves,  si  elles  ne  sont  ni  troublées  ni  inquiétées,  peuvent  être 
vues  au  repos,  sous  la  surface  de  l'eau,  mais  souvent  elles  plongent 
et  se  cachent,  avant  que  l'observateur  ne  soit  assez  près  pour  les 
apercevoir.  11  est  rare  de  les  rencontrer  là  où  la  protection  végétale 
naturelle  fait  défaut.  Avec  un  peu  de  pratique,  l'œil  s'exerce  et  dé- 
couvre facilement  les  parties  d'une  pièce  d'eau  qui  contiennent  des 
larves.  11  est  à  conseiller  d'employer,  pour  pêcher  celles-ci,  un  petit 
puisoir  ou  une  louche  en  émail  blanc.  Lorsque  les  larves  sont  cachées 
parmi  la  végétation,  la  louche  sera  vivement  poussée  contre  les  tiges 
d'herbes  ou  de  plantes,  et  l'eau  y  entrant,  entraînera  les  larves  (*). 

La  présence  des  larves  peut  également  être  décelée  par  l'application 
d'un  larvicide,  notamment  de  celui  en  usage  à  Panama  et  dont  il 
sera  question  plus  loin.  Cette  substance  se  répand  promptenient  dans 
l'eau,  et  les  larves,  dans  leurs  efforts  pour  échapper  à  son  action, 
remontent  à  la  surface. 

Dans  les  accumulations  d'eau  ayant  moins  de  50  centimètres  de 
profondeur,  on  peut  encore  obtenir  d'assez  bons  résultats,  en  remuant 
la  vase  du  fond,  ce  qui,  généralement,  force  les  larves  à  remonter. 
Lorsque,  dans  des  mares  peu  profondes,  on  doit  examiner  rapide- 
ment un  grand  nombre  d'endroits,  l'inspection  sera  faite  en  se  pro- 
menant dans  l'eau  et  en  remuant,  aux  points  suspects,  la  vase  avec 
le  pied.  S'il  y  a  do  la  végétation  ou  des  débris,  il  faudra  les  écarter, 
car  une  surface  claire  est  indispensable  pour  un  examen  consciencieux. 

S'il  s'agit  de  dépressions  où  l'eau  a  presque  disparu  et  où  il  ne 
reste  plus  que  de  la  vase  molle,  des  échantillons  de  cette  dernière 
seront  lavés  à  l'eau  claire,  afin  de  déterminer  la  présence  des  larves. 

(*)  D'après  M.  W.  M.  Aders  (1),  (mai  1917),  divers  pièges  ont  été  utilisés  à  Zanzi- 
bar, pour  récolter  des  larves  de  moustiques.  Le  piège  à  Anophèles  était  formé  d'un 
récipient  plat,  rempli  d'eau  de  pluie  et  d'algues,  avec  une  fine  couche  de  terre  garnis- 
sant le  fond.  Le  piège  à  Cuîex  consistait  en  un  tonneau,  rempli  d'une  eau  riche  en 
matières  végétales  en  décomposition  et  en  matières  oriçaniques.  Le  piège  à  Stegomyia 
était  semblable,  mais  rempli  d'eau  de  pluie  propre. 


141 

L'inspecteur  devra  se  pi-oinencr  le  long  de?  cours  d'eau,  ainsi 
qu'au  bord  des  fossés  et  étangs,  et  examiner  soigneusement  tous  les 
endroits  qui  paraissent  favorables  au  développement  des  larves  d',4no- 
phcles,  y  compris  les  débris  végétaux  flottant  à  la  surface  des  eaux 
profondes.  Dans  les  mares  et  lagunes  encombrées  de  hautes  herbes^ 
l'examen  devra  se  faire  en  bateau.  Si  l'inspecteur  ne  dispose  d'aucune 
embarcation,  il  devra  entrer  dans  l'eau  et  visiter,  un  à  un,  tous  les 
endroits  suspects.  A  cette  fin,  le  personnel  du  service  sanitaire  de  la 
zone  de  Panama  était  équipé  de  la  façon  suivante  :  coslumc  en  kaki, 
gros  souliers  de  cuir  et  guêtres  de  cuir  de  porc. 

Dans  la  recherche  des  lieux  de  développement  des  larves  à'Ano- 
pheles,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  les  parties  peuplées  de  lan'es 
d'une  pièce  d'eau  relativement  étendue,  peuvent  être  très  restreintes 
et  varier  d'après  les  saisons. 


Comblement    des    dépres=  Lorsqu'on  entame  la  lutte  contre  la  mala- 

*'*"*•  ria,   près  d'une  agglomération  européenne 

ou  indigène,  la  première  mesure  à  prendre, 
consiste  à  combler  toutes  les  petites  dépressions  pouvant  contenir 
l'eau  des  pluies,  y  compris  les  empreintes  des  sabots  des  bestiaux, 
les  ornières,  les  flaques,  les  petites  mares  qui  ne  peuvent  être  conve- 
nablement drainées  et  les  terrains  qui  ne  s'assèchent  pas  prompte- 
ment  après  les  ondées. 

II  est  évidemment  inutile  de  combler  des  dépressions  qui  absorbent 
l'eau  d'une  façon  suffisamment  rapide,  pour  être  complètement  à 
sec.  avant  qu'une  génération  de  larves  puisse  normalement  accom- 
plir son  évolution  aquatique. 

Comme  Uiafériaux  de  remplissage,  on  utilisera  de  préférence  des 
terres  ou  autres  matières  ayant  une  perméabilité  suffisante  pour 
laisser  passer  facilement  l'eau  de  surface.  On  évitera  évidemment  les 
argiles  et  terres  glaises  compactes.  Dans  la  zone  du  canal  de  Panama, 
on  s'est  servi,  pour  le  comblement  en  grand  d'excavations,  des  pro- 
duits du  dragage.  Ceux-ci,  réduits  à  l'état  de  liquide  boueux  conte- 
nant de  10  à  20  pour  cent  de  matières  solides,  étaient  envoyés  sous 
pression,  à  de  grandes  distances,  par  l'intermédiaire  de  tuyaux  ou 
pipe-lines.  Les  couches  successives  de  boue  hydraulique  se  crevas- 
saient en  se  desséchant  et  des  précautions  spéciales  durent  être  prises 
pour  que  ces  fissures  ne  servent  pas  de  réservoirs  aux  larves  d'ino- 
pheles.  Environ  la  moitié  de  la  superficie  sur  laquelle  la  ville  de 
Colon  a  été  bâtie,  fut  comblée  par  ce  procédé  hydraulique,  et  il  en 
est  de  même  pour  une  grande  partie  des  terrains  sur  lesquels  la  nou- 
velle cité  de  Balboa  a  été  construite. 

Au  Congo,  à  Boma,  des  dépressions  marécageuses  ont  été  comblées 
par  les  boues  sableuses  draguées  dans  le  fleuve  au  moyen  de  suceuses. 
Lorsqu'on  emploie  les  sables  comme  matériaux  de  i-emplissage,  il  est 
à  recommander  d'enlever,  si  possible,  au  préalable,  la  terre  arable, 
pour  la  répandre  h  nouveau  sur  la  surface  de  la  dépression,  lorsque 
celle-ci  est  comblée. 


142 

Drainage  des  parties  ma=         Sans  nul  doute,  un  drainage  convenable- 

récageuses.  ment  effectué, constitue  la  meilleure  méthode 

de  destruction  des  larves  et  d'élimination, 
de  la  malaria.  C'est  donc  une  mesure  grosse  de  conséquences,  au 
point  rie  vue  hygiénique,  et  elle  l'est  aussi  au  point  de  vue  économi- 
que et  agricole,  La  valeur  des  terrains  marécageux,  rendus  par  le 
drainage  propres  à  la  culture  ou  à  la  bâtisse,  est  trop  connue  pour  que 
nous  devions  insister  sur  ce  point.  Aux  Etats-Unis,  des  travaux  de  ce 
genre  ont  été  accomplis,  avec  beaucoup  de  succès,  dans  diverses  ré- 
gions, notamment  dans  les  Etats  de  New-Jersey  et  de  Californie.  Par 
un  système  pratique  d'écoulement  des  eaux  des  marais,  le  nombre 
des  moustiques  a  été  fortement  réduit,  les  régions  ont  été  rendues 
saines  et  habitables  et  la  valeur  des  propriétés  a  subi  une  hausse 
considérable. 

Pour  drainer  un  marais  servant  de  lieu  de  développement  aux 
larves  de  moustiques,  on  établira  un  système  de  fossés,  destiné  à 
permettre  l'écoulement  des  eaux  stagnantes.  Des  rigoles,  de  section 
plus  petite,  s'embrancheront  au  canal  principal.  Il  faudra  prendre 
soin  d'établir  des  fossés  aussi  droits  que  possible,  d'en  consolider 
les  bords  et  de  les  tenir  bien  propres,  c'est-à-dire  exempts  de  mau- 
vaises herbes  et  de  tout  corps  pouvant  occasionner  une  obstruction. 
Un  fossé  mal  entretenu,  où  l'écoulement  de  l'eau  se  fait  d'une  façon 
défectueuse,  est,  en  effet,  un  excellent  réservoir  pour  le  développement 
des  larves. 

Un  plan  parfait  de  drainage  est  celui  qui  enlève  des  terrains  pro- 
ducteurs d'Anophèles  toutes  les  eaux  stagnantes  et  élimine  également 
les  eaux  de  pluies,  de  telle  manière  que  peu  après  une  ondée,  la  terre 
et  les  fossés  soient  à  nouveau  à  sec.  Il  va  de  soi  que,  sous  les  tro- 
piques, ce  plan  parfait  ne  peut  pas  toujours  être  réalisé,  certains  fac- 
teurs locaux,  tels  que  la  composition  et  la  texture  du  sol  et  du  sous- 
sol,  la  configuration  du  terrain,  la  végétation,  l'importance  et  la  dis- 
tribution des  pluies,  etc.,  y  apportant  des  obstacles.  L'ingénieur  sani- 
taire ne  devra  pas  se  décourager  et,  pour  réussir,  devra  souvent  sur- 
monter de  grandes  difficultés. 

Dans  leur  ouvrage  Mosqnito  Control  in  Panama,  MM.  J.-A.  Le 
Prince  et  A.-J.  Orenstein  (117)  donnent  des  renseignements  pratiques 
sur  la  manière  dont  les  nombreuses  opérations  de  drainage  néces- 
sitées par  l'assainissement  de  la  zone  du  canal,  ont  été  conduites  par 
le  Service  sanitaire  spécial  mstitué  par  le  gouvernement  américain. 
Les  personnes  qui  seraient  éventuellement  chargées,  plus  tard,  d'exé- 
cuter dans  notre  Colonie  des  travaux  semblables,  trouveront,  dans 
le  Chap.  IX  :  Attack  on  Propagation  Areas  by  Drainage  (p.  122  à  150), 
du  dit  ouvrage,  de  très  utiles  indications.  Nous  nous  contenterons 
de  résumer  ici  ce  qui  se  rapporte  aux  fossés  ou  drains  (*). 

(*)  La  Macédoine  étant  le  foyer  de  paludisme  le  plus  considérable  d'Europe,  des 
missdous  antipaludiques  furent  envoyées  dans  ce  pays  par  la  France  et  l'Angleterre, 
au  cours  des  campagnes  des  armées  alliées. 

Les  travaux  et  les  résultats  de  la  mission  antipaludique  française  à  l'armée 
d'Orient,  ont  été  publiés  dans  le  numéro  de  juin  1918  du  Bull,  de  la  Soc.  de  Path. 
exotique  de  Paris. 

La  mission  commença  ses  travaux  en  mars  1917  ;  son  quartier  général  était  situé- 


143 

Fossés  ou  drains.  Les  fossés  de  drainage  seront  de  direc- 

tion  aussi  rectiligne  que  possible  ;  leur  fond 
sera  étroit  et  leurs  bords  nettement  coupés.  Ces  fossés  sont  de  deux 
sortes  :  ceux  qui  sont  destinés  à  l'écoulement  des  eaux  pluviales  et 
s'assèchent,  un  ou  deux  jours  après  les  ondées,  et  ceux  qui  con- 
tiennent de  l'eau  pendant  toute  une  saison  ou  même  d'une  façon 
permanente. 

Les  fossés  à  écoulement  temporaire  ont  surtout  à  souffrir  de 
l'érosion.  Celle-ci  dépend  principalement  de  la  nature  du  terrain 
et  de  la  pente.  Toutes  autres  conditions  égales,  plus  forte  est  la  pente, 
plus  l'érosion  des  côtés  et  du  fond  est  à  craindre. 

De  même  les  obstructions  temporaires  occasionnées  par  des  pierres 
ou  autres  matériaux  amènent  des  affouillements  du  fond  et  la  forma- 
tion d'excavations  désignées  sous  le  nom  de  «  pot-holes  »,  qui 
retiennent  l'eau  longtemps  après  l'assèchement  du  fossé  et  servent 
de  lieu  de  développement  aux  larves  d'Anophèles. 

L'obstruction  peut  également  provenir  d'une  disposition  défec- 
tueuse des  canaux  d'écoulement.  C'est  ainsi  qu'au  Katanga,  comme 
nous  l'a  signalé  M.  le  Directeur  général  E.  Leplae,  les  fossés  longeant 
la  voie  du  chemin  de  fer  à  Tshinsenda,  constituaient  d'excellents 
lieux  de  développement  pour  les  larves  de  moustiques.  Ces  fossés 
étaient,  en  effet,  coupés  à  intervalles  par  des  barrages  de  terre,  empê- 
chant l'écoulement  des  eaux  et  formant  autant  de  bassins  naturels 
pour  les  larves. 

Lorsque  les  fossés  contiennent  de  l'eau  d'une  façon  permanente  ou 
pendant  une  période  suffisamment  longue  pour  permettre  le  déve- 
loppement complet  des  larves  de  moustiques,  ils  doivent  être  inspectés 
régulièrement  et  à  courts  intervalles  (une  semaine). 

L'inspection  est  moins  nécessaire  en  saison  pluvieuse,  lorsque 
l'écoulement  est  continu,   qu'en  saison  sèche.  Durant  cette  dernière 

à  Salonique.  Elle  divisa  tout  le  district  occupé  par  les  troupes  françaises,  en  secteurs 
d'étendue  variable  suivant  la  densité  de  la  population  militaire.  Un  médecin  au  moins- 
était  affecté  à  chaque  secteur. 

La  première  mesure  eut  pour  but  d'établir  l'indice  endémique  des  agglomérations 
occupées  ou  traversées  par  les  troupes  alliées  ;  en  même  temps,  les  différents  travaux 
destinés  à  combattre  les  larves  des  Anophèles  furent  entamés. 

On  eût  recours  suivant  les  cas  : 

1°  A  l'assèchement  des  mares  par  comblement  ou  par  déversement.  Le  déversement 
peut  se  produire  par  perforation  du  fond  de  la  mare  ou  par  création  d'un  puits 
absorbant,  à  environ  8  à  10  mètres  de  la  mare  ou  des  petites  mares  à  assécher. 

Pour  faire  le  puisard,  on  creuse  un  trou  de  3  met.  carr.  de  surface  jusqu'à  1  m.  20 
de  profondeur  ;  oe  trou  est  relié  aux  mares  qu'il  faut  vider  par  un  caniveau  tapissé 
de  pierres  sèches;  le  puisard  à  son  tour  est  comblé  de  pierres,  briques  et  autres  débris 
solides  ;  il  remplit  ainsi  le  rôle  d'un  drain  de  profondeur,  d'une  véritable  éponge 
vis-à-vis  des  mares  voisines; 

2°  A  la  régularisation  de?  cours  d'eau,  qui  peut  être  obtenue  suivant  l'importance 
du  courant,  par  faucardeme.nt  ou  désherbage  des  bords  et  du  fond,  ou  par  la  réfection 
des  berges  et  du  lit,  véritable  canalisation  d'un  coiir.int  d'eau  ralenti  ; 

3°  A  la  dérivation  des  cours  d'eau,  définitive  par  canaux  ou  momentanée  par  le 
procédé  à  l'alternance  proposé  par  MM.  Ed.  et  Et.  Sergent  (voir  page  151)  ; 

4'  A  l'emploi  de  larvicides  :  pétrole  lourd  et  surtout  huile  de  pétrole  ou  pétrole 
ordinaire,  qui,  par  sa  fluidité,  se  répand  mieux. 

D'autre  part,  la  protection  du  soldat  contre  les  piqûres  de  l'insecte  adulte  fut 
assurée  par  l'emploi  de  toile  métallique  fermant  hermétiquement  les  locaux,  par 
l'utilisation  des  moustiquaires  de  lit,  etc. 

La  protection  contre  les  effets  du  virus  fut  obtenue  par  un  système  de  quinini- 
satdon. 


144 


saison,  la  rapidité  du  courant  est  fort  ralentie,  et  les  conditions  de- 
viennent très  favorables  à  l'évolution  des  larves.  Il  en  est  surtout 
ainsi  pour  les  drains  ouverts,  à  faible  pente.  Les  berbes  et  plantes 
aquatiques  retardent  le  courant  ;  du  limon  se  dépose,  qui  favorise 
l'envahissement  complet  par  la  végétation  et  élève  le  niveau  du  fond 
du  fossé.  Les  larves  trouvent,  dans  ces  milieux,  abondance  de  retraites 
et  de  nourriture. 

Pour  éviter  des  inspections  trop  fréquentes  et  des  soins  constants 
d'entretien,  il  est  à  conseiller  d'appliquer  aux  fossés  un  revêtement 
permanent.  On  pourra,  par  exemple,  donner  au  fossé  une  section  bien 
nette,  garnir  le  fond  de  pierres  et  terminer  par  une  coucbe  de  ciment. 
Si  la  section  est  en  forme  de  V  aplati,  il  vaut  mieux  arrondir  le 
fond,  afin  d'éviter  les  obstructions  et  l'accumulation  de  débris  qui 
s'ensuit. 

Dans  certains  cas,  on  revêtira  le  fossé -de  pierres  brutes,  réunies 
par  du  mortier  de  chaux,  ou  bien  on  garnira  le  fond  de  pierres  plates, 
les  espaces  vides  étant  remplis  par  de  petites  pierres  et  du  ciment. 
Lorsqu'on  a  à  sa  disposition,  à  bon  compte,  des  criblures  de  pierres 
ou  du  gravier,  on  pourra  revêtir  de  béton  armé  les  fossés  de  faible 
section.  Une  couche  de  5  cm.  d'épaisseur  de  béton,  renforcée  par  du 
treillis  métallique  à  larges  mailles,  ordinairement  employé  pour  les 

poulaillers,  conviendra 
pour  les  petits  fossés. 
Pour  la  plupart  de  ces 
derniers,  il  sera  suffi- 
sant de  garnir  de  bé- 
ton le  fond  et  quelques 
pouces  de  hauteur  de 
chaque  côté  des  parois, 
c'est-à-dire  la  partie 
qui  se  trouve  normale- 
ment sous  l'eau  (voir 
fig.  81  en  B). 

Pour  effectuer  le  bé- 

Fig.  81.  —  Conduites  de  drainage.  tonnage,     on     étendra 

En   A.   Jonction   d'une   conduite  secondaire        ri'nhArH     ^nr     Ip    fond 

avecla  conduite  principale.  Celte  jonction  doit       "  ^doiu     sui     it     loiiu 

se  faire  à  angle  aigu  ou  en  courbe  et  non  à       prépare,  une  couche  de 

angle  droit.  béton  de  2.5  cm.  d'é- 

En  B.  Revêtement  en  béton    du    fond   d'un       paisscur     sur   laquelle 

P^"^^°''^-  on   épinglera    la    toile 

métallique,   recouverte  à   son   tour  d'une  nouvelle  couche   de  béton, 

de  même  épaisseur  que  la  première. 

Le  gravier  de  rivière  convient  aussi  bien  pour  le  travail  de  béton- 
nage  que  les  criblures  de  pierres  et  le  sable.  Pour  les  grands  fossés, 
les  côtés  seront  inclinés  et  revêtus  de  béton  sur  une  hauteur  d'envi- 
ron trente  centimètres  au-dessus  du  fond. 

L'eau  qui  coule  extérieurement  le  long  des  parois  et  a  une  ten- 
dance à  enlever  la  terre  et  à  miner  le  travail  de  bétonnage,  devra  pou- 
voir pénétrer  dans  la  conduite,  par  le  moyen  de  trous  d'écoulement. 
Cette  action  érosive  est  également  empêchée  par  l'emploi   de  petits 


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ASSAINISSEMENT.  -   DKAINACR. 


Fig.  85.  -      l\li;ift(  111111,  sur  li_'  Nii,  cniiilnlu  du  .'^Dudan    anglo-égyptien. 
Auii'cfois  fiivngiM'  par  lu  niiilaria,  acliirllciiiciit  l'oi'l  salubre. 


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iiai((a-(  ii\,  i  11  \uc  de  la  supin,  ^sk.ii  d.  s  L,it< 
-\  I  ,i\aiil  iilaii,  uni'  ((iiidiulr  dv  diaiiiayi  g.ii 
.e  l'rini  e  et   \.-J.  Orenstem.^ 


Di'âiiiagi'  dL\s  terrains 
lai'Ni's  dr  moustiques, 
de  tudun.   (Cliclié  J.-.^. 


HO 

murs  extérieurs,  placés  à  angle  droit  de  l'axe  de  la  conduite  et  con- 
venablement  espacés. 

Les  conduites  ou  fossés  bétonnés  ne  s'embrancheront  jamais  à 
angle  droit,  mais  à  angle  aigu,  la  conduite  de  faible  section  étant 
incurvée,  si  nécessaire,  dans  le  sens  du  courant,  au  point  de  jonction 
avec  la  conduite  principale  (voir  fig.  81  A).  De  cette  façon,  on  évitera 
les  dépôts  sédimentaires.  Il  est  également  à  conseiller  d'élargir  quel- 
que peu  la  conduite  principale,  aux  points  de  jonction  et  aux  endroits 
de   courbure. 

Entretien    des    fossés    et  Entretenir  un  fossé  de  drainage,  consiste 

conduites  bétonnées.  ^  jg  maintenir  dans  des  conditions  favora- 

bles à  l'écoulement  de  l'eau,  tout  en  l'em- 
pêchant de  servir  de  réservoir  aux  larves  de  moustiques.  A  Panama, 
ce  travail  comportait  le  maintien  du  fond  en  bonne  pente  et  de  la  sec- 
tion en  largeur  uniforme  ;  l'enlèvement  de  toutes  les  obstructions 
pouvant  modifier  la  rapidité  du  courant  et  de  la  végétation  aquatique 
et  des  algues  fournissant  aux  larves  la  protection  et  la  nourriture. 
Il  comportait,  en  outre,  l'inspection  périodique  des  fossés  et  le  trai- 
tement au  pétrole  ou  à  un  autre  larvicide,  de  ceux  qu'avaient  envahis 
les   larves  d'Anophèles. 

Les  conduites  bétonnées  sont  plus  coûteuses  que  les  fossés  de 
terre,  mais  elles  ont  sur  ces  derniers  de  grands  avantages.  La  rapi- 
dité du  courant  y  est  accrue  à  tel  point  que  les  larves  ne  peuvent  y 
vivre,  sont  entraînées  par  l'eau  et  détruites.  La  vitesse  de  l'eau  empê- 
che le  dépôt  du  limon.  Chaque  ondée  nettoie  la  conduite  et  enlève 
généralement  toute  accumulation  de  débris.  La  conduite  reste  de  sec- 
tion uniforme  et  la  végétation  ne  l'envahit  pas.  Les  algues  ne  s'y 
développent  que  lorsque  la  pente  est  très  faible  et  pendant  les  périodes 
où  le  niveau  de  l'eau  est  très  bas.  Dans  ces  cas,  elles  sont  facilement 
éliminées  par  un  peu  de  sulfate  de  cuivre.  Il  n'y  a  aucune  nourriture 
ou  protection  pour  les  Anophèles  et  les  femelles  de  ces  moustiques 
évitent  d'y  poudre.  Si  la  ponte  est  suffisante,  il  n'y  a  pas  nécessité 
d'un  traitement  au  pétrole.  Enfin,  les  inspections  de  telles  conduites 
bétonnées  devront  être  moins  fréquentes,  elles  sont  plus  faciles  et 
les  frais  d'entretien  sont  réduits  au  minimum. 

Il  est  à  noter  que.  dans  un  fossé  de  terre,  le  moindre  obstacle  peut 
permettre  une  accumulation  de  débris  et  la  formation  d'une  digue 
temporaire.  Si  cet  accident  se  produit  dans  un  fossé  à  faible  pente,  il 
peut  en  résulter  un  dépôt  de  limon,  sable  ou  argile,  qui  peut  s'étendre 
en  amont,  sur  une  longueur  d'une  ou  plusieurs  centaines  de  mètres. 

Dans  un  fossé  profond,  le  rétablissement  de  la  pente  et  le  nettoyage 
sont  coûteux.  Lorsqu'un  fossé  traverse  une  terre  meuble,  il  peut 
s'élargir  considérablement  par  endroits,  sous  l'action  de  l'érosion, 
et  former,  en  saison  sèche,  des  mares  semi-stagnantes,  dans  les- 
quelles les  algues  et  les  larves  se  développent  et  qui  nécessitent  un 
pélrolage  spécial. 

Il  faut  aux  fossés  une  pente  uniforme  et  une  direction  aussi  droite 
que  le  permettent  les  conditions  locales.  La  largeur  ne  doit  pas  dé- 
passer celle  strictement  nécessaire  et  les  parois  doivent  être  escarpées. 

9 


150 

Drainage  par  drains  sou=  Un  autre  système  de  drainage  des  parties 

terrains.  marécageuses,  est  celui  effectué  sous  le  sol, 

par  le  moyen  de  tuyaux  en  poterie.  Ces 
drains  souterrains  ont,  sur  les  fossés  à  ciel  ouvert,  les  avantages 
suivants  :  ils  sont  plus  propres,  permettent  une  inspection  rapide, 
exigent  peu  de  soins  d'entretien  et  sont  inaccessibles  aux  femelles 
de  moustiques.  Malheureusement,  leur  placement  exige  un  grand 
travail  et  une  dépense  assez  élevée. 

Mode  d'exécuiion  des  tra=  Le  drainage  de  grandes  parties  de  marais, 

vaux  de  drainage.  ggj  ordinairement  un  travail  trop  coûteux 

pour  être  entrepris  par  un  particulier  :  plan- 
teur ou  colon.  Lorsque  des  terrains  marécageux  se  trouvent  au  voi- 
sinage des  villes,  des  établissements  industriels  ou  des  voies  ferrées, 
un  excellent  parti  pourra,  par  contre,  être  tiré  du  drainage,  par  les 
municipalités,  les  sociétés  immobilières,  les  compagnies  de  chemins 
de  fer,  minières,  etc.  En  pratiquant  le  drainage  en  grand,  elles  assai- 
niront la  région  par  la  destruction  des  moustiques  et  la  rendront 
plus  habitable.  Les  dépenses  initiales  seront  certes  assez  élevées,  mais 
elles  seront  plus  que  compensées  par  la  plus-value  donnée  aux  ter- 
rains asséchés,  qui  seront  ainsi  mis  à  la  disposition  de  la  culture 
ou  de  la  bâtisse. 

Nettoyage  de  la  végéta=  Le  nettoyage  des  berges  des  cours  d'eau 

*'**°'  constitue   une  très  bonne  mesure  antilar- 

raive.  Il  permet  d'augmenter  la  rapidité  du 
courant  et  d'éliminer  ainsi  les  larves  d'Anophetes  qui  se  développent 
surtout  dans  les  petites  mares  d'eau  tranquille  formées  par  les 
roseaux  et  les  autres  plantes  croissant  le  long  des  rives.  De  telles 
rives  seront  donc  complètement  débarrassées  de  la  végétation,  de 
façon  à  assurer  un  écoulement  continu  de  l'eau,  sans  arrêt  derrière 
les  touffes  de  roseaux. 

L'herbe  connue  au  Congo  sous  le  nom  d'  ((  herbe  à  hippopotame  » 
est  très  pernicieuse.  Elle  croît  au  fond  de  l'eau  et  peut  traverser  une 
couche  de  liquide  de  lm50  et  plus.  Elle  est  d'ordinaire  d'une  végé- 
tation luxuriante  et,  à  distance,  on  peut  facilement  confondre  avec 
la  terre  ferme  ses  enchevêtrements  de  feuilles  et  de  tiges  flottant  à  la 
surface  de  l'eau.  Au  sein  de  toute  cette  végétation,  il  y  a  naturelle- 
ment un  nombre  infini  de  petites  portions  d'eau,  inaccessibles  même 
aux  plus  petits  poissons  et  qui  forment  des  milieux  particulièrement 
favorables  aux  larves  de  moustiques.  Celte  herbe  devra,  autant  que 
possible,  être  coupée  au  voisinage  des  lieux  habités. 

Dans  les  pièces  d'eau,  telles  qu'étangs,  petits  lacs,  réservoirs, 
l'enlèvement  de  la  végétation,  des  algues  et  des  débris  flottants  sup- 
prime la  plus  grande  partie  de  la  protection  et  de  la  nourriture  des 
larves.  De  plus,  cette  opération  facilite  le  pétrolage  et  permet  aux 
poissons  et  insectes  aquatiques  d'atteindre  plus  facilement  les  larves 
de  moustiques,  dont  ils  font  leur  proie. 

Irrigations  et  malaria.  H  est  communément  affirmé  que  la  mala- 

ria fait  son  apparition  avec  l'irrigation. 
Ceci  n'est  vrai  que  si  les  travaux  ne  sont  pas  établis  avec  les  soins 


151 

voulus.  Dans  !e  Sud  de  la  Caliiornie,  il  y  a  beaucoup  d'irrigations 
et  la  malaria  est  rare.  Par  l'adoption  de  méthodes  appropriées,  parti-, 
culièrement  le  drainage  et  l'emploi  de  conduites  en  métal,  en  pote- 
rie ou  en  béton,  on  empêche  toute  production  de  moustiques.  L'eau  ne 
pourra  pas  rester  stagnante  pendant  de  longues  périodes.  On  sait 
qu'une  eau  qui  reste  en  repos  pendant  dix  jouis  et  plus,  est  dange- 
reuse, car  ce  laps  de  temps  est  suffisant,  en  saison  chaude,  pour  que 
l'évolution  larvaire  de  certains  moustiques  puisse  s'accomplir. 

Alternance     des     écoule»  MAI.  Edm.  et  Et.  Sergent  (187),  ont  adop- 

ments  d'eau.  j^^   ^^.ç^  beaucoup   de   succès,   en  Algérie, 

l'alternance  de?  écoulements  d'eau,  comme 
principe  directeur  de  mesures  antilarvaires.  Ils  en  ont  donn^  une 
intéressante  description  dans  la  Malanologia,  de  A'aples,  191 Ô.  Au 
cours  de  leur  campagne  antimalariale  en  Algérie,  en  1902,  les  auteurs 
organisèrent  des  brigades  destinées  à  combattre  les  moustiques  et 
celles-ci  nécessitèrent  une  inspection  incessante,  un  grand  travail  et 
une  dépense  considérable.  L'expérience  leur  suggéra  une  nouvelle 
méthode,  qui  est  extrêmement  simple,  toujours  efficace  et  très  peu 
coûteuse,  puisqu'il  ne  faut  qu'un  ou  deux  ouvriers,  occupés  chaque 
semaine  pendant  quelques  minutes,  pour  exécuter  les  travaux  requis. 
Cette  nouvelle  méthode  se  réduit  souvent  à  cette  unique  mesure  et 
elle  est  basée  sur  le  fait  que,  dans  la  région  du  Tell  algérien,  c'est- 
à-dire  la  zone  de  colonisation  blanche,  les  larves  à' Anophèles  vivent 
en  général  trois  semaines.  II  en  résulte  que  des  réservoirs  de  déve- 
loppement peuvent  se  former  sans  danger,  s'ils  sont  automatiquement 
desséchés  en  moins  de  trois  semaines,  entraînant  ainsi  la  mort  des 
larves.  Pour  obtenir  ce  résultat,  il  suffit  d'empêcher  l'eau  de  séjour- 
ner plus  d'une  semaine  au  même  endroit,  en  alternant  hebdomadai- 
rement son  écoulement.  Chaque  source  est  pourvue  de  deux  canaux  de 
décharge,  au  lieu  dun  seul,  et  pendant  l'été,  l'un  de  ceux-ci  sera 
d'abord  utilisé  pendant  une  semaine,  puis  fermé  par  une  digue,  tan- 
dis que  l'eau  s'écoule  par  l'autre.  Pendant  la  semaine  de  repos,  le 
canal  non  employé  se  dessèche  et  constitue  ainsi  un  piège  pour  les 
larves.  En  appliquant  ce  principe  de  l'alternance  des  écoulements 
d'eau  à  l'irrigation,  les  lieux  de  développement  des  moustiques  sont 
rendus  inoffensifs,  sans  aucun  préjudice  pour  les  besoins  de  l'agri- 
culture. 

Tout  récemment  (1917).  M.  Edm.  et  Et.  Sergent  (188),  ont 
apporté  une  modification  à  leur  méthode.  Celle-ci  consiste  à  distri- 
buer l'eau  alternativement  à  droite  et  à  gauche  d'un  même  canal, 
par  le  m.oyen  d'une  série  de  barrages  ou  petites  digues  de  terre.  L'eau 
peut  ainsi  pénétrer  dans  le  sol,  où  elle  s'évapore  en  moins  d'une 
semaine,  la  même  surface  n'étant  inondée  à  nouveau  qu'après  plu- 
sieurs semaines.  On  évite  ainsi  de  devoir  creuser  deux  canaux  de 
décharge. 

EMPLOI    DU   PÉTROLE    ET   d'AUTRES   SUBSTANCES    LARVICIDES. 

Le  meilleur  moyen  de  détruire  les  larves  de  moustiques  est  évi- 
demment de  supprimer,  par  remplissage,  drainage  ou  autres  mé- 


152 

fhodes,  les  réservoirs,  grands  ou  petits,  où  elles  se  développent.  Mais 
ces  procédés  ne  sont  pas  toujours  applicables  et  il  est  alors  à  con- 
seiller de  traiter  l'eau  par  un  produit  qui  tue  les  larves. 
'  Beaucoup  de  substances  ont  été  essayées  comme  larvicides,  mais, 
en  général,  aucune  ne  semble  avoir  donné  d'aussi  bons  résultats  que 
le  pétrole.  D'après  M.  le  Dr  L.  0.  Hov\ard  (92),  le  pétrole  de  qualité 
inférieure  ou  celui  employé  pour  le  chauffage,  est  le  plus  efficace  et 
le  moins  coûteux  des  larvicides. 

Action  du  pétrole  sur  les  Le  pétrole  répandu  sur  l'eau,  s'étale  en 

.'  larves.  ^j^g  nappe  très  mince,  sur  toute  la  surface. 

Il  forme  une  sorte  de  pellicule  qui  établit 
une  séparation  entre  les  deux  milieux,  l'air  et  l'eau.  Or.  nous  savons 
déjà  que  les  larves  de  tous  les  moustiques  doivent  remonter  de  temps 
à  autre  à  la  surface  de  l'eau,  pour  venir  respirer.  Elles  occupent  alors 
une  position  plus  ou  moins  verticale  (Culex,  Slcgomyia)  ou  horizon- 
tale (Anophèles),  la  cupule  hydrofuge  qui  se  trouve  à  l'extrémité  de 
teur  tube  respiratoire,  adhérant  à  la  surface  de  l'eau.  Nous  savons 
également  que  les  pupes  flottent  sur  l'eau,  leurs  trompettes  respira- 
toires en  contact  avec  l'air.  Dans  ces  conditions,  l'hypothèse  la  plus 
généralement  admise  est  que  le  pétrole  tue  les  larves  et  pupes,  en 
obstruant  leurs  organes  respiratoires.  Une  autre  hypothèse  est  que 
la  couche  d'huile  minérale  réduit  la  tension  superficielle  de  l'eau  et 
empêche  les  larves  de  rester  suffisamment  longtemps  à  la  surface 
pour  rompre  cette  oouche  et  absorber  de  l'air.  Peut-être  les  larves 
sont  tuées  par  la  combinaison  de  trois  causes  : 

1.  —  Effet  toxique  du  pétrole  sur  les  larves  et  pupes  ; 

2.  • —  Obstruction  des  tubes  respiratoires  par  de  petites  particules 
de  pétrole  ; 

5.  —  Réduction  de  la  tension  superficielle  de  l'eau. 

D'après  MM.  J.-A.  Le  Prince  et  A.-J.  Orenstein  (117),  le  pétrole 
paraît  exercer  une  action  toxique  sur  les  larves  des  moustiques.  Ces 
auteurs  ont  observé  que  beaucoup  de  larves  meurent  peu  après  avoir 
été  en  contact  aveo  ce  liquide.  Une  simple  privation  d'air  n'entraî- 
nerait pas  une  mort  aussi  rapide.  Dans  des  cages  submergées,  des 
larves  et  pupes  d' Anophèles  survécurent  souvent  plus  d'une  heure. 
Probablement,  ajoutent  ces  auteurs,  des  particules  de  pétrole  s'intro- 
duisent dans  les  tubes  respiratoires  et  causent  la  mort  par  asphyxie. 
Ils  ont  observé  des  larves  prenant,  après  avoir  été  en  contact  avec  le 
pétrole,  leur  siphon  respiratoire  entre  leurs  mandibules  et  faisant, 
semble-t-il,  des  efforts  violents  pour  enlever  quelque  substance  nocive. 

L'action  du  pétrole,  en  entravant  les  phénomènes  respiratoires,  varie 
suivant  les  espèces  de  moustiques.  La  larve  du  Slegomyia  fasciata 
=  Aedes  calopus,  peut  rester  longtemps  au  fond  de  l'eau,  sans  re- 
monter pour  respirer  ;  par  contre,  les  larves  des  Anophèles  ne  quit- 
tent la  surface  de  l'eau  que  lorsqu'elles  sont  effrayées,  et  sont  donc 
plus  rapidement  tuées  par  la  pellicule  de  pétrole  que  les  autres  larves. 

D'autre  part,  les  femelles  de  moustiques  ne  déposent  que  rarement 
leurs  œufs  sur  une  eau  fortement  traitée  au  pétrole. 

Comme  nous  l'avons  vu,  en  parlant  de  la  respiration  des  larves, 


153 

M.  J.  W.  Scott  Macfic  (127),  a  publié,  en  janvier  1917,  une  impor- 
tante étude  sur  l'action  larvicide  du  pétrole  (The  Limitation  ol  Kéro- 
sène as  a  Larvicide),  dans  le  Bulletin  ol  Entomological  Research.  En 
voici  un  résumé  : 

L'action  du  pétrole  fut  expérimentée  sur  les  larves  de  diverses 
espèces  de  moustiques.  Ce  traitement  réussit  très  bien  sur  certaines 
larves,  mais  pour  d'autres,  il  semble  que  son  efficacité  ait  été  exa- 
gérée. En  pratique,  les  plantes  aquatiques  des  étangs  peuvent  rompre 
la  couche  de  pétrole,  laissant  des  espaces  libres;  de  plus,  il  a  été 
démontré  au  laboratoire  que  la  présence  de  matières  organiques  dans 
l'eau  diminue  l'action  du  pétrole  brut.  Des  lots  de  cinq  larves  de 
Stegouujia  lasciata  furent  introduits  dans  des  tubes  à  essai  conte- 
nant, soit  de  l'eau  distillée,  soit  de  l'eau  avec  matières  organiques, 
et  une  petite  quantité  de  pétrole  fut  versée  dans  chaque  tube.  Au 
bout  de  12  heures,  toutes  les  larves  étaient  mortes  dans  l'eau  dis- 
tillée, tandis  qu'elles  survécurent  à  un  séjour  de  57  heures  dans  l'eau 
contenant  des  matières  organiques. 

Le  pétrole  est  supposé  agir,  soit  en  annulant  la  tension  super- 
ficielle, soit  en  privant  les  larves  d'air  libre,  soit  en  les  intoxiquant. 
La  première  hypothèse  n'est  pas  vérifiée  par  les  faits,  et  la  seconde 
est  plus  généralement  admise.  L'action  toxique  peut  se  produire, 
soit  par  dissolution  du  pétrole  dans  l'eau,  soit  par  pénétration  dans 
les  tubes  trachéens  et  obstruction  de  ces  derniers  ou  pénétration 
dans  les  ramifications  plus  minces  et  action  directe  sur  les  tissus 
de  la  larve,  soit  encore  par  introduction  des  vapeurs  de  pétrole  dans 
les  trachées,  durant  la  respiration. 

Les  larves  du  Stegomyia  lasciata  peuvent  vivre  plusieur  jours 
sous  une  couche  de  pétrole,  utilisant,  sans  doute  l'oxygène  contenu 
dans  les  bulles  d'air. 

Les  vapeurs  de  pétrole  appliquées  dans  un  espace  confiné  aux 
larves  du  Stego)nyia  lasciata  et  du  Culex  [utigans,  provoquent  un 
ralentissement  de  leurs  mouvements  et  peuvent  même  les  tuer.  Tou- 
tefois, à  l'air  libre,  ces  vapeurs  sont  sans  doute  rapidement  balayées 
par  les  courants  d'air  et  ne  séjournent  probablement  jamais  assez 
longtemps,  immédiatement  au-dessus  de  la  surface  de  l'eau,  pour 
avoir  une  action  quelconque  sur  les  larves. 

Le  pétrole  tue,  en  une  demi-heure,  les  larves  du  Culex  ^atigans, 
mais  si  l'on  empêche  ces  dernières  d'entrer  en  contact  avec  la  pelli- 
cule huileuse,  elles  survivent  plus  longtemps.  Des  larves  ont  vécu 
aussi  longtemps  sous  une  couche  de  paraffine  que  sous  une  couche 
de  pétrole,  lorsqu'elles  n'avaient  pas  avec  ces  couches  de  contact 
direct,  ce  qui  prouve  que,  dans  ce  cas,  l'action  du  pétrole  ne  fut 
pas  spécifique,  mais  tua  les  larves  par  manque  d'air. 

Le  pétrole  ne  p-araît  pas  avoir  d'action  directe  sur  les  larves  du 
Stegomyia  fasciata.  Ces  larves  semblent  avoir  le  pouvoir  de  percer 
la  pellicule  de  pétrole,  avec  les  valves  fermées  de  l'extrémité  de  leur 
siphon  et  d'éviter  ainsi  la  pénétration  du  liquide  dans  leurs  trachées. 
Elles  échappent,  de  cette  façon,  à  l'action  physique  du  pétrole,  quoi- 
que, si  celui-ci  pénètre  dans  le  siphon,  il  agit  comme  poison  direct, 
tout  comme  chez  le  Culex  [atigans. 


154 

Il  a  été  démontré,  par  une  expérience,  que  l'huile  d'olive  et  la 
paraffine  ont  le  même  effet  sur  les  larves,  mais  que  cet  effet  diffère 
de  celui  du  pétrole,  ce  qui  tend  à  prouver  que  l'action  de  ce  dernier 
n'est  pas  due  à  l'obstruction  mécanique  des  trachées,  car,  dans  ce 
cas,  les  trois  produits  auraient  eu  un  effet  identique. 

Comme  la  durée  de  résistance  des  larves  sous  le  pétrole  et  sous  la 
paraffine  a  été  à  peu  près  la  même,  il  est  possible  que  ces  larves  ont 
échappé  à  l'action  toxique  et  sont  mortes  par  privation  d'air  libre. 
Des  observations  ont  été  faites  sur  le  pouvoir  de  résistance  des 
larves  maintenues  sous  l'eau.  Celui-ci  varie  d'abord  d'après  l'espèce  : 
les  larves  du  Stegomijia  lasciata  sont  beaucoup  plus  résistantes  à  la 
submersion  que  celles  des  Culex.  Le  second  facteur  est  Yâge  :  des 
jeunes  larves  ont  survécu  plus  longtemps  que  celles  complètement 
développées.  Vient  ensuite  la  iempéralure  :  un  abaissement  prolongé 
de  température  ou  une  élévation  de  celle-ci,  raccourcissent  l'existence 
des  larves  de  Stegormjia  submergées.  Enfin,  la  présence  dans  l'eau 
de  matières  organiques,  qui  absorbent  l'oxygène  dissous,  a  également 
une  grande  influence  sur  le  pouvoir  de  résistance  des  larves  submer- 
gées, dont  elle  diminue  la  vie  (*). 

Il  a  été  dit,  en  parlant  de  la  respiration  larvaire  (p.  60),  que  les 
larves  de  certaines  espèces  de  moustiques,  y  compris  le  Stegomyia 
lasciata,  peuvent  vivre  sous  l'eau  pendant  un  temps  assez  long,  sans 
remonter  à  la  surface  ;  elles  respirent  alors  l'air  dissous  dans  l'eau 
(respiration  branchiale  et  cutanée).  Il  en  résulte  qu'en  pratique, 
Tépandage  de  pétrole  n'est  pas  toujours  efficace,  les  larves  de  beau- 
coup d'espèces  de  moustiques  passant  une  grande  partie  de  leur  vie 
au  fond  des  mares  et  quelques-unes  pouvant  rester  submergées  assez 
longtemps  pour  que  la  couche  de  pétrole  soit  évaporée. 

(*)  MM.  Freeborn  A.  B.  et  Atsatt  E.  F.  (71)  rapportent  dans  le  Journal  of 
Econom.  Entomology,  dp  juin  1918,  des  expériences  faites  pour  vérifier  les  diverses 
théories  relatives  à  l'action  du  pétrole  sur  les  larves  de  moustiques. 

Les  résultats  montrèrent  :  1°  Qu'en  ce  qui  concerne  la  tensiom  superficielle,  oelle-ci 
est  loin  d'être  annulée,  puisque  les  larves  restent  à  la  surface  pendant  un  temps  con- 
sidérable, soit  au  repos  soit  en  faisant  un  dernier  effort  pour  percer  le  film  ;  2°  Que 
l'étouffement  n'a  qu'une  faible  part  dans  l'action  larvicide  du  pétrole,  puisque  des 
larves  qu'on  empêchait,  par  de  simples  moyens  mécaniques,  d'accéder  à  l'air,  ont 
survécu  30  heures,  alors  que  celles  qui  se  trouvaient  sous  une  couche  de  pétrole  ne 
vivaient  que  45  minutes-,  3°  Que  la  solubilité  du  pétrole  dans  l'eau  n'est  pas  un  fac- 
teur toxique  ;  4"  Que  l'obstruction  des  tubes  respiratoires  même  dans  leurs  plus  fines 
subdivisions  n'est  pas  la  cause  de  l'efficacité  du  lan'icide,  car,  dans  ce  cas,  toutes 
les  huiles  auraient  la  même  action,  alors  qu'en  fait  le  pétrole  tu©  en  45  minutes,  et 
les  huiles  non  toxiques  en  4  1/2  heures  seulement  ;  5"  Que  l'action  directe  du  pétrole 
sur  les  tissus  comme  poison  de  contact  n'est  pas  la  cause  de  la  mort,  parce  que  tout 
en  pénétrant  le  système  trachéen  avec  graaide  rapidité,  il  n'atteint  les  tissus  que  bien 
après  la  mort  des  larves. 

Finalement,  des  expériences  en  vue  de  vérifier  l'action  toxique  des  vapeurs  de 
pétrole  conduisireint  à  la  conclusion  que  la  toxicité  des  huiles  de  pétrole  et  leur 
action  larvicide  augmentent  avec  la  volatilité  eA.  que  les  constituants  volatils  des 
huiles  contiennent  les   principes  qui  produisent  les  principaux  effets  mortels. 

D'autre  part,  suivant  M.  A.  Takatsuki  (2Û0),  la  mort  des  larves  sous  l'action  du 
pétrole  ne  serait  pas  occasionnée  par  simple  suffocation  mécanique.  L'auteur  suggère 
que  la  surface  des  siphons  et  des  organes  respiratoires  est  recouverte  d'une  membrane 
épithéliale  qui  aurait  une  affinité  chimique  spéciale  pour  le  pétrole.  Cette  membrane 
n'est  pas  teintée  par  des  solutions  colorantes  aqueuses,  mais  l'est,  par  contre,  facile- 
ment par  des  solutions  colorantes  au  pétrole. 

L'auteur  en  conclut  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  recouvrir  l'eau  d'une  pellicule 
épaisse  de  pétrole  ;  25  cm.  cub.  de  pétrole  par  mètre  carré  seraient  suffisants  pour  dé- 
truire presque  toutes  les  larves  et  pupes  durant  l'été. 


155 

M,  Scott  Macfie  a  finalement  étudié  l'action  particulière  du  pétrole 
brut  sur  diverses  espèces  de  larves.  Celles  des  Anophèles  costalis, 
Culex  latigans  et  C.  invidiosus  ont  été  facilement  détruites  par  le  pé- 
trolage.  La  lar\'e  du  Culex  thalassins  est  moins  aisément  tuée,  car, 
tout  en  étant  sensible  au  contact  du  pétrole,  elle  peut  rester  long- 
temps sous  l'eau,  sans  remonter  à  la  surface  pour  respirer.  La  larve 
du  Mansonioides  africanvs  obtient  ordinairement  l'oxygène  qui  lui 
est  nécessaire  en  introduisant  son  siphon  dans  les  racines  d'une 
plante  aquatique  :  Pisfia  stratiotcs,  mais  au  laboratoire,  d'autres 
plantes  lui  conviennent  également.  Cette  larve  se  développe  et  se 
transforme  en  pupe,  sous  une  épaisse  couche  de  pétrole,  mais  la 
pupe  meurt  avant  l'éclosion.  Enfin,  il  a  été  également  prouvé,  expé- 
rimentalement, que  la  larve  du  Slegomyia  fasciata  peut  vivre  assez 
longtemps  sous  l'eau,  pour  que  la  pellicule  de  pétrole  soit  évaporée, 
à  moins  toutefois  que  celle-ci  ne  soit  anormalement  épaisse  (*). 

Choix  du  pétrole  à  eni=  Deux  qualités  principales  sont  exigées  du 

P'^y^""'  pétrole  à  utiliser  comme  larvicide.  Il  doit 

s'étendre  rapidement  en  nappe  et  ne  doit  pas 
s'évaporer  trop  promptement. 

Les  huiles  de  pétrole  les  plus  lourdes  ne  s'étalent  pas  facilement 
à  la  surface  de  l'eau  ;  elles  s'accumulent  par  places  et  la  pellicule 
formée  est  d'une  épaisseur  inutile.  De  plus,  ces  huiles  sont  difficiles 
à  épandre  à  l'aide  de  pompes.  Leur  avantage  est  de  ne  s'évaporer 
que  lentement. 

(*)  M.  Russell  F.  F.  (173)  discutant  dans  Froc.  Med.  Assoc.  Istmian  Canal  Zone, 
n°  1  de  1917,  les  travaux  exécutés  durant  l'année  1916  par  le  bureau  d'hygiène  de  la 
zone  du  canal  de  Panama,  donne  divers  renseignements  sur  la  laitue  d'eau  sauvage  : 
Piitia  f.tratiotes.  C'est,  attaché  à  cette  plante,  que  le  moustique  Taeniorhynchus 
(Mansonia)  titillam  passe  tout  l'état  larvaire  et  pupal  sous  la  surface  de  l'eau. 

Les  tubes  respiratoires  de  la  larve  et  de  la  pupe  sont  modifiés  de  telle  façon  qu'ils 
peuvent  percer  les  petites  racines  de  Pistia  stratiotes  et  puiser  l'oxygène  directement 
dans  la  plante.  Les  racines  ont  quelques  fois  plusieurs  pieds  de  longueur  et  pendent 
verticalement  dans  l'eau.  l'ne  quantité  de  matières  végétales  en  décomposition  et  de 
débris  y  sont  également  attachés.  C'est  dans  cette  masse  de  racines  filamenteuses 
qu'on  trouve  des  larves  et  pupes  de   Taeniorhynchus  titillans. 

A  propos  du  Pistia  stratiotes,  M.  L.  H.  Dunn  (52)  insiste  sur  les  dangers  que 
présente  la  multiplication  de  cette  plante  dans  les  eaux  du  grand  lac  artificiel  de 
17,3  milles  carrés,  créé  lors  de  !a  construction  du  c^nal  de  Panama.  A  la  suite  de 
l'élévation  des  eaux  du  lac,  les  plantes  furent  transportées  à  la  périphérie  des  terres 
basses  inondées,  où  la  vigoureuse  végétation  forestière  leur  offrit  une  bonne  protec- 
tion. Conséquemment,  elles  se  développèrent  d'une  façon  si  intense  que  de  grandes 
tles  flottantes  furent  bientôt  formées,  couvrant  la  surface  de  l'eau  en  masses  de 
plusieurs  milles  de  diamètre. 

Suivant  M.  J.  Zétek  (217),  ces  îles  flottantes  et  d'autres  masses  de  laitues  d'eau 
servent  de  lieu  d'élevage  aux  moustiques.  En  1918,  en  plus  de  Taeniorhynchus  titillans 
des  larves  d'Anophèles  y  furent  trouvées.  L'habitat  est  très  favorable  :  les  larves  sont 
protégées  des  rayons  directs  du  soleil,  des  poi-'^sons  culiphages,  des  larves  carnas- 
sières et  du  mouvement  ondulatoire  des  vagues.  ]\tais  l'avantage  le  plus  important  est 
la  présence  de  l'oxygène  dégagé  par  les  laitues  d'eau. 

Le  Pistia  stratiotes  est  une  plante  qui  existe  également  en  Afrique  occidentale, 
où  elle  a  comme  parasite  les  larves  d'un  moustique  proche  parent  de  Taeniorhynchus 
(Mansonia)  titillans  :  Mansonioides  ajricanus,  Theob.  MM.  A.  Ingram  et  Scott 
Macfie  (101)  ont  signalé,  en  1917.  qu'en  Afrique  occidentale,  les  œuf?  de  ce  moustique 
sont  déposés  par  groupes  de  150  environ,  à  la  face  inférieure  des  feuilles  du  Pistia 
stratiotes  ;  celles-ci,  devenant  presque  horizontales  lorsque  !a  plante  se  déploie,  met- 
tent ainsi  les  œufs  en  contact  avec  l'eau,  leur  extrémité  pointue  dirigée  vers  le  bas. 
A  l'éclasion,  les  œufs  se  fendent  horizontalement  à  l'endroit  le  plus  large  et  la  pièce 
détachée,  en  forme  de  cône,  tombe  au  fond.  La  larve  en  s'échappant,  descend  égale- 
ment au  fond  et  s'attache  à  une  racine  de  la  plante  de  Pistia,  choisi9.sant  une  radi- 
celle délicate  et  non  la  racine  principale,  comme  le  font  les  lar^'es  plus  âgées. 


156 

Le  pétrole  ordinaire  s'étale  mieux,  mais  disparaît  en  un  temps 
relativement  court,   ce  qui   nécessite   de  fréquentes  applications. 

A  Panama,  l'huile  brute  d'asphalte  (20°  Baume)  a  été  très  em- 
ployée ;  elle  est  peu  coûteuse,  mais  s'étale  difficilement  et  ne  convient 
pas  pour  d'autres  climats.  En  Californie,  M.  H.  J.  Quayle  a  utilisé 
un  mélange  de  quatre  parties  d'Imile  lourde  de  pétrole  à  18°  B., 
avec  une  partie  d'huile  légère  à  34°  B.  Ce  mélange  s'étale  facilement 
en  nappe  et  ne  s'évapore  pas  trop  rapidement.  Il  a  été  appliqué, 
soit  à  l'aide  d'une  pompe  d'arrosage,  soit  à  l'aide  d'un  pulvérisateur. 
Une  seule  aspersion  conserve  parfois  son  efficacité  pendant  quatre 
semaines. 

Le  meilleur  moyen  d'avoir  une  bonne  huile  minérale  d'épandage 
consiste  à  la  préparer,  en  mélangeant,  dans  certaines  proportions, 
les  huiles  lourdes  et  légères.  Sous  les  climats  tempérés,  M.  W.  B. 
Herms  (90),  recommande  une  densité  de  28°  à  30°  Baume  pour  le 
printemps  et  l'automne  et  de  26°  B.  pour  l'été.  On  trouve  sur  le  mar- 
ché des  huiles  brutes  allant  de  12°  à  18°  B.,  des  pétroles  de  chauffage 
variant  de  28°  à  32°,  et  du  pétrole  lampant  marquant  40°  à  42°  B. 
Connaissant  le  poids  spécifique  de  l'huile  achetée,  il  est  aisé  de 
calculer  quelle  quantité  d'huile  plus  lourde  ou  plus  légèreily  aura  lieu 
d'ajouter,  pour  obtenir  le  produit  désiré.  Si  l'on  dispose,  par  exemple, 
de  pétrole  à  42°  et  d'huile  brute  à  15°,  il  faudra  employer  dix 
gallons  de  l'un  pour  douze  de  l'autre.  Pour  mélanger  ces  produits, 
il  sera  bon  de  se  servir  d'un  pulvérisateur.  On  remplira,  autant  de 
fois  que  nécessaire,  le  réservoir  de  cet  appareil  avec  les  deux  liquides 
versés  dans  la  proportion  voulue,  puis,  y  introduisant  le  bec  de  la 
lance,  on  fera  barboter  le  mélange  pendant  quelques  minutes. 

L'emploi  des  huiles  minérales  ne  présente  pas  que  des  avantages. 
Leur  application  en  grand  est  coûteuse  ;  la  mince  pellicule  formée 
est  facilement  rompue  par  des  objets  flottants  ou  autres  et  elle  peut 
aisément  prendre  feu  par  des  étincelles,  surtout  le  long  des  voies 
ferrées. 

Rapidité  d'évaporation  du  Sir  Rubert  Boyce,  F.  R.  S.  (23),  dans  son 

pétrole  ^dans  les^  con=  rapport  sur  l'existence  et  la  distribution  de 
périences  laites  en  Afri=  Stegomyia  (asciata  en  Afrique  occidentale, 
que  occidentale.  paru  en  1911,  insiste  sur  le  fait  que  ce  sont 

les  différentes  préparations  de  pétrole  qui 
constituent  les  larvicides  les  plus  économiques,  les  moins  dangereux 
et  les  plus  faciles  à  se  procurer  et  à  utiliser.  Le  pétrole  peut  être 
appliqué  aux  petites  comme  aux  grandes  surfaces.  Il  peut  être  dis- 
tribué par  aspersion  ou  versé  sur  l'eau.  Il  est  excellent  pour  toutes  les 
aggjomérations  d'eau  stagnante  :  mares  ou  lagunes,  et  son  action 
larvicide  persiste  longtemps  aptes  le  traitement. 

Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  cependant,  que  sous  l'effet  d'un  puis- 
sant soleil  tropical,  le  pétrole  s'évapore  en  un  temps  relativement 
court  et  que,  par  conséquent,  le  traitement  doit  être  renouvelé  au 
bout  de  quelques  jours.  Sir  Rubert  Boyce  fit  des  expériences  en  vue 
de  déterminer  la  durée  maximum  de  l'action  du  pétrole.  Dans  une 
cuve  remplie  d'eau,  ayant  un  mètre  carré  de  surface  environ,  il  in- 


157 

troduisit  un  certain  nombre  de  larves  de  Stcgomyia,  puis  répandit 
sur  l'eau  une  once  (28  gr.)  de  pétrole.  Cette  cuve  fut  ensuite  exposée, 
tant  au  plein  soleil  qu'à  l'ombre,  et  l'expérimentateur  prit  soigneu- 
sement note  du  moment  du  début  de  l'expérience  et  de  celui  où  les 
larves  cessaient  de  se  mouvoir. 

Première  expcncnce.  —  Surface  couverte  d'une  once  (28  gr.)  de 
pétrole  et  exposée  à  un  soleil  ardent.  — •  Larves  de  Slegomyia  intro- 
duites dans  l'eau  à  midi.  —  Mortes  et  la  plus  grande  partie  du  pétrole 
évaporée  à  15  heures. 

Deuxième  expérience.  —  Faite  en  vue  de  déterminer  le  taiix  d'éva- 
poration.  —  Pétrole  évaporé  à  la  fin  de  la  troisième  heure,  ne  lais- 
sant qu'une  légère  odeur  et  huilant  à  peine  un  papier  buvard. 

Troisième  expérience.  —  Une  demi-once  (14  gr.)  de  pétrole  versée 
sur  l'eau.  —  Larves  introduites  à  12  h.  30,  mortes  à  13  h.  30.  — 
A  17  h.  35,  pétrole  évaporé,  à  l'exception  d'une  faible  odeur  et  d'une 
Ijégère  irisation.  Des  larves  fraîches,  introduites  alors,  sans  nouvelle 
addition  de  pétrole,  moururent  en  une  heure.  —  Il  semble  que  la 
petite  quantité  de  pétrole  dissoute  a  eu  une  action  larvicide. 

Quatrième  expérience.  —  Une  demi-once  (14  gr.)  de  pétrole  versée 
sur  l'eau.  —  Larves  introduites  à  13  h.  40,  en  plein  soleil.  —  A 
15  h.  15,  elles  étaient  encore  vivantes,  mais  à  mouvements  très  ra- 
lentis. —  Le  pétrole  était  évaporé. 

Ces  expériences  démontrent  qu'en  plein  soleil,  la  couche  de  pé- 
trole s'évapore  rapidement,  mais  que  la  quantité  qui  reste  en  disso- 
lution continue  à  exercer  une  action  larvicide.  On  peut  en  conclure, 
ajoute  Sir  Hubert  Boyce,  qu^une  once  (28  gr.)  de  pétrole  par  mètre 
carré  de  surface  liquide  est  suffisante  pour  tuer  les  larves,  mais  que 
l'eau  devra  être  traitée  de  cette  façon  toutes  les  semaines,  pour  que 
l'action  soit  Araiment  efficace. 

Quand    faut=il    appliquer  Le  pétrole  sera  toujours  appliqué,  lors- 

le  pétrole?  qu'on  constate  l'existence  de  larves,  même 

si  l'on  a  l'intention  de  supprimer,  par  la 
suite,  le  réservoir  de  développement  en  le  comblant  ou  en  le  drai- 
nant. Cette  application  empêchera  les  larves  d'être  entraînées  en 
d'autres  endroits,  où  elles  pourraient  achever  leur  évolution.  La  fré- 
quence de  l'épandage  dépend  de  la  durée  de  développement  des  larves 
et  de  la  rapidité  d'évaporation  du  pétrole.  —  deux  conditions  qui 
dépendent  à  leur  tour  de  la  température.  C'est  pourquoi  il  faudra  des 
applications  plus  souvent  répétées,  sous  les  climats  tropicaux  (toutes 
les  semaines),  et,  en  été,  sous  les  climats  plus  tempérés  (tous  les 
12  jours).  Lorsque  la  température  est  plus  fraîche  (10°  à  15°  C),  il 
suffira  d'un  épandoge  de  pétrole  toutes  les  trois  semaines. 

Le  chiffre  moyen  de  douze  jours  peut  paraître,  à  première  vue, 
insuffisant,  puisque  certains  moustiques  accomplissent  leur  évolu- 
tion aquatique  en  dix  jours,  mais  il  faut  se  rappeler  que  le  pétrole 
détruit,  au  moment  de  son  application,  toutes  les  larves  et  pi^pes, 
et  que  la  pellicule  reste  sur  l'eau  environ  deux  jours  et  parfois  plus 


158 

longtemps,  empêchant  la  ponte  des  moustiques  femelles  adultes. 
Lorsque  le  pétrole  est  évaporé,  l'élevage  des  larves  peut  reprendre, 
mais  il  sera  interrompu  par  le  nouvel  épandage,  avant  que  le  cycle 
larvaire  de  dix  jours  ne  soit  complété. 

Quelles  sont  les  quantités  D'après  M.  J.-A.  Le  Prince  (118),  il  est 

de  pétrole  à  employer?  difficile,  dans  le  traitement  au  pétrole  des 
eaux  infestées  par  les  larves  de  moustiques, 
d'établir  avec  exactitude  la  quantité  de  ce  produit  nécessaire  par 
unité  de  surface.  La  densité  et  les  qualités  d'étalement  des  huiles 
minérales  varient  d'un  chargement  à  l'autre,  et  dans  un  même  fût, 
il  peut  y  avoir  de  grandes  différences,  suivant  qu'il  s'agit  de  l'huile  du 
haut  ou  de  celle  du  fond.  On  utilisera  donc  la  quantité  d'huile  miné- 
rale nécessaire  pour  former  une  couche  continue  sur  l'eau.  M.  le 
Dr  Howard  (92),  estime  que,  par  temps  calme,  une  once  de  pétrole 
par  15  pieds  carrés,  soit  environ  vingt  grammes  par  mètre  carré  de 
surface  liquide,  est  suffisante.  MM.  J.  E.  Dutton  et  J.  -L.  Todd  (54), 
préconisent  10  centimètres  cubes  de  pétrole  brut  par  mètre  carré. 
D'après  la  South  alricun  and-malarial  Association,  une  boîte  à  lait 
condensé  remplie  de  pétrole  est  suffisante  pour  recouvrir  d'une  couche 
uniforme  une  mare  de  2m50  de  longueur  sur  2m50  de  largeur. 

En  l'absence  de  vent,  la  nappe  huileuse  reste  subsister  pendant 
dix  jours  et  plus,  et  alors  même  que  l'écume  irisée  semble  avoir 
disparu,  on  décèle  encore  sur  l'eau  une  légère  odeur  de  pétrole.  Par 
temps  venteux,  la  couche  de  pétrole  peut  être  poussée  d'un  seul  côté, 
mais  elle  voyage  à  la  première  saute  de  vent  et  revient  détruire  les 
larves.  La  nappe  huileuse  n'est,  du  reste,  pas  seulement  fatale  aux 
larves  et  aux  pupes,  mais  encore  à  beaucoup  de  moustiques  adultes, 
qui  se  déposent  à  la  surface  de  l'eau  pour  boire  ou  pour  pondre. 

Modes  d'épandage  du  pé=  Les  modes  d'épandage  du  pétrole  varient 

•  d'après  les  dimensions  de  l'agglomération 

d'eau  à  traiter,  mais  ils  sont  toujours  très  simples. 

Comme  le  pétrole  s'étale  très  bien  de  lui-même,  il  peut  suffire, 
s'il  s'agit  de  petites  pièces  d'eau,  de  le  verser  en  un  point  quelconque 
de  la  rive  ou  de  le  lancer  à  la  volée,  dans  la  direction  du  vent.  S'il 
faut  traiter  de  plus  grandes  mares,  on  utilisera  une  pompe  avec 
lance  à  bec  droit,  placée  sur  la  rive  ou  sur  une  embarcation  ;  le  jet 
de  pétrole  s'enfoncera  d'abord  dans  l'eau,  puis  remontera  et  s'étalera 
sur  toute  la  surface,  de  façon  à  la  recouvrir  entièrement  et  sans 
pertes  (*). 

(*)  MM.  W.  L.  Mann  et  E.  C.  Ebert  (140),  (1918),  recommandent  la  sciure  de 
bois  imbibée  de  pétrole,  pour  a&surer  un  épandage  régulier  de  ce  dernier.  La  sciure 
de  bois  sèche  est  trempée  dans  le  pétrole  pendant  24  heures  et  éparpillée  ensuite  à  la 
main,  à  la  surface  de  l'eau  à  traiter,  ou  bien  encore,  elle  est  mise  dans  des  sacs  en 
papier  liés,  puis  jetés  au  hasard  dans  l'eau.  Les  auteurs  décrivent  un  système  de 
barrages  pour  empêcher  la  perte  trop  rapide  de  la  sciure  de  bois  dans  les  eaux 
courantes.  Ils  décrivent  également  une  sorte  de  cage  renfermant  de  la  sciure  de  bois 
imbibée  de  pétrole  et  un  barboteur  automatique  destiné  à  remplacer  les  appareils 
distributeurs  par  gouttes. 

Le  barboteur  automatique  est  disposé  de  façon  à  être  complètement  submergé, 
le  pétrole  remontant  à  la  surface  sous  forme  de  bulles.  Cet  appareil  a  une  capacité 
de  2  à  3  gallons  (9  à  13  1/2  litres). 


159 

Dans  la  zone  du  canal  de  Panama,  plusieurs  méthodes  d'applica- 
tion du  pétrole  comme  larvicide  ont  été  employnos.  Elles  peuvent 
être  classées  en  méthodes  continues  et  méthodes  intermittentes  ou 
discontinues. 

Méthodes  continues.  —  La  meilleure  de  ces  méthodes  est  celle  par 
laquelle  l'huile  minérale  contenue  dans  un  récipient  tombe  goutte 
à  goutte  à  la  surface  de  l'eau,  de  façon  à  y  former  une  couche  mince 
et  continue. 

Les  appareils  distribuant  le  pétrole  par  gouttes  seront  avantageu- 
sement employés  là  où  il  y  a  peu  d'obstacles  à  la  formation  d'une 


Fig.  87.  —  Epandage  du  pétrole  en  nappe,  sur  les  eaux  courantes. 
Distributeur  compte-gouttes  de  pétrole,  de  construction  très  simple,  placé 
sur  lin  ruisseau.  Le  clou  qui  traverse  le  fond  du  récipient,  permet  de 
régler  le  débit.  —  En  usage  dans  la  zone  de  Panama.  (D'après  J.-A.  Le- 
prince  et  A.-J.  Orenstein.) 

nappe  uniforme  de  pétrole,   c'est-à-dire  là  où  le  courant  est  faible 
et  où  il  y  a  peu  de  végétation,  d'algues  et  de  débris  flottants. 

Voici  quels  sont  les  dispositifs  de  ce  genre  en  usage  à  Panama  : 
Un  bidon  de  pétrole  est  placé  sur  une  planche,  au-dessus  du  fossé, 
du  drain  ou  du  petit  cours  d'eau  qu'il  faut  pétroler.  Un  clou  est  en- 
foncé au  fond  du  bidon,  la  têle,  entourée  de  déchets  de  coton,  se 
trouvant  à  l'intérieur  du  récipient.  En  enfonçant  ou  retirant  légère- 
ment le  clou,  le  débit  du  pétrole  peut  être  réglé  suivant  les  nécessités 
(voir  fig.  87). 

Pour  les  huiles  plus  fluides,  un  bidon  de  cinq  gallons,  avec  un  ro- 
binet d'écoulement  en  métal,  a  été  employé  (voir  fig.  95).  tandis  que 
pour  les  huiles  lourdes  à  base  d'asphalte,  si  largement  utilisées  à 
Panama,  on  s'est  servi  d'un  bidon  muni  d'une  mèche  de  lampe  plate,  • 
contenue  dans  un  porte-mèche  plat,  pouvant  être  élargi  ou  comprimé, 
de  façon  à  régulariser  le  débit  (voir  fig.  88  A  et  R).  Sur  les  fossés  ou 
cours  d'eau  ayant,  au  niveau  de  la  surface,  une  largeur  moyenne  de 
30  cm.,  dix  à  vingt  gouttes  d'huile  étaient  ainsi  distribuées  par  mi- 
nute, la  quantité  variant  d'après  les  conditions  locales.  Pour  les  cana- 
lisations de  grande  longueur,  plusieurs  bidons  distributeurs  étaient 
nécessaires. 

Là  où  l'emploi  d'un  bidon  n'était  pas  justifié,  on  plaça,  à  la  source 


160 

de  l'eau,  de  petits  paquets  de  déchets  de  coton  imbibés  de  pétrole  ;  ces 
paquets. étaient  attachés  à  une  pierre  ou  à  un  autre  objet  fixe  et  flot- 
taient ainsi  sur  l'eau.  Ils  étaient  imbibés  à  nouveau  de  pétrole  environ 
toutes  les  semaines.  Les  huiles  les  plus  lourdes  conviennent  le  mieux 


Fig.  88.  —  Appareil  distributeur  de  potrole  à  mèche  plate. 

En  A.  L'appareil  eu  place  sur  un  ruisseau; 

En  B.  Détails  de  la  mèche  et  du  porte-mèche. 

(D'après  un  dessin  de  J.-A.  Le  l'rlnce  et  A.-J.  Orenstein.) 


pour  cet  usage.  En  Afrique  occidentale,  on  a  employé  un  procédé  ana- 
logue pour  répandre  le  pétrole  à  la  surface  de  l'eau,  en  se  servant  de 
chiffons  imbibés  de  pétrole  et  liés  à  l'extrémité  d'un  long  bâton. 

Méthodes  inttrmiltentes  ou  discontinues.  —  Le  but  de  ces  méthodes 
est  de  produire  une  nappe  uniforme  de  pétrole  et  de  la  maintenir  en 
place  suffisamment  longtemps  pour  tuer  toutes  les  larves  qui  se  trou- 
vent sous  elle.  Une  couche  parfaite  doit  rester  intacte,  plusieurs  heures 
au  moins,  pour  être  efficace. 

Avant  d'examiner  les  modes  d'épandage  discontinus,  voyons  de 
quelle  façon  les  énormes  quantités  d'huiles  minérales  utilisées  à  cette 
fin  à  Panama,  étaient  distribuées  dans  toute  la  zone. 

Les  600,000  gallons  d'huile  brute  employés  annuellement,  étaient 
transportés  de  Californie,  leur  lieu  d'origine,  par  des  steamers,  qui 
déchargeaient  leur  cargaison  dans  des  réservoirs  situés  au  terminus 
du  canal,  du  côté  de  l'océan  Pacifique.  De  ces  derniers,  l'huile  était 
pompée  et  envoyée,  d'un  bout  à  l'autre  de  l'isthme,  au  moyen  de  cana- 
lisations ou  «  pipes-lines  ».  En  divers  points,  cette  huile  était  déver- 
sée dans  de  plus  petits  tanks,  d'où  elle  était  puisée  directement  ou 
conduite  par  des  canalisations  secondaires,  dans  de  nouveaux  réser- 
voirs, placés  plus  près  des  endroits  où  elle  devait  être  employée. 

Une  partie  de  la  provision  d'huile  était  aussi  transportée  directe- 
ment, à  l'aide  de  deux  wagons-réservoirs,  qui  étaient  remplis  aux 
dépôts  principaux  du  Pacifique  et  dont  le  contenu  était  déchargé  dans 
les  petits  tanks,  en  divers  points  de  la  voie  ferrée. 

Des  réservoirs  locaux,  l'huile  était  enfin  transportée  aiiv  iieux  de 
destination,  par  tuyaux,  ou  bien  dans  des  voitures-réservoirs,  tirées 
par  des  mules,  ou  encore  à  dos  de  mulet.  Si  aucun  de  ces  moyens  de 


161 

transporl  n'était  possible,  clic  était  portée  à  la  main  ou  à  dos  d'homme. 
Los  huiles  lourdes,  écrivent  MM.  J.-A.  Le  Prince  et  A.-J.  Orenstein 
(117),  s'appliquent  le  mieux  sur  l'eau,  sous  forme  de  jet.  La  ten- 
dance à  former  une  nappe  continue  est  ainsi  beaucoup  plus  grande. 
Toutes  les  pompes  existant  dans  le  commerce  conviennent  pour  cet 
usage.  Celle  qui  a  donné  les  meilleurs  résultats,  dans  la  zone  du  canal, 
est  appelée  pompe-baril  et  est  spécialement  forte.  Les  petits  modèles 
de  pompes  à  main  sont  également  très  utiles.  Un  bon  appareil  pour 
huile  lourde  doit  être  simple  et  solide,  avec  des  soupapes  non  caout- 
choutées (*). 

Un  pulvérisateur  à  dos  d'homme,  du  type  employé  dans  les  vergers, 
a  rendu  également  de  bons  services  (voir  fig.  91). 

Le  pétrole  peut  aussi  être  appliqué  en  employant  un  tonneau  d'ar- 
rosage. Pour  l'épandage  sur  les  pièces  d'eau  peu  profondes,  inacces- 
sibles par  la  rive,  on  s'est  servi  de  barquettes  ou  d'un  bateau  à  fond 
plat,  portant  un  réservoir  rempli  de  pétrole  (voir  fig.  92).  Ce  bateau 
pouvait  être  mû  à  la  main  ou  par  moteur,  et  il  en  était  de  même  de 
la  pompe  d'arrosage  qui  y  était  installée. 

Des  charrettes  à  deux  ou  à  quatre  roues,  d'une  construction  spé- 
ciale, ont  également  été  employées  ponr  l'épandage  du  pétrole  dans  la 
zone  du  canal  (voir  fig. 94).  Elles  consistaient  en  un  réservoir  de  fer, 
d'une  capacité  de  200  à  500  gallons,  monté  sur  roues  et  muni,  à  sa 
partie  inférieure,  d'un  tuyau  de  5  mètres  de  longueur,  dont  le  der- 
nier mètre  était  perforé  de  trois  rangées  de  trous.  Ce  tuyau  d'arrosage 
était  monté  sur  un  joint  universel.  Ces  charrettes  sont  spécialement 
utiles  pour  appliquer  une  épaisse  couche  de  pétrole  aux  fossés  lon- 
geant le5  routes  et  pour  huiler  la  végétation  devant  être  brûlée. 

Maintien  de  la  nappe  de  Lorsque  la  nappe  de  pétrole  est  étalée  sur 

P^**"**'^"  l'eau,  il  est  souvent  peu  aisé  de  la  maintenir 

on  place,  car  sur  une  pièce  d'eau  de  quel- 

qu'étcndue,  elle  dérive  sous  l'action  du  vent  et  laisse  à  découvert  une 

partie  de  la  surface. 

II  est  très  difficile  d'obvier  à  la  tendance  à  la  dérive.  La  méthode  la 
plus  simple  consiste  à  fixer  des  planches,  espacées  de  cinq  ou  six 
pieds  et  placées  perpendiculairement  à  la  direction  du  vent  dominant. 
Là  où  la  direction  du  vent  est  variable  et  où  celui-ci  souffle  avec  force, 
on  pourra  employer  une  grille  de  bois,  avec  espaces  d'autant  plus 
petits  que  la  force  du  vent  est  plus  grande  (**). 

Il  faudra  également  enlever  tous  les  obstacles,  tels  que  souches, 
buissons,  touffes  d'herbes  et  pierres,  autour  desquels  la  nappe  d'huile 
tend  à  former,  par  ses  oscillations,  des  cercles  d'eau  libre.  De  même 

(*)  Dans  le  Californîa  State  Bd  Health  Bull.  (Sacramento),  de  juillet  1918,  un 
appareil  d'épandage  de  pétrole  est  décrit.  Il  consiste  essentiellement  en  un  réservoir 
à  air  comprimé,  monté  sur  un  châssis  moteur  qui  actionne  l'appareil.  L'air  comprimé 
permet  de  répandre  le  pétrole  en  nappe  uniforme.  Un  long  tuyau  d'arrosage  ét«nd 
fortement  le  champ  d'opération.  . 

(•*)  M.  A.  W.  Pomeroy  (164),  (prophylaxie  de  la  malaria  à  Dar-es-Salam  (Afrique 
orientale)  recommande,  pour  empêcher  la  nappe  de  pétrole  épandue  sur  les  grandes 
mares  de  dériver  d'un  seul  côté  par  la  poussée  du  vent,  l'emploi  de  châssis  faits 
av«c  ks  tiges  séchées  de  plantes  de  sisal  (Agave  sisalana),  entrelacé-es  horizontale- 
memt;  ces  châssis  sont  placés  à  la  surface  de  l'eau. 


162 

les  algues  devront  être  éliminées,  car  elles  forment  avec  le  pétrole 
une  sorte  d'amalgame  (*). 

Traitement  au  pétrole  des         Le  traitement  au  pétrole  peut  également 
réservoirs  artiflciels.  gj^^  appliqué  aux  citernes  et  aux  réservoirs 

à  eau  potable. 
Le  meilleur  moyen  de  protection,  consiste  évidemment  à  recouvrir 
ces  derniers  récipients,  d'écrans  de  toile  métallique.  Si  cela  n'est 
pas  possible,  une  mince  couche  de  pétrole  pourra  être  versée  à  la  sur- 
face, sans  nuire  à  la  qualité  de  l'eau,  à  condition,  bien  entendu,  que 
cette  dernière  soit  en  épaisseur  suffisante  et  qu'elle  s'^xcule  par  un 
robinet  de  décharge  placé  au  fond  du  récipient.  Grâce  à  ce  dispositif, 
le  pétrole  :iô  sera  pas  entraîné. 

De  même,  on  traitera,  à  l'aide  d'une  cuillerée  de  pétrole,  les  bou- 
ches d'égouts,  lorsque,  par  temps  sec,  l'eau  y  reste  séjourner,  servant 
de  milieu  de  développement  à  des  milliers  de  larves  de  moustiques. 

Laryicides  autres  que  le          L'emploi  du  pétrole  ne  donne  pas  tou- 
P^*"""'^'  jours  toute  satisfaction  comme  larvicide.  La 

lenteur  de  son  action,  la  difficulté  d'obtenir 
une  nappe  parfaite  et  la  grande  quantité  d'huile  minérale  nécessaire 
à  cette  fin,  le  coût  de  l'épandage,  les  dangers  d'incendie,  font  qu'on 
a  recherché  d'autres  substances  qui  pourraient  fournir  un  larvicide 
plus  pratique  et  plus  économique. 

Les  qualités  requises  d'un  bon  larvicide  sont  : 

1.  —  Grande  toxicité.  —  Une  petite  quantité  de  larvicide  doit  suffire 
pour  empoisonner  un  grand  volume  d'eau  ; 

2.  —  Action  rapide.  —  Les  larves  doivent  être  tuées  rapidement, 
pour  qu'une  pluie  ne  puisse  avoir  le  temps  de  diluer  ou  d'affaiblir  le 
mélange  ; 

3.  —  Possibilité  de  mélange  sans  diminution  de  toxicité,  à  toutes 
les  eaux,  même  saumâtres  et  alcalines  ; 

4.  —  Bonne  conservation.  —  Le  larvicide  doit  pouvoir  se  conserver 
longtemps  et  résister  à  l'action  de  l'air  et  de  la  lumière  ; 

5.  —  Absence  de  danger.  —  En  dilution  dans  l'eau,  à  la  dose  active, 
il  doit  être  inoffensif  pour  l'homme  et  les  animaux  domestiques  ; 

6.  —  Coût  peu  élevé. 

(»)  M.  A.  K.  Henry  (89)  recommande  une  méthode  intéressante  et  économique  de 
destruction  des  larves  par  le  pétrole,  dans  les  cours  d'eau. 

Des  planches  de  longueurs  proportionnées  aux  diverses  largeurs  du  cours  d'eau, 
sont  préparées.  On  barre  ce  dernier  au  moyen  d'une  première  planche  placée  de 
champ,  de  façon  à  plonger  partiellement  eit  verticalement  de  6  à  8  centimètres  dans 
l'eau,  —  oe  qui  donne  une  sorte  de  barrage  de  surface.  Une  autre  planche  est  placée 
de  la  même  façon  15  à  20  mètres  plus  bas.  Un  quart  de  titre  de  pétrole  est  ensuite 
versé  dans  le  bief  ainsi  créé  et  étendu  à  l'aide  d'un  balai,  de  façon  à  pénétrer  dans 
les  plus  légères  irrégularités  de®  bords.  Lorsque  toute  la  section  est  recnuverte  de 
pétrole,  une  troisième  planche  est  placée  20  mètres  plus  bas  et  la  seconde  p^t  levée, 
permettant  ainsi  au  film,  avec  son  accumulation  de  larves  mortes  ou  vivantes,  de 
glisser  jusqu'au  nouveau  bief.  Le  contact  est  de  nouveau  assuré  avec  les  berges  par 
un  vigoureux  balayage.  On  continue  ensuite  l'opération  de  la  même  façon.  Par  ce 
procédé,  une  grande  longueur  de  cours  d'eau  peut  être  traitée  à  l'aide  d'une  très 
petite  quantité  de  pétrole. 


163 

Savon  larvicide  eraplojé  Dans  la  zone  du  canal  de  Panama,  un 

à  Panama.  larvicide  spécial  :  savon  à  base  de  phénols 

et  de  résine,  a  été  très  employé,  à  côté  des 
huiles  lourdes  de  pétrole.  Il  se  compose  de  150  à  200  livres  de  résine 
en  poudre  ou  finement  moulue,  50  livres  de  soude  caustique  et  150  gal- 
lons d'acide  phénique  brut  (densité  0.97),  contenant  au  moins  15  pour 
cent  de  phénols.  L'acide  phénique  est  d'abord  chauffé  à  100  degrés, 
dans  un  appareil  spécial,  puis  l'on  y  ajoute  successivement  la  résine 
et  la  soude,  tout  en  maintenant  l'ébullition  et  en  remuant  constam- 
ment. Au  bout  d'un  certain  temps,  on  obtient  ainsi  un  liquide  savon- 
neux, résineux  et  noir,  ne  donnant  plus  de  dépôt.  Ce  liquide  s'émul- 
sionne  facilement  dans  l'eau  fraîche  et  en  solution  aqueuse  à  1  pour 
10,000,  il  tue  les  larves  d'Anophelcs  en  moins  d'une  demi-heure. 
Cette  destruction  se  fait  en  cinq  à  dix  minutes,  si  l'on  mélange  une 
partie  d'émulsion  à  5,000  parties  d'eau. 

Cette  préparation  est  peu  coûteuse  ;  étant  très  concentrée,  elle  est 
facile  à  transporter  ;  sa  fabrication  est  aisée,  son  action  rapide  et  très 
uniforme  ;  elle  n'est  pas  dangereuse  pour  les  grands  animaux  et  n'est 
pas  inflammable  ;  elle  tue  même  les  larves  enfouies  dans  la  vase  et 
détruit  également  les  algues  et  les  mauvaises  herbes.  Par  contre,  elle 
ne  s'émulsionne  pas  et  reste  inerte  dans  l'eau  saumâtre  ;  elle  néces- 
site, pour  sa  conservation,  l'emploi  de  récipients  bien  fermés  et  perd 
rapidement  sa  toxicité,  lorsqu'elle  est  mélangée  à  de  l'eau  contenant 
des  algues  ou  d'autres  matières  organiques. 

Expériences    sur    l'emploi  M.  A.  W.  Bacot  (8),  dans  ((  Report  Yellow 

comme    larvicides,    du      Pever  Commission,  \Nest  Mrkâ  19U-\91^)), 
savon  mou,  de  la  napn=  ,      ,  •     .   .     •    , .  ,      ee    t    a 

taline  et  de   l'eau   de      signale  des  essais  très  intéressants  eilectues 
mer.  en  Afrique  occidentale,  dans  le  but  de  com- 

parer la  valeur  du  pétrole,  du  savon  mou, 
de  la  naphtaline  et  de  l'eau  de  mer,  pour  la  destruction  des  œufs, 
larves  et  pupes  de  Stegomyia  lasciala.  Le  pétrole  (1  pour  600)  détruisit 
en  une  heure  la  majorité  des  larves  et  des  pupes,  mais  n'eut  aucun 
effet  sur  les  œufs,  ainsi  que  sur  les  larves  qui  en  sortirent  dans  la 
suite.  Le  savon  mou  (1  pour  600)  a  tué  les  larves,  les  pupes  et  les 
jeunes  larves  venant  d'éclore  ;  les  œufs,  par  contre,  se  développèrent 
normalement,  après  une  submersion  de  vingt  heures,  mais  une  sub- 
mersion continue  de  huit  jours  leur  fut  fatale.  A  la  dose  de  1  pour 
'8,000,  le  savon  mou  a  été  inefficace,  mais  le  pétrole,  à  la  dose  de 
1  pour  4,000  agit  comme  larvicide,  si  son  action  persiste  pendant 
quarante-huit  heures.  La  naphtaline  (1  pour  8,000)  tua  toutes 
les  larves,  ainsi  que  tous  les  adultes  qui  sortirent  des  pupes  le  premier 
jour  et  50  pour  cent  de  ceux  qui  sortirent  le  second  jour;  par  contre, 
elle  n'eut  aucun  effet  sur  les  pupes  même.  A  la  dose  de  1  pour  4,000, 
les  larves,  pupes  et  adultes  fraîchement  éclos,  furent  détruits. 

Employées  sous  forme  d'émulsions,  les  substances  ci-dessus  ont 
été  plus  efficaces  et  moins  coûteuses,  qu'utilisées  telles  quelles.  Toutes 
les  larves  et  pupes  furent  tuées  par  une  émulsion  de  pétrole  et  de  savon 
mou,  à  la  dose  de  1  pour  16,000  ou  par  une  émulsion  de  pétrole,  savon 
mou  et  naphtaline,  à  la  dose  de  1  pour  20,000. 


164 

L'eau  de  mer  hâte  l'éclosion  des  œufs  et  détruit,  en  moins  d'une 
heure  les  larves  qui  en  sortent.  Par  contre,  des  pupes  complétèrent 
leur  développement,  après  une  submersion  de  16  heures  dans  l'eau 
salée.  L'eau  de  mer  pourrait  être  employée  dans  les  villes  côtièrcs, 
pour  rincer  les  gouttières,  conduites  d'égout,  rigoles,  etc.,  après 
nettoyage. 

Expériences   sur  l'action  Des  essais,  en  vue  de  déterminer  l'action 

du  chlore  et  du  lysol.  i^rvicide  du  chlore  dissous  dans  l'eau,  fu- 
rent faits  en  1915,  au  laboratoire  d'Accra 
(Côte  d'Or)  par  M.  J.  W.  Scott  Macfie  (126).  Des  lots  de  cinquante 
larves  de  Stfgomyia  lasciata  furent  introduits  dans  de  petites  quan- 
tités (trois  litres  environ)  d'eau  de  robinet  claire  et  d'eau  contenant 
de  la  vase,  des  herbes,  etc.,  et  formant  le  milieu  habituel  de  déve- 
loppement des  larves. 

Le  chlore  fut  ajouté,  sous  forme  de  solution  à  1  pour  550.  Aucun 
effet  ne  fut  produit  sur  les  larves,  lorsque  la  proportion  de  chlore 
dans  l'eau  était  d'un  pour  250,000  ;  de  même,  lorsqu'elle  fut  succes- 
sivement concentrée  à  un  pour  62,500,  à  un  pour  50,000  et  à  un 
pour  25,000,  mais  à  un  pour  10,000,  il  eut  un  effet  très  net  sur 
les  larves  se  trouvant  dans  l'eau  de  robinet,  qui  moururent  toutes 
au  bout  de  deux  heures,  ainsi  que  quelques-unes  de  celles  qui  se 
trouvaient  dans  l'eau  sale.  Au  bout  de  24  heures,  la  destruction  était 
complète.  Quelques  Cijclops  (petits  crustacés)  furent  également  tués. 
Il  ne  semble  pas  qu'en  pratique,  le  chlore  puisse  servir  de  larvicide, 
même  s'il  était  possible  après  la  mort  des  larves,  d'enlever  celui 
en  excès,  à  l'aide  d'un  substance  purificatrice. 

En  ce  qui  concerne  le  lysol,  des  essais  ont  été  faits  par  M.  A.-J. 
Salm  (179),  aux  Indes  Néerlandaises.  L'addition  de  1  pour  3,200  de 
lysol  a  tué  des  larves  de  moustiques  qui  se  développaient  dans  les 
baquets  d'un  hôpital.  L'addition  de  1  pour  5,000  de  sulfate  de  cuivre, 
avec  une  quantité  suffisante  d'acide  sulfurique  pour  éviter  la  préci- 
pitation, tua  également  les  larves,  mais  n'empêcha  pas  l'éclosion 
des  œufs.  Le  sulfate  de  cuivre  ne  communique  pas,  comme  le  lysol, 
un  goût  spécial  à  l'eau  de  boisson  qui  pourrait,  dans  la  suite,  être 
versée  dans  le  récipient. 

Essais  d'autres  larvicides.  Tabac.  —  M.  W.  B.  Herms  (90)  a  expéri- 

menté l'action  larvicide  de  décoctions  de 
tabac,  et  il  a  trouvé  qu'elles  sont  très  efficaces,  mais  trop  coûteuses 
pour  être  employées  en  grandes  quantités.  Appliqué  à  l'eau  dans  la 
proportion  d'une  partie  pour  750,  le  sulfate  de  nicotine  tue  toutes 
les  larves  et  pupes.  Au  taux  de  1  pour  1,000,  son  action  persiste 
pour  les  larves,  mais  elle  est  douteuse  pour  les  pupes. 

Smith  a  trouvé  que  le  produit  appelé  «  ^'icofunle  y>,  ajouté  à  l'eau, 
dans  la  proportion  de  1  pour  1,500,  tue  toutes  les  larves  et  pupes. 
Une  destruction  plus  rapide  s'obtient,  à  la  dose  d'une  partie  de  nico- 
fume  pour  750  parties  d'eau. 

Sulfate  de  cuivre.  —  Ce  produit  ne  convient  pas,  paraît-il,  comme 
larvicide,  mais  il  est  très  utile  car  il  détruit  les  algues  qui  encombrent 


165 


ASSAIXISSKMEXT.   -   DRAINAGE. 


l-'i,,-  s',i  —  Au  l\;iliii_i  —  Uuuiiayc  lios  sources  nuirrrii-fUM-s  .li;  la 
Tslirnscnd,!.  (|ui  rnn>l ilu  ih'uI  aupriunant  d'excellents  milieux  de  déve- 
lopi»riiM'nt  (les  liirws  di    ludustupus    (Cli<  hé  Leplae.) 


Fig.  '.in.  —  Au  Knini  _ 
Le  dendjû  (vallon  inai'éc 
dembo  a  été  assaini,  dan 


a  suil(%  pai 


EPANDAGE   DU   PETROLE   SUR   LES   BAUX   DANS   LESQUELLES 
VIVENT   LES   LARVES   DE   MOUSTIQUES. 


^m 


^^â^i^S^«>*"ti 


Fig.  91.  —  Un  lieu  de  développement  idéal  pour  les  larves  û' Anophèles. 
—  L'eau  est  claire  et  peu  profonde  et  il  y  a  beaucoup  de  végétation.  -  Ce 
cliché  montre  également  le  mode  d'emploi  du  pulvérisateur  havre-sac 
destiné  à  répandre  une  mince  couche  de  pétrole  sur  les  mares.  (Cliché 
W.-B.  Herms.) 


Fig.  92.  —  Dans  la  zone  du  canal  de  Panama.  —  Epandage  du  pétrole, 
en  barquette,  le  long  des  berges  d'une  rivière.  —  L'accès  par  la  rive  est 
trop  difficile,  à  cause  de  la  végétation.   (Cliché  J.-A.  Le  Prince  et  A.-J. 


167 


ÉPANDAGE  DU  PÉTROLE  SUR  LES  EAUX  DANS  LESQUELLES 
VIVENT   LES   LARVES   DE   MOUSTIQUES 


Ti^î  '\^  -  l'.iiiam.i  -  \f)f).iiul  d  CLOulenKMit  continu  de  pétrole,  placé 
sur  un  ruisM.iu,  (ti  p.u^  iu  (  ulento.  E\ct  lient  système  d'épandage  du 
pi  liolt' sur  1(  s  (Mux  (  ouianlf--    'CluhcJ.  \    !<   Prince  cl  A.-J.  Ori'iistein.) 


^      - 


n 


Fig.  'J4.  —  Panama.  -  iLpanda.ur  .lu  iHii.ii  .i-n^  ■,  -  i — -,  .  i,,im 
des  routes,  à  l'aide  de  charrettes  de  construcljon  spéciale.  —  Les  Amé 
ricains  n'ont,  pas  regardé  aux  frais  pour  lutter  cotitre  les  moustiques. 
Ils  en  ont  été  remboursés  au  centuple.   (Cliché  J.-A.  Le  Prince  et  A.-J. 


168 


PETITS    POISSONS    CONGOLAIS   QUI    SIC    NOURRISSENT   DE   LARVES   DE    MOUSTIQUES 


Fitndiiliis  f^ardiicri,   Blyr.,  (SO  inm.  de  longueur.   Bas-Nigei 
a.   Màlc.  b.   Femelle. 


-^^Éï 


"^^ — ^^ 

y 

Haplochiliis  pinnUiis.  Blgr.,  .^5  mm.  de  lonfjucur.   Lac  Tanganyka. 


HapUichiliis  Lujac,  Blgr.,  45  mm.  de  longueur.    Kasai-Sankuru. 
a.   Maie.  h.  Femelle. 


ILiplochUits  imtUifasciatitH,  Blgr.,  4.t  mm.  de  longueur.   Kwi 


^^^^v>?^, 


\ 

Uaplocli'ilus    llulcrcaui,    Blgr.,  Iluplochilus    KiiUivçiœ,    Blgr., 
3J  nuii.  ilr  Iniiguciii'.  llnul-Congo-  25  mm.  de  loiigucui'. 

UclO-Lac   Mœro.  ""  Kainnga. 


l'-jg.  95.  — Oueh|iirs unes  d^s  iiniiilirtMiscs  csprccs  congolaises  de  petits 
poissons  de  la  fainilli'  dr.^  (  ;>  iirinnddiilidrs,  (|ui  font  leur  i)roie  des  larves 
de  monsliquos.  --  Os  |HiisS(ins  iMiiiiTjijcnl  èU'e  inlroduils  dans  les  rcser- 
vuirs  cl  iiianrs  ipii  ne  i  i  ml  iciiii  ni  pus  de  grands  ],)0issons  carnassiers. 
(Clichés  rcprodinls  ^wvr  Taulunsalion  de  M.  G.  A.  Boulengvr.] 


certaines  eaux  stagnantes  et  empêchent  d'appliquer  convenablement 
le  pétrole.  Les  mares  couvertes  d'algues  seront  donc  traitées  au 
sulfate  de  cuivre,  avant  le  pétrolage. 

Huile  de  lournesol.  —  D'après  M.  A.  Celli  (35),  en  Italie,  on  a 
conseillé  l'emploi  de  Hniile  de  tournesol  comme  larvicide.  Celle-ci 
est  appliquée  à  la  surface  de  l'eau,  sous  forme  de  nappe,  par  le 
moyens  de  chiffons  ou  morceaux  de  toile  imbibés  d'huile.  Il  est 
surtout  à  conseiller  d'utiliser  ce  produit  dans  les  jardins  pour 
les  cuves,  bassins  et  autres  réservoirs  à  eau  et,  en  général,  partout 
où  il  est  désirable  d'éviter  l'odeur  désagréable  du  pétrole. 

Cylline.  —  Deux  autres  larvicides  utilisables  pour  de  petites 
agglomérations  d'eau,  ont  encore  été  recommandés.  Ce  sont  : 

a)  La  cylline  commerciale.  Une  cuiller  à  thé  ou  plus  par  gallon 
(4  litres  54)  d'eau.  L'eau,  remuée  à  l'aide  d'un  bâton,  doit  rester 
laiteuse  ; 

b)  Goudron    de    houille     :   1    pinte    (0.57    litre)  ;    térébenthine, 

1  pinte  et  savon  mou,  1  once  (28  gr.).  Ajouter  de  l'eau  pour  faire 

2  gallons.  La  quantité  sera  suffisante  pour  traiter  efficacement 
300  gallons  d'eau. 

Camphre.  —  Pour  les  petits  réservoirs  à  larves  de  moustiques, 
M.  Zetek  (215)  écrit  que  l'expérience  a  démontré  l'efficacité,  comme 
larvicides,  d'une  petite  quantité  de  camphre  ou  de  para-dichloro- 
benzine  (C  H*  CP). 

Dans  les  petits  fossés  entourant  les  planches  à  fleurs,  cette  der- 
nière substance  sera  employée  sous  forme  de  poudre,  à  raison  d'un 
à  deux  grammes  par  planche.  Le  traitement  sera  appliqué  une  fois 
par  semaine  en  hiver  et  tous  les  dix  jours  en  été.  Dans  les  petits 
récipients,  tels  que  vases  à  fleurs,  etc.,  la  même  quantité  de  para- 
dichlorobenzine,  ou  bien  de  camphre  solide  ou  en  poudre,  sera  intro- 
duite tous  les  quinze  jours.  Pour  les  bénitiers  des  églises,  un  peu 
de  camphre  solide  est  préférable. 

Trioxyméthylène.  —  Nous  lisons  dans  les  C.  R.  de  VAradémie  des 
Sciences  de  France  (juin-juillet  1920),  que  M.  E.  Roubaud  (178) 
a  recommandé  l'emploi,  comme  larvicide,  du  trioxyméthylène  en 
poudre.  Cette  substance,  éparpillée  uniformément  à  la  surface  de 
l'eau,  tue  toutes  les  larves  d'Anophèles  qui  la  dévorent.  Elle  a,  en 
fait,  une  double  action  sur  ces  larves  ;  elle  les  paralyse  et  préserve 
leurs  tissus  de  la  décomposition. 

Les  étangs,  etc.,  peuvent  être  traités  à  intervalles  réguliers,  pour 
empêcher  le  développement  des  Anophèles  adultes,  car  cette  poudre 
ne  rend  pas  l'eau  inutilisable  ni  ne  l'empoisonne  pas  pour  les  bes- 
tiaux ou  les  poissons.  L'opération  devra  être  exécutée  autant  que 
possible  par  un  temps  chaud  et  ensoleillé,  lorsque  l'activité  alimen- 
taire des  larves  est  à  son  maximum. 

Acide  picrique.  —  Ayant  constaté,  en  visitant  une  fabrique  de 
mélinite  en  juillet  1918,  que  les  larves  d'Anophèles  peuvent  vivre 
dans  de  l'eau  fortement  teintée  par  les  boues  de  l'usine,  MM.  J.  Fey- 
taud  et  E.  Gendre  (65)  entreprirent  des  expériences  en  vue  de  déter- 
miner la   résistance  des   larves  à   des   solutions  d'acide   picrique  à 

10 


170 

divers  degrés  de  concentration.  Il  fut  constaté,  notamment,  que  la 
résistance  de  l'Anopheles  rnaculipennis  est  supérieure  à  celle  de 
l'A.  bilurcalus.  Les  larves  de  Culex  sont  également  résistantes.  En 
pratique,  pour  constituer  un  bon  larvicide,  l'acide  picrique  pur  doit 
être  employé  à  la  dose  d'un  d'acide  pour  8,000  d'eau. 

Formules  diverses  de  M.  Kirk.  —  M.  H.-B.  Kirk  (106)  recommande 
les  formules  larvicides  suivantes  qui  peuvent  être  employées  dans 
la  proportion  de  1  pour  32,000  : 

1°  Savon  mou,  100  parties  ;  huile  légère  de  pétrole,  440  parties  ; 
eau,  100  parties  ;  soude  caustique,  80  parties.  L'huile  de  pétrole 
doit  être  ajoutée  lorsque  le  mélange  des  autres  substances  a  été 
chauffé  à  100°  C.  Le  produit  final  est  une  gelée  épaisse  qui  peut 
être  rendue  liquide  par  dilution  dans  l'eau  ; 

2°  Savon  mou,  20  parties  ;  huile  légère  de  pétrole,  50  parties. 
Donne  un  savon  épais,  ayant  l'aspect  d'une  gelée  ; 

3°  Huile  de  ricin,  50  parties  ;  soude  caustique,  15  parties  ;  eau, 
20  parties  ;  huile  légère  de  pétrole,  170  parties.  L'huile  de  ricin  et 
la  soude  caustique  sont  d'abord  bouillies  ensemble  pour  faire  un 
savon  jaune-verdâtre,  auquel  le  pétrole  est  ajouté.  L'émulsion  qui 
en  résulte  est  un  liquide  clair  qui  se  conserve  bien. 

Poudres  el  inlusions  végétales.  —  D'après  M.  J.-K.  Thibault  (204), 
du  bureau  d'entomologie  du  Département  de  l'Agriculture  des  Etats- 
Unis,  des  expériences  ont.  permis  de  découvrir  un  larvicide  moins 
cher  que  le  pétrole  brut  et  convenant  pour  les  pièces  d'eau  des 
jardins,  les  étangs  à  poissons  et  les  rizières.  Ce  larvicide  consiste 
en  diverses  poudres  végétales.  Celle  de  pyrèthre  est  trop  chère  et  son 
action  purement  mécanique.  Des  mauvaises  herbes  et  graminées  de 
presque  toutes  les  espèces  croissant  dans  le  voisinage  furent  séchées 
et,  réduites  en  poudre  suffisamment  fine,  donnèrent  de  très  bons 
résultats.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  choisir  une  espèce  particulière. 
Une  bonne  poudre  s'étale  rapidement  et  uniformément,  même  si  elle 
est  jetée  par  poignées.  Il  convient  cependant  mieux  de  l'appliquer 
sous  forme  de  jet.  Une  livre  de  poudre  peut  couvrir  de  3,500  à 
4,000  pieds  carrés.  Cette  poudre  n'est  efficace  que  pendant  quelques 
minutes,  mais  elle  est  si  fatale  aux  larves  que  celles-ci  meurent  en 
quelques  instants,  même  si  on  les  transporte  immédiatement  dans 
une  eau  non  traitée.  Complètement  mouillée,  la  poudre  perd  son 
efficacité.  Les  espèces  de  larves  à  siphon  gros  et  court  sont  aisément 
tuées,  celles  à  siphon  long  et  mince,  Culex  sp.,  sont  plus  résistantes. 

D'autre  part,  M.  W.-M.  Aders  (2)  signale  qu'à  Zanzibar  des  essais 
ont  été  faits  en  vue  de  déterminer  l'action  larvicide  des  feuilles 
vénéneuses  d'un  arbuste  :  Tephrosia  vogcli.  Toutes  les  lan'es  placées 
dans  une  solution  à  1  p.  c.  de  pulpe  faite  de  feuilles,  moururent 
en  12  heures.  Toutefois,  avant  d'essayer  cette  substance  sur  une 
grande  échelle,  l'action  sur  les  animaux  domestiques  doit  être  expé- 
rimentée. 

Tourteau  de  nilre.  —  Le  tourteau  de  nitre  a  été  employé  depuis 
la  guerre  comme  larvicide.  C'est  un  sous-produit  de  la  fabrication 
du  fulmicoton,  un  sulfate  acide  de  soude  impur,  contenant  environ 
50  p.  c.  d'acide  libre.  Cette  substance  étant  solide  et  partiellement 
granulée,  se  dissout  lentement.  M.  F.-P.W.  Hough  (91)  dit  que  des 


171 

essais  faits  avec  du  tourteau  de  nitre  ont  prouvé  que  celui-ci  tue 
presque  toutes  les  larves,  mais  n'empêche  pas  l'éclosion  des  œufs 
de  moustiques. 

Les  graminées  et  mauvaises  herbes  autour  des  mares  sont  égale- 
ment détruites  par  l'acide. 

M.  C.  W.  Metz  (146)  fait  remarquer  que  le  tourteau  de  nitre  ne 
convient  que  là  où  il  n'y  a  pas  de  danger  d'empoisonner  les  per- 
sonnes ou  les  animaux  domestiques. 

Xanthatcs.  — ■  Suivant  M.  F.-M.  Howlett  (98),  des  recherches  faites 
aux  Indes  ont  prouvé  que  les  xanthates  étaient  très  toxiques  pour 
les  larves  de  moustiques. 

Cyanure  de  potassium.  —  Sir  R.  Ross  et  M.  Edie  ont  préconisé  le 
cyanure  de  potassium  comme  larvicide.  A  la  dose  de  1  pour  500,000, 
il  s'est  montré  efficace  envers  les  larves  de  Culex  et  d'Anophèles. 
Le  cyanure  était  mélangé  à  du  savon  et  le  tout  comprimé  en  tablettes. 

M.  Taylor  (201),  qui  a  expérimenté  ce  larvicide,  dit  qu'à  la  dose 
préconisée  par  Ross  et  Edie,  il  détruit  les  œufs  et  les  jeunes  pupes 
de  moustiques,  mais  n'est  pas  aussi  nuisible  aux  larves.  Il  doit  évi- 
demment être  employé  avec  précautions  et  dans  des  eaux  non  potables. 

M.  E.  Teichmann  (202)  a  constaté  que  les  larves  peuvent  être  tuées 
par  la  présence  du  gaz  cyanhydrique  au  dessus  de  la  surface  de 
l'eau  ou  par  la  dissolution  de  la  cyanamide  de  soude  dans  l'eau. 
Une  solution  à  1  pour  100,000  fraîchement  préparée  détruit  larves 
et  pupes  en  24  heures.  Le  gaz  formé  se  diffuse  rapidement  dans  l'air. 
Les  occasions  d'employer  ce  larvicide  sont  évidemment  peu  fré- 
quentes. 

La  dose  indiquée  par  Ross  et  Edie  (1/300,000)  a  été  essayée  à 
Ceylan,  mais  il  fut  trouvé  qu'une  concentration  beaucoup  plus  forte, 
1  pour  57,000,  était  nécessaire  et,  à  cette  dose,  l'emploi  du  cyanure 
est  dangereux. 

Enfin,  d"après  les  essais  faits  par  Al.  H.  Priestley  (165)  au  Queens- 
land,  l'efficacité  du  cyanure  de  potassium  comme  larvicide  est  accrue 
par  l'addition  de  très  petites  quantités  d'acide  sulfurique. 

Créosote.  —  D'après  AI.  C.-W.  Metz  (146),  des  essais  ont  été  faits 
aux  Etats-Unis  pour  utiliser  les  huiles  de  créosote  comme  larvicide. 
Le  créosote  raffiné  et  le  créosote  commercial  de  couleur  noire  et 
de  consistance  plus  épaisse  que  le  pétrole  brut,  sont  appliqués  sous 
forme  d'un  jet  vaporisé  en  brouillard,  à  l'aide  d'une  petite  pompe 
à  main  automatique,  de  la  contenance  d'un  demi-gallon.  Ce  brouillard 
tombe  à  la  surface  de  l'eau  et  y  flotte.  Une  quantité  remarquablement 
petite  de  cette  matière,  bien  appliquée,  tue  les  larves  d'Anophèles. 
Le  créosote  étant  toxique  pour  les  poissons  et  animaux  domestiques, 
devra  être  employé  avec  précaution. 

Crésol.  —  AI.  Hendiey  (87),  parlant  de  la  malaria  dans  le  Punjab 
(Indes),  dit  qu'une  faible  solution  de  crésol  saponifié,  introduite 
dans  de  petites  agglomérations  deau,  détruit  rapidement  les  larves 
d'Anophèles,  mais  a  moins  d'action  sur  les  pupes  qui,  plus  résis- 
tantes, ne  sont  tuées  qu'après  24  minutes. 


172 

MM.  J.-F.  Mayne  et  W.-R.  Jackson  (145),  dans  une  étude  sur  les 
lai-vicides  expérimentés  en  Macédoine,  recommandent  le  crésol. 
Employé  au  millionième  ou  même  au  dix-millionième,  il  tue  toutes 
les  larves  de  Culex  ;  celles  d'Anophèles  demandent  des  solutions  plus 
fortes.  Les  pupes  sont  plus  résistantes  que  les  larves,  mais  le  crésol 
agit  surtout  sur  les  radeaux  d'œuîs  et  sur  les  petites  larves  nouvel- 
lement écloses,  qui  sont  tuées  par  une  dose  d'un  de  crésol  pour 
100  millions  d'eau. 


Destruction  de  la  nourri^  Dans  la  lutte  contre  les  moustiques  aux 

ture  des  larves.  stades  larvaires,    l'attention  des  chercheurs 

s'est  principalement  portée  sur  la  destruc- 
tion directe  des  larves.  Mais  il  existe  un  moyen  détourné  qui,  dans 
certains  cas,  pourrait  se  montrer  efficace,  c'est  la  destruction  de 
la  nourriture  des  larves.  D'après  le  Dr  W.-M.  Graham,  les  larves 
de  moustiques  demandent,  pour  vivre  et  se  développer,  une  quantité 
constante  d'une  nourriture  spéciale,  consistant  habituellement  en 
petites  algues  d'eau  douce  et,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  en 
traitant  de  l'alimentation  des  larves,  certaines  de  ces  algues  sont 
très  sensibles  aux  changements  de  densité  et  de  teneur  en  sels 
solubles  de  l'eau  et  probablement  aussi  à  la  quantité  de  lumière  qui 
pénètre  jusqu'à  elles  et  à  la  longueur  d'ondes  de  celle-ci. 

Les  larves  d'Anophèles  (Pyretophorus)  costalis,  par  exemple,  se 
développent  dans  de  l'eau  rendue  partiellement  opaque  par  la  matière 
en  suspension  et  qui  contient  des  algues  mobiles.  La  matière  en 
suspension  n'est  pas  éliminée  par  une  centrifugation,  mais  peut  être 
précipitée  par  addition  à  l'eau  de  3  pour  cent  de  sel  de  cuisine.  Par 
la  précipitation,  l'eau  devient  claire,  les  algues  mobiles  deviennent 
stationnaires,  leur  cytoplasme  transparent  se  dissout  dans  l'eau  et 
les  chloroplastes  (corpuscules  chlorophylliens)  tombent  au  fond  du 
récipient.  A  la  suite  de  la  suppression  de  leur  nourriture  habituelle, 
les  larves  contenues  dans  ce  milieu  deviennent  cannibales-  et  se 
dévorent  entre  elles. 

Les  moyens  de  destruction  de  la  nourriture  des  larves  n'ont  pas 
encore  été  étudiés,  au  point  de  vue  de  leur  application  pratique. 
Des  recherches  de  ce  genre  demanderaient,  au  préalable,  une  con- 
naissance exacte  des  algues  d'eau  douce  africaines,  sujet  sur  lequel 
on  ne  possède  malheureusement  encore  que  fort  peu  de  renseigne- 
ments (*). 

(*)  Dans  les  U.  S.  Public.  Health  Reports,  n"  32,  du  8  août  1919,  M  C.  W.  Metz 
(147)  donne  quelques  renseignements  sur  des  recherches  faites  en  vue  de  supprimer 
les  larves  en  détruisant  leur  nourriture. 

Il  fut  de  suite  évident  que  cette  opération  était  impossible,  par  suite  de  la 
grande  diversité  des  aliments  qui  conviennent  aux  larves.  Les  observations  furent 
faites  sur  les  Anophèles  punctipennis  Say,  A.  qiiadrimaculatus  Say  et  A.  crucians 
Wied. 

La  variété  des  matières  alimentaires  était  si  grande  qu'il  fut  jugé  inutile  de  les 
dénombrer  ou  de  les  classer  en  matières  animales  ou  végétales  en  organismes  vivants 
ou  en  substances  mortes. 

Les  essais  ont  démontré  qu'au  plus  l'eau  est  pure  et  stérile,  au  plus  elle  convient 
aux  larves  d' Anophèle  s, pomwi  qu'une  quantité  suffisante  de  nourriture  y  soit  présente. 


173 


Culture      de      certaines  Les  lentilles  d'eau  (Lemna  spp.)  (*),  lors 

plantes  aquatiques  poui 
la   destruction  des   lar 


plantes  aquatiques  pour      q^'djes  recouvrent  entièrement  la  surface 


^,gg^  des  eaux  des  mares,  étangs,  marais,  fossés, 

etc.,  peuvent  faire  disparaître  les  larves  de 
moustiques  en  les  empêchant  de  venir  respirer  à  la  surface. 

M.  le  professeur  Laveran  a  rappelé,  dans  son  Traité  du  Paludisme, 
2^  édition  (p.  546),  que  Centenni  et  Orta  ont  proposé  de  se  servir 
de  la  lentille  d'eau  pour  la  destruction  des  larves.  Et  il  ajoute  :  «Il 
est  possible  que  ce  procédé  puisse  être  utile  dans  quelques  cas 
particuliers.  » 

M.  le  Dr  F.  Regnault  (167)  relate  dans  le  Bulletin  de  Pathologie  exo- 
tique, de  Paris,  n°  10,  de  1919.  qu'en  1917.  étant  mobilisé  à  Ajaccio, 
en  Corse,  il  fit  des  essais  de  culture  de  lentilles  d'eau  dans  des  mores 
à  eau  claire,  possédant  une  grouillante  population  de  larves,  parmi 
lesquelles  celles  d'Anophelcs.  Il  jeta  dans  ces  mares  un  peu  de  bouse 
de  vache  et  de  crottin  de  cheval,  puis  les  ensemença  avec  quelques 
lentilles.  Celles-ci  se  multiplièrent,  foisonnèrent,  et  les  larves  de 
moustiques  disparurent.  Quand  les  matières  organiques  furent 
épuisées,   les   lentilles  périrent. 

M.  le  Dr  Regnault  conclut  en  disant  qu'il  serait  donc  facile  de 
cultiver  les  lentilles  d'eau.  Dans  la  lutte  contre  le  paludisme,  cette 
culture  serait  avantageuse  pour  les  grandes  mares  où  l'emploi  du 
pétrole  est  coûteux.  La  disparition  des  lentilles  d'eau  serait  une 
des  causes  de  l'apparition  du  paludisme  dans  les  pays  ravagés  par 
la  guerre. 

M.  B.  Galli  Valerio  (72),  dans  ses  observations  sur  les  Culicidœ, 
fait  également  la  remarque  qu'à  Vidy  (Lausanne),  sur  le  lac  de  Ge- 
nève, la  lentille  d'eau  Lemna  palustris,  joue  un  rôle  important  en 
enrayant  le  développement  des  Culicidse. 

D'autre  part.  M.  Fermi,  C.  (64),  signale  dons  les  Annali  dlgiene, 
de  Rome,  du  .50  avril  1917,  que  Lemna  pahistris  fournit  un  moyen 
efficace  de  couvrir  la  surface  de  l'eau,  là  où  le  pétrole  ne  peut  être 
employé.  Il  est  facile  de  semer  cette  plante  aquatique  :  il  suffit  d'en 
jeter  une  poignée  par  dix  mètres  carrés  pour  obtenir  une  couverture 
complète  en  trois  à  quatre  semaines. 

Enfin.  M.  E.  Mac  Gregor  (\7>6)  signale  l'emploi  possible,  comme 
destructrice  des  larves  de  moustiques  d'Azolla  filiculo'ides,  une 
plante  aquatique  de  la  famille  des  fougères,  rérerninent  introduite 
du  Canada  en  Angleterre.  Cette  plante  s'étend  très  rapidement,  cou- 
vrant complètement  la  surface  de  l'eau  par  une  masse  spono-ieuse 
de  feuilles  compactes.  Il  fut  observé  que  les  Anor)hrlr.<;  ne  pondaient 
pas  dans  un  réservoir  d'expérience  couvert  d'.42o//fl  filiruIoïde.<;.  alors 
qu'ils  pondent  volontiers  dans  d'autres  réservoirs  contenant  d'autres 
espèces  de  plantes  aquatiques. 

ENNEMIS   DES    LARVES    ET   PUPES    DE    MOUSTIQUES, 

Les  principaux  ennemis  des  larves  et  pupos  de  moustiques  sont 
les  prtissons.  Ce  sont  eux  qui.  au  point  de  vue  pi-atique.  présentent 
la  plus  grande  importance.  Viennent  ensuite  les  oiseaux  d'eau,  puis 
les  animaux  inférieurs  :  larves  d'insectes,  petits  crustacés,  etc. 

(*)  Il  existe  en  Belgique  cinq  espèces  de  Lemna  :  Lemna  trisuica,  L.  minor, 
L.  Gibba,  L.  pol'jrrhi:a.  e'.   L.  arrhiza. 


174 

Introduction  de  poissons          Certains  poissons,  ordinairement  de  petite 

culiphages.  taille,  son  très  utiles  en  réduisant  le  nom- 

bre des  larves  et  conséquemment  aussi  le 
nombre  des  moustiques  ;  ils  diminuent  ainsi  les  chances  de  trans- 
mission à  l'homme  des  maladies  communiquées  par  ces  insectes. 

Il  est  donc  à  conseiller,  dans  certains  cas,  lorsque,  par  exemple, 
il  est  impossible  de  traiter  les  milieux  de  développement  des  larves 
d'Anophèles  par  les  substances  larvicides  ou  par  le  drainage,  d'y 
introduire  des  poissons  culiphages. 

Mais  tous  les  réservoirs  où  les  larves  de  moustiques  se  développent 
ne  sont  pas  toujours  habitables  pour  les  poissons  ;  ils  sont  souvent 
trop  petits  ou  peu  accessibles.  Avant  donc  d'introduire  ces  derniers, 
il  faut  vérifier  si  le  milieu  leur  convient.  (*) 

Dans  le  choix  des  poissons  susceptibles  d'être  placés  dans  les 
eaux  où  les  larves  se  développent,  l'on  sélectionnera  surtout  les 
espèces  qui,  par  leur  nature,  sont  spécialenient  adaptées  à  ces  milieux. 
Certaines  formes  seront  principalement  utiles  dans  les  petites  pièces 
d'eau  artificielles  et  les  réservoirs  ;  d'autres  conviendront  mieux  pour 
les  fossés,  les  mares  vaseuses  et  les  bords  enherbés  des  rivières  et 
des  lacs.  Certains  poissons  vivent  dans  l'eau  douce,  d'autres  dans 
l'eau  saumâtre  ou  salée,  et  quelques-uns  sont  capables  de  s'adapter 
également  aux  divers  milieux.  On  donnera  la  préférence,  pour  l'intro- 
duction, aux  espèces  indigènes  ou  à  celles  acclimatées  dans  la  région  ; 
aux  espèces  qui  se  multiplient  rapidement,  supportent  bien  les  condi- 
tions les  plus  variées  et  ont,  par  conséquent,  une  distribution  étendue, 
et  surtout  aux  espèces  qui  recherchent  naturellement  leur  nourriture, 
en  des  localités  où  les  larves  abondent  et  qui  la  prennent  à  la  surface, 
où  elles  trouvent  les  œufs,  larves  et  pupes  des  Anophcles  et  Culex. 

Introduction   des    «  Mil=          En  fait,  les  poissons  ayant  fait  leurs  preu- 
**'*°^  ^^'  vos,  comme  destructeurs  de  larves  de  mous- 

tiques, sont  encore  peu  nombreux.  Le  plus 
connu  de  ces  poissons  est  le  «  Millions  »,  qui  a  pour  habitat  naturel 
les  eaux  douces  et  saumâlres  du  Venezuela,  de  la  Guyane,  de  Trinidad 
et  des  petites  Antilles  (Sainte-Lucie,  Saint-Vincent,  la  Barbade,  la 
Grenade,  etc  )  (*'^).  Son  nom  scientifique  e\a}Ci  est  Ijcbistes  rcticulatus, 
mais  cette  espèce  a  été  également  décrite  sous  les  noms  de  Girardinus 
poeciloides  (Barbade),  Girardinus  guppyi  (Trinidad),  et  Poecilia  reti- 
culata  (Venezuela).  Les  femelles  de  «Millions»  sont  vivipares;  les 
mâles  sont  plus  petits  que  les  femelles  et  possèdent  des  niarques 
ornementales,  alors  que  les  femelles  ont  une  coloration  uniforme. 
Les  «  Millions  »  sont  très  prolifiques  et  leurs  portées  se  succèdent 
à  des  intervalles  de  quelques  semaines. 

D'après  les  notes  de  M.   le  Dr  NichoUs  (156),   le  «  Millions  »  est 

(*)  M.  Me  Donald  M'.  M.  (134)  a  observé  à  Antigoa  (Antilles)  que,  malgré 
l'abondance  des  petits  poissoas  dans  les  eaux  libres  de  certaines  mares,  les  larve®  d^e 
moustiques  pullulaient  dans  les  herbes  et  la  végétation  qui  encombraient  les  bords. 
Il  en  conclut  que  ces  derniers  doivent  être  tenus  propres  pour  que  les  petits  poissoms 
puissent  remplir  leur  rôle  culiphage. 

(**)  Le  nom  vulgaire  do  ces  poissons  "  Millioins  »  a  sans  doute  pour  originaire  leur 
phénoménale  abondance  dans  les  eaux  qu'ils  fréquentent. 


175 

excellent  pour  les  grands  tonneaux  et  réservoirs  d'eau  de  pluie,  et 
il  n'a  aucune  action  nuisible  sur  leur  contenu.  L'eau  d'un  réservoir 
d'une  capacité  de  5,000  gallons,  dans  laquelle  un  cerlain  nombre 
de  ces  poissons  avait  vécu  pendant  un  mois,  fut  trouvée,  à  l'analyse, 
suffisamment  pure  pour  être  utilisée  comme  boisson. 

M.  Nicholls  a  fait,  à  Sainte-Lucie  (Antilles),  des  expériences  inté- 
ressantes sur  l'adaptation  des  «  Millions  »  à  divers  milieux  et  sur 
leur  pouvoir  de  destruction  des  larves.  En  voici  un  résumé  : 

1)  —  Une  vingtaine  environ  de  poissons  péchés  dans  les  marais 
de  Gros  Islet  furent  introduits  dans  deux  vieux  tonneaux  remplis 
d'eau.  Dans  ces  tonneaux,  M.  Nicholls  éleva,  avec  succès,  plusieurs 
milliers  de  petits  «Millions»  qui  furent,  dans  la  suite,  distribués 
en  divers  endroits  ; 

2)  —  Au  commencement,  ces  poissons  ne  pouvaient  rester  en  vie 
dans  des  réservoirs  en  fer.  Toutefois,  en  mélangeant  un  peu  d'eau 
provenant  de  réservoirs  rouilles,  avec  une  grande  quantité  d'eau  de 
pluie  et  en  augmentant  graduellement  dans  la  suite  le  pourcentage 
d'eau  rouillée,  M.  Nicholls  obtint  des  «  Millions  »  qui  s'acclimatèrent 
et  se  multiplièrent  très  bien  dans  des  réservoirs  en  fer  ; 

3)  —  De  la  même  façon,  l'expérimentateur  réussit  à  accoutumer 
ces  poissons  à  l'obscurité  ; 

4)  —  En  ajoutant  graduellement  de  l'eau  provenant  de  marais 
saumâtres,  les  «  Millions  »  s'adaptent  également  à  ce  nouveau  milieu  ; 

5)  —  M.  Nicholls  eut  très  difficile  à  maintenir  en  vie  et  à  multiplier 
ces  poissons  dans  de  l'eau  à  une  température  de  38°  G.  et  plus. 
Il  y  réussit  en  changeant  continuellement  l'eau,  en  ajoutant  de  la 
nourriture  fraîche  et  en  exposant,  chaque  jour,  aux  rayons  du  soleil. 
Il  eut  également  des  difficultés  avec  les  températures  basses,  mais 
l'expérience  a  prouvé,  d'une  façon  concluante,  que  les  «  Millions  » 
peuvent  être  graduellement  accoutumés  à  des  variations  thermomé- 
triques allant  de  38°6  à  12°75  G.  Il  est,  de  plus,  fort  possible  que 
ces  poissons  puissent  résister  à  des  températures  encore  plus  élevées 
ou  plus  basses,  si  celles-ci  sont  amenées  d'une  façon  graduelle  et  en 
y  mettant  le  temps  voulu  ; 

6)  —  N.  Nicholls  plaça  six  «  Millions  »  dans  un  récipient  à  pétrole 
rempli  d'eau  et  contenant  de  nombreuses  larves  do  moustiques  ; 
le  jour  suivant,  ces  larves  étaient  toutes  dévorées.  Il  ne  changea  pas 
l'eau  ;  au  bout  de  trois  semaines,  il  y  avait  25  poissons.  Peu  après, 
certains  d'entre  eux  moururent.  Us  avaient  ainsi  vécu  et  s'étaient 
multipliés  dans  deux  ou  trois  gallons  d'eau  non  renouvelée  et 
stagnante  ; 

7)  - —  Il  est  très  difficile  de  donner  dos  chiffres  exacts  quant  au 
pouvoir  destructeur  des  «  Millions  »,  car  les  poissons,  ainsi  que  les 
larves  de  moustiques,  varient  grandement  de  taille.  Ce  pouvoir  est 
toutefois  énorme,  M.  Nicholls  ayant  constaté  que  deux  ou  trois 
«  Millions  »   peuvent   rapidement    détruire    toutes    les     larves    d'un 


176 

réservoir  contenant  10,000  gallons  d'eau,  et  tenir  dans  la  suite,  cette 
eau  complètement  exempte  de  vies  animales.  (*) 

Les  «  Millions  »  ont  été  expédiés  de  la  Barbade  dans  les  autres  îles 
des  Antilles,  ainsi  qu'à  Guayaquii  (Equateur),  en  Guyane  anglaise, 
à  la  Jamaïque,  à  Bolivar  (Venezuela),  etc.,  en  vue  d'y  réduire  le 
nombre  de  moustiques.  Plusieurs  envois  de  ces  poissons  ont  été 
également  faits  en  Afrique  du  Sud,  à  l'initiative  de  la  «  South  African 
Anti-Malarial  Association  ».  Deux  lots  reçus  successivement  à  la 
«  Transvaal  Trout  Acciimatisation's  Hatcheries  »,  à  Potchefstroom, 
et  à  la  «  Pongola  Rubber  Estate  Co  »,  au  Zoulouland,  n'ont  malheu- 
reusement pas  réussi,  mais,  par  contre,  un  lot  expédié  aux  établisse- 
ments de  pisciculture  de  Stellenbosch  s'est  bien  développé,  et  les 
résultats  obtenus  font  espérer  que  ces  poissons  pourront  s'acclimater 
en  Afrique  du  Sud  et  être  introduits,  prochainement,  dans  les  cours 
d'eau  des  régions  malariées. 

On  a  également  essayé  d'introduire  les  «  Millions  »  à  la  Côte  occi- 
dentale d'Afrique,  mais  malheureusement  les  sujets  sont  morts  en 
route.  Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue,  toutefois,  que  ces  poissons  vivent 
dans  dos  îles  où  la  faune  aquatique  est  limitée  et  qu'ils  auront  bien 
plus  difficile  à  se  maintenir  dans  les  eaux  africaines,  riches  en 
espèces  ichtyophages,  et  où  la  lutte  pour  l'existence  est,  par  consé- 
quent, plus  âpre  que  dans  leur  contrée  d'origine.  Du  reste,  comme 
nous  le  verrons  plus  loin,  il  ne  manque  pas  de  petits  poissons  africains 
et  même  congolais  qui  font  leur  proie  des  larves  de  moustiques.  (**) 

Les  Top=Minnows.  Les  Top-Minnows  sont  d'autres  petits  pois- 

sons très  recommandables  pour  la  lutte 
contre  les  moustiques.  Ils  sont  vivipares  et  habitent  le  Mississipi  et 
les  eaux  fraîches  et  saumàtres  de  la  Floride  et  du  Texas.  Leur  nom 
scientifiqueest  Gambvsia  aHinis  et  ils  appartiennent  à  la  famille 
des  Poeciliidae  (voir  fig.  96).  Ils  supportent  très  bien  la  captivité, 
sont  actifs,  se  nourrissent  à  la  surface  et  recherchent  leurs  aliments 
parmi  la  végétation  et  les  débris,  le  long  des  berges  des  cours  d'eau 
et  étangs  qu'ils  habitent.  Ils  sont  très  petits  et  peuvent,  par  consé- 
quent, pénétrer  dans  les  eaux  très  peu  profondes,  très  près  des  rives 
ou  des  sources,  en  des  endroits  inaccessibles  aux  poissons  de  plus 

(»)  D'après  M.  H.  A.  Ballou  M.  Se,  entomologiste  du  Département  impérial 
d'Agriculture  pour  les  Indes  occidentales  anglaises,  les  Millions  bien  nourris  ne  sont 
pas  voraces,  mais  lorsqu'il  sont  depuis  plusieurs  jours  à  jeun,  ils  deviennent  d'une 
grande  avidité.  Un  très  petit  poisson  peut  attaquer  une  grande  larve  de  moustique 
complètement  développée  et  finir  par  la  capturer  après  de  multiples  efforts.  Même 
lorsqu'ils  sont  gorgés  jusqu'à  distension,  les  Millions  affamés  continuent  à  faire  de.s 
efforts  frénétiques  pour  capturer  les  larves,  jusqu'à  ce  qu'ils  ne  soient  plus  capables 
d'avaler  leur  dernière  proie. 

La  femelle  de  Millions  complètement  développée,  mesure  de  35  à  40  millimètres  de 
longueur  ;  le  m.âle  est  beaucoup  plus  petit. 

(**)  Le  Département  impérial  d'agriculture  pour  les  Indes  occidentales  anglaises 
a  publié,  en  1908-09,  plusieurs  brochures  intéressantes  sur  les  Millions  et  leur  utili- 
sation pour  la  destruction  des  larves  de  moustiques.  Deux  d'entre  elles  ont  été  rédi- 
gées par  M.  H.  A.  Ballou  M.  Se.,  le  savant  entomologiste  du  département.  En.  voici 
les  titres  :  Milliotis  and  Mosquitos,  by  H.  A.  Ballou  M.  Se,  16  p..  Impérial  Départe- 
ment of  Agriculture  for  the  West-Indies,  Pamphlet,  série  55,  1908  ;  Millions  and  Mas- 
quitos,  by  H.  A.  Ballou  M.  Se,  10  p.,  4  fig.  Rep.  from  West-Indian  Bulletin,  vol.  IX, 
n.  4,  p.  182-90,  1909  ;  Transportation  of  Millions,  by  Fr.  Watts,  3  p.,  1  fig.,  Imp.  Dpt. 
of  Agric.  for  the  West-Indies. 


177 


grande,  taille.  ComiTio  nous  l'avons  dit,  ils  sont  vivipares,  et  au 
moment  de  la  naissance,  les  jeunes  sont  donc  suffisamment  développés 
pour  échapper  à  la  plupart  des  dangers  encourus  par  les  alevins 
de  poissons  ovipares.  Leur  faculté  de  s'adapter  à  des  conditions  très 
variées,  de  pénétrer  en  des  endroits  hors  d'atteinte  des  autres  poissons 


Fig.  96.  —  Gambusia  affinis,  ou  Top-Minnows.  —  Mâle  à  gauche, 
femella  à  droite.  —  Grandeur  naturelle.  —  Poissons  culiphages  nord-amé- 
ricains, recommandables  pour  l'introduction  dans  les  eaux  infestées  par 
les  larves  de  moustiques.  (Cliché  RadclilTej. 


et  leurs  mœurs  générales,  font  des  Top-Alinnows  une  des  meilleures 
espèces  de  poissons  à  introduire  dans  les  eaux  infestées  par  les  larves 
de  moustiques    :  Anophèles,  Culcx,  etc. 

Les  essais  d'introduction  de  Gambusia  aHinis  aux  îles  Hawaii,  faits 
en  1905,  ont  parfaitement  réussi.  Plusieurs  centaines  de  milliers  de 
poissons  ont  été  élevés  et  distribués  dans  les  étangs  et  mares  de 
l'archipel.  Ils  ont  débarrassé  l'eau  des  larves  de  moustiques  et  des 
masses  d'œufs  de  Culex  pipiens  flottant  à  la  surface. 

D'après  M.  A  Seale  (182),  en  1915,  M  de  ces  poissons  acclimatés 
ont  été  envoyés  d'Honolulu  aux  îles  Philippines.  II  y  en  avait,  en  1918, 
plusieurs  milliers  dans  les  cours  d'eau  et  marais  de  ces  îles.  Le 
Gambusia  uHinis  se  maintient  dans  les  étangs,  malgré  la  présence 
d'espèces  voraces,  telles  que  Microptcvus  salmonoides  et  les  poissons 
indigènes  Opliiocephalus  strialus  et  Therapon  argenteus.  Il  n'y  a  pas 
de  doute,  ajoute  M.  A.  Seale,  que,  dans  quelques  années,  ils  auront 
réduit  le  nombre  de  moustiques  et  qu'ils  contribueront  pour  beaucoup 
à  éliminer  la  malaria  des  îles  Philippines. 

A  Rio  de  Janeiro  (Brésil),  une  espèce  de  Top-Minnow  a  également 
été  utilisée  par  le  Service  Public  de  Santé  et  a  été  placée  dans  les 
tanks  et  autres  réservoirs,  là  où  l'emploi  du  pétrole  était  impos- 
sible. (*) 

(*)  M.  S.  F.  Hild^brand  (99)  dans  le  n.  21  des  Public  Health  Reports  (U.S.A.). 
(23  mai  1919)  publie  certaines  observations  sur  la  valeur  des  poissons  culiphages  et 
spécialement  du  Top-minnow,  Gambusia  affinis.  Partout,  où  ce  poisson  a  été  intro- 
duit, les  larves  ont  été  exterminées  en  un  laps  de  temps  très  court,  sauf  dans  le  cas 
où  un  abri  suffisant  leur  était  fourni  par  les  feuilles  ou  tiges  des  plantes  submergées. 

Le  nombre  de  poissons  requis  pour  éliminer  les  larves  d'une  pièce  d'eau  est  plus 
petit  lorsque  cett^e  pièce  d'eau  est  libre  de  végétation  aquatique  et  autres  abris. 

Les  plantes  qui  offrent  la  protection  la  plus  efficace  aux  larves,  et  qui,  par  consé- 
quent, doivent  être  enlevées,  sont  une  graminée  aquatique  Hydrochloa  caroliniensis, 
une  espèce  de  Myriophyllum  et  des  algues. 


178 


Autres   poissons  culipha= 
ges  américains. 


En  juillet  1915,  le  Bureau  of  Fisheries 
du  Département  du  Commerce  des  Etats- 
Unis,  a  publié  un  étude  très  intéressante 
de  M.  Lewis  Radcliffe,  scientiîic  Assistant  (166),  sur  les  poissons  qui 
détruisent  les  larves  des  moustiques.  M.  Radcliffe  y  donne  une  liste 
avec  description,  des  principales  espèces  de  poissons  qu'il  serait 
possible  d'introduire  dans  les  eaux  américaines  infestées  par  les  œufs, 
larves  et  pupes  des  moustiques.  Certaines  d'entre  elles  ont  déjà  fait 
leurs  preuves  ;  d'autres  sont  proposées,  parce  que  leurs  mœurs  géné- 
rales sont  semblables  à  celles  d'espèces  reconnues  utiles. 

L'auteur  cite  notamment,  parmi  les  poissons  habitant  les  eaux 
douces,  diverses  espèces  de  Fundulus  (voir  fig.  97),  (F.'  diaphanus, 
F.  dispar,,  F.  notatus,  F.  chriisotu.'^,  F.  nothi),  le  Gambusia  aHinis 


Fig.    97.  —  Fundulus    diaphanus.  —    Femelle.  —  Poisson    culiphage 
nord-américain.  —  Grandeur  naturelle.   (Cliché  Radcliffe.) 

(Top-Minnow),  VUclcrandria  lormosa,  le  Mollienisia  latipinna,  les 
Enneacanthus  obesus  et  gloriosus,  le  Mesogonistius  chaetodon,  le 
Cenlrarchus  macropterus,  les  Lepomis  cyanellus  et  gibbosus,  VElas- 
soma    zonatum,      le     Nolemigonus      crysolcucas,      le      Labidesthes 


^  ,-«î^^^*. 

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Fig.  98.  -  Carassius  auralus.  —  Le  poisson  rouge  ou  poisson  doré 
ordinaire.  —  Excellent  pour  détruire  les  larves  de  moustiques.  S'acclimate 
et  se  propage  partout  avec  facilité. 


sicculus  et  le  Carubsius  auralus.  Ce  dernier  (voir  fig.  98)  —  le  poisson 
rouge  ou  poisson  doré  ordinaire  —  est  extrènu>ment  recommandable, 
à  cause  de  la  facilité  avec  laquelle  il  détruit  \q<  larves  de  moustiques 
dans  les  fontaines,  les  petits  bassins  artificiel?  qui   ne  sont  pas  trop 


179 

encombrés  par  la  végélalion,  les  réservoirs  et  même  les  citernes  (*). 
Comme  poissons  d'eau  saumàtre  ou  salée,  la  liste  comprend  égale- 
ment divers  Fundulus  (F.  maialis,  F.  helerorliivs,  F.  fiimilis),  deux 
Lucania  (L.  parva  et    L.  venustaj  et  Cyprinodon  varicgafus  (**). 
Procédés  de  conservation  Dans  la  brochure  précitée,  M.  L.  Radclifîe 

et    de    transport    des      /^ggx  ^^ji^^,  également  d'utiles  indications 
poissons  culiphages.  ^       <  •,!  i..       i» 

sur  les  meilleurs  procèdes  a  adopter  pour 

la  conservation  en  vie,  le  transport  et  l'introduction  dans  les  réser- 
voirs, des  petits  poissons  culiphages. 

Les  poissons  seront  facilement  péchés,  à  l'aide  de  petits  filets  ou  de 
sennes  à  mailles  serrées.  On  les  introduira  ensuite  dans  des  bidons 
à  lait,  remplis  d'eau,  d'une  capacité  de  dix  gallons  (46  litres),  en 
prenant  tous  les  soins  possibles  pour  éviter  de  les  endommager. 
Un  récipient  de  cette  capacité  peut  facilement  contenir  200  poissons 
de  moins  de  12.5  cm.  de  longueur,  ou  100  de  12.5  à  20  centimètres. 
La  cargaison  sera  expédiée  aussitôt  que  possible  et  sera  accompagnée 
par  un  surveillant,  chargé  de  veiller  à  ce  que  l'eau  reste  de  tempé- 
rature uniforme  et  à  ce  qu'elle  soit  bien  aérée  et  changée  aussi 
souvent  que  nécessaire,  pour  tenir  les  poissons  en  vie  et  dans  de 
bonnes  conditions.  Dans  les  régions  tempérées,  il  vaut  mieux  choisir, 
pour  le  transport,  le  printemps  ou  l'automne  que  le  milieu  de  l'été. 
Le  messager  sera  muni  d'un  thermomètre,  d'un  puisoir,  d'un  seau 
de  fer  d'une  capacité  de  quatre  à  cinq  gallons  (18  à  22.5  litres), 
d'un  tuyau  de  2  cm.  de  diamètre  et  d'une  longueur  de  1.25  m.  à 
1.50  m.,  devant  servir  comme  siphon,  et  d'une  certaine  quantité 
de  glace,  si  l'on  craint  des  températures  élevées  pendant  le  voyage. 
L'eau  peut  être  aérée  en  en  prenant  une  petite  quantité  à  la  fois  dans 
le  récipient  contenant  les  poissons,  et  en  la  laissant  reloniber  d'une 
hauteur  de  60  cm.,  ce  qui  entraîne  de  l'air  jusqu'au  fond  du  bidon. 
On  peut  encore  siphoner  une  partie  de  l'eau  dans  le  seau  et  l'aérer 
complètement,  de  la  façon  indiquée,  avant  de  la  reverser  dans 
le  bidon.  Si  la  température  de  l'eau  est  trop  élevée,  elle  peut  être 
abaissée  en  ajoutant  de  la  glace  à  l'eau  siphonée  dans  le  seau,  et 
en  la  ramenant  ainsi  à  la  température  normale. 

Le  nombre  de  poissons  à  introduire  dépend  de  la  superficie  de 
l'agglomération  d'eau  à  traiter.  En  tout  cas.  il  vaut  mieux  en  mettre 
trop  que  trop   peu.   Dans   un  petit  étang  ou   lac,    il   faudra  mettre, 

(*)  D'après  M.  k  D'  G.  A.  Boulenger,  F.R.S.,  conservateur  au  British  Muséum, 
il  résulte  de  toutes  les  expériences  faites,  que  c'est  le  poisson  doré  ou  poisson  rouge 
ordinaire, qui  est  Le  plus  recommandable  pour  la  destruction  des  larves  de  moustiques. 

(**)  D'après  M.  C.  H.  Kennedy  (105),  un  petit  minnow  :  Cyprinodon  maciilarius, 
abondant  dans  les  étangs  peu  profonds  et  les  fossés  de  Californie,  peut  être  utile 
comme  culiphage,  car  il  se  nourrit  de  petits  insectes  aquatiques  et  de  larves  de  Dip- 
tères, spécialement  de  larves  de  Chironomides.  Des  minnows  d'autres  espèces  ont  été 
introduits,  avec  grand  succès,  aux  îles  Hawaii,  en  vue  de  combattre  la  propagation 
des  moustiques. 

Suivant  M.  W.  C.  Loftin,  les  ennemis  les  plus  actifs  des  larves  de  moustiques  en 
Floride  sont  les  minnows  Gambusia  affinis  et  Chaenobryttus  grtlosus. 

Enfin,  d'après  M.  F.  E.  Chidesder  (36),  l'ennemi  le  plus  vorace  des  larves  de 
moustiques  dans  les  eaux  saumâtres  ou  salées,  est  l'espèce  américaine  Fundulus  heie- 
roclitus.  C-e  poisson  dévore  malheureusement  des  larve.s  de  Dytiques  (Dysticus)  et  les 
punaises  d'eau  (Notonecta),  qui  sont  elles-mêmes  de  grands  destructevrs  de  larves  de 
moustiques,  mais  le  nombre  de  ces  insectes  ainsi  détruits  est  négligeable.  Ce  Fun- 
duhis  émigré  en  vastes  hordes  de  l'océan  dans  les  eaux  saumâtres  et  même  dans  le« 
eaux  pre,?que  douces.  Les  œufs  peuvent  être  artificiellement  fécondés  et  les  jeunes 
embryons  sont  remarquablement  vigoureux,  ce  qui  facilite  beaucoup  leur  introduction 
dans  les  cours  d'eau  et  les  marais. 


180 

au  niininuini.   une  centaine  de  petits  poissons  pour  obtenir  un  bon 
résultat. 


Poissons    culiphages    in=  D'après  M.  H.  C.  Wilson  (212),  les  espèces 

diens  et  malais.  suivantes  de  poissons  indiens  font  leur  proie 

des  larves  de  moustiques.  Toutes  les  espèces 
de  Chela,  spécialement  les  plus  petites  ;  toutes  les  espèces  de  Rasbora  ; 
les  petites  espèces  de  Bariliits  ;  toutes  les  espèces  d'Haplochilus  et 
les  petites  espèces  de  Barbus  (convenant  toutes  pour  les  réservoirs, 
grands  étangs  et  marais).  Pour  les  rizières,  les  puits  et  les  petits 
étangs,  toutes  les  espèces  de  Chela,  Uaplochihs  et  Polyacanthus, 
ainsi  que  le  Therapon  iarbua,  sont  à  conseiller. 

M.  W.  R.  Mac  Donald  recommande  également,  parmi  les 
poissons  indigènes  de  la  région  de  Madras  :  trois  espèces  d'Haplo- 
chilus  très  voraces,  des  Chela,  Rasbora  daniconius  et  Therapon 
iarbua.  Cette  dernière  espèce  n'est  pas  très  répandue,  mais  elle  est 
très  utile.  Une  expérience  de  peuplement  des  nombreux  puits  et 
réservoirs  servant  à  l'irrigation,  faite  conjointement  au  pétrolage 
et  à  l'enlèvement  des  mauvaises  herbes,  a  donne  de  bons  résultats.  (*) 

Enfin,  en  ce  qui  concerne  la  Malaisie,  notons  que  N.-H.  Swellen- 
grebel  et  J.  M.  H.  Swellengrebel-de  Graaî  (198)  ont  signalé  récemment 
dans  le  Joum.  ol  Trop.  Med.  and  Hyg.,  de  Londres  (1"  avril  1920), 
que  dans  l'archipel  malais  existent  plusieurs  espèces  de  petits  pois- 
sons culiphages,  notamment  VHaplochilus  panchnx  et,  en  moindre 
abondance,   YOphiocephnles  striatus  et  le  Dangila  atvieri. 

Ces  petits  poissons  sont  peu  utiles  dans  les  eaux  salées  ;  par 
contre,  dans  les  eaux  douces  et  surtout  dans  les  rizières,  ils  peuvent 
rendre  des  services.  (**)  (***). 

(*)  Le  col.  H.  Hendley  (87)  dans  son  rapport  sur  la  malaria  au  Punjab  durant 
l'année  1916,  signale  cependant  qu'à  Katas,  dans  la,  citerne  sacrée,  les  larves  de 
moustiques  abondaient  à  côté  d'innombrables  poissons  (Cirhina  latia  et  Barbus  terio) 
qui,  surtout  lorsqu'ils  sont  jeunes,  sont  culiphages.  Une  constatation  analogue  fut 
faite  dans  les  bassins  des  jardins  de  Shalamar,  à  Lahore,  où  des  poissons  culiphages 
avaient  été  artificiellement  introduits.  Dans  ces  mêmes  bassins,  des  canards  n'em- 
pêchèrent  nullement  la  multiplication  des  larves  d' Anophèles. 

D'après  M.  T.  Southwell  (Ann.  Trop.  Med.  and  Parasii.,  Liverpool,  nov.  1920), 
les  plus  importants  poissons  culiphages  des  eaux  douces  des  Indes,  sont  les  Haplo- 
chilus  panchax,  H.  melastigma  et  H.  lineolattis.  I!  y  a  également  de  nombreuses 
espèces  de  moindre  importance,  tels  que:  les  Amhassis  nama,  A.  ranga,  Badis  badis. 
Barbus   sp.,  Anabas    scandens,   etc. 

(**)  M.  A.  Peryassu,  dans  Saûde  (Rio-de- Janeiro)  de  mars-avril  1919,  cite  comme 
ennemis  naturels  des  larves  de  moustiques,  un  certain  nombre  de  poissons  brésiliens, 
tels  que  les  Girardinus  caiidimaculatus,  Poecilia  vopora,  Glaridodon  januarius  et 
Jenynosia  Hneata. 

(*'*)  M.  E.E.  Austen  (7),  signale  parmi  les  mesures  prises  contre  les  moustiques 
en  Palestine,  au  cours  des  campagnes  de  1917-18,  l'introduction  d'un  poisson  culi- 
phage  (Tilapia  nilotica). 

M.  A.  W.  J.  Pomeroy  (164),  parlant  de  la  prophylaxie  de  la  malaria  en  1918-19  à 
Dar-es-Salam  (Afrique  orientale),  écrit  qu'au  point  de  vue  pratique,  les  poissons 
culiphages  qui  conviennent  le  mieux  sont  les  Top-minnows,  ainsi  que  les  Tilapia 
nilotica,  T.  ovaia,  T.  natalensis,  T.  mossambica,  Electris  fusca,  Gobius  guvius,  Fun- 
duliis  guentheri,  Ambassis  commersoni  et  Mugil  macrolepis.  Six  poissons  suffisaient 
pour  un  réservoir  fortement  infesté,  d'une  capacité  moyenne  de  200  pieds  cubes. 

Enfin,  d'après  la  Revue  Horticole  de  l'Algérie  (janv.-févr.  1920),  (221),  les  pois- 
sons ornementaux  culiphages  qui  conviennent  !e  mieux  pour  les  aquariums  et  pièces 
d'eau  en  Algérie,  sont  le  Cyprinodon  iberus  et  diverses  espèces  de  Chromis,  Hemichro- 
rnis  et  spécialement  de  Macropodus.  Le  Macropodus  paradisi  s'élève  facilement  en 
captivité.  Les  adultes  sont  nourris  de  viande  finement  hachée  et  les  allevins  d'infu- 
soires  oui  se  développent  sur  des  laitues  mises  dans  un  sac  de  mousseline  et  plongées 
dans  l'eau. 


181 

Poissons  culiphages  afri=  Avant  toutefois  de  tenter  d'introduire  el 

'^^'"*'  d'acclimater  dans  les  eaux  congolaises,  les 

petits  poissons  culiphages  de  l'Amérique, 
des  Indes  ou  d'autres  contrées,  il  faut  que  des  recherches  sérieuses 
soient  faites  au  sujet  des  espèces  culiphages  africaines  et  surtout 
indigènes  au  Congo  belge.  M.  le  Dr  G.  A.  Boulengcr,  F.  R.  S.,  conser- 
vateur au  British  Muséum,  qui  a  décrit  une  bonne  partie  des  espèces 
africaines  de  poissons  d'eau  douce,  et  notamment  la  majorité  des 
espèces  congolaises  nouvelles,  a  bien  voulu  nous  signaler  qu'il  existe 
de  nombreuses  formes  africaines  de  petits  Cyprinodontes,  proches 
parents  des  Girardinus  (Millions),  et  qui  ont,  sans  doute,  des  mœurs 
similaires. 

Dans  son  important  Catalogue  ol  ihe  Fresh  Waler  Fishes  ol  AIrica, 
Vol.  III,  M.  le  Dr  G. -A.  Boulenger  (21)  a  décrit  un  grand  nombre 
de  petits  poissons  africains  de  la  famille  des  Cyprinodontidae,  appar- 
tenant aux  genres  Cyprinodon,  Tcllia,  Fundulus,  Haplochilus,  Pro- 
catopus  et  Lamprichlhys. 

Les  genres  Cijprinodon  et  Tellia  ne  se  rencontrent  qu'en  Afrique 
du  Nord.  Par  contre,  dix-huit  espèces  de  petits  poissons  du  genre 
Fundulus  vivent  dans  les  eaux  douces  et  saumâtres  de  l'Afrique 
centrale  et  méridionale,  quoiqu'aucune  n'ait  encore  été  signalée  au 
Congo  belge.  Une  des  espèces  les  plus  intéressantes,  est  Fundulus 
gardneri  Blgr..  récoltée  dans  le  Bas-Niger  et  dont  nous  représentons 
les  deux  sexes,  fig.  95. 

C'est  le  genre  Haplochilus  qui  compte  les  petites  espèces  africaines 
de  poissons,  les  plus  intéressantes  à  notre  point  de  vue,  car  elles  font 
toutes,  probablement,  leur  nourriture  des  larves  de  moustiques. 
On  connaît  actuellement,  en  Afrique,  42  espèces  d' Haplochilus, 
dont  les  18  suivantes  ont  été  signalées  au  Congo  belge  : 


llaplochilns  pumilus  (55  mm.  .—Lacs  Tanganyika  et  Victoria  (voir  fig.  95U 

H.  Christyi  (50  mm.]. — Rivière  Lindi; 

//.  Ferranti  (50  mm.).— Kasai; 

//.  cnmeronensis  (55  mm.).— Gabon,  Bas-Congo; 

H.  Luiae  (45  mm.)— Kasai  (voir  fig.  95); 

H.  sexfasciatus  (100  mm.)— De  Libéria  au  Congo; 

//.  Decorsii  (40  mm.).— Ubanghi: 

H.  elegans  (40  mm.). — Haut-Congo; 

//.  striatus  (40  mm.). —  Ogowe  et  Congo  portugais; 

H.  spilauchen  (70  mm.).— Bas-Congo; 

H.  Hutereaui  (35  mm.).— Uele-Haut-Congo-Lac  Moéro  (voir  fig.  95); 

H.  moeruensis  (34  mm.). — Lac  Moéro; 

//.  Kntangae   (25  mm.).— Katanga   (R.   Lubumbashi   près   d'Elisabethville' 

(voir  fig.  95); 
//.  macrostigma  (55  mm.).— Embouchure  du  Congo  (Borna); 
H.  nigricans  (47  mm.).— Uele  (Dungu)-Haut-Congo; 
//.  miiltilascialus  (45  mm.).— Kasai  (Kondue)  (voir  fig.  95); 
H.  Chevalieri  (48  mm.).— Stanley-Pool; 
//.  singa  (45  mm.)— Borna.— R.  Lindi. 


182 


Les  genres  Procalopus  et  Lam'pnchlhys  ne  comptent  respectivement 
chacun   qu'une   espèce  :   Pro(  atopus   nototaenia  du   Cameroun   et  du 


Fig.  99.  —  Lampnchthys  tanganicanus.  —  Poisson  culiphage  de  la 
famille  des  Cyprinodontides  (135  mm.  de  longueur).  —  Récolté  à  Mpala, 
siir  le  lac  Tanganyika. 

Bas-Niger,  et  Lamprichthys  tanganicanus  (135  mm.),  récolté  dans 
le  Lac  Tanganyika  (voir  fig,  99). 

La  mission  américaine  Lang-Chapin  (*),  rentrée  en  1917  aux 
Etats-Unis,  après  un  séjour  de  près  de  six  années  dans  notre  Colonie, 
a  également  récolté  cinq  formes  d'Haplochilus  congolais,  dont  une 
espèce  nouvelle  :  Haplochilus  platysternus  (Î2Û  à  55  mm.),  pêchée 
à  Stanleyville,  dans  de  petits  ruisseaux  forestiers  se  déversant  dans 
la  Tshopo.  Les  quatre  autres  espèces  étaient  déjà  connues.  Ce  sont  : 
H.  elegans  (Stanleyville,  Farad  je  et  Medje)  ;  H.  spilauchen  (Zambi, 
dans  les  marais  herbeux  bordant  le  fleuve)  ;  H.  multilasciatus 
(Stanleyville,  pools  d'une  rivière  forestière,  affluent  de  la  Tshopo) 
et  H.  singa  ^Stanleyville). 

En  Afrique  occidentale  (Yaba,  près  de  Lagos),  le  Dr  W.  M.  Gra- 
ham  (78)  a  noté  l'absence  complète  de  larves  de  moustiques  dans 
des  mares  qui  convenaient  très  bien  à  leur  développement,  mais  qui 
contenaient  de  nombreux  petits  poissons  de  l'espèce  Haplochilus 
Grahami.  Ces  petits  poissons,  d'environ  50  mm.  de  longueur,  sont 
très  agiles,  vivent  dans  des  mares  de  quelques  mètres  carrés  d'éten- 
due et  dévorent  voracement  les  larves  de  moustiques.  Ils  possèdent 
la  faculté  de  sauter  à  une  distance  d'un  ou  deux  pieds  et  de  passer 
ainsi  d'une  mare  à  l'autre.  Ainsi  chaque  flaque  d'eau,  en  marais  ou 
terrains  inondés,  peut  être  visitée  par  les  Haplochilus  Grahami  et 
débarrassée  des  larves.  Des  expériences  ont  prouvé  à  M.  Graham 
que  si  ces  poissons  sont  placés,  au  nombre  d'une  douzaine,  dans 
un  récipient  contenant  une  centaine  de  larves  de  moustiques,  celles-ci 
disparaissent  en  une  heure.  Les  pupes,  par  contre,  n'ont  pas  été 
attaquées,  probablement  parce  que  ces  poissons  ne  sont  pas  accou- 
tumés à  les  voir,  les  larves  qui  habitent  les  mêmes  eaux  qu'eux, 
ne  parvenant,  sans  doute,  jamais  à  ce  stade  de  développement. 

(«)  Fresh-water  Fishes  of  the  Congo  Basin  ohtained  by  the  American  Muséum 
Congo  Expédition,  1900-1915,  by  J.  Treadwell  Nichols  and  Ludlow  Griscom.  —  Bu!I. 
of  the  Americ.  Mus.  of     N.H.,   Vol.  XXXVII,  Art.  XXV.  pp.  653-756,  26  nov.  1917. 


183 

Comme  en  Afrique,  la  plupart  des  agglomérations  naturelles 
d'eau  contiennent  des  poissons-chats  et  autres  poissons  prédateurs, 
qui  détruisent  tous  les  petits  poissons,  ce  n'est  que  dans  les  mares 
ne  contenant  pas  de  grands  poissons  que  l'introduction  des  Haplo- 
chilus  pourra  réussir.  Ces  Haplorhilus  et  leurs  congénères  pourront 
également  être  essayés  dans  les  tonneaux,  réservoirs  et  tanks  d'eau 
de  pluie,  à  condition  de  les  empêcher,  par  un  dispositif  approprié, 
de  sauter  hors  de  ces  récipients. 

Il  est  en  tout  cas  certain  qu'il  existe  dans  les  eaux  douces  de 
notre  Colonie,  de  nombreuses  espèces  de  petits  poissons  qui  pour- 
raient utilement  êtr'e  employés  qomme  destructeurs  de  ilarves  de 
moustiques.  Des  recherches  s'étendant  à  tous  les  ennemis  des  stades 
larvaires  des  moustiques  seraient  donc  très  utiles  ;  elles  ne  compren- 
draient pas  seulement  la  détermination  des  espèces, mais  également 
l'étude  de  leurs  mœurs  et  des  expériences  d'introduction  dans  les 
réservoirs  artificiels,  en  régions  malariées  (*). 

Oiseaux  aquatiques.  L'utilisation  des  oiseaux  aquatiques  pour 

la  destruction  des  larves  de  moustiques  a 
été  depuis  longtemps  préconisée.  Suivant  Friedrichs,  les  canards, 
tout  comme  les  poissons,  débarrassent  les  étangs  des  larves,  et 
Sambon  (180)  a  signalé,  en  1902,  les  avantages  que  présentent,  à  ce 
point  de  vue,  les  poules  d'eau. 

En  1913,  M.  le  Dr  Gebbing,  directeur  du  Jardin  Zoologique  de 
Leipzig,  a  proposé  d'employer  le  canard  sauvage  (Anas  boscas), 
comme  destructeur  de  larves.  Dans  un  article  paru  dans  «  Frank- 
(urter  Zeitung  »  ((Œine  neue  Art  der  Muckenbekamplung  »),  il  cite 
plusieurs  cas  absolument  probants  et  insiste  sur  la  nécessité  de  pro- 
téger cet  oiseau.  Tout  récemment,  le  Dr  S.  G.  Dixon,  inspecteur 
sanitaire  en  Pensylvanie,  a  fait  ressortir  par  une  expérience  intéres- 
sante l'utilité  des  canards  dans  la  lutte  contre  la  propagation  de 
la  malaria.  Deux  digues  furent  établies  dans  un  cours  d'eau,  à  proxi- 
mité l'une  de  l'autre,  de  façon  à  ménager  aux  larves  de  moustiques 
deux  réservoirs  de  développement  identiques.  Dans  un  de  ces  réser- 
voirs, vingt  canards  furent  lâchés,  l'autre  réservoir  étant,  par  contre, 
protégé  contre  les  oiseaux  aquatiques,  mais  amplement  pourvu  de 
poissons  rouges.  Le  résultat  fut  que,  pendant  plusieurs  mois,  il  n'y 
eut  aucune  larve  dans  le  premier  bassin,  tandis  qu'elles  abondaient 

(*)  D'après  M.  J.  C.  Legendre,  (112),  à  Madagascar,  une  station  &  été  récemment 
établie  à  Antananarivo,  en  vue  d'élever  deux  variétés  de  carpes  qui  se  nourrissent  de 
larves  d'Anophèles  et  qui  proviennent,  l'une  de  France  et  l'autre  de  la  Réunion.  U 
paraîtrait  également  que  le  Carassius  auratus  (le  poisson  rouge),  introduit  dans  les 
rizières,  s'y  multiplie  rapidement,  par  suite  de  la  haute  température  et  de  l'abon- 
dance des  larves.  L'auteur  signale  que,  dans  un  cas,  le  nombre  de  poissons  passa  en 
cinq  mois,  de  1,300  à  18,000. 

D'autre  part,  d'après  M.  A.  F.  Kennedy  (104),  l'utilisation  de  poissons  cnliphages 
a  donné  de  bons  résultats  en  Gambie  (Afrique  occidentale  anglaise),  et  il  a  été 
prouvé  que  l'introduction  de  poissons  dans  les  puits  est  une  meilleure  mesure  prophy- 
lactique que  le  pla-cement  de  couvercles  de  toile  métallique.  Onze  poissons,  six  de  dix 
centimètres  de  long  et  cinq  de  cinq  centimètres,  ont  dévoré,  en  une  journée,  2,100  lar- 
ves, dans  un  drain  contenant  une  couche  de  dix  centimètres  d'épaisseur  d'eau.  En 
un  cas,  deux  poissons  dévorèrent  trente  larves  en  trois  minutes.  Toutes  les  expériences 
signalées  par  M.  Kennedy,  tendent  à  prouver  que,  si  les  poissons  sont  convenablement 
traités,  leur  capacité  de  destruction  des  larves  de  moustiques  est  très  grande. 


184 

dans  le  second.  Les  canards  ayant  été    finalement    admis    dans    ce 
dernier,  détruisirent  larves  et  pupes  en  48  heures. 

Ajoutons  toutefois,  au  point  de  vue  de  l'utilité  des  canards,  que 
M.  F.  C.  Bishop  (17)  fait  remarquer  que  si  ces  oiseaux  sont  confinés 
dans  des  cours  à  sol  humide,  ils  font  des  trous  qui  constituent 
d'excellents  réservoirs  de  multiplication  pour  les  moustiques,  et  sont 
fréquemment  cachés  par  les  herbes. 

Têtards. -Insectes  aqua.  ,  ^es  têtards  de  batraciens,  de  même  que 
tiques,  les  batraciens  adultes,   dévorent  probable- 

ment une  bonne  quantité  de  larves  de  mous- 
tiques. A  Panama,  toutefois,  la  présence  de  têtards  ne  réduisait  pas 
le  nombre  des  larves  dans  les  mares,  et  l'observation  n'a  pas,  jusqu'à 
présent,  démontré  leur  utilité. 

M.  A.  C.  M.  Chandler  (34),  de  la  station  expérimentale  agricole 
de  rOrégon  (U.  S.  A.),  a  recommandé  l'emploi,  comme  culiphages, 
des  salamandres  !\otophtalmus  loiosus  de  l'ouest  des  Etats-Unis,  et 
^olophtalmus  viridescens  du  Nord-Est. 

L'emploi  de  A.  torosus  est  à  conseiller,  parce  que  cette  salamandre 
n'a  pas  d'ennemis,  qu'elle  peut  vivrt  dans  presque  toutes  les  eaux, 
sauf  celles  qui  sont  trop  sales,  et  dans  toute  espèce  de  récipients, 
depuis  le  bocal  jusqu'au  lac,  et  qu'elle  possède  une  capacité  alimen- 
taire énorme,  combinée  avec  la  faculté  de  pouvoir  jeûner  pendant 
de  longues  périodes.  Son  élevage  est  lent,  mais  son  transport  et 
sa  distribution  sont  faciles. 

Il  est  indiqué  d'introduire  cette  salamandre  dans  les  tonneaux 
à  eau  de  pluie,  réservoirs,  biefs  de  moulins,  bassins  ornementaux, 
fossés  d'irrigation,  ainsi  que  dans  les  rizières  de  Californie. 

Divers  Coléoptères  aquatiques  et  leurs  larves  (Dyticidés  et  Gyri- 
nidés),  ainsi  que  les  larves  aquatiques  carnassières  de  Névroptères 
(Libellules,  Ephémères,  etc.),  détruisent  beaucoup  de  larves  de  mous- 
tiques et  peuvent  être  très  utiles  dans  les  agglomérations  d'eau  où  les 
poissons  ne  peuvent  vivre. 

Il  ne  semble  pas  cependant  que.  dans  la  plupart  des  cas,  leur 
introduction  soit  nécessaire,  car  ces  insectes  ont  une  distribution 
très  étendue  et  sont  suffisamment  capables  par  eux-mêmes,  dans 
leur  stade  adulte  ailé,  de  rechercher  les  pièces  d'eau  qui  conviennent 
au  développement  de  leur  progéniture.  Par  conséquent,  leur  absence 
d'une  mare  signifierait,  semble-t-il,  tout  simplement  que,  pour  une 
raison  ou  l'autre,  ce  milieu  n'est  pas  favorable  à  leurs  larves.  Il 
n'en  est  pas  ainsi  pour  les  poissons,  qui  ne  disposent  pas  de  moyens 
de  dispersion  aussi  complets. 

Les  punaises  d'eau,  du  genre  Notonecta,  détruisent  également 
les  larves  de  moustiques.  Leurs  mœurs  culiphages  ont  déjà  été  signa- 
lées par  Willcocks,  à  Khartoum  (*). 

(*)  M.  J.  \V.  Scott  Macfie  (131)  note  qu'à  Accra  (Côte  d'Or),  les  ennemis  na- 
turels des  larves  de  moustiques  sont  très  nombreux,  les  principaux  étant  des  têtards, 
des  Notonectides,  des  Coléoptères  aquatiques  et  des  larves  de  libellules  et  d'éphé- 
mères. 

MM.  Greiger  J.  C.  et  Purdy  W.  C.  (74),  parlant  des  rizièr^es  de  l'Arkansas,  disent 
que  les  larves  carnassières,  principalement  d'Hydrophiîus,  Dytiscus  et  de  quelques 


185 

M.  S.  A.  Smith  (192)  a  souvent  obscrvi';  que  les  larves  aquatiques 
de  Chironomidés  (Diptères),  qui  se  construisent  un  tube  entre  les 
filaments  d'algues,  dévorent  les  larves  (VAnophclef;  punctipennis  Say. 

De  même,  les  larves  de  certaines  espèces  de  moustiques,  loin 
d'être  nuisibles,  sont  très  utiles,  en  dévorant  leurs  congénères  appar- 
tenant à  d'autres  espèces.  Tel  est  le  cas,  d'après  M.  F.  W.  Ed- 
wards (60),  pour  le  Toxorhynchites  brevipalpis  Theob,  fort  répandu 
dans  toute  l'Afrique,  et  pour  le  Culex  îigripes  Grp. 

Les  larves  des  Megalorhinina  sont  toutes  prédatrices.  D'après 
Peryassu  et  Bourroul,  celles  des  espèces  brésiliennes  vivent  dans 
les  petits  récipients  et  les  creux  d'arbres  et  se  nourrissent  exclusive- 
ment de  larves  de  moustiques.  Les  Megalorhinina  forment  un  groupe 
de  moustiques  facilement  reconnaissables  à  leur  grande  taille,  leur 
coloration  brillante  et  leur  longue  trompe  recourbée. 

Autres  ennemis  des  Iar>  Certains  crustacés  d'eau  douce  sont  éga- 
ves.  —  Maladies  et  lement  culiphages.  M.  le  Dr  NichoUs  (156) 
parasites.  g   observé  à   Ste-Lucie  (Antilles),   un   petit 

crustacé  indéterminé,  du  sous-ordre  des  Décapodes,  qui  fait  sa  proie 
des  larves  dans  les  petites  mares  des  régions  montagneuses.  Six  de 
ces  animaux,  placés  dans  un  récipient  contenant  plusieurs  centaines 
de  larves  de  moustiques,  les  dévorèrent  toutes  en  un  jour. 

D'autre  part,  aux  Indes,  M.  H.  C.  Wilson  (212)  a  signalé,  comme 
laisant  leur  proie  des  larves,  des  petits  crustacés  du  genre  Daphne, 
ainsi,  du  reste,  que  les  larves  et  adultes  de  Dyticidés  et  le  Notonecte 
glauque. 

Un  ver  du  genre  Planaria  est  également  un  ennemi  des  larves  de 
moustiques.  M.  A.  B.  Lischetti  (122),  qui  relate  cette  découverte  dans 
«  Physis  »,  de  Buenos-Ayres  (déc.  1919),  dit  que  des  expériences  furent 
faites  avec  100  ce.  d'eau  potable,  dans  lesquels  six  vers  Planaria, 
introduits,  reçurent  108  larves  de  Culex  de  5  à  4  mm.  de  longueur; 
en  quatre  heures,  106  de  ces  larves  avaient  été  dévorées.  Ces  mêmes 
six  Planaria,  transférés  dans  un  autre  récipient  contenant  200  larves 
de  Culex  de  4  à  5  mm.  de  longueur,  les  attaquèrent  immédiatement, 
les  dévorant  successivement,  avec  de  courtes  périodes  de  repos. 
A  minuit,  nombre  de  larves  étaient  mortes  ou  mourantes,  et,  le  matin 
suivant,  à  8  heures,  toutes  avaient  disparu  ou  étaient  accolées  au 
fond  ou  aux  parois  du  récipient. 

libellules,  y  sont  assez  abondantes  pour  enrayer  quelque  peu  la  propagation  des 
moustique-s. 

M.  Waterston  J.  (208),  parlant  de  la  distribution  des  moustiques  en  Macédoine, 
dit  que  parmi  les  larves  récoltées  avec  celles  des  moustiques,  beaucoup  étaiejit  culi- 
phages; divers  Odonates,  Ephémérides,  Chrysops,  ainsi  que  la  népe  cendrée  et  le 
notonecte  glauque. 

M.  S.  G.  Rich  (168)  signale  que  dans  plusieurs  rivières  et  étangs  de  l'Afrique 
du  Sud  qu'il  a  examinés,  il  ne  trouva  que  très  peu  de  larves  de  moustiques,  lorsque 
les  nymphes  de  libellules  y  étaient  abondantes.  D'autre  part,  dans  les  districts  où 
les  moustiques  étaient  nombreux,  il  n'y  avait  que  très  peu  de  Libellules. 

Enfin,  M.  Chidesder  F.  E.  (37),  parlant  des  dytiques  comme  destructeurs  de 
larves  de  moustiques,  dit  que  dans  des  expérience?  de  laboratoire,  une  larve  de 
dytique  introduite  dans  un  petit  bocal  contenant  des  larves  de  moustiques,  en  dé- 
truisit 434  en  deux  jour?.  Toutefois,  ces  larves  carnassières,  qui  peuvent  réduire  le 
nombre  de  larves  de  moustiques  là  où  elles  sont  très  abondantes,  sont  incapables  de 
Jes  faire  disparaître  complètement. 

Il 


186 

Les  mœurs  alimentaires  de  ces  Planaria  sont  ainsi  décrites  par 
M.  Lischetti  : 

«  Les  larves  de  moustiques  sont  attaquées  lorsqu'elles  sont  suspen- 
dues à  la  surface  de  l'eau  pour  respirer  et  qu'elles  restent  immobiles 
pendant  quelques  secondes.  Le  ver  applique  un  des  lobes  latéraux 
de  sa  tête  au  siphon  de  la  larve,  auquel  il  adhère  à  l'aide  de  la 
substance  visqueuse  dont  il  est  recouvert.  Si  la  larve  essaie,  à  l'aide 
de  ses  pièces  buccales,  de  se  dégager,  celles-ci  adhèrent  également 
au  ver,  qui,  aussitôt  qu'il  a  saisi  sa  proie,  plonge  avec  elle  jusqu'au 
fond  du  récipient.  Il  troue  ensuite  un  des  segments  et  suce  tout 
le  contenu  du  corps  de  la  larve,  ne  laissant  que  la  tête  et  la  peau. 
Les  larves  adultes,  à  cause  de  leur  force,  et  les  pupes,  à  cause  de 
leur  vivacité,  peuvent  presque  toujours  échapper  aux  attaques 
des  Planaria. 

Avant  de  pouvoir  déterminer  si  ce  ver  pourrait  être  utilement 
employé  comme  agent  de  destruction  des  larves  de  moustiques,  des 
renseignements  plus  détaillés  quant  à  ses  mœurs,  sa  distribution, 
sa  résistance  aux  diverses  conditions  de  milieu,  etc.,  sont  néces- 
saires. 

—  Les  larves  de  moustiques  sont  également  sujettes  à  certaines 
maladies  occasionnées,  soit  par  des  vers,  soit  par  des  protozoaires  ou 
encore  par  des  organismes  végétaux  :  diatomées,  algues  et  champi- 
gnons. D'après  M.  Nicholls  (156),  des  larves  infestées  par  ces  derniers 
organismes  ont  une  apparence  maladive  ;  elles  manquent  d'agilité, 
sont  difformes  et  ont  perdu  une  partie  de  leurs  poils  ;  elles  meurent 
d'habitude  ou,  si  elles  survivent,  la  durée  de  leur  développement 
est,  en  tout  cas,  fort  prolongée. 

Le  Capitaine  J.  A.  Sinton  (190)  a  signalé  récemment  un  parasite 
Trématode  des  moustiques  Anophèles,  notamment  d'A.  funestus, 
var.  Listoni  et  d'A.  culicifacies.  Le  ver  était  présent  chez  les  deux 
sexes  de  moustiques  et  également  dans  les  larves  d'A.  culicilacies 
et  d'A.  Willmori.  Les  moustiques  mâles  étaient  beaucoup  plus  forte- 
ment envahis  que  les  femelles.  (*) 

D'après  MM.  W.  S.  Patton  et  F.  W.  Cragg  (161),  à  Madras,  le 
Culex  latigans  Wied  est  communément  infecté  par  VHerpelomonas 
culicis.  Les  mâles  de  Culex  latigans  se  groupent  souvent  durant 
le  jour,  près  des  agglomérations  d'eau  situées  à  l'écart  et  y  attendent 
les  femelles  venant  d'éclore.  Leurs  déjections  contenant  les  parasites 
tombent  dans  l'eau.  Les  Herpetomonas  pénètrent  avec  les  aliments 
dans  l'intestin  des  larves.  Ils  sont  encore  présents  durant  la  nym- 
phose et  passent  dans  l'imago,  où  ils  achèvent  leur  évolution  et 
produisent  des  formes  capables  d'infecter  les  larves  de  la  seconde 
génération. 

Les  larves  du  Stegomyia  lasciata  sont  aussi  très  souvent  infectées 

(*)  M.  M.  B.  Soparkar  (193)  signale  dans  Indîan  Jl  of  Med.  Research  de  Cal- 
cutta, qu'il  lui  a  été  possible  d'infecter  artificiellement  des  Anophèles  et  jusqu'à  un 
certain  point  des  Culex,  avec  des  Trémato-des  encystés,  trouvés  sur  les  nageoires 
de  certains  poissons  d'eau  douce,  ainsi  que  dans  le  corps  de  mollusques,  principale- 
ment de  Planorbis  exustus. 

Toutefois,  Le  développement  de  ces  Trématodes  ne  semblait  pas  se  poursuivre 
dans  le  corps  de  l'hôte. 


187 

par  une  espèce  ô'Herpetoinonas,  ainsi  que  par  un  Spirochaele,  ces 
deux  organismes  se  trouvant  dans  les  tubes  de  Malpighi. 

D'autre  part,  M.  J.  W.  Scott  Macfie  (128)  a  récolté,  en  avril  1916, 
à  Accra  (Cote  d'Or),  des  larves  de  Siegonujia  infectées  par  un  cham- 
pignon, formant  des  masses  brunes  dans  le  thorax  ou  l'abdomen 
et  qui  a  été  identifié  comme  une  espèce  do  Fusarium. 

Une  autre  infection  cryptoganiiquo  des  larves  de  Stegomyia 
lasciata  s'est  produite  dans  un  petit  récipient  où  ces  larves  étaient 
élevées.  Elles  étaient  couvertes  d'une  masse  ondulante  d'hyphae,  ne 
pénétrant  pas  dans  le  corps,  mais  contrariant  les  mouvements  et 
la  mue. 

Il  s'agissait  ici  de  deux  formes  de  champignons,  une  espèce  de 
\'ocardia  et  une  autre  forme  indéterminée. 

Enfin,  en  ce  qui  concerne  les  bacilles,  il  a  été  constaté,  au  cours 
de  recherches  expérimentales  faites  en  1917  par  M.  C.  Garin  (73), 
qu'un  bacille,  le  bacille  de  Loutraz,  occasionnait  une  épidémie 
mortelle  parmi  les  larves  d'Anophèles  maculipennis  et  d'A.  bilur^ 
catus.  La  virulence  de  ce  bacille  était  à  son  maximum  lorsqu'il 
venait  d'être  isolé  de  larves  mortes.  Les  larves  s'infectaient  au  cours 
de  la  respiration  à  la  surface  de  l'eau,  où  le  bacille  se  multipliait. 

II  reste  à  vérifier  si  cet  organisme  est  aussi  fatal  aux  larves 
d'Anophèles  dans  leur  milieu  naturel  que  dans  des  récipients  de 
laboratoire,  et  si  la  contamination  artificielle  des  gîtes  à  larves 
d'Anophèles  donnerait  des  résultats  pratiques. 

Enfin,  nous  attirons  l'attention  sur  l'utilité  qu'il  y  aurait  à  faire, 
dans  notre  Colonie,  des  recherches  sur  les  ennemis  inférieurs 
(insectes,  crustacés,  vers,  maladies  et  parasites)  des  larves  de  mous- 
tiques. 

MODE    d'exécution    DES    MESURES   ANTILARVAIRES. 

Il  est  difficile  aux  particuliers  d'entreprendre  l'élimination  en 
grand  des  larves  de  moustiques,  en  vue  de  débanasser  une  région 
de  la  fièvre  malariale.  Les  travaux  nécessités  par  le  drainage  des 
terrains  marécageux,  et  l'emploi  en  grand  des  substances  larvicides 
sont,  en  effet,  trop  coûteux  et  trop  étendus  pour  être  généralement 
à  la  portée  des  possibilités  individuelles.  Les  sociétés  immobilières, 
minières  ou  de  chemins  de  fer,  et  surtout  les  municipalités  et 
le  Gouvernement,  seront  mieux  à  même  d'exécuter  ces  mesures 
d'intérêt  général,  nécessitant  des  dépenses  assez  élevées  et  beaucoup 
de  main-d'œuvre  (*). 

(•)  Les  dépenses  entraînées  par  l'exécution  parfaite  des  mesures  antilarvaires 
dans  une  localité  malariée,  comprennent  : 

1.  Les  frais  d'administration:  dépenses  des  commissaires,  appointements  et 
dépenses  de  l'inspecteur  et  de  ses   délégués  ainsi  que  des  commis; 

2.  Les  frais  d'inspection  :  dépenses  faites  pour  la  recherche  des  réservoirs  de 
développement  des  larves,  comprenant,  durant  la  saison  de  reproduction  des  mous- 
tiques, un  examen  bimensuel  de  tout  le  territoire  contaminé. 

3.  Les  frais  de  destruction  des  larves,  comprenant  toutes  les  dépenses  entraînées 
par  les  opérations  de  drainage,  comblement,  épandage  de  pétrole,  débroussements 
et  nettoyages,  introduction  de  poissons,  etc.,  nécessaires  pour  l'élimination  des  ré- 
servoirs de  développement. 


188 

Mais  s'il  est  difficile  à  un  particulier  :  rolon  ou  fermier,  d'em- 
pêcher les  moustiques  de  se  multiplier  dans  la  région  qu'il  habite, 
il  peut,  tout  au  moins,  veiller  à  ce  que  les  larves  ne  se  développent 
pas  chez  lui,  de  même  qu'il  peut  se  protéger  efficacement,  ainsi  que 
sa  famille  et  ses  serviteurs  et  ouvriers,  contre  la  piqûre  des  mous- 
tiques adultes.  Nous  avons  indiqué  précédemment,  toutes  les  mesures 
à  prendre  dans  ce  but  ;  les  principales  sont  l'élimination  de  toutes 
les  petites  agglomérations  d'eau  artificielles  ou  naturelles  se  trouvant 
sur  sa  propriété  et  le  placement  d'écrans  de  toile  métallique  aux 
portes,  fenêtres  et  autres  ouvertures  des  habitations. 

L'organisation  des  efforts  individuels,  c'est-à-dire  la  coopération 
de  tous  les  propriétaires  d'un  district  où  règne  le  paludisme,  peut 
également  aboutir  à  des  résultats  efficaces.  Une  telle  association 
pourra,  soit  prendre  l'initiative  de  certaines  mesures  générales 
d'assainissement,  soit  amener  les  services  officiels  à  les  entre- 
prendre (*)  (**).  Finalement,  là  où  le  problème  de  la  lutte  contre 
la  malaria  est  une  question  vitale  pour  la  région,  les  habitants 
indifférents  ou  négligents,  devront  être  forcés  par  la  loi  d'adopter  les 
précautions  indispensables  contre  la  propagation  et  la  piqûre  des 
moustiques.  Si  l'on  a  su  prendre,  en  Afrique  du  Sud  notamment, 
des  «mesures  draconiennes  pour  protéger  le  bétail  contre  certaines 
maladies  contagieuses  transmises  par  les  tiques,  à  plus  forte  raison 
pourra-t-on  prendre  de  semblables  mesures  pour  protéger  les 
populations  contre  la  fièvre  malariale,  transmise  par  les  mous- 
tiques (***). 

Précautions     à     prendre  ^r^^jg  attirons  spécialement  l'attention  sur 

contre    la    malaria  lors  •    .      i>-  x      x     x  j       u       • 

de   la  construction  des      ^'f"  point,   d  importants  travaux  de  chemin 
chemins  de  fer.  de  fer  étant  projetés  au  Congo  belge. 

Depuis  longtemps,  il  est  reconnu  que 
les  travaux  publics,  et  spécialement  la  construction  des  chemins 
de  fer,  augmentent  les  dangers  de  malaria,  en  créant  des  conditions 
qui  favorisent  la  multiplication  des  moustiques  Anophèles. 

(*)  Dans  le  district  de  Los  Molinos,  en  C-alifornie,  la  lutte  contre  les  mous- 
tiques a  été  organisée  d'une  manière  originale,  par  un  système  de  volontariat.  Cha- 
que travailleur  volontaire  fournit  gratuitement  ses  services  pour  un  jour  et  sou- 
vent amène  avec  lui  ses  attelages.  Ainsi,  des  fondrières  ont  été  drainées,  des  dé- 
pressions  comblées  ©t  du  pétrole  a  été  répandu  sur   les  mares  d'eau  stagnante. 

(**)  Pour  la  constitution  et  l'organisation  d'associations  anti-malariales,  on 
pourra  consulter  avec  fruit  la  petite  brochure  publiée  par  l'Association  antimala- 
riale  de  l'Afrique  du  Sud  et  intitulée  :  Hnw  to  form  and  carry  on  local  Anti-Mala- 
rial  Associations  (Publ.  n"  7,  P.  O.  Box.  2879,  Johannesburg,  Afrique  du  Sud  (222). 
Cette  brochure  a  été   publiée  en   anglais  et  en  néerlandais. 

(***)  M.  le  Dr  .T.  Rodhain  (170),  dans  ses  observations  médicales  recueillies  parmi 
les  troupes  coloniales  belges  pendant  leur  campagne  en  Afrique  orientale  (1914-1917), 
parues  dams  le  Bull,  de  la  Soc.  de  Path.  exot.  de  Paris  de  mars  1919,  dit  que  la 
malaria  fut  la  cause  d'un  fort  pourcentage  de  mortalité  parmi  'es  indigènes. 

Les  territoires  du  Ruanda-Urundi  consistent  princpalement  en  pâturages  élevés, 
montagneux,  habités  par  des  indigènes  habitués  à  un  climat  relativement  froid,  où 
la  malaria  est  rare  ou  absente  et  qui  savent  par  expérience  que  lorsqu'ils  descendent 
dans  les  plaines,  ils  en  reviennent  avec  une  fièvre  tenace,  qu'ils  redoutent.  Durant 
la  campagne  de  1917,  un  certain  nombre  de  ces  indigènes  furent  employés  comme 
porteurs  par  les  troupes  belges  ;  mais  oe  système  dut  rapidement  être  abandonné,  par 
suite  de  la  proportion  élevée  de  décès  et  de  cas  de  maladie  causés  par  une  malaria 
de  la  forme  tertiaire  maligne. 


189 

M.  R.  C.  Déiivaux  (49)  a  étudié  ce  problème  dans  les  U.  S.  Public 
Ueallh  Reports,  n°  31,  du  2  août  1918. 

Parmi  les  conditions  favorables  à  la  propagation  des  Anophèles, 
il  faut  citer  :  le  creusement  d'excavations  non  drainées,  à  proximité 
des  chantiers  ou  des  localités  densément  peuplées  ;  la  création  de 
fossés  latéraux  sans  écoulement  suffisant  ;  la  construction  de  conduits 
voûtés  et  de  travaux  en  maçonnerie  contrariant  l'écoulement  naturel 
des  eaux  ;  l'installation  de  réservoirs  et  tanks  non  étanches.  mal 
protégés  contre  l'accès  des  moustiques  ou  sans  dispositif  pour  l'élimi- 
nation du  trop  plein  ;  l'établissement  de  quais  où  stagnent  les  eaux 
de  pluie  faute  de  pente,  etc.,  etc. 

La  construction  des  voies  ferrées  amène  aussi  la  dissémine  li un 
de  la  malaria  par  les  déplacements  d'équipes  d'ouvriers  fortement 
infectés,  qui  sont  transportés  d'un  endroit  à  l'autre  et  logés  dans 
des  wagons  où  aucune  disposition  n'a  été  prise  pour  empêcher  l'accès 
des  moustiques. 

Pour  résoudre  ce  grave  problème,  il  faut  modifier  radicalement 
les  conditions  existantes  et  prendre  toutes  les  mesures  nécessaires 
pour  que  les  nouveaux  travaux  soient  exécutés  de  façon  à  cviler 
la  propagation  de  la  malaria.  Les  dispositions  à  prendre  de  ce  chef 
relèvent  les  unes  de  la  compétence  de  l'ingénieur,  les  autres  de  celle 
du  médecin  ou  de  l'hygiéniste. 

Dans  le  premier  groupe  sont  compris  :  le  drainage  ou  le  comble- 
ment des  excavations  et  des  terrains  en  contre-bas,  partout  où 
la  chose  est  praticable  ;  l'assèchement  des  quais,  etc.  ;  le  remjdace- 
ment  et  la  mise  à  niveau  des  conduits  voûtés  traversant  les  ren. biais 
là  où  ces  conduits  ont  été  mal  établis  ;  le  curage  et  le  nettoyage 
régulier  des  fossés  latéraux  (enlèvement  des  mauvaises  herbes  et  autres 
obstructions)  ;  l'épandage  de  pétrole  sur  les  flaques  et  pièces  d'eau 
qu'il  n'est  pas  possible  d'éliminer,  surtout  dans  les  agglomérations 
et  au  voisinage  de  celles-ci,  etc. 

Les  mesures  sanitaires  comprennent  :  l'organisation  d'une  cam- 
pagne intensive  de  lutte  contre  les  moustiques  dans  toutes  les  loca- 
lités avoisinant  la  voie  ferrée  ;  le  traitement  soigné  et  compl  t  de 
tous  les  cas  de  malaria,  de  façon  à  prévenir  le  développemoit  de . 
fièvres  malariales  chroniques  et  à  empêcher  les  rechutes  ;  la  confection 
des  statistiques  indispensables  à  l'établissement  de  mesures  prophy- 
lactiques efficaces  ;  l'éducation  systématique  du  public  ;  la  préveiition 
de  la  malaria  chez  les  équipes  mobiles  d'ouvriers  par  l'enploi 
d'écrans  de  toik  métallique  protégeant  les  ouvertures  des  slee;  ing- 
cars  et  par  l'utilisation  préventive  de  la  quinine  ;  la  guérison  -  om- 
plète  des  ouvriers  avant  leur  renvoi  à  l'équipe  ;  la  surveillance  s 'vère 
des  ateliers  mécaniques,  de  ceux  de  réparation  et  de  constructio.'i  du 
matériel  roulant,  en  vue  d'éviter  la  multiplication  des  moustiques,  etc. 

L'emploi  de  semblables  mesures  sur  la  «  Saint  Louis  and  S  )uth 
Western  Railroad  »,  aux  Etats-Unis,  en  1917,  a  réduit  les  cas  de 
malaria  de  59.4  pour  cent. 


190 

Législations    anti-  En    Italie,     le    Ministre    de    la    Marine 

malariales.  g    ^jj^^j^^    1^    21    février    1918,    une    série 

de  mesures  prises  dans  le  but  d'intensifier  la  prophylaxie  antimala- 
riale  sur  le  front  de  mer  (220). 

Des  agents  sanitaires  spéciaux  ont  été  nommés  dans  les  secteurs 
maritimes  de  Venise,  Tarente  et  Valona.  Leur  mission  comprenait  l'in- 
spection de  travaux  d'irrigation  et  l'établissement  d'horaires  de  travail 
permettant  aux  ouvriers  de  retourner  dans  les  localités  salubres  avant 
le  coucher  du  soleil  ;  le  curage  et  le  nettoyage  des  canaux  d'irrigation 
existants,  au  printemps  et  en  automne  ;  la  recherche  des  lieux 
de  développement  des  larves  à' Anophèles  ;  l'organisation  d'épandages 
réguliers  de  pétrole  tous  les  quinze  jours  ;  le  placement  de  couvercles 
sur  les  puits  et  citernes  ;  l'inscription  des  personnes  souffrant  de 
la  malaria  ou  en  ayant  souffert  au  cours  des  douze  mois  précédents  ; 
la  prophylaxie  à  la  quinine  et  autres  mesures  personnelles  et  l'exé- 
cution de  tous  les  petits  travaux  jugés  nécessaires  pour  protéger 
les  postes  militaires  contre  la  malaria. 

Ajoutons  qu'il  existe  en  Italie,  en  Grèce  et  en  Roumanie,  une  légis- 
lation antimalariale  spéciale.  D'après  M.  W.  Mollow  (150),  une  loi 
semblable  a  été  votée,  en  1919,  en  Bulgarie. 


CHAPITRE  IV. 

QUELQUES  RÉSULTATS  DES  MESURES  PRISES 
CONTRE  LES  MOUSTIQUES. 


Les  premiers  essais  de  lutte  contre  les  moustiques,  en  vue  de  com- 
battre la  malaria  et  la  fièvre  jaune,  furent  entrepris  au  début  du  présent 
siècle,  à  Cuba,  par  M.  le  Colonel  Gorgas,  et  dans  les  colonies  britanni- 
ques de  l'Est,  par  Sir  Ronald  Ross, 

Les  connaissances  sur  la  biologie  des  moustiques  étaient  alors  moins 
complètes  et  moins  précises  qu'elles  ne  le  sont  actuellement.  Les 
moyens  de  destruction  des  adultes  et  des  larves,  aujourd'hui  en  usage 
dans  beaucoup  de  contrées,  étaient  alors  à  l'étude  et  leur  mise  en 
pratique  chaque  jour  perfectionnée,  suscita  bien  des  difficultés. 
Néanmoins,  les  résultats  dépassèrent  toutes  les  espérances. 

La  campagne  contre  les         La  campagne  entreprise  à  Cuba,  par  le 

moustiques  à  La  Ha=  Colonel  Gorgas  et  ses  collaborateurs,  fut 
double.  Une  partie  des  efforts  fut  dirigée 
vers  la  destruction  du  moustique  de  la  fièvre  jaune,  et  l'autre,  vers 
celle  des  Anophèles,  propagateurs  de  la  malaria. 

La  campagne  contre  la  fièvre  jaune  débuta  à  La  Havane,  en  février 
1901.  Les  deux  principales  mesures  prises  furent  la  suppression  de 
tous  les  lieux  de  développement  des  larves,  à  l'intérieur  des  habitations 
et  dans  leurs  dépendances,  et  la  destruction  des  moustiques  adultes, 
par  des  fumigations  à  la  poudre  de  pyrèthre. 

Pour  l'élimination  des  réceptacles  à  larves,  la  ville  fut  divisée  en 
trente  districts,  surveillés  chacun  par  un  inspecteur  assisté  de  deux 
aides.  La  première  inspection  aboutit  à  la  découverte  de  26,000  réci- 
pients à  eau,  servant  de  lieu  de  développement  aux  larves  de  mousti- 
ques et  notamment  de  Slegomrjia  :  leur  suppression  amena  bien  vite 
une  diminution  correspondante  du  nombre  des  moustiques  adultes 
dans  les  maisons. 

Les  fumigations  furent  faites,  sur  une  grande  échelle,  dans  toutes 
les  habitations  contaminées  ou  susceptibles  de  l'être  et  dans  les  hôpi- 
taux. L'expérience  démontra  que  pour  une  chambre  bien  calfeutrée, 
la  dose  de  poudre  de  pyrèthre  à  employer,  était  dd'une  livre  par  mille 
pieds  cubes  (25  mètres  cubes),  avec  une  durée  d'action  de  trois  heures. 


192 

Quant  à  la  campagne  antimalariale,  elle  nécessita  l'adoption  des 
mesures  suivantes,  dont  la  mise  en  pratique  débuta  également  au  com- 
mencement de  1901. 

En  premier  lieu,  une  inspection  générale  fut  faite,  afin  de  rechercher 
les  principaux  réceptacles  à  larves  d'Anophèles,  intéressant  La  Havane 
et  ses  faubourgs.  Les  plus  importantes  de  ces  masses  d'eau  furent 
d'abord  traitées  au  pétrole,  mais  on  s'aperçut  bien  vite,  que  cette  opé- 
ration était  coûteuse  et  qu'il  y  avait  mieux  à  faire.  La  plupart  de  ces 
réservoirs  furent  alors  drainés  ou  comblés,  ce  qui  permit  d'augmenter, 
petit  à  petit,  la  superficie  sous  contrôle.  D'autre  part,  des  mesures 
moins  importantes  furent  également  prises,  notamment  la  recherche 
des  mares  cachées,  l'interdiction  d'utiliser  durant  les  pluies,  certaines 
parties  de  pâturages,  afin  d'éviter  la  formation  d'empreintes  par  les 
sabots  des  animaux  domestiques,  le  nettoyage  de  la  végétation  le  long 
des  rives  des  cours  d'eau  et  des  étangs,  l'enlèvement  des  plantes  aqua- 
tiques, l'introduction  de  petits  poissons,  etc. 

Résultats  des  deux  cam=  Les  résultats  furent  rapides  et  excellents. 

pagnes  à  La  Havane.  ^n  an  après  le  début  de  la  campagne,  la 
fièvre  jaune  avait  disparu  de  La  Havane. 
L'élimination  de  la  malaria  fut  plus  lente,  mais  les  décès  dus  à  cette 
maladie  ont  été  réduits  dans  d'énormes  proportions.  En  effet,  il  n'y 
eut,  sur  une  population  de  550,000  havanais,  que  444  décès,  de  1900 
à  1910,  alors  que,  durant  les  dix  années  précédentes  (1890-1900),  le 
nombre  de  décès  dus  à  la  malaria  s'était  élevé  à  5,643.  En  1912,  il 
n'y  eut  en  tout,  que  quatre  décès  par  les  fièvres  malariales. 

Les  tableaux  ci-dessous  nous  montrent,  d'une  façon  frappante,  les 
grands  progrès  hygiéniques  obtenus  à  La  Havane,  par  la  mise  en  pra- 
tique des  mesures  contre  les  moustiques. 

1.  —  Décès  dus  à  la  fièvre  imnic.à  La  Havane  (Cuba),  de  1890  à  1902. 


Années 

Nombre,  de  décès 

Années 

Nombre  de  décès 

Années 

Nombre  de  décès 

1890 

308 

1894 

382 

1898 

139 

1891 

:sf,6 

1895 

553 

1899 

103 

1892 

357 

1896 

1,282 

1900 

310 

1893 

496 

1897 

858 

Début 

delà 

campagne 

!901 
1902 

18 
Néant 

Décès  dus  à  la  malaria,  à  La  Havane  (Cuba),  de  1898  à  1912. 


Années 

Nombre  de  décès 

Années 

Nombre  de  décès 

Années 

Nombre  de  décès 

1898 
1899 
1900 
1901 
1902 

1,907 
909 
325 

151 
77 

1903 
1904 
19C!5 
1906 

51 
44 
•A-î 
l'6 
23 

'S 

1910 

1911 
1912 

19 
6 
15 
12 
4 

193 


La  campagne  contre  les 
moustiques  dans  risth= 
me  de  Panama  et  ses 
résultats. 


Panama  est  quelque  peu  considéré  actuel- 
lement, comme  le  «  La  Mecque  »  de  l'hygié- 
niste. C'est  dans  la  zone  du  canal,  en  effet, 
que  les  mesures  contre   la  propagation  de 

la  malaria  et  de  la  i'iovre  jaune  ont  reçu  leur  plus  large  application. 

La  destruction  des  moustiques  et  de  leurs  larves  y  a  été  poursuivie  avec 

une  méthode  admirable,  et  les  résultats  ont  entièrement  répondu  à 

l'attente. 


Fig.  lOÛ.  —  Courbe  des  décès  dus  à  la  malaria,  dans  la  région  du  Canal 
do  Panama,  de  1892  à  1909. 

De  1892  à  1896,  le  taux  moyen  annuel  des  décès  oscille  autour  de  200. 

En  1897,  les  travaux  du  canal  sont  entamés,  le -nombre  d'ouvriers  aug- 
mente et  le  taux  annuel  des  décès  dus  à  la  malaria  monte  rapidement, 
pour  atteindre  900,  durant  les  années  1899-1900. 

A  partir  de  1900,  les  effets  des  mesures  contre  les  moustiques  commen- 
cent à  se  faire  sentir  et  le  taux  annuel  des  décès  baisse  brusquement;  il 
est  bien  en-dessous  da  100  en  1903  et  est  réduit  à  presque  rien  en  1909. 

Il  est  à  noter  que  les  cas  de  malaria  non  suivis  de  décès,  proportionnel- 
lement beaucoup  plus  nombreux,  suivent  la  même  courbe. 

Partout  dans  la  zone,  les  efforts  de  l'ingénieur  ont  été  secondés  par 
ceux  de  l'hygiéniste  et  c'est  grâce  à  cette  étroite  collaboration  que  le 
gigantesque  travail  de  percement  de  l'isthme  a  été  achevé  en  un  mini- 
mum de  temps  et  avec  un  minimum  de  pertes  de  vies  humaines. 

Deux  exemples  permettront  de  se  rendre  mieux  compte  de  la  situation 
sanitaire  de  l'isthme,  avant  la  campagne  américaine    : 

Le  premier,  cité  par  M.  Malcolm  Watson  (209),  se  rapporte  au  temps 
de  l'entreprise  française  :  il  paraîtrait  que.  de  1881  à  1889.  la  morta- 
lité due  à  la  fièvre  jaune,  à  la  malaria  et  à  d'autres  maladies,  parmi 
les  travailleurs  employés  par  les  Français,  s'est  élevée  à  22,189,  soit 
un  taux  annuel  moyen  de  décès  de  240  pour  mille. 

Le  deuxième  est  plus  ré;  ent  :  1906.  Cette  année,  il  y  eut  parmi  les 
253  soldats  américains  stationnant  à  Camp  EUiot.  796  cas  de  malaria, 
soit  un  (aux  cradmi^^sion  aux  hôpitaux  de  3.315  pour  mille.  De  même, 
parmi  les  450  hommes  stationnés  à  Mount  Hope  et  prenant  une  dose 
de  quinine  par  jour,  il  y  eut  100  pour  cent  de  cas  de  malaria. 


194 


C'est  en  1904  que  le  «  Depaiiment  of  Sanitation  »  de  la  zone  de 
Panama,  commença  ses  travaux.  Ce  Département  avait  à  sa  tête  le 
colonel  (actuellement  médecin-général)  Gorgas,  et  était  divisé  en  trois 
sous-départements,  ayant  respectivement  comme  chefs  :  M.  Le  Prince 
(travaux  préventifs),  le  colonel  Mason  (hôpitaux  et  dispensaires),  et 
le  Dr  Darling  (travaux  scienlifiques).  L'œuvre  accomplie  de  1904  à 
1914,  par  ces  techniciens  et  leurs  dévoués  collaborateurs,  mérite  tous 
les  éloges.  Elle  servira  de  modèle  à  toutes  les  entreprises  d'assainisse- 
ment à  effectuer  sous  les  tropiques.  Les  difficultés  suscitées  par  la 
topographie,  les  conditions  climatériques,  les  changements  constants 
dus  aux  travaux  de  terrassement,  le  caractère  de  la  population  et 
ses  déplacements,  ainsi  que  par  les  conditions  sociales  des  travailleurs, 
contribuèrent  à  rendre  la  tâche  très  ardue. 

Nous  avons,  en  maints  endroits,  dans  le  chapitre  précédent,  exposé 
quelles  ont  été  les  méthodes  adoptées  dans  la  zone  du  canal,  pour 
détruire  les  moustiques.  Contre  le  Stegomijia  de  la  fièvre  jaune,  ce 
furent  la  suppression  des  réceptacles  artificiels  à  l'intérieur  des  habi- 
tations et  les  fumigations.  Contre  les  Anophèles,  la  protection  des 
maisons  et  autres  locaux  par  des  écrans  de  toile  métallique  ;  la  capture 
des  moustiques  adultes  ;  la  suppression  des  agglomérations  naturelles 
d'eau,  par  nivellement  et  surtout  par  drainage  à  fossés  ouverts,  souvent 
renforcés  par  un  bétonnage  ;  le  curage  et  la  régularisation  d'écoule- 
ment des  rivières,  ruisseaux,  fossés  et  rigoles  ;  le  traitement  des  pièces 
d'eau  par  aspersion  à  l'huile  lourde  de  pétrole  et  l'emploi  de  distribu- 
teurs de  pétrole  automatiques,  empêchant  la  propagation  des  larves 
dans  les  eaux  courantes  ;  l'utilisation  d'un  larvicide  concentré,  effi- 
cace, là  où  le  pétrole  était  sans  effet,  etc.,  etc. 


Z600 


Fig.  101.  —  Courbe  des  décès  dus  à  la  malaria,  à  Ismaïlia  (Canal  de 
Suez),  de- 1891  à  1909. 

De  1891  ù  1902,  le  taux  des  décès  varie,  mais  il  est  toujours  très  élevé. 

A  partir  de  1903,  on  commence  à  appliquer  les  mesures  antimalariales; 
la  chute  de  la  courb'^  est  frappante. 

En  1906,  il  n'y  a  plus  de  décès  dus  à  la  malaria. 


195 

Nous  n'avons  plus  h  revenir  sur  ce  sujet  ;  le  lecteur  trouvera  dans 
l'ouvrage  de  M.VI.  J.-A.  Le  Prince  et  A.-J.  Orenstein  (117)  ;  «  Mosquito 
Control  in  Panama,  »  que  nous  avons  si  souvent  signalé,  tous  les  ren- 
seignements utiles. 

Voyons  maintenant  les  résultats.  Les  tableaux  suivants,  relatifs  à 
la  malaria,  seront  plus  instructifs  à  ce  sujet,  que  de  longues  considé- 
rations. 

Le  premier  tableau,  nous  donne  le  taux  général  de  la  mortalité  parmi 
les  ouvriers  du  canal,  de  1904  à  1913.  Il  nous  montre  que,  malgré 
l'augmentation  constante  du  nombre  dos  travailleurs,  le  taux  des  décès 
n'a  cessé  de  diminuer. 


Années 

Nombre 
d'ouvriers 

Décès 

Taux  des 

décès  pour 

1000 

Années 

Nombre 
d'ouvriers 

Décès 

Taux  des 
décès  pour 

1904 
1905 
1906 
1907 
1908 

6,213 
16,512 
26,547 
39,238 
43,891 

82 

427 

1,105 

1,131 

571 

13.26 
25.86 
41.73 
28.74 
13.01 

1909 
1910 
1911 
1912 
1913 

47,167 
50,802 
48,876 
50,893 
56,654 

502 
."^58 
539 
467 
473 

10.64 
10.98 
11.02 
9.18 
8.85 

Le  deuxième  tableau,  nous  montre  la  baisse  qui  s'est  produite  dans 
le  taux  annuel  des  décès  dus  à  la  malaria,  de  1907  à  1912,  parmi^  les 
travailleurs  de  la  commission  du  canal,  divisés  en  ouvriers  américains, 
autres  ouvrier?  blancs  et  ouvriers  de  couleur. 


Taux  annuel  pour  mille  des  décès  dus  à  la  Malaria. 

Années 

Ouvriers  et  employés 
américains 

Autres  ouvriers 
blancs 

Ouvriers  de  couleur 

1906 
1907 
1908 
1909 
1910 

œ 

106 
1,10 
0,17 
0,00 
0,66 
032 

4,68 
5,20 
3,84 
2,16 
3,53 
1,41 

7,80 
415 
0,98 
0,73 
0,93 
0,57 
0,23 

Le  troisième  tableau,  donne  le  nombre  d'admissions  dans  les  hôpi- 
taux pour  cause  de  malaria,  le  chiffre  total  de  la  main-d'œuvre  et  le 
taux  d'admission  pour  mille  ouvriers. 


Années 

Nombre  de  cas 
de  Malaria 

Main-d'œuvre 

Taux  d'admission 
par  mille 

1906 

21.739 

26,705 

821 

1907 

16.753 

39,313 

424 

1908 

12.372 

43,890 

282 

1909 

10.169 

47,167 

215 

1910 

9.487 

.50,802 

187 

1911 

8.987 

48,876 

184 

1912 

5.623 

50,893 

110 

1913 

4.284 

56,654 

76 

19G 

Enfin,  le  quatrième  tableau,  nous  montre,  pour  l'ensemble  des  tra- 
vailleurs, le  taux  mensuel  des  admissions  aux  hôpitaux,  occasionnées 
par  la  malaria. 


Pourcentage  mensuel  moyen  des  cas  de 
Malaria  parmi  les  travailleurs 


Pourcentagre  mensuel  moyen  des  cas  de 
Malaria  parmi  les  travailleurs 


1906 
1907 
19C8 
1900 


6.8:5  pour  cent. 

3.61 

2.36 

l.Sl 


1910 
1911 
1912 
1913 


1.55  pour  cent. 

1.54 

0.92 

0.64 


Si  la  malaria  n'a  pas  été  complètement  extirpée  de  la  zone  du  canal, 
elle  a,  en  tout  cas,  été  réduite  dans  de  très  fortes  proportions.  C'est  là 
un  progrès  hygiénique  incontestable  (*). 

Quant  à  la  fièvre  jaune,  le  résultat  a  encore  été  plus  complet.  Depuis 
la  dernière  épidémie,  qui  s'est  produite  en  1904-05  et  qui  a  occasionné 
84  décès  pour  246  cas,  cette  maladie  n'a  plus  fait  d'apparition  dans 
la  zone  de  Panama. 


(*)  IJn  autre  exemple  de  suppression  de  la  malaria,  est  celui  d'Ismaïlia,  sur  le 
canal  de  Suez.  Le  nombre  de  cas  de  malaria  s'y  élevait,  en  1891,  à  2,590  ;  en  1897,  à 
2,089  ;  en  1898,  à  1,545  ;  en  1899,  à  1,545  ;  en  190O,  à  2,284  ;  en  1901,  à  1,990  et  en  1902,  à 
1,561.  Cette  année  1902,  la  campagne  contre  la  malaria  fut  entamée,  et  en  1903,  le 
nombre  de  cas  était  tombé  à  214.  En  1904,  il  n'était  plus  que  de  90  et  de  37  en  1905. 
L-'année  suivante,  la  maladie  était  complètement  vaincue  et  n'a  plus  reparu  depuis. 
(Voir  le  diagramme,  fig,  lOl.J 


CHAPITRE  V. 

MÉTHODES  DE  RÉCOLTE,  DE  CONSERVATION 
ET  D'ÉTUDE  DES  MOUSTIQUES 

Les  recherches  scientifiques  sur  les  moustiques,  qui  ont  été  faites 
jusqu'à  présent  dans  notre  Colonie,  sont  peu  nombreuses.  Rares  sont 
les  personnes  qui  ont  récolté  des  spécimens  de  ces  insectes,  et  le  nom- 
bre de  déterminations  effectué  est,  par  conséquent,  très  restreint  pour 
l'étendue  du  territoire.  Il  est  donc  probable  que  beaucoup  d'espèces 
congolaises,  ne  sont  pas  encore  cataloguées. 

Nous  ne  voulons  pas  dire  par  là,  que,  pour  réussir  au  Congo  belge 
une  campagne  contre  les  moustiques,  il  est  indispensable  de  déterminer, 
au  préalable,  toutes  les  espèces  qui  attaquent  l'homme  et  de  connaître 
quelles  sont  celles  qui  sont  susceptibles  de  transmettre  des  maladies. 
Nous  savons  déjà,  qu'en  pratique,  le  moyen  le  plus  simple  de  lutte 
consiste  à  éviter  la  piqûre  de  tous  les  moustiques  et  à  détruire  indis- 
tinctement tous  les  insectes  adultes  qui  hantent  les  habitations  et  toutes 
les  larves  qui  pullulent  dans  les  agglomérations  d'eau,  se  trouvant  dans 
un  certain  rayon  autour  de  celles-ci. 

Néanmoins  lorsque,  dans  une  région  donnée,  on  entamera  la  lutte 
contre  les  moustiques  pathogènes,  on  évitera  beaucoup  d'hésitations 
dans  le  choix  des  mesures  les  plus  efficaces,  en  étant  fixé,  autant  que 
possible,  sur  les  points  suivants,  qui  demandent  des  recherches  scien- 
tifiques : 

1.)  —  Quelles  sont  les  espèces  de  moustiques  adultes  qui  hantent  les 
habitations  ?  Présence  des  Anophèles  et  du  Stegoniyia  ? 

2.)  Parmi  les  espèces  d'Anophèles  qui  hantent  les  habitations, 
y  en  a-t-il  qui  sont  susceptibles  de  transmettre  la  malaria  ? 

3.)  —  Quel  est  le  pourcentage  d'Anophelrs  malariens  infectés? 

4.)  —  A  quelles  espèces  appartiennent  les  larves  de  moustiques  qui 
se  développent  :  a)  dans  les  petits  réservoirs  artificiels  existant  dans 
les  habitations  et  au  voisinage  immédiat  de  celles-ci  ;  b)  dans 
les  agglomérations  naturelles  d'eau,  se  trouvant  dans  un  rayon  de 
moins  d'un  mille  des  localités  infectées  ? 

L'identification  des  moustiques  est  un  travail  à  réserver  aux  spécia- 
listes. Comme  ceux-ci  résident  en  Europe,  il  faudra  donc  recueillir  sur 
place,  des  spécimens  de  moustiques,  en  nombre  suffisant,  .et  leur  en 
faire  l'expédition,  accompagnés  de  tous  les  renseignements  complé- 
mentaires nécessaires.  Pour  les  larves  et  pupes,  la  meilleure  méthode 
consiste  à  les  élever  et  à  recueillir  les  individus  parfaits  qui  en  pro- 
viennent, ainsi  que  les  peaux  de  mue.  Ces  spécimens  seront  également 
expédiés  en  Europe,  pour  détermination. 


198 

Nous  donnons,  ci-dessous,  certaines  indications  pratiques  pour  la 
récolte,  la  conservation  et  l'expédition  des  spécimens  d'individus  par- 
faits, larves  et  pupes  de  moustiques.  Nous  y  joignons  quelques  notes 
sur  la  détermination  de  l'infection  des  moustiques  Anophèles  et  l'éle- 
vage des  moustiques  au  laboratoire. 


A.  —  RECOLTE,  CONSERVATION  ET  EXPEDITION 
DES  SPÉCIMENS  DE  MOUSTIQUES  (*). 

Objets  nécessaires.  Les  objets  nécessaires  pour  la  récolte,  la 

conservation  et  l'expédition  des  moustiques 
sont  les  mêmes  que  ceux  employés  pour  tous  les  diptères.  Ils  compor- 
tent des  filets  et  autres  appareils  de  capture,  des  boîtes  à  pilules  à  fond 
de  verre,  des  tubes  à  essai,  un  flacon  à  cyanure,  quelques  pinceaux 
en  poils  de  chameau  (n°^  1  et  2),  des  pinces  droites  et  incurvées,  des 
aiguilles  emmanchées,  une  bonne  loupe  de  poche,  des  épingles  ento- 
mologiques  et  du  liège. 

Le  lilet  de  chasse  sera  acheté  ou,  à  défaut,  pourra  être  confectionné 
d'une  des  manières  suivantes  : 

a)  Courbez  en  cercle  un  solide  morceau  de  fil  métallique  (du  fil  télé- 
graphique par  exemple)  et  introduisez  les  deux  extrémités  dans  un 
bâton.  Le  cercle  aura  environ  50  cm.  de  diamètre.  Attachez  au  fil 
métallique  une  poche  en  mousseline,  ayant  environ  60  cm  de  longueur 
et  se  terminant  brusquement  au  sommet  ;  la  couture  sera  laissée  du 
côté  extérieur,  de  façon  à  ne  pas  ménager  intérieurement  une  retraite 
dans  l'ourlet  pour  les  moustiques  ; 

b)  Procurez-vous  un  tube  en  forme  d'Y,  dont  les  deux  branches  obli- 
ques ont  un  trou  d'un  calibre  plus  étroit  que  celui  de  la  branche  prin- 
cipale et  tordez  ces  branches  à  angle  droit.  Passez  un  jonc  ordinaire 
dans  les  branches  obliques  et  un  bâton  solide  dans  la  branche  princi- 
pale pour  servir  de  manche.  Le  jonc  est  ensuite  courbé  en  cercle  auquel 
on  attachera  la  poche  comme  indiqué  précédemment,  la  base  de  celle-ci 
formant  ourlet,  au  travers  duquel  le  jonc  sera  passé.  Ce  dernier 
modèle  constitue  un  filet  portatif,  solide  et  peu  coûteux. 

La  poche  sera  en  gaze  verte,  en  mousseline  ou  en  tulle.  La  gaze 
verte  devra  être  bien  trempée  dans  l'eau  avant  usage,  afin  d'enlever 
l'empois  d'amidon,  dont  la  raideur  abîme  les  moustiques  à  organes 
délicats.  Le  tulle  est  plus  solide  et  plus  souple,  mais  plus  coûteux. 
Pour  parer  aux  accidents,  l'on  emportera  une  poche  de  rechange. 

Le  filet  de  pêche  sera  léger  et  à  mailles  très  serrées.  Il  pourra  être 
remplacé  par  une  louche  ou  un  autre  récipient  en  émail  blanc. 

Les  boîtes  à  pilules  à  fond  de  verre  sont  indispensables  pour  rap- 
porter en  vie  des  insectes  aussi  fragiles  que  les  moustiques.  Les  meil- 
leures dimensions  varient  entre  2.5  et  5  cm.  de  diamètre.  Avant  de 
s'en  servir,  on  percera  dans  le  couvercle,  un  petit  trou,  à  l'aide  d'une 

(*)  Nous  avons  consulté,  pour  la  rédaction  de  ce  chapitre  :  1°  Handbook  of  In- 
structions for  Collectors,  British  Muséum  (Natural  History),  p.  81  et  sniv.  :  «  How  to 
collect  Mosquitoes  ?  »  ;  Instructions  to  Collectors.  —  Entomological  Research  Com- 
mittee  (Tropical  Africa).  —  Impérial  Bureau  of  Entomology,  London,  1911. 


199 

forte  épingle.  Dans  les  conlrées  tropicales,  il  est  à  conseiller  de  revêtir 
entièrement  ces  boîtes  en  carton,  avec  de  la  percale,  afin  d'éviter 
qu'elles  ne  soient  détériorées  par  les  pluies. 

Les  tubes  à  essai  serviront  au  transport  des  larves  et  pupes  récoltées. 
Ils  serviront  aussi  à  la  conservation  de  celles-ci.  dans  l'alcool  ou  le 
formol.  Dans  ce  cas,  les  bouchons  seront  de  bonne  qualité  et  recouverts 
de  cire,  pour  empêcher  l'évaporation  du  liquide  conservateur. 

Le  llacon  à  cyanure  sera,  soit  acheté,  soit  préparé  sur  place.  Voici 
une  bonne  méthode  de  préparation,  recommandée  par  VEnlomological 
Research  Committee  (Tropical  Alrica).  Dans  un  flacon  à  large  goulot, 
on  verse  une  couche  de  plâtre  de  Paris,  d'une  épaisseur  variant  de 
6.5  à  12.5  mm.  Celle-ci  est  recouverte  de  petits  morceaux  de  cyanure 
de  potassium,  sur  lesquels  on  verse  une  nouvelle  couche  de  6.5  mm. 
de  plâtre  sec  ;  le  tout  est  ensuite  recouvert  d'une  dernière  couche  de 
plâtre  humide,  ayant  une  consistance  pâteuse.  Comme  la  combinaison 
chimique  du  plâtre  avec  l'eau  dégage  de  la  chaleur,  on  chauffera  le 
flacon  en  le  plongeant  dans  l'eau  chaude,  avant  de  verser  la  dernière 
couche  de  plâtre  ;  sans  cette  précaution,  le  verre  pourrait  se  fendre. 

Les  précautions  suivantes  sont  à  prendre  en  utilisant  un  flacon  â 
cyanure  : 

1).  —  Dans  les  contrées  humides,  ajouter  une  bonne  quantité  de 
papier  absorbant,  légèrement  froissé  (papier  de  journaux  ou  papier 
buvard  mince).  Ce  papier  prend  l'humidité  exsudée  par  la  surface  plâ- 
trée et  empêche  les  insectes  de  s'abîmer  par  les  chocs  ; 

2).  —  Le  bouchon  sera  bien  rodé  et  ne  sera  enlevé  qu'au  moment  de 
l'introduction  ou  de  l'enlèvement  des  insectes  ; 

5).  — Dans  les  localités  sèches,  la  force  du  flacon  s'affaiblit  souvent. 
Il  faudra  alors,  pour  lui  rendre  son  efficacité,  gratter  légèrement  la 
surface,  ou  y  verser  quelques  gouttes  de  vinaigre  ou  d'eau  gazeuse  ; 

4).  —  Les  insectes  devront  être  enlevés  du  flacon  à  cyanure  aussitôt 
après  leur  mort  (d'habitude  au  bout  de  cinq  minutes). 

Comme  les  moustiques  sont  des  insectes  très  délicats,  il  n'est  pas 
à  conseiller  de  les  introduire  en  cours  de  route,  dans  le  flacon  à 
cyanure  ;  il  est  préférable  de  les  rapporter  en  vie  dans  les  boîtes  à 
pilules  et  de  les  tuer  au  laboratoire,  dans  un  grand  bocal  à  cyanure, 
préparé  de  la  façon  indiquée  plus  haut. 

Les  pinceaux  en  poils  de  chameau  serviront  à  manier  les  petits  spé- 
cimens ;  les  pinces  incurvées  sont  destinées  à  tenir  les  épingles  ;  les 
pinces  droites  et  les  aiguilles  emmanchées  servent  à  disposer  convena- 
blement les  pattes  et  les  ailes  des  exemplaires  piqués. 

La  loupe  de  poche  aura  un  grossissement  de  dix  à  quinze  diamètres  ; 
des  loupes  plus  fortes  sont  rarement  utiles.  Les  épingles  recomman- 
dées par  le  British  Muséum  sont  du  n°  20  ;  elles  sont  courtes  et  très 
fines.  Une  ou  deux  pièces  de  liège  ou  de  moelle,  d'environ  10  x  10  cm., 
sont  également  nécessaires,  pour  effectuer  les  opérations  de  piquage. 

Si  l'on  emploie,  pour  conserver  les  spécimens  piqués,  les  boîtes'  en 
bois  du  commerce,  celles-ci  recevront  une  bonne  couche  de  peinture- 
émail  ou  de  vernis.  Cette  précaution  est  nécessaire,  en  saison  sèche, 
sous  les  tropiques,  pour  éviter  qu'elles  ne  se  fendent  ou  ne  se  déjettent. 
Trur  l'expédition  par  la  poste,  on  pourra  utiliser  des  boîtes  à  cigares 
vides,  garnies  au  fond  de  feuilles  de  liège  et  renforcées,  intérieure- 


200 

meut,  par  de  petits  morceaux  de  bois  cloués  dans  les  coins  et  destinés 
à  supporter  les  extrémités  du  couvercle.  De  même,  des  bandes  trans- 
versales de  toile  seront  fixées,  à  l'aide  de  petits  clous,  au  fond  et  au 
couvercle  de  la  boîte. 

Capture  des  spécimens  de  Dans  la  récolte  des  moustiques  adultes, 

moustiques.  ^^^  ^.^^^  ^^  j^  détermination  des  espèces,  la 

capture  et  la  manipulation  des  spécimens 
devront  se  faire  avec  beaucoup  de  soins.  Comme  des  caractères  spéci- 
fiques importants  sont  fournis  par  les  écailles,  les  pattes  et  les 
ailes,  celles-ci  ne  pourront  être  ni  arrachées  ni  abîmées.  Les  mousti- 
ques peuvent  être  capturés  à  l'intérieur  des  habitations  ou  au  dehors. 

Certaines  espèces  de  moustiques  seront  recueillies  durant  le  jour, 
dans  les  bois  ombreux  ou  les  forêts  ;  d'autres  préfèrent  les  terrains 
découverts,  marécageux,  où  on  les  rencontre  en  grand  nombre,  aussi- 
tôt après  le  coucher  du  soleil.  Pour  la  capture  au  dehors,  on  se  servira 
du  filet  à  poche  de  gaze  et  on  transférera  les  spécimens  capturés  dans 
les  boîtes  à  pilules,  en  prenant  grand  soin  de  ne  pas  leur  arracher 
les  pattes  ;  on  ne  pourra  introduire  qu'un  seul  spécimen  vivant  dans 
chaque  boîte. 

Dans  les  maisons,  les  moustiques  Anophèles  passent  le  jour  au 
repos,  dans  les  coins  sombres.  Au  crépuscule,  la  plupart  des  mousti- 
ques volent  vers  les  fenêtres,  où  il  est  aisé  de  les  prendre  un  à  un,  soit 
à  l'aide  de  petits  pièges  à  main,  tels  que  celui  de  M.  Griffitts,  décrit 
précédemment,  soit  à  l'aide  d'une  boîte  à  pilules,  au  fond  de  laquelle 
on  fixe  fermement  une  petite  bande  de  papier  buvard.  Sur  cette  bande, 
on  verse  une  goutte  ou  deux  de  chloroforme  ou  d'ammoniaque.  La 
boîte  est  ensuite  placée  sur  un  moustique  au  repos  sur  la  fenêtre  ;  en 
quelques  secondes,  l'insecte  est  anesthésié,  et  peut  être  transféré  dans 
le  flacon  à  cyanure,  où  il  est  tué.  La  boîte  sera  alors  placée  sur  un 
a'utre  moustique,  et  ainsi  de  suite.  De  cette  façon,  en  peu  de  temps, 
l'on  pourra  recueillir  une  bonne  série  do  spécimens. 

Les  moustiques  se  réunissent  souvent,  durant  le  jour,  sous  le 
chaume,  à  l'intérieur  des  huttes  indigènes,  et  on  peut  les  y  capturer 
en  quelques  coups  de  filet.  L'attention  sera  également  attirée  sur  les 
espèces  de  moustiques  qui  piquent  les  animaux  domestiques. 

Comment  tuer  les  mous=  Les  moustiques  rapportés    en    vie,   dans 

tiques  capturés?  ^^  j^^j^gg  ^  pilules,  seront  tués  dans  le  fla- 

con à  cyanure.  A  cette  fin,  on  introduira 
dans  un  grand  flacon  à  cyanure,  la  boîte,  dont  le  couvercle  aura  été 
quelque  peu  soulevé,  de  façon  à  laisser  une  ouverture  de  quelques  mil- 
limètres. Le  flacon  à  cyanure  sera  ensuite  bouché,  et  l'insecte  ne  sera 
laissé  en  contact  avec  les  vapeurs  toxiques  que  pendant  le  temps 
strictement  suffisant  pour  le  tuer  (cinq  minutes  environ).  Dès  que  le 
spécimen  est  mort,  on  le  déposera  avec  précaution  sur  une  feuille  de 
liège  ou  de  moelle  et  on  le  touchera  aussi  peu  que  possible,  les  mani- 
pulations nécessaires  pour  arranger  les  ailes  et  les  pattes  étant  faites 
avec  une  aiguille  emmanchée.  Les  moustiques  tués  dans  les  boîtes  à 
pilules  pourront  y  être  laissés  jusqu'au  moment  du  piquage. 


201 
Modes     de    conservation  Les    moustiques    seront,   de   préférence, 

Nombrrde''s"p1cime7s      l^.'^V''^''  \^^'l'^  ''î'  ^'  conservation  dans 

requis.  I  alcool  ou  le  tormol  ne  convient  pas  pour 

les  spécimens  à  identifier  ;  elle  n'est  néces- 
saire que  pour  les  insectes  destinés  aux  dissections  anatomiques. 

Lorsqu'on  récolte  des  spécimens  d'une  espèce  de  moustiques,  on 
prendra,  si  possible,  une  demi-douzaine  au  moins  d'exemplaires  de 
chaque  sexe,  pour  être  piqués. 

Les  moustiques  devront  êtiv  traités  aussitôt  que  possible  après  leur 
mort,  car  ils  deviennent  rapidement  secs  et  raides  et,  dans  cet  état, 
ils  se  brisent,  au  moindre  allourhemcnt.  et  leur  expédition  est  impos- 
sible. 

Les  spécimens  conservés  à  l'état  sec  peuvent  être  envoyés  en  Europe, 
piqués  ou  non  piqués.  Voyons  d'abord  comment  il  faut  piquer  les 
moustiques. 

Comment    faut=il    piquer         Les  moustiques  peuvent  être  piqués  dans 

les  moustiques?  ^^.^■^^  positions,  de  façon  à  montrer  :  1)—  la 

face  dorsale  ;   2)  —  la  face  ventrale,   et 

5)  —  une  face  latérale.  Si  l'on  dispose  d'un  bon  nombre  de  spécimens, 

on  en  piquera  environ  la  moitié,  sur  le  côté  du  thorax,  de  façon  à  faire 

voir  une  des  faces  latérales  de  l'insecte, 

La  méthode  la  plus  usitée,  jusqu'à  présent,  consistait  à  piquer  les 
spécimens  de  moustiques,  à  l'aide  d'épingles  fines,  sur  de  petits  dis- 
ques en  carton,  supportés  eux-mêmes  par  des  épingles  plus  grosses. 
Ce  procédé  n'est  cependant  pas  à  conseiller,  car,  lorsque  des  si)éci- 
mens  ainsi  piqués  sont  placés  dans  une  boîte,  les  disques  pivotent  sur 
leur  support  et  abîment  les  exemplaires  voisins. 

11  faudra  donc  piquer  les  moustiques  de  la  manière  ordinaire,  en 
poussant  la  pointe  de  l'épingle  fine  au  milieu  du  thorax,  du  côté  dorsal. 
L'insecte  sera  glissé  aux  deux  tiers  de  la  hauteur  de  l'épingle,  de  façon 
à  ménager,  en  dessous,  une  prise  facile  aux  pinces  recourbées. 

On  disposera  ensuite,  aussi  bien  que  possible,  les  pattes  et  les  ailes. 
Les  ailes  devront  former  un  certain  angle  avec  le  corps,  au  lieu  de  res- 
ter fermées,  et  les  pattes  devront  être  placées  symétriquement.  Cette 
opération  sera  faite  aussi  délicatement  que  possible,  à  l'aide  d'une 
aiguille  emmanchée,  et  on  prendra  bien  soin  de  ne  pas  arracher  les 
poils  et  Ifs  écailles.  Comme  les  tissus  se  contractent  par  le  séchage,  il 
faudra  vérifier  une  ou  deux  fois,  au  cours  des  jours  suivants,  les  spé- 
cimens récemment  piqués,  et  remettre  en  place  les  pattes  ou  ailes  qui 
se  sont  déplacées. 

Pour  piquer  les  spécimens  devant  montrer  la  face  ventrale  ou  une 
face  latérale,  on  procédera  de  la  même  façon  que  pour  la  face  dorsaele. 
Les  ailes  et  les  pattes  devront  toujours  être  disposées  d'une  manière 
symétrique. 

Les  annotations  seront  inscrites  sur  une  petite  étiquette  accompa- 
gnant le  spécimen.  Si  ces  annotations  sont  semblables  pour  un  certain 
nombre  de  spécimens,  il  suffira  de  les  indiquer  pour  deux  ou  trois  et 
d'attacher  aux  autres  une  petite  étiquette  portant  le  même  numéro 
d'ordre.  Un  moyen  plus  simple  encore  consistera  à  dessiner  au  crayon, 
sur  le  fond  de  la  boîte  contenant  les  spécimens  piqués,  une  ligne  circu- 
laire, qui  englobe  tout  le  groupe. 

12 


202 

Conservation  à  l'état  sec  Lorsqu'on  voyage  rapidement,   on   peut 

sans  piquage.  conserver  les  spécimens  de  moustiques  sans 

les  piquer,  dans  des  boîtes  à  pilules  ou  des 
boîtes  à  allumettes.  Suivant  les  dimensions  de  la  boîte,  on  placera,  au 
fond,  un  ou  plusieurs  spécimens,  entortillés  chacun  dans  du  papier  à 
cigarettes  ou  du  papier  de  soie.  On  étendra  ensuite  au-dessus  d'eux, 
un  morceau  de  papier  de  soie,  qui  donnera  une  pression  suffisante  pour 
empêcher  les  heurts,  tout  en  n'écrasant  pas  les  spécimens. 

On  peut  également  se  servir  d'ouate  pour  l'emballage,  en  l'utilisant 
de  la  manière  suivante.  On  prend  une  petite  quantité  d'ouate,  qu'on 
étire  jusqu'à  en  former  un  léger  flocon,  qu'on  place  dans  la  boîte  à 
pilules,  de  façon  à  la  remphr  aux  deux  tiers.  On  dispose  les  moustiques 
sur  ce  matelas,  en  ayant  soin  de  les  distribuer  très  également  et  de  ne 
pas  les  serrer  trop  les  uns  contre  les  autres.  On  étend  ensuite  une  nou- 
velle couche  très  mince  d'ouate  étirée,  sur  les  insectes,  mais  sans  exer- 
cer aucune  pression.  Il  faut  strictement  éviter  de  comprimer  les  spé- 
cimens et  d'employer  de  l'ouate  non  étirée.  Les  spécimens  secs  et  rigi- 
des ne  peuvent  jamais  être  emballés  de  cette  façon. 

Pour  prévenir  l'invasion  des  moisissures  et  les  attaques  des  insectes, 
il  faudra  verser  une  ou  deux  gouttes  d'acide  phénique  ou  de  créosote 
sur  le  côté  interne  du  couvercle  de  la  boîte.  Il  faut  éviter  d'employer 
trop  de  créosote,  car  il  en  résulterait  une  décoloration  permanente  des 
spécimens. 

On  ne  mettra  évidemment  dans  une  boîte,  que  des  spécimens  appar- 
tenant à  une  même  espècie,  et  toutes  les  données  intéressantes  (date  et 
lieu  de  récolte,  etc.)  seront  inscrites,  soit  à  l'extérieur  de  la  boîte,  soit 
sur  une  étiquette  placée  à  l'intérieur  ou  collée  sur  le  couvercle. 

On  peut  également  se  servir,  pour  emballer  les  spécimens  non 
piqués,  d'enveloppes  de  papier  souple. 

Attaque  des  spécimens  Dans  les  contrées  tropicales,  les  spéci- 
par  les  insectes  et  les  j^Qjig,  d'insectes  piqués  sont  rapidement  at- 
taqués, au  cours  de  la  saison  humide,  par 
les  moisissures.  Comme  les  insectes  moisis  sont  pratiquement  sans 
valeur  pour  l'étude  scientifique,  les  collections  devront  être  expédiées 
le  plus  vite  possible  en  Europe. 

Pour  combattre  les  moisissures,  les  mites  et  insectes,  les  boîtes  de 
spécimens  piqués  pourront  être  frottées  intérieurement  avec  un  mor- 
ceau d'épongé  ou  un  tampon  d'ouate  imbibé  de  créosote  ou  d'un 
mélange  composé  en  parties  égales  de  créosote  et  d'une  solution  satu- 
rée de  naphtaline  dans  du  chloroforme. 

Si  l'on  ne  dispose  pas  de  ces  produits,  ou  bien  comme  précaution 
supplémentaire,  on  pourra  fondre,  dans  une  cuiller  en  fer  ou  dans  un 
tube  à  essai,  une  petite  quantité  de  naphtaline,  qui  sera  ensuite  versée 
dans  un  coin  de  la  boîte,  où  elle  adhérera  fermement.  La  naphtaline 
et  le  camphre  peuvent  également  être  utilisés  en  morceaux,  qui  seront 
maintenus  fixement,  mais  il  vaut  mieux  de  mettre  de  la  naphtaline 
dans  un  petit  sac-  de  mousseline,  qui  sera  attaché  très  solidement  dans 
un  coin  de  la  boîte,  pour  éviter  des  déplacements  dont  le  résultat  serait 
désastreux. 


203 

Dans  le  cas  de  boîtes  contenant  des  insectes  non  piqués,  entourés  de 
papier,  d'ouate,  etc.,  la  naphtaline  peut  également  être  utilisée  comme 
agent  de  préservation.  Quelques  gouttes  de  créosote  ou  d'acide  phénique 
seront  versées  sur  le  fond  de  la  boîte  avant  la  mise  en  place  des  spéci- 
mens et  quelques  gouttes  également  à  l'intérieur  du  couvercle,  lorsque 
la  boîte  est  remplie.  Le  créosote  ne  peut  jamais  être  en  contact  direct 
avec  les  insectes,  car  il  peut  les  décolorer  d'une  manière  permanente. 

Sous  les  tropiques,  les  fourmis  peuvent  également  attaquer  les  collec- 
tions d'insectes  non  surveillées.  Elles  ne  pénètrent  pas  dans  les  boîtes 
préparées  de  la  façon  indiquée  plus  haut  (créosote  et  naphtaline),  mais 
il  est  à  conseiller  cependant  d'isoler  les  tables  sur  lesquelles  les  spé- 
cimens se  trouvent,  en  en  plaçant  les  pieds  dans  des  soucoupes  remplies 
de  pétrole.  L'eau  ne  sera  pas  employée  dans  ces  soucoupes,  car  nous 
savons  qu'elle  servirait  presqu'invariablement  de  milieu  de  développe- 
ment aux  larves  de  moustiques.  Au  Brésil,  on  protège  les  boîtes  à  insec- 
tes contre  l'invasion  des  fourmis,  en  enduisant  le  pourtour  extérieur  de 
la  fente  d'ouverture  et  tout  autre  endroit  possible  de  pénétration,  avec 
de  l'huile  d'Andiroba  et  en  répétant  cette  opération  aussi  souvent  que 
nécessaire. 

Un  autre  bon  moyen  de  défendre  les  collections  contre  les  fourmis 
et  autres  insectes,  dans  les  contrées  tropicales  humides,  consiste  dans 
J'emploi  d'une  cage  de  séchage,  suspendue  au  plafond  de  la  hutte  ou  de 
la  tente.  Cette  cage  peut  être  facilement  confectionnée  à  l'aide  de  vieilles 
caisses  d'emballage  et  de  quelques  décimètres  carrés  de  toile  métalli- 
que à  mailles  serrées,  destinée  au  fond  et  au  devant  de  la  cage.  Les 
cordes  de  suspension  devront  passer  au  travers  d'une  petite  calebasse 
contenant  du  pétrole  ou  mieux  encore  de  la  naphtaline,  afin  d'empê- 
cher les  fourmis  de  descendre  du  plafond  et  d'atteindre  ainsi  les  collec- 
tions. Cette  cage  devra  être  facile  à  démonter  et  avoir  environ  50  cm. 
de  longueur,  30  cm.  de  hauteur  et  20  cm.  de  largeur. 

Récolte    et    conservation         Les  Stades  larvaires  des  moustiques  se- 

itl.?'pV°'"„ln^l*"!f;      ^ont  récoltés  dans  toutes  les  eaux  où  ils  se 

larves     et     pupes     de        , ,     , 

moustiques.  développent. 

Nous  avons  donné,  au  cours  des  chapitres 
précédents,  suffisamment  de  détails  sur  la  diversité  des  réservoirs  natu- 
rels ou  artificiels  choisis  par  les  moustiques  pour  se  développer,  pour 
qu'il  soit  inutile  de  revenir  encore  sur  ce  sujet.  Répétons  seulement 
qu'aucune  agglomération  d'eau,  si  petite  et  si  cachée  soit-elle,  ne  doit 
être  négligée. 

Les  pontes  seront  recherchées  à  la  surface  de  l'eau  ou  immédiatement 
au-dessus  de  celle-ci,  sur  les  parois  des  récipients.  Les  larves  venant 
respirer  à  la  surface  et  les  pupes  qui  y  flottent  seront  pêchées,  à  l'aide 
d'un  filet  léger  ou  d'une  louche  en  émail  blanc. 

Lorsque  les  moustiques  sont  élevés  au  laboratoire,  les  peaux  de  mue 
des  larves  et  les  enveloppes  pupales  vides  seront  toujours  soigneuse- 
ment récoltées,  car  elles  constituent  d'excellents  éléments  pour  la  déter- 
mination scientifique. 

Les  larves  et  pupes  récoltées  vivantes,  seront  tuées,  puis  conservées 
dans  l'alcool  ou  le  formol.  On  les  tuera  en  les  plongeant  pendant  quel- 
ques instants  dans  l'eau  bouillante,  puis  en  les  mettant  dans  l'alcool 


204 

faible  (deux  tiers  d'alcool  pour  un  tiers  d'eau).  Après  y  avoir  séjourné 
deux  ou  trois  semaines,  jusqu'à  ce  qu'elles  soient  complètement  laffei- 
mies,  elles  seront  ensuite  placées  dans  de  l'alcool  plus  fort. 

Si  l'on  emploie  le  formol,  une  solution  à  4  p.  c.  (c.-à-d.  une  partie  de 
la  solution  commerciale  ordinaire  à  40  p.  c,  dans  neuf  parties  d'eau) 
est  suffisamment  forte  pour  tuer  et  conserver  les  spécimens. 

Les  larves  et  pupes  (conservées  dans  le  formol  ou  dans  l'alcool)  seront 
introduites  dans  de  petits  tubes  de  verre,  qui  seront  ensuite  bouchés  ; 
les  bouchons  pourront  être  revêtus  de  cire,  mais  cette  précaution  n'est 
pas  absolument  indispensable  ;  chaque  tube  contiendra  un  morceau  de 
papier,  sur  lequel  seront  écrites  au  crayon  toutes  les  données  utiles  : 
localité,  date,  origine  (eau  douce,  saumâtre  ou  salée),  nom  du  collec- 
teur, etc.,  avec,  si  possible,  un  renvoi  à  des  spécimens  piqués  de  l'in- 
secte parfait,  permettant  de  faire  l'identification.  Pour  l'expédition  en 
Europe,  les  tubes  seront  emballés  dans  de  l'ouate,  dans  une  petite  boîte 
métallique. 

Il  est  à  peine  besoin  d'ajouter  que  chaque  espèce  sera  placée  dans 
un  tube  séparé. 

Annotation  des  observa=  Qn  ne  saurait  assez  insister  sur  la  grande 

*'®"^*  importance  qu'il  y  a,  à  joindre  aux  spéci- 

mens récoltés,  toutes  les  indications  possi- 
bles. Nous  avons  déjà  dit  de  quelle  façon  les  étiquettes  seront  jointes 
aux  insectes  piqués,  conservés  en  boîtes  ou  plongés  dans  l'alcool. 
Rappelons  que  ces  étiquettes  doivent  porter  les  mentions  suivantes  : 

1)  —  Nom  de  la  localité,  —  Pour  les  villages  indigènes,  fermes,  etc.. 
le  nom  sera  accompagné  des  indications  nécessaires  pour  repérer  sur 
la  carte  :  orientation,  distance  approximative  d'une  ville,  rivière  ou 
montagne  bien  connue,  etc.  ; 

2)  —  Altitude  ; 

3)  —  Date  de  la  récolte  :  jour,  mois,  année  ; 

4)  —  Nom  du  collecteur  ; 

5)  —  Toutes  brèves  indications  présentant  de  l'intérêt,  telles  que  : 
«  Rare,  »  «  Très  abondante  dans  le  district  et  très  importune  le  soir.  » 
«  N'est  abondante  que  dans  les  parties  marécageuses  découvertes,  » 
«  Ne  s'éloigne  jamais  des  habitations,  »  etc. 

Lorsqu'il  s'agit  d'insectes  piqués  et  que  les  données  à  inscrire  sur 
les  étiquettes  sont  identiques  pour  toute  une  série  de  spécimens,  il 
suffira  d'attacher  une  étiquette  complète  à  un  ou  deux  exemplaires, 
les  autres  portant  seulement  un  numéro  d'ordre  ou  un  petit  carré 
de  papier  d'une  couleur  déterminée.  Lorsque  des  moustiques  auront 
été  capturés  accouplés,  le  fait  sera  soigneusement  indiqué  et  chaque 
insecte  portera  sur  son  étiquette,  la  mention  respective  :  A  in  cop. 
avec  Ai  »  —  «  Ai  in  cop.  avec  A.  » 

Des  indications  plus  longues  relatives  à  la  biologie  des  moustiques 
capturés  seront  toujours  très  utiles.  Elles  seront  inscrites  dans  un 
carnet  spécial,  sous  un  numéro  correspondant  à  celui  des  spécimens. 
Elles  porteront  notamment  sur  : 


'205 

a)  —  la  biologie  des  mousliques  adultes  :  Distribution  et  abondance 
locales.  —  FréquoncG  dans  les  habitations  et  aux  environs  de  celles-ci. 
—  Moments  d'activité  et  variations  saisonnières.  —  Mœurs  alimentai- 
res des  femelles.  —  Fréquence  des  prises  de  sang.  —  Mœurs  alimen- 
taires des  mâles.  —  Portée  du  vol.  —  Durée  de  la  vie.  —  Résistance 
au  froid,  à  la  chaleur,  etc.  —  Conditions  de  la  copulation.  —  Mode  et 
moment  de  ponte.  —  Ennemis  naturels,  etc. 

b)  —  la  biologie  des  stades  larvaires  :  Lieux  de  développement.  — 
Œufs  et  éclosion.  —  Mœurs  et  nourriture  des  larves.  —  Sortie  de 
l'imago.  —  Influence  des  agents  extérieurs,  favorables  ou  défavorables, 
sur  les  œufs,  larves  et  pupes.  —  Durée  du  cycle  vital.  —  Ennemis  natu- 
rels, etc. 

Emballage   et  expédition  \ous  savons  déjà  que  pour  éviter  l'enva- 

en  Europe.  hissement  par  les  insectes  et  moisissures 

des  collections  recueillies  dans  les  pays 
chauds,  il  faut  les  expédier  le  plus  rapidement  possible  en  Europe. 
Pour  contenir  les  spécimens  piqués,  on  se  servira  d'une  boîte  entomo- 
logique  ou,  à  défaut,  de  toute  autre  petite  boîte  solide,  telle  qu'une  boîte 
à  cigares,  par  exemple,  préparée  pour  l'expédition  coiiime  indiqué  page 
(199),  et  dans  le  fond  de  laquelle  on  fixera  fermement  une  feuille  de 
liège.  Pour  prévenir  Les  dégâts  par  les  moisissures  et  les  mites,  on 
suivra  soigneusement  les  conseils  donnés  au  paragraphe  traitant  de 
l'attaque  des  collections  par  ces  ennemis.  Les  plus  grandes  précautions 
devront  également  être  prises  pour  empêcher  que  les  spécimens  ne  se 
détachent  et  ne  soient  cahotés  d'un  côté  à  l'autre,  pendant  le  voyage. 
Un  seul  spécimen  détaché  peut  abîmer  sans  remède  tous  les  autres 
spécimens  contenus  dans  la  boîte.  Les  épingles  seront  donc  fixées 
aussi  fermement  que  possible  dans  la  feuille  de  liège.  Elles  seront 
enfoncées  de  telle  façon,  que  toutes  les  têtes  se  trouvent  au  même 
niveau,  et  sur  celles-ci  une  feuille  de  itapier  sera  étendue. 

La  boîte  à  insectes  piqués,  ainsi  préparée,  sera  ensuite  bien  enve- 
loppée dans  de  l'ouate,  des  copeaux,  de  la  sciure  de  bois  ou  de  la 
mousse,  et  placée  dans  une  boite  plus  grande,  bien  emballée  pour 
l'expédition  en  Europe.  S'il  s'agit  d'insectes  conservés  à  sec,  sans 
piquage,  dans  des  boîtes  à  pilules  ou  des  boîtes  à  allumettes,  toutes 
ces  boîtes  seront  également  placées  dans  une  boîte  plus  grande  et  plus 
solide  et  entourées  d'ouate  ou  d'autres  matériaux  de  rembourrage. 

Quant  aux  tubes  contenant  des  larves  et  pupes  conservées  dans  l'al- 
cool, ceux-ci,  bien  bouchés,  seront  emballés  séparément  dans  de  l'ouate 
ou,  ce  qui  est  préféralile,  dans  du  cria  de  cheval  ou  des  copeaux. 

B.  —  RECHERCHE  DES  MOUSTIQUES  ANOPHELES  INFECTÉS. 
ELEVAGE  DES  MOUSTIQUES  AU  LABORATOIRE . 

Pour  déterminer  si  des  moustiques  Anophèles  sont  infectés  par  la 
malaria,  il  faut  disséquer  leurs  glandes  salivaires  et  leur  estomac. 
M.  le  Prof.  .1.  W.  W.  Stephens,  M.D.,  de  l'Ecole  de  Médecine  tropicale 
de  Liverpool  (19 i).  a  publié,  il  y  a  quelques  années,  dans  le  Builetin 


2U6 

o|  Entomological  Research,  d'excellentes  indications  au  sujet  de  cette 
dissection  (Methods  (or  detecling  Sporozoits  and  Zygotes  in  Mosquitoes 
infected  with  Malaria).  Nous  les  reproduisons  ci-dessous,  dans  l'espoir 
qu'elles  pourront  être  utiles  à  ceux  de  nos  lecteurs  qui  sont  déjà  quel- 
que peu  versés  dans  les  recherches  parasitologiques. 

Capture     et     traitement  a)    —  Choisir  un  village  ou  toute  petite 

î'^l^f  "tVheirTn;  agglomération  de  huttes  indigènes,  où  l'in- 
fectés,  en  vue  de  la  lection  malanale  a  été  déterminée  chez  les 
dissection.  enfants,  soit  par  l'examen  du  sang,  soit  par 

la  palpation  de  la  rate  ; 
h)  —  Les  Anophèles  adultes,  ainsi  que  les  Culicines,  sont  trouvés 
dans  Its  huttes  et  maisons,  près  du  foyer,  derrière  les  rideaux,  dans 
les  armoires,  derrière  les  vêtements,  dans  les  vieilles  bottes,  dans  les 
tas  de  décombres  :  vieilles  bouteilles,  déchets  et  ordures  de  toutes 
sortes,  ainsi  qu'au  chaume  du  toit,  où  ils  sont  souvent  suspendus  par 
centaines,  à  la  paille  couverte  de  suie  et  aux  toiles  d'araignée.  Si  l'on 
n'en  découvre  pas,  on  remuera  le  chaume  avec  un  bâton,  car  les  Ano- 
'pheles  y  sont  parfois  profondément  cachés.  On  examinera  également 
les  dépendances,  les  étables,  les  tas  d'herbes  séchées  dans  les  granges, 
ainsi  que  l'extérieur  des  moustiquaires  (tôt  le  matin)  ; 

c)  —  On  peut  souvent  capturer  les  moustiques  Anophèles,  par  cen- 
taines, dans  les  tuyaux  d'écoulement  des  eaux  et  sous  les  ponts  et  pon- 
ceaux  ; 

d)  __  Enfin  on  peut  placer  des  pièges.  Ceux-ci  peuvent  être  faits  à 
l'aide  de  grandes  boîtes  à  biscuits  vides,  garnies  intérieurement  d'un 
feutrage  et  dont  le  couvercle  est  entre-bâillé.  Les  moustiques  y  cher- 
chent un  refuge,  au  lever  du  soleil. 

Pour  prendre  un  moustique  Anophèles,  il  suffit  de  placer  lentement 
sur  lui  un  tube  à  essai  ;  on  bouche  ensuite  le  goulot,  en  y  glissant  un 
tampon  d'ouate.  S'il  est  nécessaire  d'avoir  une  cinquantaine  de  spé- 
cimens, il  vaut  mieux,  pour  gagner  du  temps,  employer  une  cinquan- 
taine de  tubes  à  essai,  plutôt  que  de  se  servir  toujours  du  même  tube, 
et  de  transférer  les  moustiques,  au  fur  et  à  mesure  de  la  capture,  dans 
une  bouteille.  Si  cependant,  on  ne  dispose  pas  de  suffisamment  de 
tubes  à  essai,  il  faudra  utiliser  la  bouteille.  Dans  ce  cas,  celle-ci  devra 
être  complètement  sèche,  car  s'il  y  a  la  moindre  humidité,  les  mousti- 
ques collent  au  verre  par  les  ailes  et  meurent  bientôt. 

Comme  on  connaît  encore  d'une  manière  très  peu  exacte,  quelles 
sont  véritablement  les  espèces  de  moustiques  Anophèles  qui  transmet- 
tent la  malaria,  il  est  nécessaire  d'identifier  ou  de  faire  identifier  les 
spécimens  qu'on  dissèque.  Un  examen  soigneux,  à  la  loupe,  permet- 
tra de  déterminer,  presqu'avec  certitude,  si  tous  les  Anophèles  capturés 
sont  de  la  même  espèce.  On  en  retiendra  une  douzaine  par  exemple, 
y  compris  quelques  mâles,  pour  être  examinés  par  un  spécialiste.  On 
les  tuera  dans  les  tubes  à  essai,  en  versant  une  goutte  de  chlorofornio 
sur  le  tampon  d'ouate.  On  les  mettra  ensuite  dans  une  boîte  à  pilules 
ou  une  boîte  à  allumettes,  garnie  au  fond,  d'une  couche  d'ouate  bien 
étirée  et  très  légèrement  tassée  et  on  les  recouvrira  d'une  autre  couche 
d'ouate  étirée,  pour  éviter  les  chocs.  Si  possible,  on  versera  une  goutte 


207 

de  créosote  ou  de  naphtaline  fondue,  à  l'intérieur  du  couvercle  de  cha- 
que boîte,  pour  empêcher  l'invasion  des  moisissures.  Une  étiquette 
indiquant  où  et  quand  le  spécimen  a  été  capturé  et  le  nom  de  l'expédi- 
teur, sera  collée  à  l'extérieur  de  la  boîte,  puis  celle-ci  sera  immédiate- 
ment expédiée. 

Les  moustiques  Anophèles,  capturés  en  vue  de  la  dissection  et  tenus 
en  vie  dans  les  tubes  à  essai,  seront  simplement  tués  par  choc,  c'est-à- 
dire  en  frappant,  avec  les  tubes  qui  les  contiennent,  de  petits  coups 
secs  sur  le  genou.  Il  est  bien  entendu  que  ce  procédé  ne  pourra  pas 
être  employé  pour  les  spécimens  destinés  à  l'identification,  car  la  plu- 
part des  écailles  des  ailes  sont  détachées  par  les  secousses.  L'insecte 
tué,  sera  ensuite  placé  sur  une  lamelle  de  verre  et  le  tenant  par  une 
une  aile,  on  arrachera  avec  une  aiguille  emmanchée  ou  des  pinces, 
l'autre  aile  et  les  pattes.  Il  faudra  veiller  à  ne  pas  arracher  par  erreur 
la  trompe. 


Dissection    des     glandes          a)  —  Placez  le  moustique  apprêté,  dans 

sahvaires.  ^^^^  goutte  d'eau  salée  (1  p.  c.  de  sel),  sur 

une  lamelle  de  verre,  de  façon  à  ce  qu'il  se 

trouve  sur  le  côté  droit,  la  trompe  dirigée  vers  vous  (voir  fig.  102).  Ne 

mettez  pas  trop  de  solution  salée  sur  la  lamelle,  car  les  glandes,  lors 

de  leur  extraction,  peuvent  être 
entraînées  par  l'eau  et  se  per- 
dre. Rappelez-vous  que  ces  glan- 
des se  trouvent  juste  au  point 
d'origine  de  la  première  paire 
de  pattes  ; 

b)  —  Placez  la  lamelle  sur 
un  morceau  de  papier  blanc, 
car  vous  disséquez  un  objet 
noir.  Prenez  dans  chaque 
main,  une  aiguille  emmanchée 
et  tenez-les  presque  horizon- 
tales. Placez  la  pointe  de  l'ai- 
guille gauche  sur  le  thorax  pour 
le  fixer  et  celle  de  la  droif'^  au 
dos  de  la  tête  (fig.  102),  et  exer- 
cez avec  cette  dernière  aiguille, 
une  série  de  tractions  douces,  lentes,  sur  la  tête,  pendant  environ 
une  demi-minute  ; 

Cl)  —  Si  cette  opération  a  été  faite  soigneusement  (et  toute  personne 
ayant  quelque  délicatesse  de  toucher  peut  réussir  99  fois  sur  100),  un 
morceau  de  tissu  blanc  restera  attaché  à  la  tête  :  celui-ci  contient  les 
glandes  ; 

d)  —  Examinez  avec  une  loupe  d'un  demi  pouce,  en  se  rappelant 
qu'on  doit,  pour  voir  un  objet  non  coloré,  fermer  presque  complète- 
ment le  diaphragme.  Les  glandes  sont  brillantes,  ont  la  forme  de  doigts 
et  sont  un  peu  tordues  ;  elles  se  projettent  à  l'extrémité  de  la  tête  ;  il 
se  peut  qu'on  ne  voit  que  leurs  bouts  au  milieu  d'un  muscle  çrris  ou 
de  corps  gras  (voir  fig.  103)  ; 


Fig.  102.  —  Diagramme  montrant 
le  mode  d'extraction  des  glandes  sa- 
livaires  d'un  moustique.  (Dessin  de 
M.  H.  F.  Carter.) 


208 


■  e)  —  Séparation  de  la  tête.  —  Mettez  l'aiguille  gauche  sur  la  tête  et, 
avec  la  droite,  coupez  ou  arrachez  le  tissu  blanc  contenant  les  glandes 
(N.  B.  —  Veillez  à  ce  qu'à  ce  moment,  la  solution  salée  ne  soit  pas  des- 
séchée et  à  ce  que  les  glandes  ne  collent  pas  à  l'aiguille). 

Examen  des  glandes.  a)  _  Disséquées  de  cette  façon,  les  glan- 

des sont  généralement  tout  à  fait  libres,  mais  même  si  elles  sont 
encore  attachées  à  un  bout  de  tissu,  il  est  inutile  de  les  en  séparer. 
Il  n'est  pas  nécessaire  que  les  six  lobes  soient  présents,  la  présence 
de  trois  est  considérée  comme  suffisante.  Il  faudra  noter,  à  l'aide  d'un 
faible  grossissement,  la  position  exacte  sur  la  lamelle  (voir  fig.  103)  ; 

b)  —  Si  la  solution  saline  est  devenue  trouble,  on  tirera  avec  précau- 
tion les  glandes  dans  une  goutte  fraîche  de  solution,  placée  sur  la 
lamelle,  en  se  rappelant  que  dans  le  champ  d'un  microscope,  la  droite 
réelle  d'un  objet  devient  sa  gauche  et  vice-versa  ; 

c)  —  Placez  une  lamelle  couvre-objet  sur  la  préparation  ; 

d)  —  Examinez  avec  un  grossissement  moyen.  Une  immersion  dans 

l'huile  n'est  pas 
nécessaire  pour 
découvrir  les  spo- 
rozoïtes,  car  ceux- 
ci  ont  une  lon- 
gueur égale  à  en- 
viron deux  fois  le 
diamètre  d'un  glo- 
bule rouge  ; 

Fig.  103.  —  Aspect   des    glandes    salivaires    d'un  e)  — ■  Dans  une 

moustique.  (Fortement  agrandies.)  (D'après  J.  W.  ^^Hg  préparation 
W    Stephens.)  t    -  i. 

fraîche,    on    peut 

voir  les  sporozoïtes.  par  centaines,  sous  la  forme  de  bâtonnets  incurvés, 
minces,  plutôt  brillants  (voir  fig.  104).  Le  diaphragme  sera  convena- 
blement réglé. 


Coloration  des  Sporozoïtes. 


a)  ■ —  Enlevez  la  lamelle  couvre-objet  ; 


Fig.  104. 
Stephens.) 


Sporozoïtes  dans  les  glandes  salivaires  (D'après  J.  W.W. 


h)  —  Séchez  aussi  rapidcniont  que  possible  (sur  une  flamme)  ; 

c)  —  Fixez  dans  l'alcool,  pendant  quelques  minutes  (cinq  suffisent)  ; 

d)  —  Colorez  au  Romanowsky  ou  au  Leishman,  etc.,  dix  minutes  au 
plus.  Comparez  soigneusement  les  sporozoïtes  des  cas  de  fièvre  quarte, 
fièvre  tierce  simple  et  fièvre  tierce  maligne.  Examinez  également,  s'il 
n'y  a  pas  présence  de  sporozoïtes  mâles,  femelles  ou  non  sexués. 

Dissection    de    l'intestin  \.-B.  —  Les  moustiques  capturés  dans 

moyen   (estomac).  j^g  huttes,  devront  être  au  préalable  tenus 

en  captivité  durant  deux  ou  trois  jours, 
afin  de  leur  permettre  de  digérer  tout  le  sang  absorbé.  Sans  cette  pré- 
caution, il  est  presque  impossible  de  voir  les  zygotes. 

a)  —  Placez  le  moustique  (soit  un  nouveau,  soit  celui  dont  on  a  déjà 
extrait  les  glandes  salivaires),  sur  le  dos,  dans  une  goutte  de  solution 
saline  propre.  Entaillez  ou  déchirez  avec  une  aiguille  la  paroi  chiti- 
neuse  du  corps,  de  chaque  côté,  le  plus  près  possible  de  l'extrémité. 
Placez  l'aiguille  gauche  sur  le  thorax  et  avec  l'aiguille  droite  sur  l'ex- 
trémité postérieure,  exercez  une  traction  douce,  comme  précédemment  ; 


htitJu^Ayti 


C|>.Ctl.m 


^*>1<  llf,lc 


Sutlltn. 


Fig.  105.  —  Aspect  microscopique  de  l'intestin  moyen  (estomac),  mon- 
trant la  structure  cellulaire  et  les  zygotes.  (D'après  J.  W.W.  Stephens.) 


bj  —  Si  cette  opération  est  bien  faite,  tous  les  viscères  sont  extraits, 
c.-à-d.  :  œsophage  et  jabots,  intestin  moyen  (estomac),  tubes  de  Mal- 
pighi  (cinq),  intestin  postérieur,  ovaires  (deux  ,  etc.  Lorsqu'on  relâche 
la  tension,  l'intestin  moyen  prend  l'aspect  d'un  sac,  en  forme  de  bou- 
teille ;  " 

c)  —  Coupez  l'intestin  moyen,  juste  en  dessous  de  l'insertion  des 
tubes  de  Malpighi.  Sectionnez  également,  l'extrémité  supérieure  de 
l'œsophage,  auquel  peuvent  encore  être  attachés  les  jabots  ou  divi-r- 
ticula,  reconnaissables  aux  bulles  de  gaz  (CO^),  qu'ils  contiennent  ; 

d)  —  Enlevez  de  la  lamelle  tous  les  fragments,  sauf  l'estomac.  Ajou- 
tez une  goutte  fraîche  de  solution    saline.    Placez  le  couvre-objet  et 


210 

pressez  doucement,  de  façon  à  aplatir  l'estomac.  Examinez,  en  prenant 
soin  d'ajuster  convenablement  le  diaphragme  ; 

e)  —  Si  l'on  connaît  la  structure  normale  de  l'estomac,  il  n'y  a  pas 
de  diffificultés  à  trouver  les  zygotes  (voir  fig.    105)  (*). 

7j  —  Les  plus  jeunes  formes  sont  des  corps  nettement  ovales  ou 
arrondis,  de  6-7  microns,  environ  les  dimensions  d'un  globule  rouge, 
contenant  des  granules  de  pigment  nettement  visibles  ; 

2)  —  Les  formes  plus  grandes  ont  une  paroi  distincte  (oocystes), 
«t  conservent  encore  du  pigment,  nettement  apparent  ; 

3)  —  Les  plus  grands  oocystes  ont  perdu  leur  pigment  et  sont  des 
cysles  nettement  définis  (40-60  microns),  remplis  de  centaines  de 
corpuscules  en  forme  de  faucilles  (sporozoïtes),  qui  s'échappent  à  la 
rupture. 

Coloration  des  zygotes.  —  a)  — •  Introduisez,  à  l'aide  de  papier 
buvard,  un  peu  de  solution  de  formol  à  10  p.  c.  sous  le  couvre-objet, 
et  enlevez  ensuite  ce  dernier  avec  précauiion  :  restomac  y  restera  pro- 
bablement attaché  ; 

b)  —  Lavez  à  l'eau  ; 

c)  —  Colorez  légèrement,  à  l'aide  du  bleu  méthylène  ; 

d)  —  Lavez  à  l'eau,  deshydratez  et  éclaircissez  au  xylol  ; 

e)  —  Montez  dans  le  baume  ;  on  obtient  ainsi  facilement  de  bonnes 
préparations. 

Antres  parasites  pouvant  être  rencontrés  au  cours  de  la  dissection. 
M.  le  Prof.  Stephens  note  :  1)  —  Des  Trematodes,  encystés  dans  le 
thorax  ou  libres  dans  l'estomac.  —  2)  —  Des  Nematodes,  dans  le  thorax 
ou  la  cavité  abdominale.  Dans  les  muscles  thoraciques,  on  peut  égale- 
ment trouver  des  embryons  de  filaires.  —  3)  —  Des  Sporozoaires  : 
a)  —  Masses  de  corpuscules,  en  forme  de  saucisses,  dans  les  glandes 
salivaires  :  b)  —  Sporocystes  contenant  huit  spores  :  c)  —  Gregarines 
(libres  dans  l'estomac  ou  encystés  dans  les  tubes  de  Malpighi).  — 
4)  —  Des  Flagellés.  En  grand  nombre  dans  l'intestin.  Ce  sont  des 
formes  Crifhidia.  —  5)  —  Des  micro-organismes  et  Nosema,  dans  les 
diverticula.  —  6)  —  Des  ectoparasites.  Les  formes  larvaires  rougeâtres 
de  mites  d'eau  (Hydraehnidae)  sont  communes.  Stades  adultes  inconnus. 

But  de  l'élevajje  des  lar=  L'élevage   des   larves    de   moustiques   au 

ves  de   moMstiques   au      laboratoire  peut  servir    : 
laboratoire.  .,  a      l.      •      j  j   n 

1)  —  A  obtenir  des  spécimens  adultes 

pour  l'étude  scientifique  :  ceux-ci  sont  plus  frais  et  mieux  conditionnés 
que  les  individus  capturés,  qui  sont  souvent  quelque  peu  abîmés  ;  (**) 

2)  —  A  déterminer  à  quelles  espèces  d'Anophèles  ou  de  Culex  appar- 
tiennent les  larves  et  pupes.  les  caractères  spécifiques  des  adultes 
étant  souvent  plus  faciles  à  distinguer  que  ceux  des  stades  larvaires  ; 

3)  —  A  faire  des  observations  ou  des  expériences  sur  l'évolution  des 
larves  et  les  mœurs  des  moustiques  adultes. 

(*)  Si  les  zygotes  sont  rares  (1-2),  on  les  trouvera  à  l'extrémité  postérieure  de 
l'estomac,  tout  prè?  fies  tubes  de  Malpiiïhi, 

(**)  Les  spécimens  adultes,  obtenus  par  élevage  des  larves  au  laboratoire.ne  seront 
tués  que  douze  heures  après  leur  sortie  de  l'enveloppe  pupale,  afin  de  laisser  à  la 
chitine  1«  temps  de  durcir. 


211 


Récolte  des  larves  et  pu-  La  récolte  des  larves  et  pupes  de  mousti- 

pes   pour    1'"' — -^^    -•■ 
laboratoire. 


pes   pour    l'élevage    au       ^^^^^  ^^  jg^.^  ^^  jjj^j  j^^^^  ^  ^^^■^^ç^  mailles, 


OU  mieux  encore  à  l'aide  d'une  louche  ou 
d'un  puisoir  en  émail  blanc,  les  larves  étant  plus  facilement  visibles 
sur  un  fond  clair.  On  pourra  encore  se  servir  des  pièges  indiqués  en 
notre  page  140. 

Nous  rappelons  que  les  larves  et  pupes  d'Anophèles,  sont  des  orga- 
nismes fragiles,  qui  demandent  à  être  délicatement  manipulés.  De 
plus,  comme  beaucoup  de  larves  ne  se  développent  pas  ou  meurent 
en  captivité,  il  faudra  en  prendre  un  nombre  suffisant  pour  parer  à 
des  pertes  toujours  élevées.        * 


Transport   des   larves   et  Pour  transporter  en  vie  les  larves  et  pu- 

P"P^*'  pes.  on  pourra  se  servir  de  flacons  à  large 

goulot,  ne  contenant  pas  plus  de  2,5  cm. 
d'eau  et  bien  abrités  du  soleil.  Il  ne  faudra  pas  réunir  trop  de  larves 
dans  un  même  flacon. 

S'il  y  a  trop  d'eau,  trop  de  larves  ou  si  le  soleil  échauffe  le  flacon, 
beaucoup  périssent  pendant  le  transport.  Une  faible  hauteur  d'eau 
permet  aux  larves  de  venir,  sans  effort,  respirer  à  la  surface. 

M.  J.  C.  Legendre  (113),  a  signalé  récemment  à  la  Société  de  Biologie 
de  Paris,  les  bons  résultats  qu'il  a  obtenus,  en  expérimentant  un  nou- 
veau moyen  de  transport  des  larves  de  moustiques. 

Des  larves  de  Culex  récoltées  on  décembre,  dans  un  fossé,  furent 
extraites  de  l'eau  et  placées  dans  les  conditions  suivantes  :  (1)  —  Une 
couche  de  larves  entre  deux  couches  de  mousse  humide  (a)  dans  une 
boîte  sans  couvercle  ;  (b)  —  dans  une  boîte  avec  couvercle  percé  de 
trous  ;  (2)  —  Trois  couches  de  larves,  séparées  par  des  couches  de 
mousse  humide,  dans  une  boîte  hermétiquement  fermée. 

Les  boîtes  furent  ouvertes  après  cinq  jours,  et  les  larves,  replacées 
dans  l'eau,  reprirent  leur  activité  et  parurent  se  développer  normale- 
ment. Cette  expérience  a  démontré,  que  les  larves  de  Culex  peuvent 
rester  vivre  au  moins  cinq  jours  hors  de  l'eau,  dans  un  récipient  fermé, 
ce  qui  facilite  grandement  leur  transport. 


Conservation   en  vie  des  Les  larves  et  pupes  à  élever  au  laboratoire 

iTi'U*    moustiques  t     i^^égg  ^3„g  jgg  bocaux,   flacons  à 

au  laboratoire.  ,  '    ,  ,  ,   .    .      .  ' 

large  goulot  ou  autres  récipients  contenant 

de  l'eau  et  dans  lesquels  elles  pourront  poursuivre  leur  évolution.  Ces 
récipients  seront  recouverts  de  gaze  ou  de  mousseline. 

Tous  ceux  qui  ont  fait  dos  oxpériences  sur  les  larves  do  moustiques, 
ont  constaté  combien  il  est  difficile  de  les  conserver  vivantes  en  capti- 
vité. M.  le  Dr  Darling.  chef  des  laboratoires  de  recherches  du  Départo- 
ment  d'Hygiène  de  Panama,  a  imaginé  un  procédé  qui  permet,  paraît-il, 
aux  larves  de  se  développer.  Il  consiste  à  injecter,  doux  fois  par  jour, 
dans  l'eau  des  réservoirs,  de  fins  jets  d'air,  qui  rafraîchissent  lo  liquide 
et  en  renouvellent  l'oxygène. 


•212 

Conservation  en  vie  des  n  est  souvent  nécessaire,  pour  effectuer 

moustiques  adultes.  .j^^  expériences  de  prise  de  sang  et  de  trans- 

mission des  maladies  ou  des  observations 
biologiques,  de  conserver  en  vie,  au  laboratoire,  des  moustiques 
adultes. 

S'il  s'agit  d'adultes  provenant  de  larves  élevées  au  laboratoire,  on 
laissera  échapper  dans  des  «  cages  à  piqûres  »  ceux  qui  viennent 
d'éclore.  Les  cages  utilisées  par  MM.  Walker,  E.  L.  et  Barber,  M.  A. 
(207),  aux  Philippines,  consistaient  en  verres  de  lampe,  placés  chacun 
dans  un  vase  de  Pétri  rempli  de  sable  lavé  et  constamment  imbibé 
d'eau.  L'extrémité  supérieure  était  fermée  par  de  la  mousseline.  Lors- 
que les  moustiques  n'étaient  pas  nourris  de  sang,  on  leur  donnait  des 
raisins  ouverts,  placés  extérieurement  sur  la  mousseline.  La  propreté 
était  maintenue  par  de  fréquents  changements  d'eau,  de  nourriture,  et 
même  de  cages. 

A  Panama,  le  renouvellement  du  stock  de  moustiques  adultes  néces- 
saire aux  travaux  biologiques,  s'effectuait,  en  récoltant  les  Anophèles 
vivants,  dans  les  maisons  de  divers  villages,  et  en  les  envoyant  ensuite 
au  laboratoire. 

Il  fut  trouvé  essentiel,  pour  que  les  moustiques  adultes  arrivent  dans 
de  bonnes  conditions,  de  les  tenir  rigoureusement  à  l'abri  du  soleil, 
de  la  pluie  et  dts  forts  courants  d'air,  pendant  le  transport.  Ces  insec- 
tes paraissaient  succomber  rapidement,  lorsqu'ils  étaient  exposés  à  un 
vent  sec,  causant  une  évaporation  qui  leur  était  fatale.  Si  le  transport 
s'effectuait  dans  des  cages  complètement  couvertes  de  papier,  il  y  avait 
peu  de  pertes. 

11  existe  différents  modèles  de  «  cages  à  piqûres  »,  destinées  à  conser- 
ver les  moustiques  en  captivité,  tout  en  leur  permettant  d'effectuer 
des  prises  de  sang.  Les  plus  simples  sont  des  récipients  de  verre  à 
large  goulot,  fermés  par  de  la  mousseline.  D'autres,  tels  ceux  de 
MM.  Walker,  E.  L.,  et  Barber,  M.  A.,  consistent  en  des  verres  de  lampe, 
agencés  comme  décrit  plus  haut. 

M.  Christophes  conseille  d'employer,  de  la  façon  suivante,  de  sim- 
ples bocaux  de  verre  à  large  goulot,  tels  que  bocaux  à  confitures  et 
autres,  fermés  par  un  bouchon  à  vis. 

Après  avoir  lavé  et  séché  le  bocal,  on  y  place  diagonalement  une 
bande  de  carton,  puis  on  le  renverse  sur  son  bouchon,  qui  contient 
une  petite  quantité  d'eau  et  quelques  bandes  de  papier  filtre.  Les 
moustiques  introduits  dans  le  récipient,  se  déposent  sur  le  carton  et 
y  restent  au  repos.  Pour  les  nourrir,  le  goulot  ouvert  du  bocal  est  placé 
sur  l'avant-bras,  ce  qui  se  fait  en  glissant  sous  l'ouverture  une  feuille 
de  carton  et  en  la  retirant  lorsque  le  bocal  est  en  place.  L'opération 
inverse  est  faite  pour  replacer  le  bocal  sur  le  bouchon.  Les  bocaux 
contenant  les  moustiques  vivants,  devront  être  étiquetés  et  placés  dans 
une  armoire.  Par  temps  froid,  ils  seront  conservés  dans  des  incuba- 
teurs, à  une  température  d'environ  24°  C.  Ils  seront  vérifiés  journel- 
lement et  les  moustiques  morts,  ainsi  que  le  papier  filtre  souillé, 
seront  régulièrement  enlevés. 

On  peut  encore  utiliser,  pour  la  conservation  des  moustiques  adultes, 
de  petites  cages  de  bois,  de  forme  parallélépipédique,   ayant  environ 


213 

15  cm.  de  longueur,  10  cm.  de  largeur  et  10  cm.  de  hauteur.  Ces 
cages  sont  fermées,  sur  deux  côtés,  par  de  la  mousseline  ou  de  la  toile 
n.étallique  et  un  trou  muni  d'un  bouchon,  permet  l'introduction  des 
itisectes.  Il  existe  deux  modèles  de  ces  cages,  l'un  destiné  au  transport 
(toile  métallique),  et  l'autre  à  l'alimentation  (mousseline).  Ces  cages 
ont  été  construites,  d'après  les  indications  de  Sir  David  Bruce,  par  la 
maison  Baird  et  Tatlock.  de  Londres.  Elles  sont  destinées  aux  tsétsés, 
mais  peuvent  également  servir  aux  moustiques. 

En  dehors  des  prises  de  sang,  les  moustiques  adultes  sont  ordinai- 
rement nourris  dans  les  cages,  à  l'aide  de  bananes  mûres.  Le  Dr  Dar- 
ling  a  trouvé  toutefois,  que  la  banane  provoquait  la  formation,  dans 
l'estomac  du  moustique,  de  fermentations  acides,  fatales  à  l'insecte. 
Les  dattes  et  les  raisins,  avec  un  peu  d'eau,  constituent  de  meilleurs 
aliments,  qui  conservent  plus  longtemps  les  moustiques  en  vie. 


215 


RÉSUMÉ. 


Principales  mesures  de  protection  à  prendre  dans  [es  pays   chauds^ 
contre  les  moustiques  qui  transmettent  des  maladies. 

1.  —  Les  moustiques  sont  nuisibles  parce  qu'ils  piquent,  sucent  le 
sang  et  peuvent  transmettre  à  riiomme  des  maladies  contagieuses, 
dont  la  plus  connue  au  Congo  est  la  malaria  ; 

2.  —  Les  moustiques  les  plus  dangereux,  sont  ceux  qui  vivent  dans 
le  voisinage  de  l'homme  et  pénètrent  dans  les  maisons.  Les  uns  atta- 
quent jour  et  nuit  (femelle  du  Stegomyia  de  la  fièvre  jaune),  les  autres 
au  crépuscule  ou  durant  la  nuit  seulement  (femelles  des  Anophèles 
de  la  malaria)  ; 

3.  —  Les  larves  de  tous  les  moustiques  vivent  dans  l'eau.  Celles 
des  Anophèles  de  la  malaria,  se  développent  dans  les  agglomérations 
Naturelles  d'eau,  qui  ne  sont  pas  trop  profondes  et  ne  sont  pas  trop 
encombrées  par  la  végétation  (mares  et  marais,  étangs,  bords  des 
rivières  et  des  lacs,  flaques  d'eau,  etc.).  Les  larves  du  Stegomyia  de  la 
fièvre  jaune  et  celles  des  divers  autres  moustiques  domestiques  se 
développent  à  l'intérieur  des  habitations  et  dans  leurs  dépendances, 
dans  tous  les  petits  récipients  artificiels  contenant  de  l'eau  :  vases, 
tonneaux,  citernes,  boîtes  vides,  bouteilles  cassées,  etc. 

Protection  contre  la  piqûre  des  moustiques 

Pour  se  protéger  contre  la  piqûre  des  moustiques,  en  régions  mala- 
riées,  les  moyens  suivants  sont  conseillés  : 

1.  —  Construire  sa  maison  à  bonne  distance  (un  kilomètre  au 
moins)  de  toute  masse  d'eau  contenant  des  larves.  Il  faut  également 
s'éloigner  à  plus  de  400  mètres  des  agglomérations  indigènes,  les 
nègres  étant  des  fovers  d'infection  malariale  pour  les  blancs  (voir 

p.  82)  ; 

2.  —  Dormir  dans  des  lits  ou  tentes  pourvus  de  moustiquaires  en 
bon  état.  Les  rideaux  de  la  moustiquaire  seront  soigneusement  repliés 
sous  les  matelas,  de  façon  à  ne  laisser  aucun  interstice  permettant 
l'accès  des  moustiques  (voir  p.  94)  ; 

3.  —  Fermer  hermétiquement  toutes  les  ouvertures  de  sa  maison  : 
portes,  fenêtres,  vérandas,  bouches  d'aérage,  cheminées,  par  du  tissu 
métallique,  ayant  de  7  à  8  fils  par  centimètre  (voir  p.  96)  ; 

4.  —  Se  frotter,  avant  de  s'endormir,  les  parties  découvertes  du 
corps  (figure,  cou,  mains),  avec  une  lotion  dermique,  à  base  d'huiles 

essentielles,  qui  éloigne  les  moustiques  (voir  p.  82)  ; 

5.  —  Faire  un  usage  journalier  de  quinine.  Le  Dr  C.  Christy  recom- 
mande une  dose  de  25  centigrammes  de  quinine,  prise  à  40  heures 
du  soir. 


216 

Destruction  des  moustiques  adultes. 

Il  est  important  de  détruire  indistinctement  tous  les  moustiques 
adultes  qui  hantent  les  habitations.  A  cette  fin,  on  pourra  utiliser  : 

a)  Des  fumigations  à  l'aide  de  substances  dont  la  fumée  ou  les 
vapeurs  tuent  les  moustiques.  Les  plus  recommandables  de  ces  substan- 
ces sont  :  les  poudres  de  pyrèthre  (1  livre  par  25  m^  d'air),  l'anhydride 
sulfureux  (2  livres  de  soufre  par  25  ni^  d'air),  le  crésyl  (  gr.  par  ni' 
d'air),  un  mélange  de  camphre  et  d'acide  phénique  (75  à  100  gr.  par 
23  m'  d'air),  etc.  (voir  p.  110)  : 

b)  Des  aspersions  avec  liquides  culicides.  à  base  de  savon  (voir 
page  115) ; 

c)  Des  appareils  de  capture  :  pièges  à  main,  servant  à  prendre  les 
moustiques  dans  les  chambres,  avant  de  se  coucher,  et  pièges  fixes, 
placés  à  demeure  dans  les  locaux  infestés  par  les  moustiques  Anophèles 
et  où  ces  derniers  se  réfugient  pendant  le  jour  (voir  p.  117). 

Il  faut  également  protéger  tous  les  ennemis  naturels  des  moustiques 
adultes.  Les  principaux  sont  les  chauves-souris,  les  oiseaux  insectivores, 
les  lézards  et  grenouilles,  les  araiunées.  les  libellules,  les  fourmis,  etc. 
(voir  p.  123).' 

Destruction  des  larves  de  moustiques 

Pour  détruire  les  larves  de  moustiques,  on  peut,  soit  supprimer  les 
agglomérations  d'eau  dans  lesquelles  elles  se  développent  soit  tuer  les 
larves  elles-mêmes. 

A.  SUPPRESSION  DES  MILIEUX  OU  SE  DÉVELOPPENT  LES  LARVES. 

Cett-.  suppression  peut  se  faire  : 

1.  —  En  recherchant  à  l'intérieur  des  habitations,  dans  les  cours 
et  dépendances,  tous  les  endroits  où  séjourne  de  l'eau  :  vases,  ci- 
ternes, tonneaux,  gouttières  obstruées,  abreuvoirs,  rigoles,  etc.,  et 
en  les  traitant  d'une  manière  appropriée.  On  pourra,  par  exemple, 
les  vider,  les  nettoyer,  les  enlever,  les  couvrir,  les  retourner,  suivant 
les  cas  (voir  page  128). 

Il  faudra  également  inspecter  soigneusement  tous  les  terrains  avoi- 
sinant  les  habitations,  ainsi  que  les  tas  d'ordures  et  de  décombres. 
On  y  trouvera  beaucoup  de  réservoirs  à  larves,  tels  que  boîtes  à  con- 
serves vides,  vieilles  casseroles,  tessons  de  bouteilles,  coques  et  coquil- 
les vides,  etc.,  qui  retiennent  des  quantités,  même  minimes,  d'eau  de 
pluie. 

2.  —  En  débroussant  les  cours  ainsi  que  les  terrains  vagues  qui  se 
trouvent  dans  Its  agglomérations  ou  dans  leurs  environs  immédiats. 
Cette  opération  permet  de  découvrir  tous  les  petits  endroits  favorables 
au  développement  des  larves  de  moustiques  ;  de  plus,  elle  chasse  les 
moustiques  adultes,  qui  se  réfugient  pendant  le  jour  dans  la  végétation 
basse  et  les  hautes  herbes  (voir  p.  121). 


2)7 

5.  —  En  comblant,  dans  un  certain  rayon  autour  des  habitations, 
loutes  les  petites  dépressions  pouvant  contenir  l'eau  des  pluies  :  petites 
mares,  flaques  d'eau,  etc.  Comme  matériaux  de  remplissage,  il  faut 
employer  des  terres  perméables  (voir  p.    141)  ; 

4.  —  En  drainant  par  fossés  ouverts  ou  conduites  bétonnées,  les 
marais,  terrains  marécageux  ou  inondés,  se  trouvant  à  moins  d'un 
kilomètre  des  habitations.  Cette  opération,  bien  exécutée,  est  radicale, 
mais  elle  est  souvent  coûteuse  (voir  p.  142); 

5.  —  En  débarrassant  de  leur  végétation,  les  berges  des  cours 
d'eau,  les  rives  des  étangs  et  des  lacs  et  en  enlevant  les  plantes  aquati- 
ques qui  servent  de  refuge  aux  larves  (voir  p.  150)  ; 

6.  —  En  nettoyant  les  rigoles,  fossés,  drains  et  petits  cours  d'eau, 
et  en  régularisant  leur  écoulement  (voir  p.  143). 

B.    DESTRUCTION   DES   LARVES 

1.  —  Le  procédé  le  plus  employé,  pour  détruire  les  larves,  dans  les 
flaques,  mares  et  pièces  d'eau  qui  ne  peuvent  être  asséchées  par  com- 
blement ou  drainage,  consiste  dans  l'épandage  à  la  surface,  d'une 
mince  couche  de  pétrole  brut  (mazout)  ou  autre  (voir  p.  151). 

Le  pétrole  tue  les  larves,  en  les  empêchant  de  venir  respirer  à  la 
surface  et  probablement  aussi  en  les  empoisonnant. 

Sous  les  climats  tropicaux,  il  faut  en  moyenne  de  10  à  20  .^rammes 
de  pétrole  par  mètre  carré  de  surface  liquide.  L'application  devra 
se  faire  toutes  les  semaines  ou  au  minimum  tous  les  dix  jours.  Une 
boîte  à  lait  condensé  remplie  de  pétrole,  est  suffisante  pour  recouvrir 
d'une  couche  uniforme,  une  mare  d'environ  20  mètres  carrés 
(voir  pp.  157-158). 

Pour  les  petites  pièces  d'eau,  il  suffira  de  verser  le  pétrole  en  un 
point  quelconque  de  la  rive  ou  de  le  lancer  à  la  volée  dans  la  direction 
du  vent.  Pour  les  plus  grandes  surfaces,  on  se  servira  d'appareils 
spéciaux  :  pompes  et  pulvérisateurs.  Il  existe  également  des  appareils 
distributeurs  automatiques,  pour  l'épandage  du  pétrole  sur  les  eaux 
courantes  (voir  p.  159). 

2.  • —  On  peut  encore  empoisonner  les  larves  dans  les  eaux,  en  y 
versant  dos  produits  larvicidcs  spéciaux  (voir  p.   1G2). 

5.  —  Enfin,  la  destruction  des  larves  dans  les  réservoirs,  tanks 
d'eau  de  pluie,  mares  et  étangs,  peut  encore  se  faire  en  y  introduisant 
de  petits  poissons  qui  en  font  leur  nourriture.  Il  existe  dans  les  eaux 
congolaises,  de  nombreuses  espèces  de  petits  poissons  culiphages. 
(voir  p.  181). 


13 


219 


APPENDICE 


CLEF  POUR  LA  DÉTERMINATION  DES  ESPÈCES  AFRICAINES 
D'ANOPHELES 

Dressée  par  M.  F.  W.  Edwards,  B.  A.,  F.  E.  S. 

Assistant  au  Département  d'Entomologie  du  Briiish  Muséum 

(Natural  History)  de  Londres  (*). 


ANOPHELES  AFRICAINS 

1  —  Thorax  à  écailles  largement  elliptiques 

distinctes  (excepté  chez  A.  Christiji.j; 
palpes  de  la  femelle  avec  écailles  irré- 
gulièrement dressées;  abdomen  ordi- 
nairement plus  ou  moins  écaillé 2 

Thorax  revêtu  de  poils  ou  d'écaillés 
étroites,  semblables  à  des  poils; 
écailles  des  palpes  de  la  femelle  ordi- 
nairement comprimées;  abdomen  sans 
écailles  sur  la  face  dorsale 13 

2  —  Ecailles      abdominales      manifestement 

présentes  sur  tous  les  segments 3 

Ecailles  abdominales  absentes  ou  si  pré- 
sentes, confinées    aux    segments    ter- 
minaux  («  Nyssorhynchus  ») 8 

3  —  Ecailles      abdominales      formant      des 

touffes    latérales    saillantes    distinctes 

I Nyssorhynchus   (  =  CeUiaj  j 4 

Ecailles  abdominales  ne  formant  pas  de 
touffes  (Neocelliaj 9 

4  —  Dernier    article    des    tarses    postérieurs 

clair,  ou  au  moins  à  pointe  claire 5 

Dernier  article  de  tous  les  tarses  en- 
tièrement  foncé 7 

5  —  Dernier  article  des  tarses  antérieurs  et 

médians  entièrement  foncé;  espèce 
jaunâtre,  plutôt  grande  (5-6mm.)  (")  1  pharoensis  (§)  (*") 
Dernier  article  des  tarses  antérieurs  et 
médians  clair  ou  à  pointe  claire; 
espèces  plus  petites  et  moins  jaunes 
(4,5mm.  ou  moins) 6 

6  —  Dernier  article  de  tous  les  tarses,  com- 

plètement jaune;  les  autres  articles 
régulièrement   annelés   de  noir   et  de 

jaune;  espèce  très  petite  (3mm.) 2  cinetus 

Dernier  article  de  tous  les  tarses  à  poin- 
te blanche,  les  autres  articles  non  an- 
nelés; espèce  plus   grande 3  JacoM 

7  —  Tarses   postérieurs   entièrement   noirs  4  argenteolobatus 

(•)  Cette  clef,  d-int  nous  donnons  la  traduction,  a  été  publiée  dans  le  numéro  de 
novembre  1912,  du  Btilletin  of  Entomological  Research  de  Londres.  (Vol.III,Pt.3,p.241.) 

(**)  Sauf  indication  contraire,  les  mesures  donnent  la  long:ueur  du  corps,  à  l'ex- 
clusion de  la  trompe. 

(***)  Les  espèces  connues  comme  transmettant  la  malaria,  sont  indiquées  par  le 
signe  (§). 


220 

Quatre  premiers  articles  des  tarses  pos- 
térieurs avec  anneaux  blancs  à  l'ex- 
trémité        5  squaniosus 

8  —  Dernier  article   des   tarses   blanc;   petite 

espèce  {3.5mm.)   6  maculicosta 

Dernier  article  des  tarses  non  blanc; 
grande  espèce  (7mm.)   7  Christyi 

9  —  Tarses  postérieurs    entièrement    foncés; 

trois  bandes  blanches  aux  palpes  de  la 
femelle,  les  deux  premières  étroites.  8  bnmnipes 
Deux  ou  trois  derniers  articles  des  tarses 
postérieurs  blancs  lU 

10  —  Palpes    avec    quatre    bandes    blanches 

étroites;   écailles  des  ailes  lancéolées; 

pattes  tachetées  9  aureosquamiger 

Palpes  à  trois  bandes,  les  deux  der- 
nières plutôt  larges;  les  écailles  des 
ailes  beaucoup  plus  étroites Il 

11  —  Fémurs  et  tibias  tachetés  de  blanc 12 

Fémurs  et  tibias  sans  taches  blanches  10  rulipes 

12  —  Palpes  tachetées  de  blanc 11  maculipalpin  (§) 

Palpes  sans  taches  blanches 12  pretoriensis 

13  —  Abdomen     avec     des     touffes     latérales 

d'écaillés  très  longues  et  minces,  sur 

chaque  segment  (Christyaj 13  implexus 

Abdomen    sans    touffes    d'écaillés    laté- 
rales         14 

14  —  flfcailles  des  ailes  principalement  jaunes; 

les  taches  noires  sur  les  nervures  très 
réduites,  mais  trois  marques  noires 
longues  ei  une  courte  sur  la  costa  et 
la  première  nervure,  les  deux  pre- 
mières presque  réunies 15 

Ailes  non  marquées  de  cette  façon 16 

15  —  Les  2  3/4  derniers  articles    des    tarses 

postérieurs  blancs   14  Theileri 

Les  derniers  articles  des  tarses  posté- 
rieurs  foncés   15  Wellcomei 

16  —  Ailes  avec  au  moins  trois  taches  pâles 

sur  le  bord  antérieur  (les  espèces  dou- 
teuses sont  comprises  dans  la  division 

suivante  (Muzomyiaj  17 

Ailes  avec  au  plus  deux  taches  pâles  sur 
le  bord  antérieur  36 

17  —  Derniers  articles  des   tarses  postérieurs 

blancs;   pattes   tachetées 10  natalensis 

Derniers  articles  des  tarses  postérieurs 
non  blancs  18 

18  —  Fémurs  et  tibias  plus  ou  moins  tachetés 

de    blanc;    tarses    distinctement    an- 

nelés  aux  jointures 19 

Fémurs  et  tibias  n'ayant  pas  de  taches 
blanches   j:3 

19  —  Métatarses     postérieurs     avec     environ 

cinq  anneaux  blanchâtres,  étroits  et 
bien  marqués;  palpes  de  la  femellp 
avec  quatre  anneaux  blancs  étroits.  17  ardensis 
Métatarses  postérieurs  sans  anneaux 
distincts;  palpes  de  la  femelle  avec 
trois  anneaux  blancs,  le  dernier 
large   18  costalis  (§) 

20  —  Troisième  nervure    avec  trois    surfaces 

foncées  et  deux  claires:  palpes  du 
mâle   avec   la  massue   princii)alement 


221 

jaune,  comme  chez  costalis 19  paUidopaIpi 

Troisième  nervure  ayant  seulement 
deux  surfaces  foncées  (près  de  la  base 
et  de  la  pointe),  ou  entièrement  foncée 21 

21  —  Palpes  de  la  femelle,  à  pointes  blanches; 

base  de  la  première  cellule  fourchue, 
plus  près  de  l'extrémité  de  l'aile  que 
celle    de    la    seconde    cellule;    espèce 

petite,  très  foncée 20. nili 

Palpes  de  la  femelle,  avec  trois  ou  qua- 
tre  anneaux   blancs 22 

22  —  Troisième    nervure    en    grande    partie 

(lunestus,  forme  type  et  culici[aciesl 
ou    complètement  foncée;    mesonotum 

revêtu  de  poils  23 

Troisième  nervure  en  grande  partie  pâle 26 

23  —  Tarses    postérieurs    avec    des    anneaux 

pâles  bien  distincts;  champ  des  ailes 

avec  quelques  taches  pâles 21  longipalpis 

Pattes  entièrement  foncées 24 

24  —  Champ    des     ailes    entièrement    foncé; 

aucune  écaille  pâle,  même  à  la  base 

des   cellules  fourchues 22  rhodesiensis 

Taches  pâles  présentes  à  la  base  des 
cellules  fourchues,  même  chez  les 
spécimens  les  plus  foncés 25 

25  —  Espèce  la  plus    claire,    méditerranéenne 

et  orientale  23  cuHci(acies  (§) 

Espèce  la  plus  foncée  (très  variable); 
éthiopienne    24  lunestus  (§) 

26  —  Palpes  de  la  femelle  à  pointes  noires "' 

Palpes  de  la  femelle  à  pointes  blanches 
(chez  A.  cinereus,  les  écailles  blanches 
de  la  pointe  sont  faciles  à  enlever!;  le 
mesonotum  avec  des  écailles  étroites, 
mais  bien  distinctes ^" 

27  —  Pas  d'écaillés  foncées  sur    la    première 

cellule  fourchue  ou    sur    la    branche 

antérieure  de   la  seconde 25  impunctus 

Taches  foncées  présentes  (quoique  par- 
fois petites)  sur  la  première  cellule 
fourchue 28 

28  —  Le  revêtement  du  mesonotum  consistant 

en  poils  26  hispanioln  (§) 

Le  revêtement  du  mesonotum  consistant 
en  écailles  étroites  29 

29  —  Troisième  et  quatrième   taches   costales 

plus  petites:  première  cellule  fourchue 

principalement  à  écailles  pâles 27  rhaudoyei 

Troisième  et  quatrième  taches  costales 
plus  larges;  première  cellule  fourchue 
principalement  à  écailles  foncées...  28  multicolor 

30  —  Dernier  article  des  palpes  de  la  femelle 

en  grande  partie  foncé,  mais  pâle  à 
chaque  extrémité:  grande  espèce, 
ayant  une  longueur    d'aile    d'environ 

5mm 29  cinereus 

Dernier  article  des  palpes  de  la  femelle 
en  crrande  partie  ou  totalement  blanc 31 

31  —  Tarses    foncés;      anneau     médian    des 

palpes  de  la  femelle  plutôt  étroit 32 

Tarses  avec  articulations  pâles 33 

32  —  Longueur  moyenne  des  ailes:  3.8mm.  30  Iransvnalensis 

Longueur  moyenne   des   ailes:  3mm.  24  lunestus  (§) 


222 

33  —  Grande  espèce  (environ  5mm.),  méditer- 

ranéenne    31  superpictus 

Plus  petite;  éthiopienne;  les  anneaux 
médian  et  terminal  clairs  des  palpes 
de  la  femelle  sont  presque  égaux  et 
plutôt  larges;  articles  des  tarses  avec 
des  anneaux  jaunâtres  étroits 34 

34  —  Espèce    grande,    foncée    (3,5  à  4,5mm.); 

troisième  et  quatrième  taches  costales 

plus   grandes   32  Marshalli 

Espèce  plus  petite  et  plus  claire  (3  à 
3,2mm.);  troisième  et  quatrième  taches 
costales  plus  petites 35 

35  —  Une  tache  noire  à  l'extrémité  de  l'aile  33  Pitchlordi 

Pas  de  tache  noire  à  l'extrémité  de 
l'aile 34  ilavicosta 

36  —  Thorax  revêtu  d'écaillés  étroites;  taches 

claires  des  ailes  plus  nombreuses 37 

Thorax  revêtu  de  poils  (sauf  les  écailles 
près  du  bord  antérieur);  ailes  très 
foncées  ou  tout  au  moins  d'une  cou- 
leur uniforme  39 

37  —  Les   deux   dernières  bandes   des  palpes 

(chez  la  femelle)  presqu'égales  et  plu- 
tôt larges  —  comme  chez  A.  Marshalli. 
articles  des  tarses  avec,  à  l'extrémité, 
des  anneaux  blancs  plutôt  larges.  35  Ausleni 
Palpes  de  la  femelle  avec  quatre  anneaux 
blanchâtres  étroits;  l'article  terminal 
ayant  au  milieu  un  anneau  foncé 38 

38  —  Nombreuses    écailles    fourchues    jaunes 

sur  la   tête;   pattes   foncées,   tarses   à 

peine  annelés  36  dislinctus 

Pas  d'écaillés  fourchues  jaunes  sur  la 
♦ête;  fémurs  et  tibias  tachetés  de 
blanc;  tarses  distinctement  annelés 
aux   jointures   18  costalis  var.  mêlas 

39  —  Deux  ou  trois  derniers  articles  des  tarses 

postérieurs  blancs;  femelle  avec  une 
touffe  d'écaillés  sur  le  côté  ventral  du 
dernier     segment     abdominal     (Myzo- 

•rhynchusj  37  mauritianus  (paludisj  (§) 

Derniers  articles  des  tarses  postérieurs 
non  blancs;  femelle  sans  touffe 
d'écaillés  ventrales  40 

40  —  Espèces  noirâtres;    ailes    avec  quelques 

taches  pâles  41 

Espèces  plus  claires;  ailes  sans  aucune 
tache  pâle   42 

41  —  Palpes  de  la  femelle  à  écailles  irrégu- 

lièrement dressées;  écailles  pâles  des 
ailes    présentes,    surtout    sur    les  4™», 

5me  et  G'oe  nervures 38  umbrosus  (§) 

Palpes  de  la  femelle  à  écailles  com- 
primées :  écailles  pâles  des  ailes  moins 
nombreuses  et  présentes,  surtout  sur 
la  première  nervure 39  Smithii 

42  —  Ailes   avec   taches   foncées   formées  par 

accumulation  d'écaillés  40  maculipennis 

Ailes  sans  aucune  tache  foncée ; 43 

43  —  Première  cellule    fourchue    plus  longue 

que  la  seconde   41  algeriensis  (§) 

Cellules  fourchues  d'égale   longueur.  42  antennatus 


223 


DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE 
DES  ESPÈCES  AFRICAINES    D'ANOPHELES. 


ESPECES 


COLONIES   OU    L  ESPECE   A    ETE 
SIGNALÉE 


A.  pharœnsis  Theob. 


A.  cinelus,  Newst.  et  Carter. 
A.  lacobi.,  Hill  et  Hayd. 
A.  argenteolobaius,  Gough. 
A.  squamosus,  Theob. 


A.  maculicosta,  Beck. 

A.  Christyi,  Newst.  et  Carier. 

A.  brunnipes,  Theob. 

A.  aureosquamiger,  Theob. 

A.  rulipes,  Gough. 

A.  maculipalpis,  Giles. 


A.  pretoriensis,  Theob. 

A.  implexus,  Theob. 

A.  Theileri,  Edw. 

A.  Wellcomci,  Theob. 

A.  naialensis,  Hill  et  Hayd. 

A.  ardensis   Theob. 

A.  costalis,  Theob. 


A.  pallidopalpi,  Theob. 

A.  nili,  Theob. 

A.  longipalpis,  Theob. 

A.  rhodesiensis,  Theob. 

A.  culicifacies,  Giles. 


Egypte,  Soudan,  Gambie,  Côte  de 
l'Or,  iNigérie  N.  et  S.,  Togo,  Congo 
belge,  Angola,  Rhodésie  S.,  Baie  de 
Delagoa,  .Madagascar,  .A.sie  occiden- 
tale. (*) 

Achanti. 

Natal. 

Transvaal,  Rhodésie  N.  E. 

Egypte,  Soudan,  Nigérie  N.,  Sierra- 
Leone,  Côte  de  l'Or,  Angola,  Natal, 
Transvaal,  Rhodésie  S.,  Nyassaland, 
Afrique  orientale  anglaise,  Zanzibar, 
Madagascar. 

Egypte. 

Ouganda,  Afrique  orientale  anglaise 
(Njoro  et  Nairobi). 

Angola. 

Transvaal. 

Afrique  orientale  anglaise,  Côte  de 
l'Or,  Nigérie  N.  et  S. 

Transvaal,  Rhodésie  S.,  Angola,  Congo 
belge,  Nigérie  N.,  Afrique  orientale, 
Maurice,  Indes. 

Transvaal,  Natal,  Côte  de  l'Or  (Nord), 
Asie  occidentale. 

Ouganda,  Nyassaland. 

Transvaal,  Nigérie. 

Soudan,  Nigérie  N.,  Angola. 

Natal. 

Natal. 

Espèce  commune  dans  toute  rAfrique 
(région  éthiopienne)  et  dans  les  îles  voi- 
sines. Asie  occidentale. 

Sierra-Lsone. 

Soudan,  Nigérie  N.  et  S.,  Togo. 

Afrique  orientale  anglaise,  Nyassa- 
land. 

Rhodésie  S.,  Transvaal,  Sierra-Leone, 
Asie  occidentale. 

.\lgérie,  Asie  occidentale,  Indes. 


(•)  Par  Asie  occidentale  nous  entendons  l'Asie  minea-e,  la  Syrie,  la  Palestine, 
l'Arabie,  la  Mésopotamie,  la  Perse,  le  Turkestan,  l'Afganistan  et  le  Baloutchistan. 
Christophers  S.  R.  a  donné  un  aperçu  de  la  faune  anophelieane  de  ces  régions  dans 
Indian  Jl.  Med.  Res.,  Calcutta,  d'avril  1920  (A.  Sumtnary  of  récent  Observations 
on  the  Anophèles  of  the  Middle  East). 


224 


ESPÈCES 

COLONIES    ou    l'espèce   A    ÉTÉ 

SIGNALÉE 

A.  lunestus,  Giles. 

Espèce  distribuée  dans  toute  VAirique 

(région    éthiopienne),    mais    plus    com- 

mune en  Afrique  occidentale. 

n  A.  impunctus,  Dônitz. 

Egypte. 

n  A.  hispaniola,  Theob. 

Algérie,  Espagne. 

(*)  A.  Chaudoyei,  Theob. 

Algérie,  Chypre,  Indes. 

n  A.  multicolor,  Camb. 

Suez,  Le  Caire. 

A.  cinereus,  Theob. 

.\den,  Afrique  orientale  anglaise,  Rho- 

désie  S.,    Transvaal,    Natal,  Cap,    Asie 

occidentale. 

A.   transvaalensis,  Carter. 

Afrique  orientale  anglaise,  Transvaal» 

Natal. 

A.  superpictus,  Grassi. 

Mashonaland  (?)  Asie  occidentale. 

A.  Marshalli,  Theob. 

Ouganda,  Afrique  orientale    anglaise. 

Nyassaland,     Rhodésie     S.,     Transvaal, 

Angola. 

A.  Pitchfordi,  Giles. 

Zoulouland,     Angola,     Congo    .belge^ 

Ouganda. 

A.  llavicosta,  Edw. 

Nigérie  N. 

A.  Austeni   Theob. 

Angola. 

A.  distinctus,  Newsl.  et  Carter. 

Rhodésie  N.  E. 

A.  mauritianus,  Grandpré 

Espèce  distribuée  dans  toute  l'Afrique,. 

Ipaludis,  Theob.) 

mais  peu  commune. 

A.  umbrosus,  Theob. 

Côte  de  l'Or,  Nigérie  S.,  Congo  belge 

(Coquilhatville  1910),    Cameroun.    Etats 

malais. 

A.  Smithii,  Theob. 

Sierra-Leone. 

A.  macuUpennis,  Mg. 

Algérie,   Tunisie,    Egypte  (?),   Europe, 

Amérique  du  Nord  (?),  Asie  occidentale. 

A.  algeriensis,  Theob. 

Algérie. 

A.  antennatus,  Beck. 

Egypte.  (") 

(»)  D'après  le  Dr  L.  H.  Gough  (Bidl.  Entom.  Research,  VoL  V,  1914-15,  pp.l53- 
135),  les  quatre  espèces:  A.  impunctus,  A.  hispaniola,  A.  Chaudoyei,  A.  multicolor , 
sont  toutes  synonymes  A' A.  multicolor  Camb.  et  de  plus,  l'espèce  asiatique  A.  (My 
zomyia)  turkhudi  est  égatement  la  même. 

(**)  D'après  le  Capt.  P.  H.  Bahr  (11),  on  rencontre  également  en  Egypte,  A. 
(Myzomyia)  turkhudi  (Egypte)  et  A.  palestinensis  (Sergenti)  (Egypte,  Algérie, 
Espagne),  et  d'après  M.  G.  Sterey  (1%),  A.   bifurcatus  L. 


BIBLIOGRAPHIE 

I.  —  Liste  des  Ouvrages  et  Travaux  cités. 

i\.-B.  —  Cette  liste  ne  donne  que  les  ouvrages  et  travaux  cités  dans 
la  brochure.  Elle  ne  peut  être  considérée  comme  une  bibliographie 
complète  sur  les  moustiques,  qui  prendrait  un  grand  nombre  de 
pages. 

(1)— W.  M.  Aders  :  Insects  injurious  to  Man  and  Stock  m  Zanzibar,  Bull, 
ol   Entom.    Research,   London,    Vol.    VII,  Pt  4  May  1917,    pp. 
391-401. 
(2)  -  Economie  Biology.  Enlomology  in  Relation  to  Public  Health 

and  Préventive  Medicine    and    Veterinary    Science,  Zanzibar 
Protectorate.  Ann.  Rept.  Pub.  Health.  Dept    for  1916.  Zanzi- 
bar 1917,  pp.  32-37. 
(3)— D.  Alexander  :  Sanitation,   Govt  Gold  Coast  Med.  and  San.  Rept 

(or  rjear  1916.  Accra,  27  april  1917,  p.  11-14. 
(4)— J.  A.  Allen,  Herbert  Lang  and  James  P.  Chapln  :  The  American 
Muséum  Confjo  Expédition  Collection  of  Bats.  Bull,  ol  Ihe  Ame- 
rican Muséum  of  Natural  History;   Vol.   XXXVII,  Art.  XVIII, 
pp.  405-563,  New  York,  Sept.,  1917. 
(5)— Dr.  F.  Arnold  :  Transvaal  Agricult.  Jl.    October,  1907. 
(6)— E.  E.  Atkixs  and  A.  Bacot  :  The  relation  between  the  Hatching  of 
the  Eggs  and  the  Development  of  the  Larvae  of  Slegomyia  (as- 
ciata  (Aedes  caloyjusj,  and  the  Présence  of  Bacteria  and  Yeasts. 
Parasitology,  London,  IX,  No.4,  27  July  1917,  pp.  482-536. 
(7)— E.  E.  AusTEN  :  Anti-Mosquito    Measures    in    Palestine    during  the 
Campagns  of  1917-1918.  Trans.  Soc.  Trop.  Med.  Hyg.,  London, 
XIII,  No.  4,  21  Nov.  1919,  pp.  48-60. 
(8) — A.  W.  Bacot  :  Report  of  the  Entomological  Investigation  undertaken 
for  the  Commission  for  the  Year  August  1914— July  191b— Rept. 
Yelloiv  Fever  Commission  (West  Africaj,  London,  March  1916, 
191  p.,  27  fig.,  29  pi.,  9  charts. 
(9) —  Note  on  the  Period  during  v^^hich  the  Eggs  of  Slegomyia  fas- 

ciata  [Aedes  calopusl  from    Sierra-Leone    Stock    retain    their 
Vilality  in  a  humid  Température.  Separate  from  Parasitology, 
Cambridge,  X,  No.  2,  22  January  1918,  pp.  280-83. 
(10) — A.  Bacot  and  G.  Talbot  :    The    comparative    Effectiveness    of   cer- 
tain   Culicifuges    under   Laboratory    Conditions.  Parasitology, 
Cambridge,  Xl,  No  .2,  Feb.  1919,  pp.  221-236. 
(11/ — Capt  p.  H.  Bahr  :  On  the  Transmission   of   the    Suberlian  Malaria 
Parasite   (Plasmodium  falciparum   Welch  1897),   by   Egyptian 
Anophèles  :  Jl.  R.  A.  M.  C,  London,  XXX  ,  No.  6,  June  1918, 
pp.  606-608. 
(12)— A.  W.  Baker  :  Preliminary  Notes  on  the  Use  of  Repellents  for  Horn 
Flies  and  Stable  Flies  on  Cattle.  47</i  Annual  Rept.  Entom. 
Soc.  Ontario,  for  1916,  Toronto,  1917,  pp.  52-56. 
(13;— A.  Balfour  :    Tropical    Problems    in    the    New  World,  Trans.  Soc. 
Trop.  Med.  and  Hygiène,  London,  VIII,  No.  3,  Jan.,  1915.  p.  75. 
(14)— Dr.  J.  Bequaert  :    Dispersion  et  biologie  des  Diptères  hématophages 
au  Congo  Belge.  Chapitre  VII  du  Rapport  sur  les  Travaux  de 
la  Mission  scientifique  du  Katanga  (octobre    1910    à    septem- 
bre 1912)  par  les  D"  J.  Rodhain,  C.  Pons,  F.  Van  den  Branden 
et  J.  Bequaert,  254    p.,  47  fig.,  3  pi.,  Ministère    des  Colonies. 
Bruxelles  1913. 


226 

(15)— G.  A.  H.  Bedford  :  New  Culicine  Larvae  from  the  Transvaal.  Union 

S   Africa  Dept.  Aqrir.  5th  and  6th  Repts.  Direc.  Vet.  Research, 

April  1918,  Pretoria  1919,  pp.  739-743. 
(16)— C    S    BwKS  :    The  Swarming  of  Anopheline  Mosquitoes.  Philippine 

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(17)_F.  C.  BisHOP  :   Amer.  JL,  Trop.  Med.  and  Prev.  Dis.   New   Orléans, 

U.S.A.,  No,  12,  June,  1915. 
<18)— B.  Blacklock  and  H.  F.  Carter  :   On  the  Results  obtained  from  the 

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pool  and  Neighbourhood.  Ann.  Trop.  Med.  Parasil.  Liverpool, 

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(184)— S.  K.  Sen  :  Observations  on  Respiration  of  Gulicidae.  Indian  Jl.  Med. 
Research,  Calcutta,  II,  No.  3,  Jan.  1915,  pp.  681-97. 

(185)—  A  preliminary  Note  on  the  Rôle  of  Blood  in  Ovulation  in  Guli- 

cidae, Jl.  Med.  Research,  Calcutta.  IV,  No.  4,  April,  1917, 
pp.  729-753. 

(186)—  Beginnings  la  Insed  l'hysiology  aud  thoir  Economie  Signifi- 

cance,  Agr.  II.  India.  l'usa,  XIII,  No.  4,  Oct.  1918,  pp.  620-627. 

(187)—  Edm.  et  Et.  Serge.nt  :  Alternance  des  écoulements  d'eau  comme 
principe  directeur  des  mesures  antilarvaires.  La  Malariologia, 
Naples,  sér.  II,  I,  No.  1,29  fév.,  1916,  pp.  3-9,  4  fig. 

(188)—  Nouvelle  méthode  de  destruction  des  moustiques  par  l'alter- 

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tome  165,  No.  14,  1  oct.  1917,  pp.  436-37. 

(189)—  La    prophylaxie    antipaludique    d'une    armée  en    campagne 

(armée  d'Orient  1917).  Bull.  Soc.  Path.  exotique,  Paris,  XI, 
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(191)—  The  .anopheline  .Mosquitos  of  the  Kohak  District.   Indian  Jl. 

Med.  Res.  Calcutta,  V,  No.  1,  July  1917,  pp.  195-219. 

(192)--S.  A.  Smith  :  The  Development  of  Anophèles  punctlpennis,  Say 
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2  pi. 

14 


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(194)— J  W  W  Stephens,  M.D.,  D.P.H.  :  Methods  for  detecting  Sporozoïls 
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(l%)—\.  T.  Stanton  :  The  Mosquitos  of  Far  Eastern  Ports  with  spécial 
référence  to  the  Prevalence  of  Stegoniyia  fasciata  F.,  Bull.  Fai- 
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Dec.  1918-1919,  pp.  84-106. 

(197— C.  Stricklano  :  A  curious  Adaptation  of  Habit  to  ils  Environment  ol 
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(199j_/\..  Takaïsuki  :  An  sesential  Proberty  of  Petroleum  for  Mosquilo 
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(200)—  Mosquito  Control  by  Means  of  Petroleum.   Kyoto   Igaku   Zassi, 

Kioto,  XIV,  No.  7,  Nov.  1917. 

(201)— F.  II.  Taylor  :  Report  for  January  to  June  1910.  Hali  yearly  Rept. 
Australian  Inst.  trop.  Med.  Townsville,  Queensland,  1917, 
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(202,— E.  Teichmann  :  Eein  neues  Mittel  zur  Bekampfung  der  Stechmûcken. 
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gust  1917,  p.  1041-1042. 

(203j— V.  Theobald  :  A.  Monograph  of  the  Culicidae  or  Mosquitoes,  in  seve- 
ral  volumes.  Trustées  ol  the  British  Muséum  (Natural  Historyj. 

(204)— J.  K.  Thibault  :  \egelabli3    Powder    as  a  Larvicide    in    the  Fighl 
against  Mosquitoes.  Jl.  Amer  Med.   Assoc,  Chicago,  lU.  LXX, 
No.  17,  27  April  1918,  pp.  1215-1216. 

(205)  W.  H.  VON  EzDORF  :  Prévention  of  Malaria— Suggestions  on  how  to 
Screen  Ihe  Home  to  keep  oui  effeclively  the  Mosquitoes  which 
spread  the  Disease.  Public  Health  Repts.,  Washington,  D.C., 
XXIX,  No.  9,  27  Feb.  1914,  pp.  503-08. 

(206)—  Prévention  of  Malaria.  Suggestions  on  how  to  Screen  the  Home 

to  keep  out  elfectively  the  Mosquitoes  which  spread  the  Disease. 
U.  S.  Pub.  Health  Serv.  Bull.  No.  170,  8  p.  2  fig.,  Washing- 
ton, 1916. 

(207)— E.  L.  Walker  and  M.  A.  Barber  :  Malaria  in  the  Philippine  Islands 
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plteles  sp.,  Philippine  Jl.  o/  Science,  Manila,  Ser.  B,  IX,  No.  5, 
Sep.  1914,  pp.  381-439,  13  lab. 

(208)—.!.  Waterston  :  On  the  Mosquitos  of  Macedonia.  Bull.  Entom.  Res. 
London,  IX,  part.  I,  May  1918,  pp.  1-12,  15  fig. 

(209)— Malcolm  Watson,  M.  D.,  C.  M.,  D.  P.  H.  :  Rural  Sanitation  in  the 
Tropics,  being  Notes  and  Observations  in  the  Malay  Archipe- 
lago, Panama  and  other  Lands  320  p.,  ilL,  John  Murray,  Lon- 
don 1915. 

(210)— H.  Werner  :  Bsobachtung  ûber  Anophelen  vorkomen  in  der  Nàhe 
menchlicher  Fâkalien.  Arch.  /.  Schi^s  u  Tropen  Hyg.,  Leip- 
zig, XX,  No.  19,  Oct.  1916,  pp.  444-45. 

(211)— M.  J.  White:  Olling  by  Capillarity  and  by  oilsoaked  Sawdust  in  Mos- 
quito Control  Work.,  Military  Surgeon.,  Washington  D.  C, 
t.  44,  No.  1,  Jan.  1919,  pp.  103-109. 

(212)— H.  C.  WiLsoN  :  A.  .Note  on  the  Treatment  of  Swamps,  Stream-Beds, 
Ponds,  Wells  and  Pools,  with  a  View  to  the  Destruction  of 
Mosquito  Larvae.  Indian  Jl.  Med.  Research,  I,  No.  4,  April  1914, 
p.  691. 
(213)— Major  R.  E,  Wright  :  The  Dislance  Mosquitos  can  fly.  //.  Bombay 
Nat.  Hist.  Soc.,  Bombay,  XXV,  No.  3,  15  Jan.  IflS  pp.  511-512. 


(214)—.!    Zetek  :   Behaviour  of  Anophèles    albinianus,  Wied,  and    larsi- 

maculatus,  Goeldi.  Ann.   Entomol.    Soc.    America,  Columbus 

Ohio,  VIII,  No.  3,  Sept.  1915,  pp.  221-70. 
(215)—  Heducing  Malaria  by  reducing  the  Number  of  Anophèles  withiii 

Buildings.   Ann.   Entom.    Soc.   America,   Columbus,  Ohio,  IX, 

No.  3,  Sept.  1916,  pp.  275-283. 
(216)—  Como    evilar  la  Cria  de  Larvas    de    Mosquitos  en  Cangilones, 

Floreros,  etc.,  Reviala  La  SalJe  Panama,  Nov.  1919,  pp.  45-47. 
(217)—  Anophèles  Bresding  among  Water  Leltuce,  A.  New  Habitat. 

Bull.  Entom.  Res.,  London,  XI,  No.  1,  August.  1920,  pp.  73-75. 
(218)— Anonymes  :  The  Vizor.  Anti-Mosquitos  and  Fly-proof  Headgear  (Prf. 

Simpson  J.).  Trans.  Soc.  Trop.  Med.  Hyg.,  London,  X,  No.  7, 

June  1917,  p.  140. 
(219)—  Travaux  et  résultats    de  la    Mission    antipaludique  à  l'armée 

d'Orient.  Bull.  Soc.  Palh.  exotique,  Paris,  XI,  No.  6,  12  juin 

1918,  pp.  456-469,  1  carie. 
(220)—  Italie  —  Instructions  en  date  du  21  février  1918  du  ministre  de 

la  marine,  pour  intensifier  la  prophylaxie  antimalarique  sur 

le  front  de  mer.  Bull.  Office  intern.  Ilyg.  publique,  Paris,  X, 

No.  4,  avril  1918,  pp.  372-377. 
(221)—  Les  poissons  d'ornement  et  mangeurs  de  moustiques  dans  les 

aquariums  et  les  pièces  d'eau.  Bev.  hort.  de  VAlgérie,  Alger, 

XXIV,  No.  1,  2  janv.-fév.  1920,  pp.  32-34. 
(222)—  How  to  form  and  carry  on  local  Anti-malarial  Associations. 

South  African  anti-malarial  Association,  Pub.  No.   7,  P.   O., 

Box.  2879,  Johannesburg  (South  Africa). 


—  Ouvrages  Généraux. 


Dans  la  liste  ci-après,  nous  donnons  quelques-uns  des  principaux 
ouvrages,  que  le  lecteur  pouria  utilement  consulter,  s'il  désire  des 
renseignements  plus  complets  sur  la  biologie  des  moustiques  ou  sur 
certains  moyens  de  lutte  contre  ces  insectes. 

A.  Balfour  :  War  against  tropical  Disease,  220  p.,  180  fig.,  2  graphs  in 
Wallet,  >X^ellcome  Bureau  of  Scientific  Research  and  Bail- 
lière.  Tindall  and  Cox.  London,  1920,  12sh.  6d. 

R.  Blanchard  :  L'Insecte  et  Vln^eciion,  Paris,  1909. 

Sir  Rub.  W.  Boyce  M.B.  F.R.S.  :  Mosquito  or  Man.  The  Conquest  of  tlir 
tropical  World,  267  pp.,  third  edit.,  J.  Murray,  London,  1909, 
10s.  6d. 

Yellow-Fever  and  its  Prévention;  a  Manual  for  médical  Siu- 
dents  and  Practitioners,  J.  Murray,  London,  10s.  6d. 
Health  Progress  and  Administration  in  the  West  Indies    sec. 
edit.,  J.  Murray,  London,  10s.  6d. 

M.  Braun  :  Die  tierischen  Parasiten  des  Menschen,  4™^  édit.,  Wurzbouri:-. 
1908. 

I",.  Brumpt  :  Précis  de  Parasitoloçjie   1,012  pp.,  Masson  et  Cie,  Paris,  1913. 

Castellani  and  Chalmers  :  Manual  of  tropical  Medicine,  sec.  édit.,  1913. 

C.A.  Ealand  :  Insects  and  Man. — An  Account  of  the  more  important  harm- 
fit]  and  bénéficiai  Insects  344  p.,  Richards,  London,  1915,  12  s. 

II.  R.  Fantham,  m.  a.,  D.  Se,  J.  W.  W.  Stephens,  M.  D.,  D.  P.  H.,  F.  V. 
Theodald,  F.E.S.,  Hon.  F.R.H.S.  :  Animais  parasites  of  Man, 
Jh  Baie,  Sons  &  Danielsson  Ltd..  London,  1916. 

.T.  C.  H.  FiSHER  :  Maatregelen  tegen  Malaria.  Koloniaal  Instituut  te  Amster- 
dam, Meded,  No.  10,  XII.  176  bl..  18  abb.,  14  pi.,  J.  H.  de  Bussy, 
Amsterdam,  1917,  FI.  2. 

L.  Gedoelst  :  Sy7iopsis  de  Parasitologie.  Bruxelles,  1912. 

Lt.-Col.  Giles  :  A.  Handbook  o(  the  Gnats  or  Mosquitoes  Walkins  and 
Donkaster,  London,  25s. 

Dn  Karl  Grunberg  :  Die  Blutsauqenden  '  Dipleren,  188s.,  127  abb.,  G. 
Fisher,  Jena,  1907. 

.T.  GuiART  :  Précis  de  Parasitologie,  Paris,  1910. 

W.  B.  HER!\ts  :  Médical  and  veterinarii  Enlomology,  394  pp.,  228  fig.,  The 
Macmillan  Cy,  New  York,  1915. 

A  Laboratory  Guide  to  the  :>tudy  of  Parasitology,  Pt.  1,  Médical 
Entomology:  Pt.  2,  Helminthology:  Pt.  3,  Life  History  Studie.'^ 
on  Living  Parasites.  72  pp.,  The  Macmillan  Cy,  New  York. 
Malaria  :  Cause  and  Control,  The  Macmillan  Cy,  New  York. 

Edw.  Hindle  :  Plies  in  Relation  to  Disease  —  Blood-sucking  Plies,  398  pp., 
Univ.  Press,  Cambridge,  1914. 

Dr.  L.  O.  Howard,  Harrlson,  G.  Dyar  and  F.  Knab  :  The  Mosquitoes  of 
North  and  central  America  and  the  West  Indies,  3  vol.,  New 
York. 

Lt.-Col.  S.  P.  James  :  Malaria  at  Home  and  Abroad.,  234  p.,  104  fig.,  John 
Baie,  Sons  and  Danielsson,  Ltd,  London,  1920,  25  sh. 

E.  Jenselme  et  E.  Rist  :  Précis  de  Pathologie  exotique  Masson  &  Cie, 
Paris,   1909. 

W.  D.  Laxg  :  A.  Handbook  of  British  Mosquitoes,  British  Muséum  Nat. 
Hist.,  VIII,  125  pp.,  132  fig.,  London  1920. 

A.  Le  Dancec  :  Précis  de  Pathologie  exotique,  2n»e  édit.,  Paris,  1909. 

M.  Lefro^  :  Measiires  for  Avoidance  and  Extermination  of  Plies,  Mosqui- 
toes, Lice  and  other  Vermins,  Thacker,  London.  1916. 

J.  A.  Le  Prince.  C.  E.,  A.  M.,  and  A.  J.  Orenstein,  M.  D.  :  Mosquito  Control 
in  Panama.  The  Eradication  of  Malaria  and  Yellow  Fever  in 
Cuba  and  Panama,  G.  P.  Putnam's  Sons,  New  York  and  Lon- 
don, 1916. 


SjR  P.  Masso.n  :  Tropical  Diseases,  5lh  edit.,  962  p.,  Cassell,  London  J.90S. 

C.  Mense  :  Handbuch  der  Tropenkrankheiten,  2«  edil.,  Vol.  V,  Ist  Half., 
Leipzig,  Joh.  Anibros.  Barth,  1917,  32  Mk. 

\V.  A.  MuiRHi-An  :  Practical  tropical  Sanitation.  --  A  Munual  for  sanilarn 
In^ipcctors  and  others  interested  in  tfw  Prcvenlion  of  Disease. 
in  tropical  and  subtropical  Countries,  Jh.  Murray,  London, 
W.,  10  s.  6d. 

L.  G.  Neumann  :  Traité  des  Maladies  parasitaires  non  microbiennes  des 
animaux  domestiques,  2'"o  édit.,  Paris,  1892. 

M.  Neveu-Lemaire  :  Précis  de  Parasitologie  humaine,  4n>e  édit.,  Paris,  1908. 

W.  S.  Patton,  M.B.,  LM.S.,  and  F.W.  Cragg,  M.D.  LM.S.  :  A  Text  Book 
of  médical  Entomoloqy,  768  p.,  89  pi.,  Christian  Liter.  Soc.  for 
India,  London,  1913,  £  1  is. 

\-A\  Perrier  :  Traité  de  Zoologie,  Paris. 

E.  Perrokcito  :  /  Parassiti  dell'uomo  e  deyli  animali  uliR  e  le  plu  coimini 
malattie  da  essi  prodolti,  2™e  édit.,  Milano,  1902. 

A.  Hailliet  :  Traité  de  Zoologie  médicale  et  agricole,  2™^  édit.,  Paris,  1895. 

A.  RiLEY  .A.ND  O.  A.  Johannsen  :  Handbook  of  médical  Enlomology,  348 
pp.,  174  fig.,  The  Comstonk  Publishing  Co.,  Ithaca,  U.S.X.,  2d. 

Sir  Ronald  Ross,  K.C.B.,  F.R.S.,  etc.  :  The  Prévention  of  Malaria,  J.  Mur- 
ray, London,  21s. 

W.  ScHUFFNER  EN  N.  H.  Swellengrebel  :  Handleiding  vuor  Iiel  Epidemin- 
logisch  Malaria  Oonderzoek.  Hoofbureau  van  den  Burgerlyken 
Geneeskundigen  Dienst,  Weltevreden,  1918,  67,  bl.27  pi. ,9  cart. 

Dr.  Ed.  Sergent  :  Les  Insectes  piqueurs  et  suceurs  de  sang,  310  pp., 
229  flg.,  Oct.  Doin  &  Fils,  Paris. 

J.  W.  W.  Stephens,  M.D.,  D.P.H.  and    S.R.    Christophers,  M.B.,  LM.S. 
The  practical  Study  of  Malaria    and    other    Blood  Parasites, 
Third  edit ,  Liverpool  University  Press.  12  s.  6d. 

Fred.  V.  Theobald  :  Monograph  of  the  Culicidae  or  Mosquitoes  in  several 
volumes.  Publislied  by  the  Trustées  of  the  British  Muséum 
(Nalural  History),  £  1  Is.  to  £  1  12  s.  6  d.  per  volume. 

P.  Verdun  :  Précis  de  Parasitologie  humaine,  2e  édit.,  Paris,  1912. 

Dr  Visbecq,  chef  de  la  mission  antipaludique  de  l'armée  d'Orient  :  La  lutte 
antipaludique  en  Macédoine.  Conseils  Pratiques,  56  p.,  30  fig.. 
Cahiers  d'Orient  (ancienne  Revue  franco-macédonienne). 
No.  3,  septembre  1918,  Salonique. 

M.  Watson,  M.D.,  CM.,  D.P.H.  :   Rural  Sanitation  in   the   Tropics,  being 
Notes  and  Observations  in   the  Malay  Archipelago,  Panam'a 
and  other  Lands,  320  pp.,  J.  Murray,  London,  1915. 
Prévention  of  Malaria  in   the   Federated  Malay   States.  John- 
ston  tropical  Laboratory,  University  of  Liverpool.  7  s.  6  d. 

■  '  *  :  Handbook  of  Instructions  for  Collectors,  144  pp.,  published  by  fho 
Trustées  of  the  British  Muséum  (Natural  History),  London. 
Guide  médical  abrégé,  à  Vusage  du  voyageur  au  Congo,  48  [)., 
Ministère  des  Colonies  de  Belgique,  Londres,  1916 


III.  —  Mémoires  concernant  les  Moustiques 

ET   les    maladies   QU'iLS    TRANSMETTENT, 

PUBLIÉS  PAR  l'Ecole  de  Médecine  tropicale  de  Liverpool. 

l.—Malartal  Fever  :  its  Cause  Prévention  and  Treatment  (1903).  By 
Ronald  Ross,  C.B.,  F.R.S.,  F.R.C.S.  2  s.  6  d. 

2.— Report  of  the  Malaria  Expédition  to  Sierra-Leone  (1899).  By  Ronald 
Ross,  D.P.H.,  M.R.  es.;  H.E.  Annett,  M.B.,  D.P.H.,  and  E.E. 
Austen.  21  s. 

3  et  i.— Report  of  the  Malaria  Expédition  ta  Niqeria  (1900).  Bv  H.  E. 
Annett,  M.  D.,  D.P.H.;  the  late  J.  E.  Dutton,  M.B.,  Ch.B.,  and 
J.FL  Elliott,  M.D.—  Part  I  :  Malanal  Fever  etc.  10  s.  6  d.— 
Part  IL  Filariasis. 


5  ,.|,  6.— Pari  I  :  Flrsl  Proqiess  Beporl  on  Ihc  Cumpaifin  auaitisl  Mosqiii- 
toes  in  Sierrâ-Leone  (1901).  By  Major  R.  Ross,  F.R.C.S., 
D.P.H.,  F.R.S.— Part  II  :  Second  progrcss  Beport  nn  the  Cam- 
vaign  against  Mosquitoes  in  Sicrra-Leone.  By  M.  Logan  Tay- 
lor,  M.  B. 
7.— Report  ai  the  Yellow  Fever  Expédition  ta  Para  (1900).  By  H.  E.  Dur- 
ham,  M.B.,  F.R.C.S.,  and  the  Ints  Walter  Myers,  M.  B.  7  s.  6  rt. 
S.— Report  on  the  Sanitary  Condition  of  Cape  Coast  Town  (1902).  By  M. 

Logan  Taylor,  M.  B.,  Ch.  B.  1  s. 
d.—Report    on    Malaria    at    Ismailia    and    Suez  (1903).  By  Ronald  Ross, 
F.R.C.S.,  D.P.H.,  F.R.S.,  C.B.  1  s. 

-iO.— Report  ol  the  Malaria  Expédition  io  the  Gambia  (1902).  By  the  late 
J.E.,  Dutton,  M.B.,  Ch.  B.  15-s. 

11.— The  Anti-Malaria  Measures  at  IsmaUia  (1904).  By  Rubcrt  Boycc,  M.B., 
F.R.S.   Is. 

1^.— Report  on  Ihc  SanUalion  and  anli-malarial  Measures  in  Practice  in 
Bathurst.  ('onakry  and  Freeloxun  (1905-.  By  Rubert  Boyce, 
M.B.,  F.R.S. ,  Arthur  Evans,  M.  R.,  C.S.,  and  H.  Herbert 
Clarke,  M.A.,  B.C.,  5  s. 

\Z.— General  Sanitalion  and  anti-malarial  Measures  in  Sekondi,  the  Gold- 
Uelds  and  Kumessi,  and  a  Comparison  between  the  Condi- 
tions o{  European  Résidence  in  India.  By  Lieut.-Colonel  Giles 
7  s.  6d. 

li:—Yelloio  Fever  Prophylaxis  in  New  Orléans  in  190.5.  By  Rubert  Boyce, 
M.B.,  F.R.S.  5  s. 

15.— I.— L«  Prophylaxie  de  la  Malaria  dans  les  principaux  postes  die 
VEtat  Indépendant  du  Congo.  By  the  late  J.  Everett  Dutton, 
M.B.,  and  John  L.  Todd,  B.A.,  M.D. 


IV.  —  Périodiques' 

Oans  la  listo  ci-après,  nous  donnons  les  principales  publications 
pctiodiques,  dans  lesquelles  paraissent  couramment  des  études  sur 
les  moustiques  el  les  maladies  qu'ils  transmettent. 

FRANCE. 

Annales  de  VInstitut  Pasteur,  fondées  par  E.  Duclaux,  Masson  et  Cie, 
Paris.  Paraissant  depuis  1887. 

Bulletin  de  VInstitut  Pasteur,  fondé  en  1903,  Institut  Pasteur,  Paris. 

Archives  de  Parasitologie  publiése  par  le  Prof.  R.  Blanchard,  depuis  1898, 
Paris. 

Bulletin  de  la  Société  de  Pathologie  exotique,  fondé  en  1908,  Institut  Pas- 
teur, Paris. 

Comptes  rendus  de  la  Sociale  de  Biologie  de  Paris,  Masson  et  O^,  Paris. 


ANGLETERRE  ET  COLONIES. 

Annals  o/  Tropical  Medicine  and  Parasitology  (front  1907),  Liverpool 
School  of  Tropical  Medicine. 

Parasitology,  edited  by  G.  H.  F.  Nuttall,  F.R.S.  and  A.  E.  Shipley,  F.R.S., 
Cambridge  University  Press,  Cambridge. 

The  Journal  of  the  London  School  of  tropical  Medicine,  published  from  1912, 
by  the  London  School  of  tropical  Medicine. 

The  Journal  of  tropical  Medicine  and  Hygiène,  published  from  1898,  Lon- 
don. 

Bulletin  of  the  Yellow  Fever  Bureau,  LiverpooL 


Tropical  Diseases  Bullelin,  published  from  1912,  by  Uie  Tropical  Diseases 
Bureau,  Impérial  Inslitute,  London  S.  W.  (bi-mcnsuel). 

Bullclin  ol  Enlomological  Research,  published  from  1910  by  Ihe  Impérial 
Bureau  of  Enlomology,  British  Muséum  (Nalural  History), 
Cromwell  Road,  London,  S.  W.  (trimestriel). 

The  Revicw  ol  applied  Enlomology,  Séries  B,  Médical  and  Velerinary,  pu- 
blished from  1912,  by  Ihe  biipcrial  lîureau  of  Entomology, 
89,  Queen's  Gaie,  London,  S.  W.  7. 

Iiiilian  Journal  o[  Médical  Research,  Calcutta,  India. 

lirports  ol  the  Wellcome  tropical  Research  Laboratories  ai  ihe  Gordon 
Mémorial  Collège,  Khartoum,  Vol.  A,  Médical  (Anglo-Egyptian 
Sudan),  Bailliéra,  Tindall  &  Co\.  London. 

l'iihlifdlidiis  i)(  the  South  african  anti-malarial  Association,  .loliuimesburg, 
Soulli  Africa. 


ETATS-UNIS. 

Journal  ol  inleclious  Diseases,  Chicago,  tUS.A. 

MiUtary  Surgeon,  Washington,  U.S. A. 

American  Journal  ol  tropical    Diseuses    and    préventive   Medicine,  New 

Orléans,  U.S.A.  , 

\'ew  Orléans  Médical  and  Siirgciy  Journal,  New  Orléans,  U.S.A. 
Public  Health  Reports,  issued  by  the  Public  Health  Service,  Washington, 

U.S.A.  (hebdomadaire). 
Tlie  Journal  ol  Economie  Entomologij,  Editor,  Dr.  E.  P.  Felt,  State  Euto- 

mologist  of  New  York. 
Bulletins  and  Circulars  of  ihe  Enlomological  Bureau,    U.  S.  Départ,    of 

Agriculture,  Washington,  U.S..\. 
Tlic     Panama     Canal    Record,  Balboa  Heights,  Canal    Zone,    Isthmus  of 

Panama  (hebdomadaire). 
PhilippiJic  Journal  ol  Science,  Manila,  Philippines. 


ALLEMAGNE. 

Archiv.  lur  SchiUs  xmd  Tropenhygiene,  fondées  en  1900,  Leipzig  (mensuel). 
Ce.ntralhlatt  fur  Buktcriologie,   Parasitenkunde   and  Infchiions  Krankhei- 
len,  fondé  en  1887,  léna. 


AUTRES  PAYS. 

Geneeskundig  Tydscluilt  voor  Nederlandsche  Indië,  Batavia,  Ned.  Indië. 
MedelceUngen  Burgerlijk  Geneestkundigen  Diensl  Nederlandscli-Indii',  Bij 

tavia  en  Welte\Teden  (.Java)  Ned.  Indië. 
La  Malariologia,  Napoli,  Italia. 
Malaria  e  Malattie  dei  Paesi  Caldi,  Roma,  Italia. 
Brazil-Medico  Rio  de  Janeiro,  Brazil. 
Memoriû  l7istituto  Osicaldo  Cruz,  Rio  de  Janeiro,  BrazU. 


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